Afrique : l'héritage impérialiste de guerres, de misère et d’horreur
Par Maria Castro (11-06-2007) El militante.org - 2007-03-05
La situation actuelle du continent africain est la plus grande condamnation du système capitaliste, elle reflète d'une manière graphique et exacte la définition que fit Lénine du capitalisme, un système d' « horreur sans fin ». La souffrance des masses africaines apparaît sporadiquement dans les médias quand la situation de famine, douleur ou génocide atteint un niveau tel qu'il est difficile de le cacher. Il est difficile de résumer en peu de pages la situation mais nous allons essayer de faire une première approximation.
La guerre, la dévastation, la pauvreté, toutes les calamités qui affligent les masses africaines n'ont rien à voir avec leur supposée nature « sauvage », elles ne sont pas enracinées dans sa culture ni dans son histoire, elles sont seulement l'héritage qu'ont laissé le colonialisme et l'impérialisme. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale il n'y avait que trois pays indépendants dans tout le continent, et c'est dans les années 60 que la grande majorité accédèrent à l'indépendance. Après plusieurs décennies il est plus qu'évident que l'indépendance était seulement « formelle », ce n'est que la forme de domination sociale et économique qui a changé. L' « indépendance » n' pas été un cadeau altruiste des puissances impérialistes mais la conséquence des luttes des masses africaines qui s'incorporèrent comme un ouragan au processus de la révolution coloniale. Dans beaucoup de cas, ces mouvements provoquèrent l'apparition de régimes bonapartistes qui cherchèrent à suivre le modèle de Moscou (Éthiopie, Somalie, Mozambique, Angola, etc.) et permirent certaines améliorations des conditions de vie des masses de ces pays.
Mais l'écroulement de l'Union Soviétique eut également des conséquences désastreuses pour le continent. La simple existence de l'URSS servit de frein aux ambitions déprédatrices des puissances impérialistes, mais avec sa disparition s'ouvrit la boîte de Pandore. Durant les années 80 furent perdues les quelques conquêtes obtenues précédemment et depuis l'appauvrissement de tout le continent a été continu. La source de cette pauvreté n'est pas « naturelle », comme beaucoup cherchent à nous le faire croire, elle n'a rien à voir avec les sécheresses, les inondations, le manque de machines adéquates, etc., tout cela, en dernière instance, accentue les problèmes et les conséquences de ces calamités. La pauvreté est le produit direct de l'économie capitaliste, un exemple suprême du processus que Marx décrivit dans Le Capital : « L'accumulation de richesse dans un pôle est en même temps accumulation de misère, tourments au travail, esclavage, ignorance, abrutissement et dégradation morale dans le pôle opposé, là où se trouve la classe qui produit son propre produit comme Capital » (Karl Marx, Le Capital, Livre I, chap.23).
Énorme richesse et énorme misèreL'Afrique est peut-être le continent le plus riche de la planète. Dans son sous-sol on trouve une énorme quantité de ressources naturelles qui permettraient à ses peuples de vivre dans l'abondance. Pourquoi cette richesse n'est-elle pas utilisée au bénéfice du peuple africain ? L'économie mondiale est dominée par les pays les plus riches et les multinationales (500 d’entre elles contrôlent 70% du commerce mondial). Cette domination est l'un des principaux facteurs qui bloquent le développement économique de tous les pays anciennement colonisés, que ce soit en Afrique ou en Amérique latine.
Durant les années de domination coloniale aucun des pays impérialistes ne s'est préoccupé du développement industriel et économique de ses colonies. Ils les maintinrent consciemment sous-développées, les transformant en économies dédiées quasi exclusivement à l'exportation de matières premières pour l'Occident. Mais les prix des matières premières sont déterminés par les multinationales (elles contrôlent plus de 50% du commerce des pays ex-coloniaux) et les pays riches, qui les maintiennent bas, ce qui leur permet de pouvoir fabriquer ainsi leur produits à un coût moindre. Mais en même temps ils obligent les pays du Tiers Monde à acheter leurs produits manufacturés aux prix de l'Occident, provoquant un commerce inégal et très défavorable pour les pays les plus pauvres.
Le poids de la detteL'endettement du continent africain est une énorme charge qui empêche toute avancée, aussi minime soit elle. La dette a augmenté dans toute cette période quatre fois plus que les revenus obtenus par l'exportation. La charge de la dette dépasse le double de celle des autres régions du monde. Selon la Banque Mondiale, l'Afrique reçoit chaque année 13.000 millions de dollars au titre de l'aide et en même temps débourse annuellement 15.000 millions de dollars au titre du paiement de la dette. Le continent africain est devenu un pays exportateur de capital net au monde développé. Actuellement la dette de l'ensemble du continent dépasse les 300.000 millions de dollars.
A cela il faut ajouter les programmes d'ajustement structurel (PAS) imposés par le FMI et la Banque mondiale. Les PAS sont des programmes qu'impose le FMI à tout pays qui demande des prêts, à l'exception des USA qui sont le principal débiteur de la planète. Depuis 1980, 36 pays africains ont appliqué ces programmes avec des effets dévastateurs pour leurs économies respectives. Parmi les mesures qui sont imposées il y a la réduction drastique des dépenses publiques, c'est-à-dire des dépenses sociales, l'augmentation de l'exportation de matières premières vers l'Occident à bas prix, la privatisation des entreprises publiques et l'accès libre pour les multinationale.
Au Ghana, par exemple, le gouvernement a dû privatiser plus de 130 entreprises pour satisfaire aux exigences du FMI, y compris l'industrie minière qui est la principale source de revenus du pays. Toutes les barrières douanières ont été éliminées et il a été mis fin aux subventions à la santé et à l'éducation. Quel a été le résultat de toutes ces mesures ? Un taux de chômage supérieur à 20%, une hausse de la nourriture et des services de base. Le PIB par habitant en 1998 était inférieur (390 dollars) à celui de 1975 (411 dollars). La population qui vit avec un dollar par jour est de 78,4% et 75% n'a pas accès aux services de santé. Au profit de qui ? Des multinationales qui possèdent aujourd'hui 85% de l'industrie minière et rapatrient 95% de leurs bénéfices à l'étranger.
Lun 22 Oct - 9:36 par maria0033