Maroc, Zimbabwe, Égypte, Guinée-Conakry... le prolétariat commence à se réveiller
Bien que la principale activité économique du continent soit l'agriculture, il y a des pays comme l'Afrique du Sud, l'Égypte, le Zimbabwe ou le Nigeria qui ont un prolétariat formé de millions de travailleurs et qui sera déterminant pour l'avenir de la révolution sur le continent. De même que dans les années soixante et soixante-dix on a vu l'irruption des masses africaines dans la lutte, de la même manière dans l'avenir on verra comment les travailleurs et les paysans africains s'incorporeront à la lutte pour le socialisme.
Au Maroc durant ces derniers mois il y a eu des luttes importantes dans le secteur de la santé, chez les retraités et chez les dockers et l'année s'est achevée avec un mouvement généralisé des travailleurs et des paysans marocains contre la hausse des prix.
Le 17 janvier a commencé en Guinée-Conakry une grève générale qui a duré 18 jours, c'était la troisième grève générale en une année. Ce pays est le premier producteur mondial de bauxite, il produit de l'or, des diamants et a des dizaines de milliers d'hectares de cultures destinées à l'exportation. Un pays riche dont la majorité de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. En dépit de la brutale répression, officiellement 56 morts, la grève s'est poursuivie jusqu'à ce que le gouvernement accepte les conditions des syndicats, qui ne concernaient pas seulement les prix de l'essence et du riz, mais aussi qui exigeaient le changement du gouvernement. Comme le gouvernement ne respectait pas l'accord la grève est repartie, mais avec un caractère encore plus offensif, avec des occupations de bâtiments publics, etc., si bien qu'il semble qu'un accord a été finalement trouvé.
Au moment où nous écrivons cet article le Zimbabwe vit une authentique explosion sociale. Le pays gouverné depuis des années par Robert Mugabe, quand il s'est trouvé en mauvaise posture, n'a pas hésité à recourir à des politiques populistes, comme il y a quelques années, quand il a exproprié les fermiers blancs, théoriquement pour répartir la terre entre les paysans pauvres. Ces expropriations avaient un caractère purement démagogique : en effet, aucune mesure n’a été prise ensuite pour que les paysans puissent cultiver ces terres qui sont restées en grande partie en jachère. Une situation qui s'aggrava en raison des sanctions économiques imposées par l'impérialisme. Le pays depuis six ans s'enfonce dans la crise économique, avec un taux d'inflation de 1.600% et un taux de chômage de 70%. Il y a pénurie de combustible, des coupures d'électricité, les médicaments manquent. Les luttes ont commencé dans le secteur public quand les fonctionnaires se sont mis en grève pour une hausse salariale qui compenserait l'inflation et leur permettrait de sortir de la pauvreté. La répression policière a été féroce. Une fois de plus Mugabe a tenté de recourir au populisme et pour calmer la situation a annoncé qu'il nationaliserait l'industrie des diamants.
Enfin, un autre pays connaît une augmentation importante de la lutte de classes, il s'agit de l'Égypte. Ce pays est de plus est important en raison des répercussions de ce qui s’y passe dans le monde arabe. Mubarak gouverne le pays depuis des années d'une main de fer, sans aucun type de droits démocratiques. Dans les dernières semaines a éclaté une vague de grèves, déclenchée dans la plus grande entreprise d'État du textile, qui s’est étendue comme une traînée de poudre à d'autres entreprises du secteur, aux cimenteries et aux mines, entre autres. Des dizaines de milliers de travailleurs participent à ces grèves et, le plus important de tout, ils lient leurs revendications salariales à l'exigence des droits démocratiques. Jusqu'à maintenant, les dirigeants syndicaux, dans leur majorité placés par le gouvernement, ont été incapables de contrôler l'explosion sociale et ont été mis sur la touche. Cette situation est préoccupante pour l'impérialisme usaméricain car l'Égypte est le pays qui reçoit le plus d'aide militaire des USA et un de ses principaux alliés dans la région et jusqu'à maintenant l'un des plus stables. Mais il semble que cette situation soit en train de changer.
L'Afrique est le meilleur exemple de la justesse de la brillante théorie de Léon Trotsky sur la révolution permanente. Dans la prochaine période les travailleurs et les masses pauvres africaines démontreront leur potentiel, comme on l'a vu il y a des années avec l'héroïque lutte des masses sud-africaines contre l'apartheid. La véritable libération des masses africaines de la domination et de l'exploitation impérialiste, l'amélioration de ses conditions de vie, la fin des guerres sanglantes qui ont dévasté et continueront à dévaster la région, tout cela ne pourra être obtenu qu'avec le socialisme.
Original : El militante