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 La nébuleuse Fatah Al Islam

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mihou
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mihou


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28052007
MessageLa nébuleuse Fatah Al Islam

La nébuleuse Fatah Al Islam <img alt="Convertir en PDF" align="middle" border="0">

Ecrit par Seymour Hersh, le 23-05-2007 (228 hits)
<img title="" style="margin: 0px;" alt="" align="left" height="124" width="109">Le changement de cap

Seymour Hersh, 5 mars 2007
Ces
derniers mois, tandis que la situation en Irak se détériorait,
l'administration Bush, à la fois dans sa diplomatie publique et dans
ses opérations occultes, a infléchi de manière importante sa stratégie
au Moyen-Orient. Le «changement de cap», comme certains nomment cette
nouvelle stratégie à la Maison blanche, a rapproché les États-Unis
d'une confrontation ouverte avec l'Iran et, dans plusieurs endroits de
la région, les ont projetés dans un conflit de plus en plus ouvert
entre musulmans chiites et sunnites.

Pour
miner l'Iran, qui est principalement chiite, l'administration Bush a
décidé, en effet, de revoir ses priorités au Moyen-Orient. Au Liban,
l'administration a collaboré avec le gouvernement de l'Arabie séoudite,
qui est sunnite, dans des opérations clandestines destinées à affaiblir
le Hezbollah, l'organisation chiite soutenue par l'Iran. Les États-Unis
sont par ailleurs impliqués dans des opérations clandestines contre
l'Iran et son allié syrien. Une conséquence de ces activités a été le
soutien à des groupes extrémistes sunnites qui adoptent une vision
militante de l'islam, qui sont hostiles à l'Amérique et qui ont de la
sympathie pour Al Qaeda.

Un aspect contradictoire de cette
nouvelle stratégie est que, en Irak, la plupart des violences des
insurgés contre les militaires américains viennent de forces sunnites,
et non chiites. Mais, dans l'optique adoptée par cette administration,
la conséquence stratégique la plus profonde – et inattendue – de la
guerre en Irak a été le renforcement de l'Iran. Son président, Mahmoud
Ahmadinejad, a fait des déclarations provocantes au sujet de la
destruction d'Israël et du droit de son pays à poursuivre son programme
nucléaire; et la semaine dernière son guide religieux suprême,
l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré à la télévision d'État que «les
réalités de la région montrent que le front de l'arrogance, dirigé par
les États-Unis et leurs alliés, sera le principal perdant dans cette
région.»

Après
la révolution de 1979 qui a mené au pouvoir un gouvernement religieux,
les États-Unis ont rompu avec l'Iran et se sont rapprochés des États
arabes sunnites tels que la Jordanie , l'Égypte et l'Arabie séoudite.
Le calcul devint plus complexe après les attaques du 11 Septembre, en
particulier par rapport aux Séoudiens. Al Qaeda est sunnite, et nombre
de ses exécutants venaient de cercles extrémistes d'Arabie séoudite.
Avant l'invasion de l'Irak, en 2003, des officiels de l'administration,
influencés par les idéologues néoconservateurs, ont pensé qu'un
gouvernement chiite y fournirait un contrepoids pro-américain aux
extrémistes sunnites, de plus la majorité chiite irakienne avait été
oppressée sous Saddam Hussein. Ils ont ignoré les avertissements de la
communauté du renseignement quant aux liens entre les dirigeants
chiites irakiens et l'Iran, où certains avaient vécu en exil pendant
plusieurs années. Aujourd'hui, au grand dam de la Maison blanche,
l'Iran renforce ses relations avec le gouvernement dominé par les
chiites du Premier ministre Nuri al-Maliki.

La
nouvelle politique américaine, dans ses grandes lignes, a été discutée
publiquement. Dans son témoignage devant le Comité des affaires
étrangères du Sénat en janvier, la Secrétaire d'État Condoleeza Rice a
déclaré qu'il y avait «un nouvel axe stratégique au Moyen-Orient»,
séparant «les réformateurs» et les «extrémistes»; elle désigna les
États sunnites comme des centres de modération, et expliqua que l'Iran,
la Syrie et le Hezbollah étaient «de l'autre côté de la ligne de
démarcation». (La majorité sunnite de Syrie est dominée par la secte
alaouite.) L'Iran et la Syrie , dit-elle, «ont fait leur choix et leur
choix est celui de la déstabilisation.»

Certaines
des stratégies principales du changement de cap n'ont cependant pas été
rendues publiques. Les opérations clandestines ont été tenues secrètes,
dans certains cas, leur exécution ou leur financement étant soustraités
aux Séoudiens, ou en trouvant d'autres voies de contournement du
processus normal du contrôle financier par le Congrès, comme l'ont
expliqué des officiels anciens et actuels de l'administration.

Un
membre important du Comité des finances de la Chambre m'a dit qu'il
avait entendu parler de la nouvelle stratégie, mais avait senti que ni
ses collègues et ni lui n'avaient été correctement informés. «Nous ne
savons rien sur ce sujet», a-t-il dit. «Nous demandons des informations
sur ce qu'il se passe, et ils disent qu'il ne se passe rien. Et quand
nous posons des questions précises, ils répondent “nous vous
informerons plus tard.” C'est tellement frustrant.»

Les
principaux acteurs du changement de cap sont le vice-président Dick
Cheney, le conseiller à la Sécurité nationale Elliott Abrams,
l'ambassadeur bientôt remplacé en Irak (et pressenti pour le poste
d'ambassadeur aux Nations unies), Zalmay Khakikzad, et le prince Bandar
bin Sultan, le conseiller séoudien à la Sécurité nationale. Alors que
Rice était profondément impliquée dans la définition de la politique
publique, des officiels anciens et actuels disent que le volet
clandestin a été conduit par Cheney. (Le bureau de Cheney et la Maison
blanche ont refusé de commenter cet article; le Pentagone n'a pas
répondu aux questions précises mais a précisé, «Les États-Unis ne
préparent une guerre avec l'Iran.»)

Le changement de politique
a amené l'Arabie séoudite et Israël à une nouvelle alliance
stratégique, en grande partie parce que ces deux pays considèrent
l'Iran comme une menace existentielle. Ils ont été impliqués dans des
discussions directes et les Séoudiens, qui pensent qu'une plus grande
stabilité en Israël et Palestine donnerait moins d'influence à l'Iran
dans la région, sont devenus plus actifs dans les négociations
arabo-israéliennes.

La nouvelle stratégie «est un changement de
cap important dans la politique américaine – c'est un changement très
important», a expliqué un consultant gouvernemental américain ayant de
forts liens avec Israël. Les États sunnites «étaient pétrifiés à l'idée
d'une résurgence chiite, et ils exprimaient un ressentiment croissant à
l'encontre de notre choix de soutenir les chiites modérés en Irak»,
a-t-il dit. «Nous ne pouvons pas revenir sur la montée chiite en Irak,
mais nous pouvons la limiter.»

«Il
semble qu'il y ait eu un débat au sein du gouvernement pour savoir quel
était le plus grand danger – l'Iran ou les radicaux sunnites», m'a
expliqué Vali Nasr, un membre important du Conseil sur les Affaires
étrangères, qui a beaucoup écrit sur les chiites, l'Iran et l'Irak.
«Les Séoudiens et certains membres de l'administration ont soutenu que
le plus grand danger était l'Iran et que les extrémistes sunnites
étaient des ennemis moins importants. C'est une victoire de la ligne
séoudienne.»

Martin Indyk, un officiel du Département d'État
dans l'administration Clinton, qui a également été ambassadeur en
Israël, a dit que «le Moyen-Orient est en train de s'échauffer autour
d'une sérieuse guerre froide entre sunnites et chiites.» Indyk, qui
dirige le Centre Saban pour la politique au Moyen-Orient à la Brookings
Institution , a ajouté que, selon lui, il n'était pas clair si la
Maison blanche était bien consciente des implications stratégiques de
sa nouvelle politique. « La Maison blanche n'est pas seulement en train
de doubler la mise en Irak», a-t-il expliqué. «Elle est en train de
doubler la mise dans toute la région. Cela pourrait devenir très
compliqué. Tout est sans dessus dessous.»

La
nouvelle politique de l'administration pour contenir l'Iran semble
compliquer sa stratégie pour gagner la guerre en Irak. Patrick Clawson,
un expert sur l'Iran et directeur de recherche adjoint au Washington
Institute pour la politique au Proche-Orient, a cependant soutenu que
le renforcement des liens entre les États-Unis et les sunnites modérés
et même radicaux pourrait «effrayer» le gouvernement du Premier
ministre Maliki et «le laisser craindre que les sunnites pourraient
réellement gagner» la guerre civile là-bas. Clawson a expliqué que cela
pourrait inciter Maliki à coopérer avec les États-Unis pour supprimer
les milices radicales chiites, telles que l'Armée du Mehdi de Moqtada
as-Sadr.

Même ainsi, pour le moment, les États-Unis demeurent
dépendants de la coopération des dirigeants chiites irakiens. L'armée
du Mehdi est peut-être ouvertement hostile aux intérêts américains,
mais d'autres milices chiites figurent parmi les alliés des États-Unis.
Moqtada as-Sadr comme la Maison blanche soutiennent Maliki. Un
mémorandum écrit l'année dernière par Stephen Hadley, un conseiller à
la Sécurité nationale, a suggéré que l'administration essaie de séparer
Maliki de ses alliés chiites les plus radicaux, mais jusqu'à présent la
tendance a été exactement dans le sens contraire. Tandis que l'armée
irakienne continue de sombrer dans sa confrontation avec les insurgés,
le pouvoir des milices chiites augmente constamment.


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La nébuleuse Fatah Al Islam :: Commentaires

mihou
Re: La nébuleuse Fatah Al Islam
Message Lun 28 Mai - 11:08 par mihou
Flynt
Leverett, un ancien officiel du Conseil à la Sécurité nationale (NSC)
de l'administration Bush, m'a dit qu'«il n'y a rien de fortuit ou
d'ironique» dans la nouvelle stratégie concernant l'Irak.
«L'administration est en train de prétendre que l'Iran est plus
dangereuse et plus provoquante que les insurgés sunnites face aux
intérêts américains en Irak, alors que – si vous regardez les chiffres
des pertes – la punition infligée à l'Amérique par les sunnites est
d'une toute autre ampleur,» a expliqué Leverett. «Tout cela fait partie
d'une campagne d'étapes de provocation pour augmenter la pression sur
l'Iran. L'idée est qu'à un moment donné les Iraniens vont répondre et
qu'alors l'administration aura une porte ouverte pour pouvoir les
frapper.»

Le
président George W. Bush, dans un discours du 10 janvier, a en partie
exprimé cette approche. «Il y a deux régimes» – l'Iran et la Syrie –
«qui permettent aux terroristes et aux insurgés d'utiliser leur
territoire pour entrer et sortir d'Irak,» a dit Bush. «L'Iran fournit
un support matériel pour les attaques contre les troupes américaines.
Nous ferons cesser ces attaques contre nos forces. Nous interromprons
le flux de soutien venant d'Iran et de Syrie. Et nous traquerons et
détruirons les réseaux qui fournissent l'armement sophistiqué et
l'entraînement à nos ennemis en Irak.»

Dans
les semaines qui ont suivi, il y a eu une vague d'affirmations venant
de l'administration au sujet de l'implication iranienne dans la guerre
en Irak. Le 11 février, on a présenté aux journalistes des engins
explosifs sophistiqués, pris en Irak, dont l'administration a prétendu
qu'ils provenaient d'Iran. Le message de l'administration était, au
fond, que la mauvaise situation en Irak n'était pas due à ses propres
erreurs de planification et d'exécution, mais aux ingérences iraniennes.

Les
militaires américains ont aussi arrêté et interrogé des centaines
d'iraniens en Irak. «Le mot d'ordre a circulé, en août dernier,
demandant aux militaires d'arrêter autant d'Iraniens que possible en
Irak,», a expliqué un ancien officiel du renseignement. «Ils en avaient
arrêté cinq cent à un moment donné. Nous travaillons ces gars et nous
tirons d'eux des informations. Le but de la Maison blanche est de
monter un dossier selon lequel les Iraniens ont fomenté l'insurrection
depuis le début – que l'Iran est, en fait, en train de soutenir le
meurtre d'Américains.» Un consultant du Pentagone a confirmé que des
centaines d'Iraniens avaient été capturés par les forces américaines
ces derniers mois. Mais il a expliqué que ce total comprenait beaucoup
d'humanitaires iraniens qui «avaient été raflés et relâchés peu de
temps après», après avoir été interrogés.

«Nous
ne préparons pas une guerre contre l'Iran», a annoncé Robert Gates, le
nouveau Secrétaire d'État à la Défense , le 2 février, et pourtant
l'ambiance de confrontation s'est alourdie. Selon des officiels du
renseignement et de l'armée, actuels et anciens, des opérations
secrètes au Liban ont accompagné des opérations clandestines visant
l'Iran. Des militaires américains et des équipes des Opérations
spéciales ont renforcé leurs activités en Iran pour rassembler du
renseignement et, selon un ancien membre supérieur du renseignement,
ils ont aussi franchi la frontière à la poursuite d'exécutants iraniens
en Irak.

Lors
de la prestation de Rice au Sénat en janvier, le sénateur démocrate du
Delaware, Joseph Biden, a de manière abrupte demandé si les États-Unis
prévoyaient de traverser les frontières iraniennes ou syriennes pendant
une poursuite. «Évidemment, le Président ne va rien écarter pour
protéger nos troupes, mais notre plan est de détruire ces réseaux en
Irak même,» a dit Rice, ajoutant, «je pense que tout le monde va
comprendre cela – le peuple américain et je suppose aussi le Congrès
attendent du Président qu'il fasse tout ce qui est nécessaire pour
protéger nos forces.»

L'ambiguïté de Rice a déclenché une
réponse du sénateur du Nebraska Chuck Hagel, un Républicain, qui a été
critique de l'administration: «Certains d'entre nous se souviennent de
1970, madame la Secrétaire. Et c'était au Cambodge. Et quand notre
gouvernement a menti au peuple américain en disant: “nous n'avons pas
franchi la frontière du Cambodge”, en fait nous l'avions fait. Il se
trouve que je sais quelques choses à ce sujet, ainsi que d'autres dans
ce comité. Alors, madame la Secrétaire , quand vous mettez en branle ce
type de politique dont le Président parle en ce moment, c'est très,
très dangereux.»

La
préoccupation de l'administration au sujet du rôle de l'Iran en Irak
est redoublée par sa préoccupation de longue date quant au programme
nucléaire iranien. Sur Fox News le 14 janvier, Cheney a prévenu de la
possibilité, dans quelques années, «d'un Iran doté de l'arme nucléaire,
à cheval sur les réserves pétrolières mondiales, capable d'influer à sa
guise sur l'économie mondiale, prêt à faire appel à des organisations
terroristes et/ou à ses armes nucléaires pour menacer ses voisins ou
d'autres sur la planète.» Il a ajouté: «Si vous allez discuter avec les
États du Golfe ou si vous discutez avec les Séoudiens ou si vous
discutez avec les Israéliens ou les Jordaniens, la région toute entière
est préoccupée... La menace que représente l'Iran grandit.»

L'administration
examine actuellement une vague de nouveaux renseignements concernant le
programme nucléaire iranien. Des officiels américains actuels et
anciens m'ont dit que ces renseignements, qui proviennent d'agences
israéliennes opérant en Iran, contiennent l'affirmation selon laquelle
l'Iran a développé un missile intercontinental à carburant solide à
trois étages capable de placer plusieurs petites ogives – chacune ayant
une précision limitée – en Europe. La crédibilité de ce renseignement
humain est toujours discutée.

Un argument similaire concernant
la menace imminente qu'aurait représentée la possession d'armes de
destruction massive – et les questions sur le renseignement utilisé
pour établir ce dossier – a constitué le prélude à l'invasion de
l'Irak. Beaucoup, au Congrès, ont accueilli ces prétentions au sujet de
l'Iran avec circonspection; au Sénat le 14 février, Hillary Clinton a
dit, «Nous avons toujours appris nos leçons du conflit en Irak, et nous
devons appliquer ces leçons aux arguments qui sont actuellement émis au
sujet de l'Iran. Parce que, monsieur le Président, ce que nous
entendons sonne de manière familière à nos oreilles et nous devons être
sur nos gardes et ne jamais plus prendre de décisions sur la base de
renseignements défaillants.»

Cependant,
le Pentagone continue sa planification intensive pour un possible
bombardement de l'Iran, un processus qui a débuté l'année dernière, sur
ordre du Président. Ces derniers mois, m'a expliqué un ancien officiel
du renseignement, un groupe spécial de planification a été créé dans
les bureaux du Chef d'État major chargé d'élaborer un plan éventuel de
bombardement de l'Iran qui pourrait être mis en œuvre sur ordre du
Président, dans un délai de 24 heures.

Dans le dernier mois, un
conseiller au ciblage de l'Air Force et consultant en matière de
terrorisme au Pentagone m'a dit que le groupe de planification sur
l'Iran a reçu une nouvelle mission: identifier des cibles en Iran qui
pourraient être impliquées dans le soutien logistique aux militants en
Irak. Auparavant, le but était la destruction des installations
nucléaires iraniennes et un possible changement de régime.

Deux
groupes de porte-avions – l'Eisenhower et le Stennis – sont
actuellement en mer arabe. Un des plans est qu'ils soient relevés au
début du printemps, mais certains militaires craignent qu'on ne leur
ordonne de rester sur place après l'arrivée des nouveaux porte-avions,
selon plusieurs sources. (Parmi les sujets de préoccupations, les
simulations ont montré que les porte-avions pourraient être vulnérables
à des tactiques de guerilla impliquant un grand nombre de petits
bateaux, une technique que les Iraniens ont été pratiquée par le passé;
les porte-avions ont une manœuvrabilité réduite dans l'étroit détroit
d'Ormuz, au large des côtes méridionales de l'Iran.) L'ancien officiel
du renseignement a expliqué que les plans éventuels seraient prêts pour
un ordre d'attaque dès ce printemps. Il a ajouté, cependant, que des
officiers supérieurs de l'État major comptaient sur le fait que la
Maison blanche ne serait «pas suffisamment stupide pour faire cela, vu
ce qu'il se passe en Irak, et avec les problèmes que les Républicains
auraient en 2008.»
LE JEU DU PRINCE BANDAR

Les
efforts de l'administration pour réduire l'influence iranienne au
Moyen-Orient ont largement compté sur l'Arabie séoudite et sur le
prince Bandar, le conseiller à la Sécurité nationale séoudien. Bandar a
servi comme ambassadeur aux États-Unis pendant 22 ans, jusqu'en 2005,
et a maintenu son amitié avec le président Bush et le vice-président
Cheney. À son nouveau poste, il continue de les rencontrer de manière
privée. Un haut officiel de la Maison blanche a effectué plusieurs
visites en Arabie séoudite récemment, certaines n'ayant pas été rendues
publiques.

En
novembre dernier, Cheney s'est envolé pour l'Arabie séoudite pour une
rencontre surprise avec le roi Abdallah et Bandar. Le Times a rapporté
que le roi a prévenu Cheney que l'Arabie séoudite soutiendrait ses
coreligionnaires sunnites en Irak si les États-Unis se retiraient. Un
officiel du renseignement européen m'a expliqué que la rencontre était
aussi consacrée aux craintes séoudiennes plus générales concernant «la
montée des chiites». En réponse, «les Séoudiens commencent à utiliser
leur moyen de pression – l'argent.»

Dans
une famille royale minée par la compétition, Bandar s'est, depuis des
années, bâti une base de pouvoir qui repose largement sur sa relation
étroite avec les États-Unis, relation qui est cruciale pour les
Séoudiens. Le prince Turki al-Faisal a succédé à Bandar au poste
d'ambassadeur; Turki a démissionné après huit mois et a été remplacé
par Adel A. al-Jubeir, un bureaucrate qui a travaillé avec Bandar. Un
ancien diplomate séoudien m'a dit que, pendant la période Turki à
l'ambassade, il avait eu vent de rencontres privées entre Bandar et des
officiels de haut rang de la Maison blanche, parmi lesquels Cheney et
Abrams. «Je suppose que Turki n'en était pas très heureux», m'a
expliqué le Séoudien. Mais, a-t-il ajouté, «Je ne crois pas que Bandar
ait pris des initiatives personnelles». Bien que Turki n'aime pas
Bandar, m'a dit le Séoudien, il partageait son objectif d'entraver la
progression de l'influence chiite au Moyen-Orient.

La
division entre les chiites et les sunnites remonte à une querelle
amère, au septième siècle, quant à la succession du prophète Mahomet.
Les sunnites dominaient le califat médiéval et l'empire ottoman, et les
chiites, traditionnellement, ont été considérés comme des exclus. Dans
le monde, 90% des musulmans sont sunnites, mais les chiites sont
majoritaires en Iran, Irak et au Bahrain, et constituent le plus
important groupe musulman au Liban. Leur importante présence dans une
région volatile et riche en pétrole préoccupe en Occident et parmi les
sunnites concernant la montée d'un «croissant chiite» – surtout avec
l'influence géopolitique grandissante de l'Iran.

«Les
Séoudiens voient toujours le monde avec le même regard qu'aux jours de
l'empire ottoman, quand les musulmans sunnites tenaient le haut du pavé
et les chiites étaient les classes inférieures,» m'a expliqué Frederic
Hoff, un officier retraité, expert du Moyen-Orient. Si Bandar était
perçu comme provoquant un changement de cap dans la politique
américaine en faveur des sunnites, a-t-il ajouté, cela renforcerait
énormément sa position dans la famille royale.

Les
Séoudiens sont menés par leur crainte que l'Iran pourrait renverser
l'équilibre du pouvoir non seulement dans la région mais aussi dans
leur propre pays. L'Arabie séoudite a une importante minorité chiite
dans sa province orientale, une région riche en champs de pétrole; les
tensions confessionnelles sont importantes dans cette province. La
famille royale croit que des agents iraniens, travaillant avec des
chiites locaux, sont derrière de nombreuses attaques terroristes à
l'intérieur du royaume, selon Vali Nasr. «Aujourd'hui, la seule armée
capable de contrer l'Iran», – l'armée irakienne – «a été détruite par
les États-Unis. Maintenant on est face à un Iran qui pourrait avoir des
armes nucléaires et qui a une armée opérationnelle de 450000 hommes.»
(L'Arabie séoudite a une armée de 75000 hommes.)


mihou
Re: La nébuleuse Fatah Al Islam
Message Lun 28 Mai - 11:08 par mihou
Nasr
ajouta: «Les Séoudiens disposent de moyens financiers considérables, et
entretiennent des relations étroites avec les Frères musulmans et les
salafistes» – des extrémistes sunnites qui considèrent les chiites
comme des infidèles. «La dernière fois que l'Iran a été une menace, les
Séoudiens sont parvenus à mobiliser les islamistes radicaux de la pire
espèce. Une fois que vous les avez fait sortir de la boîte, vous ne
pouvez plus les faire rentrer dedans.»

La
famille royale séoudienne a été, alternativement, à la fois un sponsor
et une cible des extrémistes sunnites, qui condamnent la corruption et
la décadence au sein de la myriade de princes de la famille. Les
princes font la pari qu'ils ne seront pas renversés tant qu'ils
continuent de soutenir les écoles religieuses et les œuvres liées aux
extrémistes. La nouvelle stratégie de l'administration repose
lourdement sur ce pari.

Nasr compare la situation actuelle à la
période pendant laquelle Al Qaeda a émergé. Dans les années 80 et au
début des années 90, le gouvernement séoudien a proposé de
subventionner les officiants par procuration de la stratégie occulte de
la CIA américaine contre l'Union soviétique en Afghanistan. Des
centaines de jeunes séoudiens furent envoyés dans les zones
frontalières du Pakistan, où ils installèrent des écoles religieuses,
des bases d'entraînement et des services de recrutement. À cette
époque, comme aujourd'hui, nombre des agents qui étaient payés avec de
l'argent séoudien étaient des salafistes. Parmi eux, bien sûr, se
trouvaient Osama ben Laden et ses associés, qui fondèrent Al Qaeda en
1988.

Cette
fois, un consultant du gouvernement américan m'a expliqué que Bandar et
d'autres séoudiens avaient assuré la Maison blanche qu'«ils surveillent
de très près les fondamentalistes religieux. Leur message à notre
attention était “Nous avons créé ce mouvement, et nous pouvons le
contrôler”. Ça n'est pas que nous ne voulions pas que les salafistes
lancent des bombes; c'est sur qui ils les lancent – le Hezbollah,
Moqtada al-Sadr, l'Iran et les Syriens, s'ils continuent de travailler
avec le Hezbollah et l'Iran.»

Le Séoudien m'a dit que, aux yeux
de son pays, c'était prendre un risque politique que de rejoindre les
États-Unis dans leur confrontation avec l'Iran: Bandar est déjà perçu
dans le monde arabe comme étant trop proche de l'administration Bush.
«Nous avons deux cauchemars,» m'a dit l'ancien diplomate. «Que l'Iran
acquière la bombe et que les États-Unis attaquent l'Iran. Je
préférerais que les Israéliens bombardent les Iraniens, pour que nous
puissions les condamner. Si c'est l'Amérique qui s'en charge, nous
serons blamés.»

Au
cours des dernières années, les Séoudiens, les Israéliens et
l'administration Bush ont développé une série d'ententes informelles
sur leur nouvelle orientation stratégique. Au moins quatre éléments
principaux sont concernés, m'a expliqué le consultant du gouvernement
américaine. D'abord, Israël serait assuré que sa sécurité est
primordiale et que Washington, l'Arabie séoudite et d'autres États
sunnites partagent ses préoccupations concernant l'Iran.

Deuxièmement,
les Séoudiens insisteraient pour que le Hamas, le parti palestinien
islamiste qui a reçu le soutien de l'Iran, réduise ses agression contre
Israël et entreprenne des négociations sérieuses pour partager le
pouvoir avec le Fatah, le groupe palestinien plus laïc. (En février,
les Séoudiens ont sponsorisé un accord à la Mecque entre les deux
factions. Cependant, Israël et les États-Unis ont exprimé leur
insatisfaction sur ses termes.)

Troisièmement,
l'administration Bush travaillerait directement avec les nations
sunnites pour contrebalancer l'ascension chiite dans la région.

Quatrièmement,
le gouvernement séoudien, avec l'approbation de Washington, financerait
et fournirait de l'aide logistique pour affaiblir le gouvernement du
président Bashar Assad de Syrie. Les Israéliens croient que mettre
ainsi la pression sur le gouvernement Assad le rendrait plus conciliant
et ouvert à des négociations. La Syrie est un point de passage obligé
pour les armes du Hezbollah. Le gouvernement séoudien s'oppose aussi
aux Syriens au sujet de l'assassinat de Rafic Hariri, l'ancien premier
ministre libanais, à Beyrouth en 2005, pour lequel ils tiennent les
Syriens responsables. Hariri, un milliardaire sunnite, était
étroitement lié au régime séoudien et au prince Bandar. (Une enquête de
l'ONU a fortement suggéré l'implication syrienne, mais sans apporter de
preuve directe; il y a des plans pour une autre enquête, menée par un
tribunal international.)

Patrick
Clawson, du Washington Institute for Near East Policy, a dépeint la
coopération des Séoudiens avec la Maison blanche comme une avancée
importante. «Les Séoudiens comprennent que s'ils veulent que
l'administration fasse une offre politique plus généreuse aux
palestiniens, ils doivent persuader les États arabes de faire une offre
plus généreuse aux Israéliens,» m'a dit Clawson. La nouvelle approche
diplomatique, a-t-il ajouté, «dénote un véritable niveau d'effort et de
sophistication ainsi qu'une subtilité d'approche qui n'est
habituellement pas associée à l'administration. Qui prend le plus grand
risque – nous ou les Séoudiens? À un moment où l'image de l'Amérique au
Moyen-Orient est extrêmement mauvaise, les Séoudiens nous soutiennent.
Nous devrions prendre conscience de notre grande chance.»

Le
consultant du Pentagone a une vision différente. Il dit que
l'administration a utilisé Bandar comme une «voie de secours», parce
qu'elle avait compris que l'échec de la guerre en Irak pourrait laisser
le Moyen-Orient comme «une proie facile».

DES JIHADISTES AU LIBAN

Le
centre d'attention de la relation américano-séoudienne, après l'Iran,
est le Liban, où les Séoudiens ont été profondément impliqués par
l'administration dans le soutien au gouvernement libanais. Le Premier
ministre Fouad Sanioura lutte pour rester au pouvoir, face à
l'opposition persistante menée par le Hezbollah, l'organisation chiite,
et son chef, le Sheik Hassan Nasrallah. Le Hezbollah dispose d'une
vaste infrastructure, d'un force estimée à deux ou trois mille
combattants, et de milliers de membres.

Le Hezbollah est sur la
liste des organisations terroristes du Département d'État depuis 1997.
L 'organisation a été impliquée dans l'attentat de 1983 contre les
baraquements des marines à Beyrouth qui a tué 241 soldats. Il est aussi
accusé de complicité dans l'enlèvement d'Américains, dont le chef de
poste de la CIA au Liban, mort en captivité, et d'un colonel des
marines servant dans les forces de maintien de la paix de l'ONU, qui a
été tué. (Nasrallah a démenti que son groupe ait été impliqué dans ces
incidents.) Nasrallah est carrément perçu par certains comme un
terroriste, qui a déclaré que l'État d'Israël n'avait aucun droit
d'exister. Cependant, nombreux sont ceux dans le monde arabe, et
particulièrement parmi les chiites, qui le considèrent comme un leader
de la résistance qui s'est fermement opposé à Israël pendant la guerre
de 33 jours de l'été dernier, et qui voient en Sanioura un politicien
faible qui compte sur le soutien américain mais a été incapable de
persuader le président Bush d'appeler à la fin de bombardements
israéliens sur le Liban. (Des photographies de Sanioura embrassant
Condoleeza Rice sur la joue alors qu'elle visitait le pays pendant la
guerre ont été ostensiblement montrées pendant les manifestations à
Beyrouth.)

L'administration
Bush a publiquement promis au gouvernement Sanioura une aide d'un
milliard de dollars depuis l'été dernier. Une conférence de donateurs à
Paris, en janvier, que les États-Unis ont aidé à organiser, a recueilli
des promesses de dons pour pratiquement huit milliards supplémentaires,
dont une promesse de plus d'un milliard par les Séoudiens. La promesse
de don américaine inclut pour plus de 200 millions de dollars d'aide
militaire, et pour 40 millions de dollars pour la sécurité interieure.

Les
États-Unis ont également fourni un soutien clandestin au gouvernement
Sanioura, selon l'ancien officiel de haut rang du renseignement et le
consultant du gouvernement américain. «Nous avons lancé un programme
pour augmenter les forces sunnites pour résister à l'influence chiite,
et nous distribuons de l'argent aussi largement que nous le pouvons,» a
expliqué l'ancien officiel du renseignement. Le problème est qu'une
telle masse d'argent «finit toujours dans plus de poches que ce que
nous pensions initialement,» a-t-il dit. «Dans le processus, nous
finançons un tas de sale types, et cela aura potentiellement de
sérieuses conséquences inattendues. Nous n'avons pas la possibilité de
déterminer et d'obtenir des factures signées par les gens que nous
aimons et d'éviter les gens que nous n'aimons pas. C'est une magouille
à très haut risque.»

Les
officiels américains, européens et arabes auxquels j'ai parlé m'ont dit
que le gouvernement Sanioura et ses alliés avaient permis que de
l'argent soit livré à des groupes sunnites radicaux dans le nord du
Liban, dans la vallée de la Bekaa , et autour de camps de réfugiés
palestiniens dans le sud. Ces groupes, bien que de taille réduite, sont
perçus comme un tampon contre le Hezbollah; mais en même temps, leurs
idéologies les rapprochent d'Al Qaeda.

Lors
d'une conversation avec moi, l'ancien diplomate séoudien a accusé
Nasrallah de vouloir «renverser l'État», mais il a aussi critiqué le
financement par les Libanais et les Séoudiens de jihadistes sunnites au
Liban. «Les salafistes sont malades et haineux, et je suis très opposé
à l'idée de flirter avec eux,» m'a-t-il dit. «Ils détestent les
chiites, mais ils détestent les Américains encore plus. Si vous tentez
de jouer au plus malin avec eux, il finiront par être plus malins que
vous. Ça va mal se terminer.»

Alastair Crooke, qui a passé près
de trente ans au MI6, le service de renseignement britannique, et qui
travaille maintenant pour le Conflicts Forum, un think-tank à Beyrouth,
m'a dit: «Le gouvernement libanais est en train d'ouvrir un espace pour
accueillir ces gens. Cela pourrait devenir très dangereux.» Crooke a
dit qu'un groupe extrémiste sunnite, Fatah al-Islam, avait fait
sécession du groupe pro-syrien Fatah al-Intifada, dans le camp de
réfugiés de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban. Ses membres à
l'époque étaient moins de 200. «On m'a dit que, moins de 24 heures plus
tard, ils s'étaient vu offrir des armes et de l'argent par des gens se
présentant comme des représentants des intérêts du gouvernement
libanais – certainement pour contrebalancer le Hezbollah,» a dit Crooke.

Le
plus gros de ces groupes, Asbat al-Ansar, est installé dans le camp de
réfugiés palestiniens d'Ain al-Hilweh. Asbat al-Ansar a reçu des armes
et du matériel de la part des Forces de sécurité intérieures libanaises
et de milices associés au gouvernement Sanioura.

En 2005, selon
un rapport du International Crisis Group, établi aux États-Unis, Saad
Hariri, le leader sunnite de la majorité au Parlement libanais et fils
de l'ancien Premier ministre assassiné – Saad a hérité de plus de
quatre milliards de dollars après le meurtre de son père – avait payé
48000 dollars de caution pour quatre membres d'un groupe islamique
militant de Dinniyeh. Ces hommes avaient été arrêtés alors qu'ils
tentaient d'établir un mini-État islamique dans le nord du Liban. Le
Crisis Group a noté que nombre de ces militants «avaient été entraînés
dans les camps d'Al Qaeda en Afghanistan.»

Selon
le rapport du Crisis Group, Saad Hariri avait par la suite utilisé sa
majorité parlementaire pour obtenir l'amnistie de 22 des islamistes de
Dinniyeh, ainsi que pour sept militants suspectés de préparer des
attentats contre les ambassades italiennes et ukrainiennes à Beyrouth
l'année précédente. (Il a aussi organisé l'amnistie de Samir Geagea, un
chef de milice chrétien maronite, qui avait été condamné pour quatre
meurtres politiques, dont l'assassinat, en 1987, du Premier ministre
Rachid Karamé.) Hariri a justifié ses actions auprès de la presse comme
étant humanitaires.

Lors d'une entrevue à Beyrouth, un officiel
du gouvernement Sanioura a reconnu que des jihadistes sunnites
opéraient à l'intérieur du Liban. «Nous avons une attitude tolérante
qui autorise la présence d'organisations de type Al Qaeda ici,» a-t-il
dit. Il liait cela à la préoccupation que l'Iran ou la Syrie pourraient
décider de transformer le Liban en «zone de conflit».

L'officiel
a dit que son gouvernement était dans un situation sans issue positive
possible. Sans un accord politique avec le Hezbollah, a-t-il dit, le
Liban pourrait «s'enfoncer dans un conflit» dans lequel le Hezbollah
affronterait ouvertement les forces sunnites, avec des conséquences
potentielles terrifiantes. Mais si le Hezbollah acceptait un accord
tout en maintenant une armée séparée alliée de l'Iran et de la Syrie ,
«le Liban pourrait devenir une cible. Dans les deux cas nous devenons
une cible.»

L'administration
Bush a présenté son soutien au gouvernement Sanioura comme un exemple
de la confiance du Président pour la démocratie, et de son désir
d'empêcher d'autres puissances d'interférer dans les affaires
libanaises. Quand le Hezbollah a mené des manifestations à Beyrouth en
décembre, John Bolton, qui était alors ambassadeur des États-Unis à
l'ONU, les a décrites comme «faisant partie d'un coup inspiré par
l'Iran et
la Syrie.»

Leslie
H. Gelb, un ancien Président du Conseil pour les Affaires étangères, a
dit que la politique de l'administration était moins motivée par la
défense de la démocratie que par «la sécurité nationale américaine. Le
fait est qu'il serait terriblement dangereux que le Hezbollah dirige le
Liban.» La chute du gouvernement Sanioura serait perçue,» a ajouté
Gelb, «comme le signal au Moyen-Orient du déclin des États-Unis et de
la montée de la menace terroriste. Et ainsi tout changement dans
l'équilibre du pouvoir politique au Liban doit être bloqué par les
États-Unis – et nous sommes autorisés à aider tout groupe non-chiite
pour résister à ce changement. Nous devrions le dire publiquement,
plutôt que de parler de démocratie.»

Martin
Indyk, du centre Saban, a dit que, cependant, les États-Unis «n'avaient
pas les moyens suffisant pour empêcher les modérés au Liban de traiter
avec les extrémistes.» Il a ajouté, «Le Président perçoit la région
comme divisée entre modérés et extrémistes, mais nos alliés régionaux
la voient comme divisée entre sunnites et chiites. Les sunnites que
nous considérons comme extémistes sont considérés par nos alliés
sunnites comme simplement sunnites.»


mihou
Re: La nébuleuse Fatah Al Islam
Message Lun 28 Mai - 11:09 par mihou
En janvier, après un
explosion de violence dans les rues de Beyrouth impliquant à la fois
des partisans de Sanioura et du Hezbollah, le prince Bandar s'est
envolé pour Téhéran pour discuter de l'impasse libanaise et rencontrer
Ali Larijani, le négociateur iranien des affaires nucléaires. Selon un
ambassadeur du Moyen-Orient, la mission de Bandar – dont l'ambassadeur
a dit qu'elle était soutenue par la Maison blanche – avait aussi pour
but «de créer des problèmes entre les Iraniens et les Syriens.» Il y
avait eu des tensions entre les deux pays au sujet des discussions
syriennes avec Israël, et le but des Séoudiens était d'approfondir
cette brèche. Cependant, a dit l'ambassadeur, «Cela n'a pas fonctionné.
La Syrie et l'Iran ne vont pas se trahir mutuellement. L'approche de
Bandar n'avait que très peu de chances de réussir.»

Walid
Jumblatt, le leader de la minorité druze au Liban et un important
partisan de Sanioura, a qualifié Nasrallah d'agent de la Syrie , et a
plusieurs fois expliqué à des journalistes étrangers que le Hezbollah
était sous le contrôle des autorités religieuses en Iran. Lors d'une
conversation avec moi en décembre dernier, il a présenté Bashar Assad,
le président syrien, comme un «tueur en série». Nasrallah, a-t-il dit,
était «moralement coupable» de l'assassinat de Rafic Hariri et du
meurtre, en novembre dernier, de Pierre Gemayel, un membre du
gouvernement Sanioura, à cause de son soutien aux Syriens.

Jumblatt
m'a dit alors qu'il avait rencontré le vice-président Cheney à
l'automne dernier pour discuter, entre autres choses, de la possibilité
de nuire à Assad. Ses collègues et lui avaient conseillé Cheney sur le
fait que, si les États-Unis voulaient agir contre la Syrie , les
membres des Frères musulmans de Syrie étaient «les gens à qui parler»,
m'a dit Jumblatt.

Les Frères musulmans de Syrie, une branche du
mouvement radical sunnite fondé en Égypte en 1928, est impliqué depuis
plus d'une décennie dans une opposition violente contre le régime de
Hafez Assad, le père de Bachar. En 1982, les Frères avaient pris le
contrôle de la ville de Hama; Assad avait fait bombarder la ville
pendant une semaine, tuant entre 6000 et 20000 personnes. Appartenir au
mouvement des Frères musulmans est passible de mort en Syrie. Les
Frères musulmans sont aussi des ennemis jurés des États-Unis et
d'Israël. Malgré tout, m'a dit Jumblatt, «Nous avons expliqué à Cheney
que le lien principal entre l'Iran et le Liban est la Syrie – et pour
affaiblir l'Iran vous devez ouvrir la porte à une opposition syrienne
efficace.»

Il
existe des preuves que le changement de cap de l'administration a déjà
profité aux Frères. Le Front national de salut syrien est une coalition
de groupes d'opposition dont les principaux membres sont une faction
dirigée par Abdel Halim Khaddam, un ancien vice-président syrien qui a
fait sécession en 2005, et les Frères musulmans. Un ancien officier
supérieur de la CIA m'a dit, «Les Américains ont apporté un soutien à
la fois politique et financier. Les Séoudiens gèrent le soutien
financier, mais il y a une implication américaine.» Il m'a dit que
Khaddam, qui vit aujourd'hui à Paris, recevait de l'argent de l'Arabie
séoudite, en toute connaissance de cause de la Maison blanche. (En
2005, une délégation de membres du Front ont rencontré des officiels du
Conseil de sécurité nationale [NSC], selon des rapports de presse.) Un
ancien officiel de la Maison blanche m'a dit que les Séoudiens avaient
fourni aux membres du Front les papiers pour le voyage.

Jumblatt
a expliqué qu'il comprenait que le sujet était sensible à la Maison
blanche. «J'ai dit à Cheney que certaines personnes dans le monde
arabe, essentiellement les Égyptiens» – dont les dirigeants sunnites
modérés combattent les Frères musulmans égyptiens depuis des décennies
– «n'apprécieraient pas que les États-Unis soutiennent les Frères. Mais
si nous ne nous en prenons pas à la Syrie , nous resterons face à face
au Liban avec le Hezbollah pour un long combat, et un combat que nous
risquons de ne pas gagner.»

LE SHEIKH

Par
une nuit chaude et claire du début du mois de décembre dernier, dans
une banlieue bombardée à quelques kilomètres au sud du centre ville de
Beyrouth, j'ai pu me faire une idée de quelle façon la nouvelle
stratégie de l'administration pourrait jouer un rôle au Liban. Le
sheikh Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, qui vit caché, avait
accepté une interview. Les procédures de sécurité pour la rencontre
étaient extrêmement prudentes et sophistiquées. Je fus conduit, à
l'arrière d'une voiture aux vitres teintées, dans un garage souterrain
endommagé quelque part dans Beyrouth, fouillé avec un scanner à main,
installé dans une seconde voiture et mené à un autre garage bombardé,
puis à nouveau transféré. L'été dernier, il a été rapporté qu'Israël
tentait de faire assassiner Nasrallah, mais les précautions
extraordinaires n'étaient pas seulement justifiées par cette menace.
Les assistants de Nasrallah m'ont dit qu'ils pensaient qu'il était une
cible prioritaire pour des Arabes, notamment des agents de
renseignement jordaniens, ainsi que des jihadistes sunnites qu'ils
pensent liés à Al Qaeda. (Le consultant du gouvernement et le général
quatre étoiles retraité ont déclaré que les services de renseignement
jordaniens, avec le soutien des États-Unis et d'Israël, tentent
d'infiltrer les groupes chiites, pour lutter contre le Hezbollah. Le
roi de Jordanie Abdallah II a prévenu qu'un gouvernement chiite en Irak
qui serait trop proche de l'Iran favoriserait la montée d'un croissant
chiite.) Il y a là une tournure quelque peu ironique: la guerre de
Nasrallah avec Israël l'été dernier a fait de lui – lui un chiite –
l'une des personnalités les plus populaires et influentes parmi les
sunnites et les chiites dans toute la région. Ces derniers mois,
cependant, il est de plus en plus perçu par certains sunnites non plus
comme un symbole de l'unité arabe mais comme un acteur d'une guerre de
religions.

Nasrallah,
vêtu comme d'habitude de vêtements religieux, m'attendait dans un
appartement quelconque. Un de ses conseillers a dit qu'il allait
certainement rester là toute la nuit; il est en déplacement constant
depuis que sa décision, en juillet dernier, d'ordonner l'enlèvement de
deux soldats israéliens pendant un raid à travers la frontière, a
déclenché la guerre de 33 jours. Nasrallah a depuis dit publiquement –
et me l'a répété – qu'il avait mal évalué la réponse israélienne. «Nous
voulions juste capturer des prisonniers pour négocier un échange,»
m'a-t-il dit. «Nous n'avons jamais voulu entraîner la région dans la
guerre.»

Nasrallah
a accusé l'administration Bush de travailler avec Israël pour
déclencher la fitna, le mot arabe qui désigne «l'insurrection et la
fragmentation à l'intérieur de l'Islam». «À mon avis, il y a une
gigantesque campagne mondiale dans les médias pour monter chaque camp
contre l'autre,» a-t-il ajouté. «Je pense que tout cela est dirigé par
les services de renseignement arméricains et israéliens.» (Il n'a pas
fourni de preuve précise de cela.) Il a dit que la guerre américaine en
Irak avait aggravé les tensions confessionnelles, mais a expliqué que
le Hezbollah avait tenté d'empêcher qu'elles se répandent au Liban.
(Les affrontements sunnites-chiites ont augmenté, parallèlement à la
violence, dans les semaines qui ont suivi notre discussion.)

Nasrallah
a dit qu'il croyait que le but du président Bush était de «tracer une
nouvelle carte de la région. Ils veulent la partition de l'Irak. L'Irak
n'est pas au bord d'une guerre civile – il y a déjà une guerre civile.
Il y a du nettoyage ethnique et confessionnel. Les massacres quotidiens
et les déplacements de population qui ont lieu en Irak sont destinés à
diviser l'Irak en trois parties, qui seront pures des points de vue
confessionel et ethnique, ce qui sera un prélude à la partition de
l'Irak. Dans moins d'un an ou deux, il y aura des zones totalement
sunnites, des zones totalement chiites, et des zones totalement kurdes.
Même à Bagdad, on craint que le pays soit divisé en deux zones, une
sunnite et une chiite.»

Il
poursuivit: «Je peux dire que le président Bush ment lorsqu'il dit
qu'il ne veut pas de la partition de l'Irak. Tous les faits qui se
déroulent actuellement sur le terrain permettent d'affirmer avec
certitude qu'il est en train d'entraîner l'Irak vers la partition. Et
un jour viendra où il annoncera: “Je n'y peux rien, puisque les
Irakiens veulent la partition de leur pays, je dois me soumettre à la
volonté du peuple irakien.”»

Nasrallah
expliqua qu'il pensait que l'Amérique veut aussi la partition du Liban
et de la Syrie. En Syrie, dit-il, le résultat serait de conduire le
pays «au chaos et aux guerres internes comme en Irak.» Au Liban, «Il y
aura un État sunnite, un État alaouite, un État chrétien et un État
druze.» Mais, dit-il, «j'ignore s'il y aura un État chiite.» Nasrallah
m'expliquait qu'il suspectait que l'un des objectifs des bombardements
israéliens de l'été dernier était «la destruction des zones chiites et
le départ des chiites du Liban. L'idée était que les chiites du Liban
et de Syrie fuient vers le sud de l'Irak,» qui est dominé par le
chiites. «Je n'en suis pas certain, mais je suspecte cela», m'a-t-il
dit.

La
partition laisserait Israël entouré de «petits États paisibles»,
dit-il. «Je peux vous assurer que le royame séoudien sera aussi divisé,
et que le problème atteindra les États d'Afrique du nord. Il y aura des
petits États ethniques et confessionnels,», dit-il. «Autrement dit,
Israël sera le plus important et le plus fort des États d'une région
qui aura été divisée en États ethniques et confessionnels qui
s'accorderont entre eux. C'est cela, le nouveau Moyen-Orient.»

En
fait, l'administration publique a de manière véhémente refusé les
discussions sur la partition de l'Irak, et ses déclarations publiques
suggèrent que la Maison blanche voit le futur du Liban comme intact,
mais avec un Hezbollah affaibli et désarmé jouant un rôle politique
mineur. Il n'y a aucune preuve pour soutenir la croyance de Nasrallah
que les Israéliens cherchent à déplacer les chiites dans le sud de
l'Irak. Cependant, la vision de Nasrallah d'un large conflit
confessionnel dans lequel les États-Unis sont impliqués suggère une
conséquence possible de la nouvelle stratégie américaine.

Dans
l'interview, Nasrallah a fait des gestes et des promesses apaisantes
qui auraient certainement été accueillies avec méfiance par ses
opposants. «Si les États-Unis disent que des discussions avec des gens
comme nous pourraient être utiles et pourraient influer sur la
politique américaine dans la région, nous n'avons aucun objection à des
discussions ou à des rencontres,» a-t-il dit. «Mais si le but de ces
rencontres est de nous imposer leur propre politique, ce sera une perte
de temps.» Il déclara que la milice du Hezbollah, à moins d'être
attaquée, n'opérerait qu'à l'intérieur des frontières libanaises, et
promit son désarmement lorsque l'armée libanaise serait capable de
faire face. Nasrallah dit qu'il n'avait aucun intérêt à déclencher une
autre guerre avec Israël. Cependant, il ajouta qu'il prévoyait, et s'y
préparait, un autre attaque israélienne, plus tard cette année.

Nasrallah
insista encore sur le fait que les manifestations à Beyrouth
continueraient jusqu'à la chute du gouvernement Sanioura, ou jusqu'à
l'obtention des demandes politiques de sa coalition. «En pratique, le
gouvernement ne peut plus diriger,» me dit-il. «Il peut émettre des
ordres, mais la majorité du peuple libanais refusera de s'y soumettre
et ne reconnaîtra pas la légitimité de ce gouvernement. Sanioura reste
à son poste à cause du soutien international, mais cela ne signifie pas
que Sanioura dirige le Liban.»

Les louanges attribuées par le
président Bush au gouvernement Sanioura, selon Nasrallah, «est le
meilleur service qu'il puisse rendre à l'opposition libanaise, car cela
affaiblit sa position par rapport au peuple libanais et aux populations
arabes et musulmanes. Ils parient sur le fait que nous nous fatiguions.
Nous ne nous sommes pas lassés pendant la guerre, alors comment
pourrions-nous nous lasser dans une manifestation?»

Il
y a une division importante à l'intérieur et à l'extérieur de
l'administration Bush au sujet de la façon de traiter avec Nasrallah,
et de savoir s'il pourrait, en fait, être un partenaire dans un
règlement politique. Le directeur sortant des services de renseignement
[National Intelligence], John Negroponte, dans son discours d'adieu au
Comité sénatorial sur le renseignement, en janvier, a dit que le
Hezbollah «se trouvait au centre de la stratégie terroriste de
l'Iran... Il pourrait décider de mener des attaques contre les intérêts
américains s'il jugeait que sa survie, ou celle de l'Iran, était
menacée... Le Hezbollah libanais se perçoit comme un partenaire de
Téhéran.»


mihou
Re: La nébuleuse Fatah Al Islam
Message Lun 28 Mai - 11:09 par mihou
En
2002, Richard Armitage, alors Secrétaire d'État adjoint, a qualifié le
Hezbollah de «troupe d'élite» du terrorisme. Dans une interview
récente, cependant, Armitage a reconnu que le sujet était devenu un peu
plus compliqué. Nasrallah, m'a dit Armitage, est devenu «une force
politique d'importance, avec un rôle politique à jouer à l'intérieur du
Liban s'il décide de le faire». En termes de jeu de relations et de
politique, m'a dit Armitage, Nasrallah «est l'homme le plus intelligent
du Moyen-Orient.» Mais, a-t-il ajouté, Nasrallah «doit démontrer
clairement qu'il est prêt à jouer le jeu selon les règles d'une
opposition loyale. Pour moi, il a toujours une dette de sang à payer» –
une allusion au colonel assassiné et à l'attaque des baraquements des
marines.

Raboert
Baer, un ancien agent de longue de date de la CIA au Liban, a été un
critique sévère du Hezbollah et a mis en garde contre ses liens avec le
terrorisme sponsorisé par l'Iran. Mais désormais, m'a-t-il dit, «nous
avons les arabes sunnites se préparant à un conflit cataclysmique, et
nous avons besoin de quelqu'un pour protéger les chrétiens au Liban. Ce
rôle était tenu par les Français et les États-Unis, et maintenant il
est tenu par Nasrallah et les chiites.»

«L'aventure
la plus importante au Moyen-Orient est la transformation de Nasrallah,
de gars de la rue en leader – d'un terroriste en homme d'État,» a
ajouté Baer. «Le seul chien qui n'ait pas aboyé cet été» – pendant la
guerre avec Israël, «c'est le terrorisme chiite.» Baer fait allusion
aux craintes que Nasrallah, en plus de tirer des fusées contre Israël
et d'enlever ses soldats, aurait pu déclencher une vague d'attaques
terroristes contre des cibles israéliennes et américaines dans le monde
entier. «Il aurait pu déclencher cela, mais ne l'a pas fait,» a dit
Baer.

La plupart des membres des communautés du renseignement et
diplomatique reconnaissent les liens actuels entre le Hezbollah et
l'Iran. Mais il y a des différences d'analyse pour déterminer à quel
point Nasrallah pourrait mettre de côté les intérêts du Hezbollah au
profit de ceux de l'Iran. Un ancien officier de la CIA qui a servi au
Liban a qualifié Nasrallah de «phénomène libanais», ajoutant, «Oui, il
est soutenu par l'Iran et la Syrie , mais le Hezbollah a dépassé cela.»
Il m'expliqua qu'à une certaine période à la fin des années 80 et du
début des années 90, la CIA en poste à Beyrouth était parvenue à
écouter clandestinement les conversations de Nasrallah. Il décrivit
Nasrallah comme «un chef de gang qui était capable de passer des
accords avec d'autres chefs de gang. Il avait des contacts avec tout le
monde.»

INFORMER LE CONGRÈS

Le
fait que le recours, par l'administration Bush, à des opérations
clandestines, n'ait pas été rapporté au Congrès et sa façon de traiter
avec des intermédiaires ayant des intérêts discutables, ont rappelé à
certains à Washington un chapitre passé de notre histoire. Il y a une
vingtaine d'années, l'administration Reagan avait tenté de financer les
contras du Nicaragua de manière illégale, en s'aidant de ventes d'armes
secrètes à l'Iran. De l'argent séoudien était impliqué et cela devint
public sous le nom de scandale Iran-Contra, et un certain nombre
d'acteurs de l'époque – notamment le prince Bandar et Elliott Abrams –
sont impliqués dans les actions actuelles.

Le
scandale Iran-Contra a été le sujet d'une discussion informelle «sur
les enseignements du passé», il y a deux ans, entre les vétérans du
scandale. Abrams a dirigé la discussion. Une des conclusions était que,
bien que le programme ait été révélé publiquement, il avait été
possible de le mettre à exécution sans en informer le Congrès. Quant à
ce que l'expérience apprenait en termes de futures opérations occultes,
les participants ont déterminé: «Un, vous ne pouvez pas faire confiance
à vos amis. Deux, la CIA doit ête totalement tenue à l'écart. Trois,
vous ne pouvez pas faire confiance aux militaires en uniforme, et
quatre, cela doit être dirigé en dehors du bureau du Vice-Président» –
une allusion au rôle de Cheney, m'a dit un ancien officiel de haut rang
du renseignement.

J'ai été
ensuite informé par deux consultants du gouvernement et l'ancien
officiel du renseignement que les échos du scandale Iran-Contra étaient
la raison de la décision de Negroponte de démissionner de son poste de
directeur de l'Agence du renseignement et d'accepter un poste d'adjoint
au Secrétariat d'État. (Negroponte a refusé de commenter.)

L'ancien
officiel du renseignement m'a aussi dit que Negroponte ne voulait pas
renouveler son expérience sous l'administration Reagan, quand il était
ambassadeur au Honduras. «Negroponte a dit, “Pas question. Je ne vais
pas une nouvelle fois suivre ce chemin, avec le NSC menant des
opérations hors de tout contrôle légal, et sans ordre de mission. (Dans
le cas des opérations occultes de la CIA , le Président doit émettre un
ordre de mission écrit et informer le Congrès.) Negroponte est resté en
tant qu'adjoint au Secrétariat d'État, a-t-il ajouté, parce qu'«il
pense qu'il peut influencer le gouvernement dans le bon sens.»

Le
consultant du gouvernement m'a dit que Negroponte partageait les
objectifs de la politique de la Maison blanche, mais qu'«il voulait le
faire dans les règles». Le consultant du Pentagone m'a dit aussi qu'«il
y avait cette impression, parmi les officiels de haut rang, qu'il
n'était pas totalement partie prenante dans les opérations clandestines
les plus aventureuses.» Il est vrai également, m'a-t-il dit, que
Negroponte «avait des réserves avec cette façon bizarre à la Rube
Goldberg de gérer le Moyen-Orient.»

Le consultant du Pentagone a
ajouté qu'une des difficultés pour obtenir une vue d'ensemble de la
situation, était due à ces fonds secrets. «Il y a beaucoup, beaucoup de
caisses noires, éparpillées à de nombreux endroits, qui financent une
grande diversité de missions dans le monde entier,» a-t-il expliqué. Le
chaos budgétaires en Irak, où des milliards de dollars ne relèvent
d'aucune responsabilité, a facilité de telles transactions, selon
l'ancien officiel du renseignement et général quatre étoiles en
retraite.

«Cela
remonte à l'époque Iran-Contra», m'a dit un ancien assistant au Conseil
national de sécurité [NSC]. «Et une grande partie de ce qu'ils font est
d'en éloigner l'Agence.» Il m'expliqua que le Congrès n'est pas informé
de l'intégralité des opérations américano-séoudiennes. Et, dit-il, « La
CIA demande, “Que se passe-t-il?» Ils sont préoccupés, parce qu'ils
pensent qu'on nage en plein amateurisme.»

Le problème d'obtenir
une vue globale attire un peu plus l'attention du Congrès. En novembre
dernier, le Service de recherche du Congrès a émis un rapport destiné
au Congrès sur ce qui est décrit comme l'action de l'administration
pour rendre floue la limite entre les opérations de la CIA et celles
strictement militaires, qui n'ont pas les mêmes exigences en termes
d'information au congrès. Et le Comité sénatorial sur le renseignement,
dirigé par le sénateur Jay Rockefeller, a prévu une audience pour le 8
mars au sujet des activités de renseignement du Département de la
défense.

Le
sénateur Ron Wyden, de l'Orégon, un démocrate membre du Comité sur le
renseignement, m'a dit: «L'administration Bush a fréquemment manqué à
ses obligations légales d'informer le Comité sur le renseignement de
manière complète et diligente. Régulièrement, la réponse a été:
“Faites-nous confiance.”» Wyden a ajouté: «J'ai du mal à faire
confiance à l'administration.»










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