Libre échange UE - ACP : objectif en vueAnne-Marie Mouradian
(Photo RFI)
Peter Mandelson, le commissaire européen au Commerce extérieur l’a répété hier encore : «
Non,
Bruxelles n’a pas l’intention de forcer les pays d’Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique à signer des accords de libre échange
régionaux avec l’Europe contre leur gré ». Mais, a-t-il prévenu : «
si les difficiles négociations en cours devaient échouer, les conséquences seraient dramatiques tant pour l’UE que pour les ACP ».
En début de semaine, le Parlement européen, après les ONG, avait
demandé que l’Europe arrête de mettre la pression sur ses partenaires
pour les obliger à signer, coûte que coûte, le 31 décembre prochain.
Date à laquelle le système de préférences commerciales accordées par
l’Union européenne aux pays ACP devraient disparaître - OMC oblige -
pour être remplacé par des accords de partenariat économique régionaux.
Bruxelles
manie la carotte et le bâton. Promettant aux régions ACP qui signeront
les fameux accords - et à elles seules - de leur ouvrir entièrement le
marché européen, excepté pour le sucre, le riz et les bananes, produits
qui ne seraient libéralisés que plus tard. Du côté ACP, l’ouverture des
marchés serait très graduelle, avec de longues périodes de transition
pouvant aller jusqu’à 25 ans pour les produits sensibles. A l’issue de
la réunion, les ACP, par la voix du ministre des Affaires étrangères du
Lesotho, Mohlabi Tsekoa, président en exercice du groupe, ont parlé d’«
avancées importantes ». M. Tsekoa a assuré que l’UE avait répondu à certaines de leurs préoccupations.
Bref,
tout le monde est d’accord pour maintenir le cap et intensifier les
négociations pour conclure dans six mois. Mais en coulisses, certains
représentants ACP soulignaient que les jeux étaient loin d’être faits.
Ils dénonçaient la fin des arrangements préférentiels et la chute
programmée de leurs exportations de sucre et de bananes vers l’Europe.
«
Nous en frissonnons de crainte » a déclaré Arvin Boolell, ministre de l’Agro-industrie de l’Ile Maurice.
Si
les préférences commerciales accordées aux ACP depuis trente ans sont
condamnées à disparaître, de nombreux observateurs restent aujourd’hui
très sceptiques quant à l’instauration - même progressive, asymétrique
et accompagnée d’aides européennes - de zones de libre-échange entre
l’UE, qui dispose d’un produit intérieur brut par habitant d’environ
22 000 euros, et le groupe des 78 pays ACP dont le PIB moyen avoisine
les 430 euros.
par Anne-Marie
Mouradian[26/05/2007
http://www.rfi.fr/actufr/articles/089/article_52163.asp
Sam 26 Mai - 7:36 par mihou