Racisme et invisibilité politique : Cocktail Molotov et tags nazis contre un médecin noir
02/04/2007
Dans la nuit du 23 au 24 mars 2007, un médecin français d’origine béninoise domicilié à Villers-au-Bois a été victime de graves actes racistes qui n’ont pas eu l’heur de la primeur des médias, ni de l’instrumentalisation politique désormais traditionnelle avec l’éternel retour des questions d’immigration et d’insécurité en période électorale. Tags racistes en allemand et symboles nazis ont été inscrits sur l’enceinte de la maison de M. Thierry Zanfonhouédé, médecin ‘origine béninoise et un cocktail Molotov a été lancé dans son jardin.
Les actes racistes antinoirs se suivent et se ressemblent dans leur caractère d’impunité et de traitement médiatique minimal, dans les colonnes «faits divers, vandalisme, … » de la presse nationale française, rarement là où ils devraient figurer. Même si le maire de cette ville de cinq cents habitants et d’autres résidents se disent salis par ce qui est arrivé cette nuit-là à 4h15 du matin, il n’est pas anodin de constater que de tels actes ne sont pas isolés comme ne l’indique pas la presse, plus encline à informer le lecteur français sur le racisme en Russie, dans les stades européens ou en Belgique.
Même sourdine pour les politiques qui s’indignent haut et fort quelques jours après ce 24 mars face à des violences antisémites, enfonçant le clou de l’impression récurrente du deux poids deux mesures, d’une citoyenneté à deux vitesses que d’aucuns qualifient d’Indigénat moderne … Qu’il s’agisse des inscriptions nazies qui avaient bouleversées la vie d’un couple de Français ayant adopté des enfants d’origine africaine en 2006 en Alsace, des contrôles d’identité violents et hélas trop bien connus, du tabassage de deux Africains à la rue des rosiers, tout se passe comme si certaines formes de racisme, à l’encontre des Noirs et des Arabes étaient indicibles, invisibles.ou étaient considérées comme des actes … de civilité partagée.
Pour ce qui est de l’invisibilité, elle fonctionne dans un seul sens, bien entendue. Illustration avec un papier du Monde du 22 mars 2007 signé par Laeticia Van Eeckout. Selon cet article les chiffres du racisme en France diminuent de 10% entre 2006 et 2007, mais les actes antisémites augmentent de 6%, ainsi que l’établit le rapport annuel 2006 de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme. Le papier s’ouvre sur la « La mort du jeune Ilan Halimi… » et le «gang des barbares», suivi de la «violente descente des membres de la tribu Ka dans la rue des Rosiers», puis enfin la mort d’un jeune supporter du PSG, autant d’actes racistes ou à connotation raciste mettant en tête d’affiche des Mélanodermes …Pure hasard sans aucun doute. Remarquons pourtant que les cas de racisme antinoir connus à l’échelle nationale ne sont pas cités, les affaires Sevran, Frêche, Finkielkraut, les bavures policières que les organisations des droits de l’homme ne cessent d’épingler, sans compter les discriminations et l’absence de représentativité politique et dans l’encadrement français sont recouverts d’un voile de pudeur journalistique. Dont acte.
En lieu et place d’une approche courageuse de la diversité, la classe dominante se complaît dans de dangereuses instrumentalisations politiciennes de faits divers, d’altercations entre la police et des groupes qualifiés de «jeunes de banlieues», de «délinquants», de «bandes ethniques» pour désigner des Français non-blancs. Ainsi une campagne électorale qui aurait pu lever un débat et des perspectives sur les questions telles que l’Europe -bloquée par le refus français du projet de constitution européenne-, la menace planétaire sur l’environnement, le chômage et le modèle économique ultralibéral -délocalisations, fuite des profits, …-, la multiculturalité et les conditions concrètes de l’égalité républicaine, l’économie solidaire, cette campagne est ramenée à des drapeaux et des airs de Marseillaise. La contradiction politique à terme est énorme et ses effets incalculables, une partie de la France est proprement socialisée avec comme quotidien ces stigmatisations, ces violences symboliques, économiques et politiques opérant en toute licéité, légitimité. Elle est de plus en plus nombreuse et son croît démographique laisse penser qu’elle le sera davantage encore dans quelques décennies. Quels concepts de vivre-ensemble sera-t-il possible de mettre sur pied après des années de suspicion, d’insultes publiques, de marginalisation ? Les émeutes de 2005 pouvaient déboucher sur un débat national et un changement de cap de l’élite française, celle-ci se referme, incapable de saisir la modernité des Etats post-coloniaux qui de facto doivent s’accepter tels qu’ils sont devenus, l’empire ayant fait devenir citoyens égaux ceux qui hier étaient des inférieurs, objets d’asservissement, de soumission, de racisme savant.
Afrikara
Racisme et invisibilité politique : Cocktail Molotov et tags nazis contre un médecin noir
( 07 Avril 2007 19H10 )
Je crois très franchement que si les responsables politiques, font la sourde oreille à cet appel de la population marginalisée des quartiers populaires, si de surcroît les journalistes - par pure propagande - ne dénoncent pas avec vigueur et courage les actes racistes et xénophobes dont sont victimes les populations noires et arabes en France de façon globale, nous allons droit vers des émeutes avec risque de guerre civile .
On ne peut pas continuer en France à humilier, à rabaisser, à manquer de respect, à la rendre pour responsable de tous les maux dont souffre la société, une partie de la population - fût-elle d'origine immigrée - africaine ou arabe sans en payer le prix !
Il arrivera un moment où ces populations à force d'être stigmatisées, et traitées de bouc émissaire se diront << stop: Ca suffit ! Nous sommes français à part entière, car nés ici et non pas français entièrement à part ! Nous avont droit au respect, à la considération, à la présomption d'innocence comme tout français blanc ! >>
Quand dans un pays, ou dans une partie du territoir national on décrète le couvre-feu - comme cela a été le cas pour les évènements de l'automne 2005 en France - c'est que le risque de conflit interethinique généralisé est à craindre !
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1690