Enregistrer sous… Imprimer ce document Plein écran
Le Devoir
LES ACTUALITÉS, mercredi 4 avril 2007, p. a4
Chasse aux phoques
Un nouvel argument des animalistes est contredit
Francoeur, Louis-Gilles
Le mouvement animaliste international essaie d'écologiser cette année son discours en prétendant que les changements climatiques menacent le troupeau de phoques du Groenland. Mais «aucune menace de ce genre ne pèse sur le troupeau, à court et à moyen terme», explique Mike Hammill, un des spécialistes de l'Institut Maurice Lamontagne de Pêches et Océans Canada.
«Le changement de discours des groupes, explique-t-il dans une entrevue au Devoir, tente de cacher leur objectif principal, qui demeure l'élimination de la chasse annuelle aux phoques. Ils utilisent tout simplement tous les motifs» à leur disposition.
Même si le gouvernement canadien a réduit cette année de 350 000 à 270 000 têtes le quota de chasse aux phoques du Groenland, le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) n'en a pas moins dénoncé par communiqué la décision d'abattre autant de «jeunes» phoques. Plus prudent, depuis Phoques - Le film, l'IFAW ne parle plus dans ses communiqués des blanchons, dont la chasse est interdite depuis plus de 20 ans. Mais le site Internet du groupe continue de présenter des blanchons à ses visiteurs en insistant sur les aspect moraux de cette chasse présentée comme «cruelle».
Selon la porte-parole du groupe animaliste, Sheryl Fink, «les phoques du Groenland sont à la merci de l'incontrôlable menace que représente le réchauffement climatique. Et continuer de les chasser au niveau insoutenable annoncé aujourd'hui est tout simplement irresponsable». L'IFAW invoque le fait qu'au cours de neuf des 11 dernières années les glaces ont une épaisseur moyenne inférieure à celle des 37 années précédentes.
Mike Hammill confirme qu'il n'y a aucun phoque autour des Îles-de-la-Madeleine présentement car les glaces ont été soufflées plus au sud par le vent et les courants vers l'Île-du-Prince-Édouard et l'île du Cap-Breton. Trop loin pour les Madelinots qui, moins nombreux, ont plutôt tendance à remonter dans le nord du golfe pour chasser autour de Terre-Neuve.
Le chercheur explique que seule une faible partie du troupeau se retrouve annuellement près des Îles-de-la-Madeleine. S'il convient que cette portion du cheptel a eu des problèmes de reproduction cette année parce que les glaces, plus minces que d'habitude, ont été brisées et dispersées par des tempêtes, le troupeau continue dans son ensemble, dit-il, de bénéficier de conditions favorables plus au nord.
Aucune menace à court et moyen terme, ajoute Mike Hammill, ne menace ce troupeau qui atteint actuellement 5,5 millions de têtes. L'objectif des gestionnaires consiste à le ramener par la chasse à quelque 4,1 millions de têtes. Mais le «niveau de conservation» de ce troupeau, dit-il, se situe sensiblement plus bas, à 1,7 million de têtes. C'était le niveau de population avant les premières campagnes animalistes des années 70. C'est à ce niveau que la chasse serait abolie.
Néanmoins, le faible succès de la reproduction dans la partie sud du troupeau a incité les autorités fédérales à abaisser le quota de la chasse, qui entrait en vigueur lundi.
Les femelles accouchent sur les glaces flottantes pour que leur petit, qui ne nage pas avant trois semaines, puisse atteindre le niveau d'autonomie nécessaire à sa survie dans l'eau.
D'habitude, les glaces sont présentes autour des Îles-de-la-Madeleine au début de mars au moment du pic de la reproduction. Et elles y demeurent jusqu'au début d'avril alors que commence la chasse. Mais cette année, les glaces ont été plus minces que d'habitude, et des tempêtes les ont poussées plus au sud. Le troupeau a suivi. Mais comme les glaces ont été moins nombreuses et plus instables, parce que plus minces, plusieurs nouveau-nés se sont noyés, ce qui ne représente pas une menace pour un troupeau aussi nombreux, précise Mike Hammill.
À long terme, dit-il, les phoques du golfe vont soit continuer de suivre les glaces plus au sud et voir leur population décliner, sans que le cheptel global en soit menacé, soit remonter vers Terre-Neuve où la glace est abondante et où se concentre l'essentiel de la chasse annuelle.
Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Sports et loisirs
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 499 mots
© 2007 Le Devoir. Tous droits réservés.
Doc. : news·20070404·LE·138182