FAUT-IL EXPULSER LE MINISTRE HONGROIS ENNEMI DE LA REPUBLIQUE?
Sarkozy et le Pen
Après son emprunt au Front national sur le plateau de TF1, dans l’émission « J’ai une question à vous poser », où il déclarait sourire aux lèvres : « Personne n’est obligé, je le répète, d’habiter en France. Mais quand on habite en France, on respecte ses règles, c’est-à-dire qu’on n’est pas polygame, on ne pratique pas l’excision sur ses filles et on n’égorge pas le mouton dans son appartement et on respecte les règles républicaines », le candidat toujours accroché à la place Beauvau vient de franchir un cran supplémentaire dans son populisme électoral. Cette fois ci, Nicolas Särközy y Nagy Bocsa (français d’origine hongroise) s’est lancé dans la réhabilitation du Pétainisme, en se prononçant pour la création d’un “ministère de l’immigration et de l’identité nationale“.
Le candidat et toujours ministre, dont l’opportunisme n’était plus à démontrer, apporte la preuve supplémentaire que sa soif du pouvoir constitue un réel péril pour la France. Pouvait-on l’imaginer faire appel aux références de la France Pétainiste pour flatter des électeurs nostalgiques d’une France rimant avec l’obscurantisme et l’intolérance ? Il faut croire que chez lui, seule la fin justifie les moyens, au risque de jouer le soldat de l’apocalypse dans un pays en crise de représentation institutionnelle. En réhabilitant la mémoire de Vichy, chose ignoble, comme l’a rappelé la candidate socialiste, Ségolène Royal, l’homme qui ambitionne de devenir le prochain président de la République ne pouvait manquer de provoquer un tollé, c’est chose faite. L’adepte du mouvement perpétuel et du brassage supporte de moins en moins le travail de sape de la candidate socialiste et l’émergence d’une deuxième candidature à droite, celle de François Bayrou, qui le contraint à labourer le sillon du Front National. Le prince de la manipulation de masse est presque nu, en attendant le coup de grâce que lui portera bientôt le futur retrait Chirac. Sentant que son rêve Elyséen lui échappe malgré le soutien de ses relais médiatiques et des principales maisons de sondages, Särközy y Nagy Bocsa a franchi une frontière, comme l’a rappelé le leader centriste François Bayrou : "Enfermer dans la même phrase immigration et identité nationale, je ne sais pas si vous voyez ce que ça cherche à évoquer mais je dis qu'il y a là une frontière franchie", tout en demandant à Simone Veil, ( étrangement ralliée au candidat UMP) figure de la vie politique française et rescapée des camps de la mort nazis, de réagir à cette proposition : "Puisque Simone Veil s'est prononcée pour Nicolas Särközy, je demande à Simone Veil, dont je connais les convictions et l'histoire, si elle est prête à apporter son soutien et sa caution à un ministère, ouvrez les guillemets, de l'Immigration et de l'Identité nationale".
Devant les condamnations unanimes de la surenchère xénophobe et raciste du candidat UMP, partis politiques, à l’exception du Front National qui boit du petit lait et lui apporte même sa caution, et associations des droits de l’Homme et mouvements dits antiracistes, il convient d’en tirer des enseignements forts utiles.
Primo, en surfant sur le lexique vichyste, le candidat de l’UMP a porté atteinte aux valeurs de la République. Comment peut-on porter à l’Elysée cet homme sans aucune éthique morale ? La France peut-elle se laisser séduire par ce machiavel primaire et brutal prêt à tout pour ses désirs de puissance ?
Deuxio, Särközy menace de mettre le feu aux fondements de la République après l’avoir fait dans les banlieues ghettos, en choisissant sciemment de pratiquer des amalgames nauséabonds sur « l’immigration et l’identité nationale ». En considérant que les deux thématiques sont étroitement liées, le ministre candidat suggère que l’identité nationale, produit du passé, est menacée par les « vagues d’immigrés » en provenance des pays dits pauvres, en particulier du continent Noir. N’est-ce pas pour ça qu’il a imaginé son concept « d’immigration choisie » ?
Tertio, en insinuant une dualité voire une incompatibilité entre l’identité nationale et l’immigration, le ministre candidat enfourche le cheval de bataille de l’assimilation et désigne les « étrangers » à la vindicte populaire, ce qui est une rupture fondamentale avec la tradition tricolore "d’intégration" et de tolérance. En clair, comme une adhésion franche à l’extrême droite, le candidat UMP s’approprie le slogan lepéniste « La France , aimez la ou quittez-la ! »
FRONT ANTI-SARKO
Il n’échappe plus à personne que la fébrilité gagne le candidat UMP, le Rastignac hongrois soutenu par la CAC 40 et les médias. Fini les tentatives de récupération des figures de la gauche ( Blum et Jaurès), aux oubliettes la « rupture tranquille » et les promesses d’ouverture . Nicolas Särközy y Nagy Bocsa est cerné par la candidate Royal à gauche, et l’espace du centre droit est bouché par le candidat Bayrou qui incarne de mieux en mieux une droite républicaine et fréquentable. Que lui reste t-il donc ? Mettre le cap plus à droite, c'est-à-dire rejoindre sans plus attendre la droite populiste et xénophobe. Le voilà pris en flagrant délit de captation du fonds de commerce du Front National, ce qu’il tente de nier en dénonçant des « mauvaises polémiques ». On voit bien ici le danger que représente son attelage explosif ministère de l’immigration et identité nationale. Le péril Särközy va au-delà de la connotation directement lepéniste et pétainiste de son expression : sous prétexte de parler « vrai », il enclenche un mécanisme de suspicion à l’égard des « étrangers », sous-entendu les Noirs et Arabes, et accélère la banalisation des thèses de rejet et d’intolérance véhiculées par les partis d’extrême droite en Europe. Banaliser la Lepénisation des esprits, l’envisager sous l’angle de son efficacité, comme le font ses relais médiatiques, c’est ça le projet du ministre candidat de l’UMP. Le Ministre de la police offense la République et détériore l’image d’un pays qu’il prétend défendre contre les « hordes venus d’Afrique ».De fait, il est tout a fait normal que le président Chirac ne lui accorde l’adoubement qu’il quémande depuis des semaines pour renforcer ses chances de remporter son pari Elyséen. Que l’on ne s’y méprenne pas, prétendre que l’évocation de “l ’identité nationale n’est pas un gros mot“ revient à prendre les Français pour des imbéciles. Personne n’est dupe de la dynamique politique d’extrême-droite qu’implique la nouvelle provocation du candidat populiste UMP. Il s’agit d’un recyclage de la France Pétainiste. Que faire ? En tout cas, en devançant sans vergogne les désirs programmatiques de l’extrême droite, le candidat de l’UMP s’est certainement suicidé politiquement en faisant un pas de trop dans la démagogie, la compromission, et la trahison des idées républicaines, en réponse à la montée de son rival du centre, François Bayrou. Aujourd’hui, il n’est plus acceptable de soutenir sa dérive “ignoble” , selon le juste mot employé par Ségolène Royal. Avec cet homme en course, l’élection doit se transformer en un référendum de défense de la République , contre Nicolas Sarkozy et l’extrême-droite. Il est plus que jamais urgent que la droite présente un candidat républicain, ou du moins présentant un visage digne et intègre, qui maintienne les enjeux véritables de l’élection. Avec François Bayrou, le choix est fait et l'honneur de la République est ainsi préservé.
A2N
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