Le Collectifdom écrit au Ministre de l’Intérieur
Monsieur Nicolas SARKOZY
Ministre d’État Ministre de l’Intérieur et de l’aménagement ru Territoire
Place Beauvau 75008 PARIS
Paris, le 28 novembre 2006
Monsieur le Ministre d’État,
Un incident d’une extrême gravité entraînant mort d’homme vient de ternir un match de football opposant l’équipe du Paris Saint Germain à l’équipe de Tel-Aviv. Cet incident est malheureusement dans la continuité des dérives racistes de ceux qui - élus ou intellectuels écoutés - trahissent chaque jour la République.
Bien entendu, le Collectif des Antillais Guyanais Réunionnais et Mahorais (Collectifdom) ne peut que déplorer la mort d’un jeune homme et toutes nos pensées attristées vont à ses proches. Cependant, il apparaît qu’au cours de cet incident, selon les déclarations des autorités judiciaires, Antoine GRANOMORT, un fonctionnaire de police d’origine antillaise s’est spontanément interposé pour protéger un jeune Français qui, selon toute vraisemblance, allait être lynché par d’autres Français racistes.
Du fait de sa couleur de peau, ce fonctionnaire s’est alors trouvé lui-même l’objet de l’hystérie haineuse des supporters du PSG. Il a été insulté frappé, jeté à terre et - malgré tout cela - il a su garder jusqu’au dernier moment un sang-froid qui fait honneur à tous ses collègues ainsi qu’à sa hiérarchie. Ce n’est qu’in extremis et alors qu’il était à terre qu’il a dû faire usage de son arme de service, non seulement pour se dégager et sauver sa vie, mais surtout pour sauver la vie du jeune homme qu’il défendait et qu’on allait tuer au motif qu’il était désigné comme juif.
Certes, un homme est mort. Mais deux hommes allaient mourir. Ces deux morts auraient donné le signal d’une série de désordres sans précédent. Il nous semble que cette mort n’enlève rien au geste héroïque de notre compatriote qui a risqué sa vie pour faire son devoir et faire respecter l’ordre public.
De deux choses l’une : ou bien Antoine GRANOMORT est coupable pour avoir utilisé son arme sans discernement ou bien c’est un fonctionnaire héroïque et, dans ce cas, il convient de le faire savoir au plus tôt en lui attribuant la récompense significative qu’on n’aurait pas manqué de lui donner à titre posthume.
Peut-on imaginer le désarroi de cet homme, effondré d’avoir supprimé une vie, si on ne lui fait pas immédiatement savoir qu’il a fait son devoir d’une manière exemplaire ? Or, jusqu’à présent, on s’est contenté de dire qu’il ne serait sans doute pas poursuivi. C’est non seulement insuffisant, mais indigne.
C’est pourquoi nous nous permettons, Monsieur le Ministre, au nom de tous les hommes et de toutes les femmes de l’Outre-mer ou originaires de l’Outre-mer - et en particulier au nom de ceux qui servent la République dans les forces de l’ordre - de vous demander de nous faire savoir au plus vite que vous approuvez ce geste.
Le plus symbolique serait très certainement de faire accorder la plus haute distinction dont la France puisse gratifier, dans de telles circonstances, un valeureux policier antiraciste.
Ce serait aussi une manière d’éviter tout malentendu en montrant que les irresponsables qui, pour allumer une guerre civile en France et rétablir une distinction de couleur qui nous renverrait deux siècles en arrière, ont voulu faire passer les Antillais pour des antisémites auront beaucoup de mal, dorénavant, à être pris au sérieux.
En espérant que cette demande pourra être prise en considération, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre d’État, l’expression de notre respectueuse considération.
Claude RIBBE,
Président