COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (n°564)
Vendredi 16/02/07
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Dans ce numéro
1. L’ALTERMONDIALISATION ? UNE COURSE DE FOND !
Essoufflé le mouvement altermondialiste ? Au lendemain des
manifestations de Seattle contre les excès de l'OMC
(décembre 1999) cette « rébellion » était qualifiée de feu
de paille.
Par Arnaud Zacharie (CNCD) et François Pollet (CETRI)
2. DES TAXES GLOBALES POUR LE VIVANT
L’altermondialisme se trouve à un tournant : celui qui mène
de la critique du capitalisme néolibéral à l’élaboration de
propositions alternatives, à laquelle participent
maintenant tous les continents, dont l’Afrique qui vient
d’accueillir à Nairobi le 7e Forum social mondial.
Par Aurélie Trouvé et Jean-Marie Harribey, co-présidents
d’ATTAC France
3. DECLARATION DE SOUTIEN DU SOMMET CITOYEN FRANCE-AFRIQUE
AU PEUPLE MARTYRISE DE GUINEE
Les organisations réunies au Sommet citoyen France-Afrique
condamnent la répression sanglante exercée actuellement par
le gouvernement guinéen sur son peuple. Elles interpellent
M. Jacques Chirac et le gouvernement français, l’Union
européenne et les institutions africaines pour qu’ils
agissent urgemment !
4. APPEL DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE AFRICAINE
AUX CANDIDATS A L’ELECTION PRESIDENTIELLE EN FRANCE
Appel finalisé lors du Forum social mondial de Nairobi, 20-
25 janvier 2007 et lancé le 12 février 2007 en ouverture du
Sommet citoyen France-Afrique, Paris.
5. RUSSIE : LES OUVRIERS DE FORD SE METTENT EN GREVE
Le 2 février а 1h30 du matin s’est achevée la conférence
(sur trois postes) des salariés de l’usine Ford de la
région de Saint-Pétersbourg. A l’issue du vote, la décision
est tombée – ce sera la grève à partir du 14 février.
Par Carine Clément, Institut de l'Action Collective, Moscou
(www.ikd.ru <http://www.ikd.ru>)
6. LA BATAILLE POUR LA DEFENSE DE LA PROFESSION COMPTABLE
EN EGYPTE. UNE EXPERIENCE CONCRETE DE CONFRONTATION AUX
POLITIQUES DE LA GLOBALISATION
Une bataille des comptables et réviseurs en Egypte s’est
engagée contre la consécration d’un monopole sur le marché
professionnel. Récit d’une expérience concrète de
résistance à la mondialisation néolibérale.
Par Hani al-Husseini, syndicat général des professions
commerciales en Egypte.
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1. L’ALTERMONDIALISATION ? UNE COURSE DE FOND !
Par Arnaud Zacharie (CNCD-11.11.11) et François Polet
(CETRI).
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Essoufflé le mouvement altermondialiste ? Cette
affirmation, qui semble être devenue depuis quelques temps
la nouvelle ritournelle d'une certaine presse, en rappelle
une autre, proférée au lendemain des manifestations de
Seattle contre les excès de l'OMC (décembre 1999) par les
commentateurs étasuniens les plus autorisés : cette «
rébellion » était selon eux un feu de paille.
Moins de dix ans plus tard, le refrain est réemprunté. Mais
qu'en est-il au juste ? Il est d'abord paradoxal de taxer
d'essoufflement un mouvement qui continue de posséder un
véritable pouvoir de mobilisation : près de 60.000
personnes se sont par exemple rassemblées à Nairobi, pour
le premier Forum social mondial organisé en Afrique, alors
que le premier Forum social de Porto Alegre avait attiré
moins de 15.000 personnes en 2001. Mais la force de
l'altermondialisme ne se mesure pas à l'unique aune de sa
seule capacité à drainer les foules, elle dépend avant tout
de sa capacité à peser sur l'opinion publique mondiale, et
en particulier sur le cours des décisions politico-
économiques à visée internationale. Evidemment, cette
portée politique n'est pas simple à évaluer. D'abord parce
que le mouvement altermondialiste, très diversifié, est un
« mouvement de mouvements » par définition hétérogène et
dont l'évaluation de l'impact « politique » dépend du point
de vue emprunté - réformiste ou radical. Ensuite parce
qu'il dépend de l'endroit dont on parle : la vigueur, la
composition et l'impact des mobilisations altermondialistes
est hautement dépendante des contextes politiques
nationaux. Enfin parce que l'influence de cette société
civile planétaire est diffuse, indirecte et difficile à
isoler des autres facteurs qui agissent à l'échelle
internationale. Pour autant, force est de reconnaître que
la perception de la globalisation et les relations
internationales qui en découlent ont nettement évolué ces
dernières années, et que le mouvement « alter » n'y est pas
étranger.
Alors que les années 1990 consacraient les bienfaits du «
consensus de Washington » et du « laisser-faire »
financier, cette « pensée unique » semble désormais moins
populaire. Citons en quelques illustrations : une coalition
de pays en développement, emmenée par le Brésil, l'Inde et
l'Afrique du Sud, pèse de tout son poids depuis 2003 pour
infléchir les rapports de force au sein de l'OMC ; de
nombreux pays - Thaïlande, Argentine, Brésil, Indonésie,
Philippines, Uruguay, etc. - ont utilisé leurs réserves de
changes pour rembourser de manière anticipative leurs
dettes au FMI et ainsi s'affranchir de ses «
conditionnalités » d'ajustement structurel, plongeant les
institutions financières internationales dans une crise
d'identité ; les pays asiatiques, victimes d'une redoutable
crise financière en 1997-98, ont mis sur pied en 2005 un
fonds de réserve régional - l'initiative de Chiang-Mai –
pour anticiper d'éventuelles nouvelles attaques
spéculatives ; près de 80 gouvernements ont adopté en 2005,
en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, une
déclaration en faveur de taxes globales et de sources
novatrices de financement du développement ; la menace des
changements climatiques sur les équilibres économiques et
sociaux fait de plus en plus consensus et plusieurs Etats
des Etats-Unis ont entrepris de réduire leurs émissions de
CO2, malgré l'autisme de l'administration Bush en la
matière ; l'échec de l'option militaire unilatérale est,
moins de quatre ans après la guerre préventive en Irak,
devenu patent ; plusieurs gouvernements du Sud, en
particulier en Amérique latine, s'emploient à promouvoir
des modèles alternatifs et certains de ces gouvernements
émanent directement des mouvements paysans indigènes
(Bolivie) ou de la coalition Jubilé Sud en faveur de
l'annulation de la dette du tiers-monde (Equateur).
Le mouvement altermondialiste ne doit cependant pas pour
autant crier victoire. Le grippage des institutions
globales les plus iniques n'indique pas pour autant
l'émergence de mécanismes de régulation mondiale plus
démocratiques. Au contraire, les forces néo-conservatrices
restent puissantes et le processus de reconfiguration
actuel fait la part belle aux relations bilatérales
directes entre nations, au sein desquelles les rapports de
force jouent à plein. La soumission des sociétés aux
impératifs d'une compétition économique internationale
sauvage reste à l'agenda, malgré le fait de moins en moins
contesté qu'elle est synonyme de déclassement et de
précarisation pour des groupes sociaux entiers, au Nord
comme au Sud.
Certes, malgré son hétérogénéité, le mouvement « alter » a
réussi à définir des revendications communes dont
l'application impliquerait une reprise en main démocratique
de la sphère économique et financière, comme l'annulation
de la dette du tiers-monde, la taxation des transactions
financières internationales, la réduction des émissions de
CO2, l'élimination des paradis fiscaux, la promotion de la
souveraineté alimentaire ou le financement international de
biens publics mondiaux. Mais la difficulté pour ce
mouvement est d'aboutir à des débouchés politiques
mondiaux, qui impliquent par définition de mettre d'accord
des dizaines de gouvernements de par le monde - ils sont
150 à l'OMC et plus de 180 au FMI. Comme l'a par exemple
démontré le vote par le parlement belge de la loi sur la
taxe sur les transactions financières, les débouchés
politiques au niveau national ne sont pas adaptés à
l'exigence de nouvelles régulations et institutions
internationales. Là se trouve le principal défi du
mouvement « alter » qui, loin de s'essouffler, entame une
seconde vie. C'est pourquoi l'altermondialisation n'est pas
un sprint, mais une course de fond !
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Sam 17 Fév - 14:06 par mihou