Le 20 janvier 1973, à quelques mois de la proclamation de l’indépendance, un coup de tonnerre survient : Amilcar Cabral est assassiné à Conakry ! Les assassins sont des membres de son parti, le PAIGC, originaires de Guinée qui auraient commis le meurtre, espérant que les portugais leur donneraient l'indépendance à la condition que les cap-verdiens soient écartés de la direction du PAIGC. De plus, certains s’interrogent sur la complicité dont les assassins de Cabral auraient bénéficié jusqu’au plus haut niveau de l’Etat guinéen (Sékou Touré ?).
© http://membres.multimania.fr/cabosite95
Toujours est-il que le 24 septembre l’assemblée populaire proclame l’indépendance, promulgue la Constitution et crée les organismes exécutifs correspondants. Malgré la disparition de son charismatique leader, le PAIGC a su conserver son unité et réaliser l’objectif pour lequel il a été créé. Le 10 septembre, le Portugal reconnaît l’indépendance de la Guinée ainsi que celle du Cap-Vert. Amilcar Cabral n’a donc pas eu le temps de voir l’aboutissement du combat pour lequel il a lutté pendant plus de 20 ans.
Mais par son action, il entre dans l’histoire par la grande porte, comme un digne fils de l’Afrique et un de ses plus grands révolutionnaires. Tour à tour théoricien, praticien, homme de terrain, diplomate et homme d’action, Cabral se singularise par une connaissance poussée de la culture et des réalités africaines, ce qui lui permet de mettre son action révolutionnaire en adéquation avec les aspirations réelles des populations. Les propos de Cabral sur l’ambivalence de la bourgeoisie permettent de comprendre que Cabral n’avait pas, une fois l’indépendance conquise, l’intention de laisser s’installer une bourgeoisie locale privilégiée et corrompue qui se substituerait à la bourgeoisie coloniale, sans aucun soucis des aspirations et des intérêts de la masse démunie. Cabral voulait d’abord satisfaire les besoins élémentaires de son peuple en produits agricoles et de première nécessité, en écoles, en soins de santé. Mais comme souvent dans l’histoire de l’Afrique récente, les colonialistes et ses agents ne lui en auront pas laissé le temps...