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Johnny a obtenu son pistolet
Dans les année passées, l'Iran a donné plusieurs avertissements aux USA au sujet des conséquences d'une attaque étasunienne ou israélienne. Un rapport, publié en novembre par un responsable militaire de haut rang iranien, déclarait : « Si les USA attaquent l'Iran, ses 200.000 hommes de troupe et ses 33 bases dans la région seront extrêmement vulnérables, et les politiciens et les commandants militaires US sont conscients de cela. »(1)
Johnny a obtenu son pistolet
Johnny a obtenu son pistolet
Par William Blum
L'Iran pense apparemment que les responsables US seront si profondément affligés par la perspective que leurs jeunes hommes et femmes soient mis en danger et sans doute tués qu'ils renonceront à toute attaque imprudente sur l'Iran. Comme si les dirigeants US étaient poignardés de douleur au sujet de jeter les jeunes corps étasuniens dans le nid de vipère sans fond appelé l'Irak, ou qu'ils étaient contenus par la peur d'une revanche ou par des scrupules moraux quand ils alimentaient la bête du Viêt-nam avec 58.000 jeunes vies. Comme si les responsables US, comme tous les dirigeants du monde, avaient jamais eu de pareils soucis.
Nous allons jeter un bref coup d'œil à une histoire étasunienne moderne, qui peut être instructive à cet égard. Un rapport du Congrès US en 1994 nous a informés de ça :
Environ 60.000 militaires ont servi de sujets humains [cobayes] dans les années 40 pour étudier deux agents chimiques, le gaz moutarde et le lewisite (un gaz vésicant). La plupart de ces cobayes n'étaient pas au courant de la nature des expériences et ils n'ont jamais eu de suivi médical après leur participation. En plus, certains de ces cobayes ont été menacés d'emprisonnement au Fort Leavenworth s'ils discutaient de ces expériences avec quelqu'un, comme leur épouse, parents, et médecin de famille. Pendant des décennies, le Pentagone a nié l'existence de l'expérience, avec pour résultat des décennies de souffrance pour de nombreux vétérans qui sont devenus malades après l'expérimentation secrète. (2)
Dans les décennies entre les années 40 et 90, nous trouvons une remarquable diversité de programmes gouvernementaux, soit officiels, soit de fait, utilisant des soldats comme cobayes -- marches dans les sites d'explosion nucléaires, pilotes envoyés à travers les champignons de nuages [radioactifs] ; exposition à des expérimentations d'armes chimiques et biologiques ; expériences de rayonnement ; expériences de modification du comportement qui leurs lavaient cerveaux avec du LSD ; exposition fréquentes à la dioxine fortement toxique de l'Agent l'Orange en Corée et au Viêt-nam... la liste continue avec... littéralement des millions de sujets d'expérience, donnant rarement [aux cobayes] le choix ou des informations adéquates, souvent avec des effets désastreux sur leur santé physique et/ou mentale, avec rarement des soin médicaux ou même une surveillance appropriés. (3)
Dans les années 90, quantité de milliers de soldats US sont revenus chez eux de la Guerre du Golfe avec des maux débilitant inhabituels. Une exposition à des produits chimiques nocifs ou aux agents biologiques a été suspectée, mais le Pentagone a nié que cela se soit produit. Les années se sont écoulées pendant que les vétérans souffraient terriblement : problèmes neurologiques, fatigue chronique, problèmes de peau, poumons dévastés, perte de mémoire, douleurs aux muscles et aux articulations, graves maux de tête, changement de personnalité, évanouissement, et beaucoup d'autres. Par la suite, pouce par pouce, le Pentagone a été forcé de cesser ses démentis et d'admettre que, oui, des dépôts d'armes chimiques avaient été bombardés ; alors, oui, il y avait sans doute des dégagements des poisons mortels ; alors, oui, les soldats US étaient en effet à proximité de ces dégagements toxiques, 400 soldats ; puis, ils pourraient avoir été 5.000 ; puis, « un nombre très grand », probablement plus de 15.000 ; puis, finalement, un nombre précis -- 20.867 ; puis, « le Pentagone a annoncé qu'un modèle d'ordinateur attendu depuis longtemps estime que presque 100.000 soldats US pourraient avoir été exposés à des traces de gaz de sarin. » (4)
Si le Pentagone avait été beaucoup plus franc dès le début sur tout ce qu'il savait à propos de ces diverses substances et armes, les soldats auraient eu rapidement un diagnostic convenable et reçu des soin approprié plus tôt. Le coût en termes de souffrance humaine est incalculable.
Les soldats ont été aussi obligés d'accepter des vaccins contre l'anthrax et les gaz neurotoxiques, des vaccins non homologués sûrs et efficaces par la FDA ; et punis, parfois traités comme des criminels, s'ils refusaient. (Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, les soldats ont été obligatoirement soumis au vaccin contre la fièvre jaune, avec en conséquence 330.000 d'entre eux atteints par le virus de l'hépatite B. (5))
Et à travers toutes les guerres récentes, d'innombrables soldats US ont été mis en étroite proximité avec la poussière radioactive des obus et des missiles à bout en uranium appauvri éclatés sur le champ de bataille ; l'uranium appauvri est associé à une longue liste de maladies et de défauts de naissance rares et horribles. Il empoisonne l'air, le sol, l'eau, les poumons, le sang, et les gènes. (La dissémination fréquente d'uranium appauvri lors des guerre US -- de Serbie, d'Afghanistan, d'Irak -- devrait être un scandale et une crise internationaux, comme le SIDA, si le monde n'était pas aussi intimidé par les USA.)
Le catalogue des abus du Pentagone sur les soldats US se poursuit... Des hommes de troupes servant en Irak ou leur famille ont signalé avoir acheté avec leur propre argent leur gilet pare-balles, un meilleur blindage pour leurs véhicules, des fournitures médicales, et des appareils de positionnement globaux [GPS], tout ce qui ne leur a pas été fourni par l'armée pour leur propre sécurité... De continuelles plaintes des femmes soldats entre les mains de leurs homologues masculins pour agression sexuelle et viol sont systématiquement minimisées ou ignorées par les officiers d'état-major... Les nombreux blessés et handicapés militaires de toutes les guerres doivent s'engager dans une lutte continuelle pour obtenir les soins médicaux qui leurs ont été promis ... On devrait lire « Lois de l'Armée pour limiter les abus des recrues blessées » (New York Times, 12 mai 2006) pour se rendre compte de la dureté, confinant au sadisme, du traitement des soldats dans les bases aux USA... Les services répétées, qui brisent la vie familiale et accroissent non seulement les occasions de mort ou de blessure, mais aussi les désordres de stress post-traumatique (DSPT). (6)
[L'émission] « Toutes choses considérées » de la Radio Publique Nationale, du 4 décembre et d'autres jours, a publié une série sur le mauvais traitements de l'armée des soldats souffrants de sérieux DSPT revenus d'Irak dans leur famille. À Fort Carson au Colorado, ces soldats affligés sont l'objet de divers abus et punition très éloignés de l'aide dont ils ont besoin, car les dirigeants les harcèlent et les punissent d'être « faibles » sur le plan émotionnel.
Gardez à l'esprit ce qui précède la prochaine fois que vous entendrez un président ou un général parler le Jour du Souvenir de « l'honneur » et du « devoir » et de combien nous « devons aux braves jeunes hommes et femmes qui ont fait l'ultime sacrifice pour la cause de la liberté et de la démocratie. »
Et lisez « Johnny a obtenu son pistolet » de Dalton Trumbo pour l'usage abusif ultime des soldats par les responsables des nations.
La conscience de nos dirigeants
Après avoir ordonné en décembre 1989 le bombardement du Panama, qui a tué quelque part entre 500 et quelques milliers de gens totalement innocents, coupables de n'avoir fait aucun tord aux étasuniens, le président George Bush Sr. a déclaré que son « cœur allait aux familles de ceux qui sont morts au Panama ». (7)
Quand un reporter a demandé : « Valait-il vraiment le coup d'envoyer des gens à la mort pour ça ? Pour avoir Noriega ? », Bush a répondu : « Chaque vie humaine est précieuse, mais je dois répondre, oui, cela valait la peine. » (
Parlant en novembre 1990 de son invasion imminente de l'Irak, Bush Sr. a déclaré : « Les gens me disent : Combien de vies ? Combien de vies pouvez-vous dépenser ? Chacune est précieuse. » (9)
Pendant que son massacre de milliers d'Irakiens se poursuivait joyeusement tout au long de 2003, le président George Bush Jr. s'est déplacé pour dire : « Nous croyons en la valeur et en la dignité de chaque vie humaine. » (10)
En décembre 2006, le porte-parole de la Maison Blanche, de Bush Jr., commentant les décès étasuniens atteignant les 3.000 en Irak, a déclaré que le président Bush « Croit que chaque vie est précieuse et s'afflige de la perte de chacune. » (11)
Le père et le fils expriment publiquement leur profond intérêt pour Dieu et la prière avant et pendant leurs massacres de masse. « Je fais confiance à Dieu qui parle à travers moi, » a dit Bush Jr. en 2004. « Sans cela, je ne pourrais faire mon travail. » (12)
Après son ravage de l'Irak et de son peuple, Bush père a dit : « Je pense que, comme beaucoup d'autres ayant eu des positions de responsabilité en envoyant quelques autre enfants à la guerre, nous réalisons dans la prière que ce qui importait est comment cela pouvait avoir semblé à Dieu. » (13)
On conjecture que Dieu pourrait avoir questionné les George Bush, père et fils, au sujet des enfants de l'Irak. Et des adultes. Et, d'une irritable, d'une manière ne ressemblant plutôt pas à Dieu, pourrait avoir dit d'un ton cassant : « Déjà stoppé le gaspillage de toutes les vies précieuses donc ! »
Dans un échange maintenant célèbre à la TV en 1996 entre Madeleine Albright et le journaliste Lesley Stahl, ce dernier, parlant des sanctions US contre l'Irak, a demandé à l'ambassadrice US à l'ONU, devenue Secrétaire d'État US : « Nous avons entendu qu'un demi million d'enfants sont morts. Je veux dire, c'est plus d'enfants que de morts à Hiroshima. Et -- et vous savez, ce prix en vaut-il la peine ? » Albright a répondu : « Je pense que c'est un choix très dur, mais le prix -- nous pensons que le prix en vaut la peine. » (14)
Dix ans après, le Secrétaire d'État Condoleezza Rice, continuant l'excellente tradition des Secrétaires d'État féminines et l'héritage tout aussi noble de la famille Bush, a déclaré que l'horreur actuelle en Irak « vaut l'investissement » en vies et en dollars US. (15)
Et ne pas oublier que nous ne pouvons pas nous retirer de l'Irak maintenant parce que cela déshonorerait les troupes qui ne sont pas encore mortes.
Lun 15 Jan - 4:44 par Tite Prout