Aide directe de Licorne à la rébellion : les révélations explosives d’un ancien employé du 43è BIMALe Courrier d'Abidjan No: 481 du Mercredi 3 Aout 2005 — http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=7256
Complot – Dans nos deux éditions précédentes, nous avons dévoilé le scénario de la guerre sans pitié que Jacques Chirac entend bientôt livrer à la Côte d’Ivoire patriotique ; et celui qui avait été utilisé contre le Rwanda. Aujourd’hui, nous vous démontrons, avec à l’appui le témoignage d’un ancien employé du 43è BIMA, que la «guerre secrète» a déjà été expérimentée en Côte d’Ivoire par la Licorne…
Par Théophile Kouamouo
Le document – qui a vocation à devenir un livre, l’auteur étant à la recherche d’un éditeur – est parvenu à notre rédaction dans la foulée de la «guerre de six jours de la France contre la Côte d’Ivoire.» Les informations qu’il donne font froid dans le dos, les photos qu’il contient sont fondamentalement troublantes. Sans entamer l’intérêt d’un livre encore dans les méandres du secteur de l’édition, nous livrons ici, saisis par l’urgence d’une guerre secrète qui se prépare, quelques extraits de «Le vrai visage de la Licorne» de C.Kassoum. Responsable informatique au 43è BIMA, Ivoirien originaire du Nord et patriote, C. Kassoum choisit de se mettre à la disposition de son pays, d’être en quelque sorte «l’envoyé spécial» de la République de Côte d’Ivoire au 43è BIMA. Pendant plusieurs mois, il observe parfaitement le système de fonctionnement de Licorne et de l’ONUCI. Il résume lui-même l’aubaine qu’il a représenté pour la Côte d’Ivoire patriotique en quatre points : «la présence insoupçonnée et fortuite d’un pion adverse au centre du dispositif d’appui logistique de la Licorne, pendant la guerre», «la connaissance providentielle et insoupçonnée des mots de passe secrets de tous les ordinateurs du service Génie», «l’implantation mitoyenne à mon bureau de ceux de la CEDEAO et de l’ONUCI», mais également son statut de «seul Ivoirien qui avait la permission de prendre librement des photos à caractère professionnel et forcément militaire sur tout le camp».
1 – Manipulation des troupes internationales pour des intérêts égoïstes.
C. Kassoum regarde, écoute et photographie donc. Très tôt, il se rend compte d’un des aspects de la «guerre en escaliers» que nous avons expliquée dans nos éditions précédentes : l’utilisation opportuniste des forces de l’ONU ou de la CEDEAO pour «couvrir» des interventions «schizophréniques» où la mission de paix cache l’activisme subversif de «forces spéciales» travaillant aux côtés d’un des belligérants. «L’ONU avait commencé à ne pas prendre pour argent comptant tout ce que la France décrivait sur la Côte d’Ivoire. La partialité des forces françaises commençait à se confirmer de jour en jour dans la conscience de la communauté internationale. Contrainte par une prise en charge de plus en plus éprouvante pour son économie, Licorne a dû soudoyer de l’aide à l’ONU. Cette aide ne signifiait aucunement pour elle un partage dans la gestion de la crise avec l’institution internationale mais au contraire une énième perfidie du cheval écorné pour partager avec les pays membres de l’ONU le coût de son engagement dans la guerre pour défendre ses intérêts égoïstes. La grande France, avec sa redoutable armada médiatique, devait manœuvrer sur tous les plans pour accomplir ses desseins malveillants avec ou au travers de la bonne volonté des Etats-Unis et des pays membres de la CEDEAO, amis de la Côte d’Ivoire. (…) Il m’a semblé que les Etats-Unis à travers leur assistance à la CEDEAO, ne voulait pas se confier aveuglément à la France pour la gestion du conflit. En échange de leur soutien, ils avaient obtenu de la France la présence d’un bureau militaire onusien en Côte d’Ivoire qui servirait d’Etat-major pour superviser toute l’aide qui devait être déployée et gérée par les soldats de l’ECOFORCE. La Licorne hypocrite, pour avoir un certain contrôle et éloigner les FANCI au maximum d’une telle structure, avait proposé ses quartiers pour abriter provisoirement, disait-elle, ce poste de commandement, en prenant soin toutefois de les éloigner loin des bâtiments de commandement et administratifs du camp. Les fonctionnaires militaires de l’ONU venaient au 43è BIMA comme des ouvriers tous les matins. Ils occupaient des locaux aménagés et équipés en ordinateurs par la Licorne et quittaient leurs bureaux et le camp tous les soirs pour regagner les dortoirs dans la ville d’Abidjan (…) Dans mon bureau à la fenêtre devant moi, les officiers supérieurs de l’ECOFORCE, pas trop convaincus ni motivés se reposaient ou discutaient sous un arbre quand ils voulaient prendre un peu d’air (…) Au début du conflit, certains d’entre eux ne comprenaient pas pourquoi on mobilisait autant de moyens pour neutraliser une aussi petite rébellion. Je les entendais échafauder des stratégies au pied lever pour régler le problème avec un enthousiasme mêlé d’inquiétude, convaincus qu’on ne leur avait pas tout dit sur cette affaire.» (photo CEDEAO).
2 – Quand la Licorne construit une base aérienne au sein du 43è BIMA
L’opération Licorne, dans son aspect «guerre secrète», a toujours été chargée d’encadrer et d’armer les rebelles. C’est ce qu’elle veut recommencer dans les prochains jours ou les prochaines semaines, dans le cadre de la guerre totale que la coalition chiraquo-rebelle veut mener pour obtenir une «transition sans Gbagbo». Ceci dit, la circulation des «troupes grises» et des renforts d’armes par la route, dans un contexte où les populations sont hostiles et où les FDS se mettent souvent en tête de fouiller les cortèges, est difficile. Pour cette raison, très tôt, Licorne a choisi de créer une base aérienne totalement secrète à l’intérieur du 43è BIMA, alors qu’elle cogérait sans entraves le GATL. C. Kassoum témoigne : «Alors que la France affirmait avec force et insistance que la solution militaire n’était pas à l’ordre du jour et que le retour de la paix n’était plus loin en réaffirmant son soutien à la légalité constitutionnelle, j’ai été désillusionné en voyant le projet des 7 pistes d’atterrissage d’hélicoptère, de façon concomitante et classé parmi les projets les plus urgents. Comment la France qui appelait toutes les parties à la paix pouvait-elle être crédible quand elle-même préparait de façon imminente la guerre ? Il y avait évidemment anguille sous roche. Surtout quand on sait que le GATL était à la disposition de la Licorne pour l’atterrissage de ses hélicoptères. Pourquoi entreprenait-elle de façon dissimulée de grands travaux pour accompagner une augmentation de son armement ? (… ) La Licorne ne pouvait pas entreprendre de construire des pistes d’atterrissage propres à elle alors qu’elle prétendait ne pas être une force belligérante. (…) Le plan des détails de fixation au sol des appareils volants et les plans d’aménagement de la plate-forme appuyés par des photos que j’ai moi-même prises dévoilaient sans aucun doute possible son utilité, puisque le terme «hélicoptère» était clairement utilisé (…) Que s’était-il donc passé pour que la France choisisse de ne plus partager avec les FANCI si elle n’avait rien à cacher comme se plaisait à le dire le chef de corps du 43è BIMA ?» (Photo hélicoptère et photo plot).
3 – Des hélicoptères circulent entre le 43è BIMA et la zone rebelle
C. Kassoum constate, comme tous les Ivoiriens, la familiarité excessive entre les rebelles et les forces françaises. C’est ce qui lui met la puce à l’oreille. «La France des droits de l’homme respectueuse de la légalité constitutionnelle étonnait les Ivoiriens et même certains ressortissants étrangers qui travaillaient à l’intérieur du 43è BIMA par son comportement ambigu avec les rebelles ivoiriens. Nous ne comprenions toujours pas, il nous semblait qu’il y avait beaucoup plus de chaleur et d’amitié dans les relations entre la Licorne et les rebelles qu’entre elle et les FANCI. Tous les ouvriers du Génie pouvaient mêmes les voir se tapoter les épaules avec les gueules ouvertes de rire comme de bons petits copains, alors qu’avec les FANCI les sourires étaient aussi hypocrites que professionnels de part et d’autre. Dieu seul sait combien la présence de soldats FANCI était rare à part le petit groupe du Port autonome qui venait se former au chenil et qui attendait souvent comme tous les visiteurs, de remplir toutes les formalités d’entrée, les mêmes d’ailleurs imposées également aux soldats de l’ONUCI. Les chefs rebelles eux, passaient comme une lettre à la poste quand ils étaient à Abidjan. Pour certains chefs de guerre qui étaient sur les fronts, ils étaient carrément héliportés directement à l’intérieur du camp et en profitaient souvent pour aller faire des achats au supermarché», écrit C. Kassoum. Vous avez bien lu, «héliportés directement.» A partir des bases secrètes installées au 43è BIMA, des hélicoptères allaient en zone occupée et récupéraient des assaillants venant faire leurs petites courses à Abidjan… et sans doute prendre des instructions. Ainsi, «le chef rebelle Tuo Fozié était en visite «amicale» à l’intérieur du 43è BIMA alors que lui et son groupe de ministres rebelles, quelques jours auparavant, après une de leurs nombreuses embrouilles avec le chef de l’Etat avaient officiellement annoncé qu’ils se retiraient à Bouaké pour une consultation pour aller prendre des directives auprès de leur base.» L’image numéro X montre une carte de la Côte d’Ivoire où figurent des parachutes chargés de larguer des «petits colis» lancés par avions dans trois zones de conflits : la forêt de Taï (où les guerriers krumen et les FDS faisaient face aux menées du MPIGO, du MJP et des milices de Charles Taylor ; la région de Koutouba et celle de Bouna, situées en zone rebelle. Pourquoi des colis envoyés par parachute ? Quelles unités étaient censées les réceptionner et pour quelle cause, avant la montée officielle de Licorne dans le Nord ? C. Kassoum enfonce le clou : «Pourquoi pour des petits colis la Licorne a choisi des avions plutôt que des hélicos ? (…) Une chose est certaine, ces colis n’étaient pas si petits que la Licorne l’indiquait. En considérant la capacité de contenance d’un avion militaire qui varie entre 10 et 50 tonnes, il est difficile de croire qu’il ne s’agissait que de largage alimentaire ou de munitions, seule excuse possible. (…) Devant la persistante rumeur selon laquelle la Licorne armait les rebelles et avec les premières disputes avec les FANCI qui ne voulaient plus se contenter d’un listing du contenu des convois militaires de la Licorne, un tel comportement ne pouvait que confirmer les accusations portées contre elle.»
4 – La Licorne livre des armes directement à la rébellion.
Les images n° XXX tirées du futur livre de C. Kassoum font froid dans le dos. L’auteur a établi scientifiquement que Licorne avait installé une base aérienne secrète au sein du BIMA pour des missions spéciales. Il a établi que ces missions consistaient souvent à aller en zone rebelle, et à y parachuter des colis. Il a réussi à entrer en possession de photos où l’on voit des soldats français ranger et empaqueter des armes et des munitions à l’usage direct des rebelles. «Que dire de ces photos prises par les soldats de la Licorne les montrant clairement avec des armes ne provenant pas de l’armement officiel de l’armée française alors qu’elle n’avait jamais désarmé aucun rebelle à la date où ces photos ont été prises ? La Licorne était dans un dilemme car elle ne pouvait pas armer les rebelles avec des armes françaises de peur qu’on ne découvre sa traîtrise. L’avantage technique de disposer d’armement propre à son armée (ses armes étant bien entendu le top de sa technologie en armement) devenait en Côte d’Ivoire un désavantage pour une armée déstabilisatrice. Ne pouvant pas empêcher d’éventuels incidents entre FANCI et rebelles au risque de retrouver des armes strictement réservées aux soldats de la Licorne sur le corps d’un rebelle, la Licorne est obligée de s’approvisionner dans le bloc de l’ex-Union soviétique ou auprès des pays membres de l’OTAN. Voici des photos d’armes prises par les soldats de la Licorne deux mois seulement après l’agression de notre pays par les rebelles. L’on se rappelle que c’était au moment où l’armée ivoirienne cherchait toutes les voies et moyens pour s’armer, toutes ses réserves d’armes étant insignifiantes. Cela confirmé par le ministre français chef de la diplomatie Dominique de Villepin, qui affirmait que l’armement de la rébellion était supérieur à celui des FANCI en connaissance de cause puisque c’est la France qui armait les deux camps», dénonce l’auteur. Ses révélations sont grandes, et ne s’arrêtent pas à ce que nous vous livrons ici. Pour l’intérêt de la Côte d’Ivoire, il doit trouver les moyens pour publier son livre et le diffuser largement. La vérité sans fards est un des pires ennemis de la «guerre secrète.» «La lumière tue», disait Dominique de Villepin à propos du Rwanda. Eblouissons la Françafrique !