Les soldats français de l'opération Licorne en Côte d'Ivoire,
un «Gang des barbares» ?
15/03/2006
L'intervention française en Côte d'Ivoire, justifiée d'abord par
l'appel du président ivoirien dans le cadre des accords de défense
relevant de la duperie coloniale, puis par une fumeuse mission
d'interposition marchandée auprès de la «communauté internationale»,
n'en fini pas surprendre.
D'une légitimité et neutralité politiques plus que douteuses car
l'ancienne puissance coloniale compte des intérêts groupusculaires -
Bouygues, Bolloré, ...- importants, très liés aux politiques
français en chasse pour les financements occultes des prochaines
présidentielles, l'action de la France en Côte d'Ivoire est une
succession de loupés, de mépris, de paternalisme, d'intolérables
ingérences. Crimes en surcroît.
Apres la mort d'un présumé coupeur de route, Firmin Mahé le 13 mai
2005, étouffé par des soldats de la force française Licorne, et au
sujet duquel il est probable qu'il y ait eu erreur sur la personne
[!], l'amateurisme d'une armée qui par son premier représentant
cause nucléaire à l'international est apparu criard. Auparavant,
début mai 2005, quatre autres drilles de la Licorne avaient violé
quatre filles [source le journal ivoirien Le Front] dans le nord-
ouest du pays, dans la région de Odiénné.
Entre juillet et août 2004, un autre groupe de joyeuses Licornes en
folie lancées sur les pistes fantasmatiques et sauvages d'Afrique
avaient purement et simplement dévalisé une banque, un établissement
de la BCEAO qu'ils étaient chargé de sécuriser, sécurisation à la
french touch. 337 000 euros avaient été bonnement dérobé de cette
banque de la ville de Man. Si l'on fait grâce à l'AFP d'une probable
partialité, cet argent aurait été utilisé en achats de biens plus ou
moins onéreux, téléphones portables, appareils photos numériques -
pour une exploitation pédophile ?-, caméscopes, bijoux et diamants.
Rien de tout cela ne s'apparente à l'exécution d'une mission
classique de maintien de la paix, d'interposition et patati et
patata. Au contraire, les agissements signalés, entre autres
informations récurrentes dans la presse ivoirienne sur les trafics,
les affaires de mœurs douteuses des « présumés » soldats «
présumés » œuvrer au maintien de la paix, rapprochent davantage la
Licorne d'un «Gang des barbares» que d'une force militaire entraînée
et concentrée sur des objectifs précis.
Rappelons tout de même pour clore sans prétendre à l'exhaustivité le
meurtre en décembre 2003 par un soldat de la Licorne d'un jardinier
ivoirien à Bouaké par une rafale de pistolet mitrailleur tirée à
bout portant contre un homme sans arme. La défense de l'accusé pour
homicide balbutiait entre ce que nous traduirions par un je n'ai pas
fais exprès M'sieur et le «je l'ai visé par jeu» rapporté par l'AFP.
On se doutait que Licorne ce n'était pas très sérieux mais pas à ce
point ludique et dangereuse; on n'était pas allé si loin.
Quand il n'y en a plus il y en a encore semble déterminé à prouver
le «Gang des barbares» version armée coloniale. La Licorne n'a
aucune cure du ridicule dans lequel elle s'enfonce, cumulant
affaires de mœurs, ingérences politiques, manipulations, et tirs à
balles réelles sur des populations civiles désarmées, brigandages.
Le 03 janvier 2006, un soldat français organisait un pari d'une
intelligence transcendantale, en proposant à un jeune ivoirien de 17
ans, contre 1000 francs CFA [1,5 euros], de boire en une fois -cul
sec- une bouteille d'alcool entière payée par ledit soldat. On est à
bien des encablures de l'opération d'interposition. Le jeune Claude
Kouakou Ouphouet s'essaye au pari et ... décède sous les yeux des
militaires français du camp de Ya Kouakoukro près de Bouaké, après
une nuit d'agonie. Il faut dire que, orphelin de père, ce jeune
ivoirien gagne quelques CFA en rendant de menus services aux
militaires français, ce qui n'a pu que mettre ce dépendant
économique en situation d'asymétrie psychologique. Au passage cette
affaire de plus renseigne sur la nature des relations entre
militaires français et population ivoirienne ...
Cette mort bête, d'un jeune ivoirien, administrée par l'effet direct
de l'alcool local Koutoukou, est trop symptomatique de la
considération dans laquelle sont tenus les Africains dans leurs pays
par les armées des puissances ex-coloniales. Elle traduit aussi la
nécessité, dans l'intérêt de tous, de passer à des formes de
coopérations radicalement différentes, nulles même dans certains
cas, ne serait-ce que transitoirement. La poursuite mécanique de
sentiers tellement battus et rebattus, sans le bon sens de la remise
en question expose au franchissement de toutes les limites éthiques,
humainement tolérables et prépare des lendemains qui souriront moins
aux marionnettistes d'aujourd'hui que leurs petits calculs ne le
leur suggèrent.
Lire « Le Canard Enchaîné, 08/03/06 et 15/03/06
Pierre Prêche
Source :
http://www.afrikara.com/index.php\
?page=contenu&art=1119&PHPSESSID=5bdcaee5d5fbf0b6156adecffe52f8c5
Mar 26 Aoû - 4:31 par maria0033