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 l’asservissement de l’Afrique:dette, mondialisation ,Franc C

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

l’asservissement de l’Afrique:dette, mondialisation ,Franc C Empty
12122006
Messagel’asservissement de l’Afrique:dette, mondialisation ,Franc C

belle analyse de Mahalia Nteby

Franc CFA, aide au développement, dette, mondialisation : Fondements
économiques de l’asservissement de l’Afrique

L’angle politique, militaire ou intellectuel de la recolonisation des pays
africains est de plus en plus souvent abordé dans les médias du continent. Par
contre, on observe une certaine réticence à exposer les rouages économiques
employés pour maintenir l’Afrique sous tutelle, qui sont, il est vrai, beaucoup
plus subtils, autant dans leur principe que dans leur application. Mahalia Nteby
en décrit ici quelques uns.

“L'Afrique n'a certainement pas toujours eu droit aux dirigeants qu'elle
méritait, mais elle n'a pas non plus connu que des dirigeants malhonnêtes,
incompétents et corrompus. Le fait que l'ensemble des états africains soient
aujourd'hui confrontés à des difficultés semblables et que celles-ci persistent
même en cas de changement d'équipe en dit long sur l'importance des facteurs
externes dans le sabotage des économies et des démocraties africaines.” (Aminata
Traoré)

Au commencement, il y avait la monnaie

Au moment d’octroyer l’indépendance aux pays africains, les anciennes puissances
coloniales ont pris soin d’installer à la tête des états concernés des hommes
méticuleusement choisis pour servir leurs intérêts et de leur faire signer des
“accords’’ aliénant durablement le développement de leurs contrées sur le plan
économique. Lesdits dirigeants d’Afrique noire dite francophone ont accepté de
loger les comptes d’opérations de leurs pays respectifs, à travers leurs Banques
Centrales, auprès du Trésor français. Les Banques Centrales évoquées sont la
Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), pour le Cameroun, la
Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad ; la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour le Bénin, le Burkina
Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le
Togo ; et la Banque Centrale des Comores (BCC). Ceci signifie en clair que,
jusqu'à nos jours, tous les avoirs extérieurs des pays
membres de chacune des zones, résultant des opérations d'importation et
d'exportation publiques ou privées réalisées, ainsi que des transferts
financiers des opérateurs, sont centralisés, au moins à hauteur de 65%, dans un
compte ouvert auprès du Trésor français et rémunéré à un taux dérisoire,
aujourd’hui contesté par le seul pays non francophone de la BEAC, la Guinée
Equatoriale. Aucun des pays précédemment cités ne peut donc disposer de ses
propres avoirs sans l’accord préalable de l’Etat français, solidement représenté
au sein des conseils d’administration régissant les organes susmentionnés.

La France peut également imposer unilatéralement une dévaluation du franc CFA –
unité monétaire des pays liés par les accords – comme elle l’a fait en janvier
1994, doublant d’un même coup la valeur des avoirs extérieurs versés par la zone
CFA sur les comptes d’opération du Trésor français et celle de l’aide publique
au développement, sans avoir à débourser un seul franc supplémentaire. A court
terme, les pays africains exportateurs de matières premières cotées en dollars
US vont bénéficier d’une hausse de leurs revenus, pendant que les pays acheteurs
de ces matières premières pourront jouir du double de la quantité pour le même
prix. Malheureusement pour les pays africains, le prix des importations sera
parallèlement multiplié par deux, ce qui créera inévitablement un déficit de la
balance commerciale, ce d’autant plus que la plupart des pays d’Afrique noire
dite francophone, disposant d’un secteur productif inexistant, importent
quasiment tous types de produits,
alimentaires et autres, ainsi que du carburant. A titre d’exemple, en 2004, la
Côte d’Ivoire est le premier pays de la zone à consommer français avec 560
millions d’euros d’importation, devant le Cameroun, 514 millions, le Sénégal 505
millions, le Gabon, 346 millions, le Congo, 220 millions, le Bénin 209 millions.
De quoi contredire tous les hommes politiques français qui s’acharnent à
minimiser l’importance de l’Afrique, et plus spécifiquement de la Côte d’Ivoire,
pour la stabilité économique hexagonale.

“L’aide’’, mécanisme de sous-développement

Non contents de s’approprier la gestion des fonds des Etats relevant de ce
qu’ils considèrent comme leur “pré carré”, l’Occident en général et la France en
particulier ont, d’autre part, décidé de faire – même à leur encontre – le
bonheur des économies africaines en ayant recours à un outil très efficace :
l’aide publique au développement. Au premier abord, il est difficile de voir en
quoi cette “aide’’ constitue un handicap pour le développement des nations
africaines. Au contraire. L’Afrique devrait faire montre d’une reconnaissance
éternelle à l’égard des pays et des institutions financières internationales
(IFI) comme la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Mondiale (BM)
et le Fonds Monétaire International (FMI) – contrôlées par les anciens
colonisateurs –, qui ont la gentillesse de bien vouloir libérer des ressources
financières à un taux d’intérêt relativement bas pour aider les pays pauvres,
alors que rien ne les y contraint. Mais à y regarder de plus
près, l’on découvre un système d’une perversité raffinée.

Judicieusement conseillés par leurs donneurs d’ordres, les dictateurs imposés
par les puissances impérialistes ont contracté, au nom de leurs peuples, des
emprunts auprès des bailleurs de fonds internationaux. Cet argent, au lieu de
servir à améliorer le niveau et les conditions de vie des Africains, a plutôt
été utilisé à des fins d’enrichissement personnel par les potentats locaux,
eux-mêmes chargés de faire remonter l’essentiel des montants accordés vers leurs
“généreux donateurs’’, à travers la concession des grands marchés et contrats
d’exploitation à des entreprises occidentales désignées par les prêteurs, hors
toute possibilité pour l’emprunteur de choisir l’offre la mieux-disante. De
surcroît, tout Etat africain qui “bénéficie’’ de cette “aide’’ n’a aucune marge
de manœuvre relativement à l’utilisation qu’il projette d’en faire. L’accès aux
capitaux passe obligatoirement par une adhésion totale aux desideratas de
l’Occident. Un pays africain qui souhaite investir
les fonds obtenus dans la construction d’écoles ou d’hôpitaux se verra, par
exemple, opposer une fin de non recevoir. “Les crédits sont utilisés pour
acheter des biens et des services proposés par les pays prêteurs. Et ils visent
l’exécution de projets qui répondent davantage aux impératifs d’exportation de
ces Etats qu’aux besoins des pays emprunteurs. Ces projets, loin de promouvoir
le développement, servent au contraire à remplir les carnets de commandes des
firmes occidentales et à enrichir les élites des pays bénéficiaires” confirme
l’économiste sénégalais Sanou Mbaye.

La dénomination inappropriée de ce système participe également au leurre
généralisé : s’il y a bien une partie qui est aidée, c’est uniquement
l’Occident. L’autre contractant, à savoir l’Afrique, n’y gagne absolument rien,
si ce n’est une dette colossale. On ne peut donc pas désigner ce principe comme
une aide, encore moins au développement : il s’agit purement et simplement de
prêts publics au sous-développement.

Même lorsque les résultats macro-économiques des pays émergents sont bons (pas
d’inflation, baisse des prix, hausse de la production, croissance remarquable),
les organisations financières internationales peinent à prouver que leur
préoccupation principale est l’éradication de la pauvreté dans les pays qui
“bénéficient’’ de leur “assistance’’. Au contraire, elles mettent alors toute
leur énergie dans la prise de mesures qui contribuent à inverser la tendance et
à ne pas perturber l’ordre mondial établi, qui veut que le Sud demeure pauvre
pour que le Nord puisse rester riche. Il suffit de peu de choses pour les
irriter. Qu’un pays majoritairement agricole décide d’investir les fonds obtenus
dans la création de structures de microcrédit pour soutenir son secteur primaire
plutôt que dans l’achat d’armes, ou qu’il ait la mauvaise idée de vouloir
rembourser sa dette plus vite que prévu, et le voilà qui s’expose à des mesures
de rétorsion. Le FMI se distingue particulièrement.
Généralement, il suspend ses prêts, sachant pertinemment que cette décision
sera plus que certainement suivie sur le plan bilatéral par les pays occidentaux
les plus riches.

Une autre méthode consiste à définir ce à quoi même les revenus qui ne résultent
pas de “l’aide’’ étrangère doivent être affectés. C’est ainsi que la Banque
Mondiale a convenu avec le Tchad qu’un certain pourcentage des revenus
pétroliers de l’Etat tchadien devrait être positionné sur des comptes bloqués
“pour les générations futures’’, la raison officielle invoquée étant que sans
cela, les irresponsables qui dirigent le pays utiliseront cet argent à mauvaise
escient, pour acheter des armes, par exemple. Cela en omettant de préciser que
les plus grands vendeurs d’armes de la planète sont les Etats-Unis, la France,
l’Angleterre et la Russie, qui sont, comme par hasard, également membres
permanents du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Le
but poursuivi est en réalité beaucoup moins social. En exigeant la garantie que
des revenus qui devraient normalement échapper à leur contrôle soient
immobilisés pour une durée indéterminée ou suffisamment longue,
l’Occident s’assure que les Africains n’investiront pas dans les secteurs
vitaux que sont l’éducation, la santé, l’alimentaire, les nouvelles technologies
et la lutte contre la pauvreté et ne travailleront pas à atteindre une balance
de paiement excédentaire en développant la production, donc la consommation et
le pouvoir d’achat des populations locales. On est bien loin de la sauvegarde
des intérêts des générations futures du continent Noir, puisque par ce procédé,
l’on étouffe dans l’œuf la naissance ou la survie desdites générations.

Dette odieuse

Le budget d’un Etat est équilibré lorsque ses revenus couvrent ses dépenses. La
plupart des pays en voie de développement ont deux sources de revenus : les
recettes fiscales et “l’aide’’ étrangère. Parallèlement à l’amoindrissement des
rentrées fiscales, du fait de la fuite des capitaux occasionnée par les
pratiques d’évasion fiscale – facilitée par l'accord de coopération monétaire
entre le franc français (maintenant l’Euro) et le franc CFA, qui implique une
liberté totale des transferts de capitaux entre les deux zones et par extension
le rapatriement massif des fonds vers les maisons-mères des sociétés
transnationales – ; de non déclaration et non paiement des impôts par les
multinationales occidentales, ainsi que du à l’absence d’investissement
étrangers majeurs (hors ceux qui financent l’exploitation de ressources
naturelles devenues rares et chères, comme le pétrole, le gaz et les minerais),
la dépendance des nations africaines à “l’aide’’ étrangère est allée en
augmentant, résultant en une dette qui leur est maintenant fatale.

Aujourd’hui, 80% de la dette des pays très pauvres d’Afrique sont détenus par
les IFI, a contrario de la situation des pays du Tiers Monde qui ont atteint un
certain stade d’industrialisation et qui ont plutôt contracté une dette
extérieure en grande partie auprès d’acteurs privés ou de pays riches. Les
anciennes colonies françaises comme le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire ou
le Gabon sont quant à elles dans un schéma hybride, fait d’une dette bilatérale
importante, très souvent contractée auprès de l’ancienne métropole, ainsi que
d’engagements croissants auprès des IFI depuis les années 80. L’on est
aujourd’hui fondé de se poser la question de savoir pourquoi l’Afrique est
encore en train de payer pour une dette dont le principal a déjà été remboursé
depuis belle lurette. En 2004, les sommes acquittées pour le service de la dette
ont dépassé US$ 450 milliards, soit 5,5 fois le montant de l’aide publique au
développement (US$ 79 milliards). Malgré ces chiffres sans
appel, la dette est aujourd’hui utilisée comme moyen de domination et de
chantage par les bailleurs de fonds. Le système est d’une beauté admirable.
Prenons le cas de l’Hexagone. Lorsque la France prête de l’argent au Cameroun ou
à la Côte d’Ivoire, elle utilise des fonds émanant des comptes d’opération
maintenus auprès du Trésor français par les banques centrales de ces mêmes pays.
Ces comptes, nous l’avons signalé plus haut, sont constitués des avoirs
extérieurs des Etats africains. Ainsi, quand la Côte d’Ivoire, strangulée
économiquement, demande “l’aide’’ de la France, ce sont ses propres fonds qui
lui sont resservis, assortis d’un taux d’intérêt en dessous de celui pratiqué
sur le marché, mais toujours trop élevé si l’on considère que l’argent prêté lui
appartient de droit et de fait.

En sus, les fonds prêtés contractuellement à l’Afrique par les IFI ou les Etats
créditeurs n’ont quasiment jamais été utilisés aux fins prétextées, à savoir le
développement des pays et du bien-être des populations locales. Bien au
contraire, les ressources financières mises à disposition sont utilisées comme
outils de dépouillement des peuples concernés. A coup de privatisations
téléguidées, de rapatriement effréné des profits, d’ouvertures de marchés
contraintes, de plans d’ajustement structurel rigides, de gel des salaires des
fonctionnaires africains, les détenteurs de la dette ont la main haute sur le
fonctionnement économique, social et politique des Etats débiteurs. Et ils ne se
privent pas d’en faire usage, portant ainsi des atteintes graves à la
souveraineté de décision et de participation des peuples africains à l’action
démocratique dans leurs pays respectifs. Le contrat n’a donc pas été honoré. Les
individus qui auraient du en principe jouir du système sont
maintenus par tous les moyens dans une vie faite d’austérité et de précarité.
Ce phénomène est qualifié de “doctrine de la dette odieuse’’ par Eric Toussaint,
historien et politologue de formation et président du Comité pour l’Annulation
de la Dette du Tiers Monde (CADTM). La dette est devenue un “instrument de
recolonisation’’.


Dernière édition par le Mar 12 Déc - 23:42, édité 1 fois
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l’asservissement de l’Afrique:dette, mondialisation ,Franc C :: Commentaires

Occidentalisation des échanges commerciaux

Parachevant ce plan d’exploitation débridée d’un continent hautement stratégique
par l’abondance de ses matières premières, le volume de ses populations et la
disponibilité de ses espaces, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), crée en
1995, est chargée d’assister le FMI dans l’application du libre-échange et de la
mondialisation prônés et imposés par l’Occident pour permettre l’exportation de
ses produits industriels et agricoles subventionnés.

A travers l’OMC, l’Occident édicte des règles dictatoriales ordonnant le
libre-échange, mais est le premier à y circonvenir, en toute impunité. L’Afrique
baisse ses tarifs douaniers, pour faciliter l’importation des produits cultivés
et manufacturés à l’étranger. Mais la réciprocité a beaucoup de mal à
s’appliquer. L’Europe et les Etats-Unis, eux, subventionnent leurs producteurs
de cultures directement concurrentielles à celles de l’Afrique, notamment le riz
et le coton, ce qui, au-delà d’être prohibé par l’OMC, entrave l’exportation des
produits africains vers l’Europe, mais favorise l’écoulement du riz et du coton
américains et européens sur les marchés du continent noir. Les produits
occidentaux jouissent donc dans les faits d’une double subvention (financière au
départ et douanière à l’arrivée). Les puissances occidentales ne sont néanmoins
pas sanctionnées. Pour couronner le tout, les pays de la zone CFA ne peuvent
même pas se tourner vers les pays du Sud comme
marchés alternatifs. A cause de la parité imposée par les accords monétaires en
cours et de la politique de l’euro fort pratiquée par l’Union Européenne, le
franc CFA est souvent surévalué par rapport aux autres monnaies du Sud. Les
produits émanant de la zone CFA ne sont donc pas compétitifs pour des échanges
Sud/Sud ou intra-africains et sont ainsi condamnés à prendre la route bien
désavantageuse du Nord. Comme une réminiscence de l’esclavage, la traite
commerciale transatlantique actuelle, mieux connue sous le nom plus
politiquement correct de mondialisation, appauvrit l’Afrique et annihile toute
perspective de développement.

Le cas du Zimbabwe est édifiant. A l’époque du régime raciste d’Ian Smith, la
Rhodésie, appuyée par l’Occident, a commencé à développer une politique
d’industrialisation. Par rapport au reste du continent, sur le plan économique,
la Rhodésie se situait dans le tiers supérieur du marché. Suite à l’indépendance
“accordée’’ par la Grande Bretagne en 1980, le pays, qui a pris le nom de
Zimbabwe, est confronté à une guerre civile qui va durer huit ans. Ce n’est que
vers la fin des années 80 que le pays trouve enfin un mode de fonctionnement à
peu près normal. A peine le temps de reprendre son souffle, voilà que débarque
en fanfare la mondialisation. Les Occidentaux ont tôt fait de montrer du doigt
ce qu’ils qualifient “de parfait exemple de l’échec d’un pays florissant quand
il est géré par des Noirs’’. Pour pouvoir juger de cela en toute honnêteté,
encore eut-il fallu que l’on évoque également la façon dont les acquis
économiques du pays, sa base industrielle encore
rudimentaire, ont été écrasés par la vague d’importations à bas prix qui a
inondé le Zimbabwe suite à l’ouverture forcée de son marché pendant les années
90.

L’Afrique condamnée à la pauvreté perpétuelle?

La mentalité qui prédomine chez les anciennes puissances colonialistes
occidentales est qu’elles savent mieux que les Africains eux-mêmes ce qui est
bon pour eux. Les intérêts des deux parties sont totalement antithétiques. Il
pourrait donc facilement être conclu que la raison du plus fort étant toujours
la meilleure, l’Afrique n’a aucune chance de sortir du gouffre de pauvreté dans
laquelle elle a sciemment été plongée et maintenue depuis des siècles. Mais cela
serait un peu hâtif. Des solutions existent, mais il serait utile qu’il soit
bien compris qu’elles doivent avant tout être endogènes. Toute ébauche de sortie
de crise qui émanerait ou induirait le bon vouloir de l’Occident sera
immanquablement vouée à l’échec.

Il est impératif pour les pays concernés qui souhaitent s’extraire aussi
rapidement que possible du carcan du franc des Colonies Françaises d’Afrique
(CFA), plus tard doucereusement rebaptisé franc de la Communauté Financière
Africaine (en Afrique de l’Ouest) ou Coopération Financière Africaine (en
Afrique Centrale) et de tous ses effets, de procéder à la création de leur
propre monnaie. Il est aisé de constater que les pays qui ont parié sur leur
autonomie monétaire, comme l’Afrique du Sud, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le
Nigeria ou la Tanzanie, sont économiquement mieux lotis que ceux de la zone
franc.

Concernant l’aide publique au développement, la seule issue pour l’Afrique
consiste en l’émergence d’une classe de dirigeants africains pour qui les
ressources de leurs pays sont un patrimoine historique hérité qu’ils ont la
charge de faire croître pour les générations à venir. En ce sens, le discours de
Paul Kagame, président rwandais, devant un parterre de donateurs le 22 novembre
dernier à Kigali, fait scintiller une lueur d’espoir. “Nous ne faisons pas
simplement les choses pour vous plaire afin d’obtenir votre argent. Non. Si vous
voulez nous donner votre argent, vous êtes les bienvenus. Mais si cela est
assorti de conditions, alors, nous n’en voulons pas.’’ Malgré (ou peut-être
grâce à) ce genre de déclarations, le Rwanda a reçu cinq cents millions de US
dollars ($500.000.000) des pays donateurs en 2005. Cette nouvelle élite devra
faire preuve d’inventivité et ne pas craindre d’opérer un bouleversement
économique pour sortir les pays africains de la pauvreté et du
sous-développement. Elle devra autodéterminer ses besoins et utiliser les prêts
extérieurs pour les combler, en affrontant pour cela l’idéologie spoliatrice de
ses prêteurs habituels, ou en se tournant vers d’autres, plus sensibles à la
notion d’équité morale, commerciale et politique. Il va sans dire qu’un
développement rapide du secteur secondaire est indispensable pour sortir de
l’abîme.

Une autre voie passe par la dénonciation de la dette contractée illégalement au
nom des peuples africains par des dictateurs à eux imposés par l’ancienne
puissance coloniale, qui continue de tirer les ficelles en coulisses et qui
réprime brutalement toute tentative de changement du système. Les Etats
africains doivent rapidement exiger un audit des institutions financières
internationales et un arbitrage quant au bien-fondé ou non d’un remboursement de
cette dette illicite. Pour gagner en légitimité, la question de la dette doit
relever de la compétence parlementaire. Il est impérieux que seuls les députés,
représentants du peuple, soient habilités à débattre de l’opportunité des
emprunts à venir, ainsi qu’à en fixer les montants. Le contrôle de l’utilisation
qui en est faite doit également échoir aux élus du peuple, en toute
transparence.

L’Afrique ne peut cependant pas se développer en autarcie totale à l’ère de la
globalisation. Elle peut par contre se protéger des comportements abusifs de
l’Occident en utilisant les mêmes armes. Les pays africains, à l’instar du
Nigeria, doivent faire plus souvent usage de mesures sélectives de protection
pour éviter l’envahissement de leurs marchés par des produits étrangers au
détriment de la production locale. Ils peuvent en parallèle baisser les taxes
douanières pour les produits qui favoriseraient le développement des secteurs
primaire et secondaire, ou offrir des avantages fiscaux aux intervenants
capables de contribuer à la diminution des coûts d’assurance, de transport et de
communication, qui constituent les principaux obstacles à la compétitivité.

Enfin, pourquoi ne pas envisager la création d’un Fonds Monétaire Alternatif,
composé des pays de l’Afrique digne et des nations du Tiers Monde qui ont connu
des expériences similaires et ont réussi à s’établir en partenaires
incontournables de l’Occident, comme l’Inde, le Brésil, le Venezuela ou la
Corée?

Une chose est certaine : tant qu’une pauvreté de l’ampleur de celle dans
laquelle l’Afrique est confinée existera, aucune stabilité n’est envisageable,
ni sur le continent, ni dans le monde.

Mahalia Nteby in Le Courrier d'Abidjan, 12 Decembre 2006
 

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