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 la communaute noire par Belinda Tshibwabwa Mwa Bay(fin)

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AuteurMessage
zapimax
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zapimax


Nombre de messages : 654
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22072005
Messagela communaute noire par Belinda Tshibwabwa Mwa Bay(fin)

Lorsque je demande aux défenseurs de la communauté noire, la preuve de son existence, ils mettent en avant le racisme, la couleur de peau et le passé. Certes, tous les Noirs sont égaux face au racisme des Blancs, qui ne font aucune nuance entre les origines et les taux de mélanine, certes, en additionnant esclavage, traite négrière et colonialisme (et j’en oublie), on a tous trinqué. Mais la vraie question est : Est-ce que le mépris et le racisme peuvent suffire à se construire une identité, mieux une communauté ? Même question en ce qui concerne la couleur de peau et le passé. Si c’était le cas, ce n’est pas une communauté, mais une société civile noire internationale que les Noirs auraient créée. Parce que ça fait quand même plus de 4 siècles que les Noirs du monde entier subissent le racisme et l’oppression, au seul motif de leur couleur de peau. Il y a des communautés qui se serrent les coudes pour moins que ça. De l’avis même des sociologues spécialisés dans la psychologie des peuples, rien n’uni aussi durablement une communauté, que les persécutions, les exactions et les discriminations subies en raison de son identité, et la communauté juive en est l’exemple le plus abouti.

Or qui peut aujourd’hui dire que les Noirs en France sont solidaires sur ces critères, ou même solidaires tout court ? Ça fonctionne pour les autres peuples, mais pas pour les Noirs. Allez savoir pourquoi…

On veut passer à la télé !!!


La Négritude c’est comme la peinture, ça s’enlève et ça se remet

Alors que d’autres communautés, asiatiques et indiennes notamment, arrivées en France en même temps que les premiers immigrés africains et antillais, voir bien après, ont réussi à maîtriser les rouages économiques de leur pays d’accueil, ont réussi à créer des réseaux financiers puissants, des groupes d’intérêts incontournables, dont ils se servent pour promouvoir leurs propres cultures et investir dans leurs pays d’origine, les Noirs, eux, veulent passer à la télé. Aaaaah oui ! La télé, le carré magique ! Combien de Franco-africains attendent que la ménagère de moins de 40 ans leur accorde ce passeport pour l’intégration ? Parce que pour eux, passer à la télé, être vus, c’est être intégrés. La recrue Gentil qui parle de la taille de son sexe chez Cauet sur TF1, ça fait progresser l’image et l’intégration des Noirs, bien plus qu’un Noir anonyme et invisible qui possède une chaîne de magasins.

Pendant ce temps-là, à Château rouge et à Château d’eau, la quasi-totalité des secteurs d’activité et des marchés liés à la population noire (agro-alimentaire, esthétique, cosmétique, musique et spectacle) sont détenus pas des commerçants Asiatiques, Indiens, Maghrébins et Juifs. J’aurai beau crier au vol quand le vendeur chinois me donnera le prix d’un CD de Coupé-décallé, je l’achèterai à 13 €, et si je suis pas contente c’est pareil. Il a le monopole, et il a passé le mot à tous ses compatriotes pour que le CD ne se vende pas moins cher. Le jour où un Africain vendra des nems à un Chinois, je croirai à l’existence des Martiens.

Les Noirs n’ont aucune maîtrise sur leur propre économie, sur leur pouvoir d’achat ou la circulation de leur argent. Aucun réseau, aucun groupe de pression, aucun lobby. Qu’ils soient Franco-africains ou Blédards, ils représentent un marché dont tout le monde profite à part eux. Le coiffeur businessman Frank Provost va bientôt attaquer le marché du cheveu noir, et beaucoup de Noirs de France se feront un devoir de lui payer 100€ une bouteille de shampoing de 10ml, pour se prouver à eux-mêmes qu’ils sont bien intégrés.

Alors pour les buts collectifs, la solidarité, les réseaux d’influence, les opportunités économiques, autant dire qu’on s’en fout carrément.

Métissons nous !!!


Quand le cliché devient une réalité

Voilà encore un domaine où les Noirs déjouent toutes les théories sur la psychologie des peuples, dont la première caractéristique serait l’instinct de conservation. D’après la dernière édition de la Francoscopie 2005, publiée chez Larousse, les nationalités africaines représentent plus de 40% des mariages mixtes, soit plus que les mariages mixtes entre nationalités européennes. Et ce n’est pas juste une tendance ou un phénomène de mode, puisqu’en 1999 déjà la nationalité africaine représentait 42% des mariages mixtes ou étrangers, contre 37% pour la nationalité européenne. Bien entendu, les Noirs antillais ne sont pas compris dans ces statistiques, puisque de nationalité française, et les unions libres non plus. Mais ces chiffres sont suffisants pour avancer que les deux tiers des relations interraciales en France se nouent entre Noirs et Blancs.

Que signifie cette "soif de blancheur" si propre à la population noire ? Revanche raciale ? Complexe d’infériorité ? Passeport pour l’intégration ? Amour ? Même si on retient cette dernière hypothèse, et en admettant au préalable l’idée que l’amour est un concept totalement inconnu des communautés asiatiques et indiennes, aux pratiques matrimoniales endogames, c’est-à-dire intra-communautaires, en admettant cette idée donc, le résultat reste le même : les Noirs ont une propension toute particulière à aimer des partenaires, Blancs de préférence, en dehors de leur groupe ethnique. Au-delà des discours sur la « fierté noire », les faits, leur ampleur et leurs " signifiants " sur le plan symbolique et socioculturel, sont bien plus révélateurs. A l’image de ce cher Léopold Sedar Senghor, magnifier la beauté de la femme noire, est une chose, en épouser une, en est une autre.

La mixité est l’idéal, la voie royale vers l’intégration pour une grande majorité de Noirs vivant en France. Apologie, au plutôt dictat du métissage sous les habits de la tolérance, qui est aussi bien véhiculé dans les médias français que dans les médias communautaires. Quelque soit l’interprétation qu’on lui donne, c’est peu de dire que cette frénésie de métissage est incompatible avec la notion même de communauté. Le choix d’un partenaire n’est jamais anodin, le mariage est un rituel central de toute vie communautaire, car il permet de réaffirmer son appartenance à la communauté et à ses valeurs, à travers le jeu des alliances et la transmission générationnelle de son identité. Toujours d’après le Francoscopie 2005 , 16% des naissances en France en 2001, concernaient des couples mixtes. Une proportion très supérieure à celle des étrangers dans la population totale, qui n’est que de 6%. Si on prend en compte la bonne place qu’occupe les Africains sur le total de ces unions mixtes par exemple, on peut dire qu’au moins la moitié des enfants d’immigrés de la seconde génération ne sont déjà plus Noirs.

Alors pour l’endogamie… l’endoga quoi ??????

Le pathos noir

Je vais y aller de ma petite psychologie de bazar. Ce que je retiens de ces débats sur le « Malaise noir », la « non visibilité », « l’intégration » (version politiquement correcte de « l’assimilation »), c’est qu’une grande partie des Noirs (je n’ai pas de chiffres désolée) veut être « vue », « reconnue », « acceptée », « aimée » par la société française, dans laquelle elle souhaite se fondre. Les termes du débat appartiennent à la rhétorique de l’acculturation. Ils traduisent une dépendance quasi affective à la culture blanche dominante, qui n’est pas sans rappeler celle du colonisé qui n’a jamais fini de se battre pour gagner l’estime du colon, de lui prouver qu’il est bon élève et qu’il mérite de lui ressembler. Le regard du Blanc pèse sur tous ses actes, la culture blanche est sa seule échelle de valeur, celle qui lui dicte la notion du Bien et du Mal.

Pourquoi les communautés asiatiques et indiennes ne réclament-elles pas la reconnaissance ou l'amour de la société française? Pourquoi ne recherchent-elles pas la visibilité ? Peut-être parce qu'elles ont compris que le respect se gagnait sur un tout autre terrain. Qu'il constistait avant tout à défendre sa culture et son identité, au lieu de mendier celles des autres. Leurs communautés sont organisées, auto-suffisantes et fermées. Et elles n'ont ni à s'en excuser, ni à s'en justifier.

Le Noir, lui, est le seul individu qui, en dépit de toutes les discriminations, ségrégations et exactions qu’il a subi, se fait un devoir d’être « ouvert ». Il se croit obligé de justifier son désir d’appartenir à une communauté, de s’excuser parce qu’il ne fréquente pas de blancs, de s’amender parce qu’il ne se sent pas Français, de se disculper de tout racisme, simplement parce qu’il désire préserver son identité. Mais le plus drôle, c’est que l’Inquisition ne vient pas de qui on croit. Si il doit se justifier, c’est d’abord aux yeux des autres Noirs.

Un comble, non ?

Je suis noire et j’aime le manioc

Je m’appelle Belinda Tshibwabwa Mwa Bay, j’appartiens à l’ethnie des Balubas, au clan des Bena Kaseki, et je suis de nationalité Congolaise. Je suis née et j’ai grandi en RDC (ex-Zaïre). C’est là que se sont construits mon identité, mon éducation et mes valeurs, c’est là que se trouvent mon histoire et mes racines, et que je vive en Sibérie ou en Patagonie ni changera rien. Je ne vois pas pourquoi le fait de vivre en France devrait m’obliger à me sentir Française, ni pourquoi cela devrait remettre en cause mon identité. Au fait, je ne vois pas pourquoi l’identité noire devrait toujours être problématique. Je respecte les choix, les affinités culturelles et les aspirations des uns et des autres, mais je refuse de devoir me justifier parce que je ne les partage pas, je refuse d’être l’otage d’une communauté noire qui ne me représente pas. Et je ne pense pas être la seule.
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