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 Lait : l’Europe est vache avec l’Afrique.

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mihou
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mihou


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04112006
MessageLait : l’Europe est vache avec l’Afrique.

CFSI, octobre 2006.

Lait : l’Europe est vache avec l’Afrique.

En 2006, le collectif ALIMENTERRE, qui réunit le CFSI, et 160 associations relais en France, SOS FAIM Belgique et SOS FAIM Luxembourg-Action pour le développement, lance la campagne "Lait : l’Europe est vache avec l’Afrique". Cette campagne vise à sensibiliser et à mobiliser l’opinion publique en faveur de la souveraineté alimentaire, pour défendre l’agriculture familiale et pour lutter contre la faim. Elle est relayée au niveau local par des associations et militants qui organisent des événements, des débats...


Pour défendre les producteurs de lait et, plus généralement, les agriculteurs familiaux africains

Pour combattre ainsi la faim et la pauvreté

Pour un droit à la souveraineté alimentaire


LANCEMENT DE LA CAMPAGNE LE 10 OCTOBRE 2006 !

"Mon mari et moi sommes, nous sommes éleveurs à Kassela, au Mali. Nous avons 3 vaches et produisons du lait. Avec ce que nous gagnons, nous n’arrivons pas à nourrir convenablement notre famille ni à payer les études de nos enfants. Pour nous permettre d’améliorer notre revenu, nous aurions besoin, comme les producteurs européens, d’être aidés par notre gouvernement. Or chez nous, les aides publiques sont très faibles, tandis que l’Europe, elle, finance des exportations de poudre de lait et incite nos états à ouvrir davantage leurs marchés pour s’assurer des débouchés !"
Aminata, Mali.


Nous demandons à la Commission européenne ainsi qu’aux gouvernements français, belge et luxembourgeois :

- l’arrêt de toutes les formes directes et indirectes d’aide à l’exportation des produits agricoles ainsi que l’élimination des excédents par la mise en place de mesures de maîtrise de l’offre en adéquation avec la demande ;

- la reconnaissance et le respect du principe de souveraineté alimentaire. Cela signifie notamment que chaque pays africain doit pouvoir protéger son agriculture. Ce principe doit être pris en compte dans le cadre des négociations en cours d’Accords de Partenariat Economique (APE) entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ;

- l’ augmentation de l’aide de l’Union européenne et des états membres en faveur de l’agriculture des pays ACP et, en particulier, des agriculteurs familiaux. Les projets financés doivent associer de manière effective les bénéficiaires et leurs représentants.

Cette pétition sera remise en février 2007 aux commissaires européens et aux ministres français, belge et luxembourgeois chargés du commerce extérieur, de l’agriculture et de la coopération internationale.

http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=4282
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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Lait : l’Europe est vache avec l’Afrique. :: Commentaires

WSWS, 11 Septembre 2006.

L’insécurité alimentaire s’aggrave en Afrique,

Un rapport de l’association internationale d’aide caritative, Oxfam, « Les causes de la faim : un examen des crises alimentaires secouant l’Afrique », constate que la crise alimentaire continue de s’aggraver en Afrique. Dans les années 1960, Oxfam avait contribué à la mise en place de la campagne Freedom from Hunger lancée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de l’ONU et dont l’objectif était de réduire l’insécurité alimentaire. Cette campagne a lamentablement échoué en Afrique.

Selon le rapport d’Oxfam, la moyenne de la sous-alimentation est de 33 pour cent en Afrique subsaharienne alors qu’elle est de 18 pour cent dans le « monde en voie de développement ». En Afrique centrale elle est de 55 pour cent. En moyenne, le nombre des alertes alimentaires a triplé en Afrique depuis le milieu des années 1980.

Le rapport indique que la situation n’est pas allée en s’améliorant. Il constate qu’« un nouvel échec pointe à l’horizon. L’engagement... de réduire de moitié, d’ici 2015, la faim dans le monde comme le premier des objectifs du Millénaire pour le Développement (ODM), ne sera pas atteint en Afrique au vu du taux de progrès actuel. »

La principale raison pour laquelle la situation ne s’est pas améliorée est selon Oxfam que les principales puissances ont manqué de réagir rapidement et de façon adéquate aux situations alimentaires d’urgence. Pour ne citer en exemple que le cas du Niger le rapport remarque : « Bien que [dans ce cas] les premiers avertissements arrivèrent fin 2004, ce n’est que quand des photos d’enfants souffrant de carence alimentaire furent montrées à la télévision, en juin 2005, que la communauté internationale s’activa. Et lorsque l’aide est arrivée, 3,6 millions de personnes souffraient de la famine. »

Il arrive fréquemment que l’on réagisse lentement et partiellement à des appels urgents à l’aide financière lancés par des organisations telles que les Nations unies. « La plupart des appels d’urgence de l’ONU ne rassemblent que 30 pour cent des fonds demandés durant le premier mois, » précise le rapport.

En début d’année, par exemple, l’ONU a lancé un Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) dans le but d’accélérer la réaction à de futures urgences ; avec le système précédent, les fonds devaient être collectés avant qu’une action puisse être entreprise. L’ONU a suggéré que pour cela 500 millions de dollars étaient nécessaires, mais Oxfam dit que le chiffre devrait être au moins d’un milliard de dollars. Selon un récent rapport de l’ONU, le fonds a rassemblé un peu plus que 260 millions de dollars.

« L’ONU pense que 16 millions de personnes font face à un risque immédiat dans dix crises d’urgence humanitaire en Afrique qui restent oubliées, pour lesquelles il n’y a que peu d’argent et comprenant les tragédies qui durent au nord de l’Ouganda et dans la République démocratique du Congo », remarque le rapport d’Oxfam.

La majeure partie de l’aide fournie à l’Afrique est donnée sous forme de nourriture et en général on ne subvient pas aux besoins d’urgence non alimentaires. Les livraisons d’aide alimentaire peuvent prendre entre quatre et cinq mois. Alors que le fait d’acheter la nourriture sur place serait une méthode moins chère et plus efficace pour apporter de l’aide, les gouvernements des pays donateurs ont par contre leurs raisons propres d’acheminer l’aide alimentaire : « Pour certains pays donateurs c’est une bonne occasion d’écouler leurs surplus de récoltes et de procurer des bénéfices commerciaux à leurs propres entreprises agricoles et maritimes : 79 pour cent de l’ensemble de l’aide alimentaire provient des pays donateurs. Dans le cas du riz et du blé par exemple, l’achat de stocks de nourriture à des fins d’aide humanitaire constitue une forme de subventionnement au niveau national qui peut porter préjudice aux fermiers dans les pays en développement. »

L’accroissement de la pauvreté est un facteur clé de la crise alimentaire. Dans certaines crises alimentaires, la nourriture est peut-être disponible mais simplement inabordable. Depuis 1981, le nombre de personnes subsistant avec moins d’un dollar par jour en Afrique subsaharienne a doublé, pour passer à plus de 310 millions de personnes. Une crise alimentaire qui a surgi en 2005 dans le nord-est du Kenya a tout particulièrement touché les populations pastorales. Alors que le pays a vu son taux de récolte s’accroître de 15 pour cent et son Produit Intérieur Brut de 5 pour cent, le pourcentage de la population vivant avec moins d’un dollar par jour est passé lui, de 40 pour cent en 1990 à 66 pour cent aujourd’hui.

Durant les deux dernières décennies l’Afrique sub-saharienne a vu « sa dette insuffisamment annulée, une aide en déclin et de qualité médiocre, des conseils erronés de la part des donneurs ; on a assorti l’aide de conditions qui ont forcé ces pays à adopter une politique agricole qui leur était néfaste et des règles commerciales injustes. »

Le rapport constate que la principale cause de la précarité alimentaire permanente de l’Afrique est le manque d’investissement dans la production agricole. L’Afrique sub-saharienne a une économie principalement rurale, 70 pour cent de la population vivant dans des régions rurales et fournissant la nourriture aux deux tiers de la population. Alors que, dans les années 1990 l’aide alimentaire immédiate en provenance de l’Occident a augmenté, l’aide à la production agricole a elle, baissé de 43 pour cent.

Selon l’organisation NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique), il faudrait un investissement de dix-huit milliards de dollars par an dans l’infrastructure rurale africaine pour que soit réalisé l’objectif du Sommet alimentaire mondial qui est de réduire de 50 pour cent la faim sur ce continent. Une grande partie de l’agriculture africaine reste un agriculture dépendant uniquement des précipitations et les projets d’irrigation existants sont concentrés dans les grandes entreprises commerciales agricoles.

Un autre facteur important de la crise alimentaire est l’épidémie permanente de SIDA, qui influe sur l’insécurité alimentaire, entraînant un soi-disant « nouveau variant de la famine ». Il y a, dans la région sub-saharienne, vingt-six millions de personnes porteuses du virus, ce qui a entraîné en 2005 près de deux millions et demi de décès dus à cette maladie.

Il s’est créé un cercle vicieux, la maladie frappant de jeunes adultes travaillant à la campagne. « La mort empêche les parents de transmettre leur savoir-faire, agricole ou autre, à leurs enfants » note le rapport. « Ceux qui ont la maladie sont affaiblis, leur capacité de cultiver la terre est diminuée, entraînant ainsi une précarité alimentaire qui exacerbe à son tour les symptômes de la maladie ».

« La production de maïs dans les fermes communales est tombée de 54 pour cent entre 1992 et 1997, ce qui est dû en grande partie à la maladie du SIDA et aux morts [qu’elle entraîne] », explique Oxfam.

Malgré les effets dévastateurs de la maladie, la réaction des principales puissances a été négligeable. « Seul un africain sur dix ayant besoin de médicaments contre le SIDA en a obtenu en 2005. Assurer la prévention, le traitement et les soins coûtera au moins 55 milliards de dollars dans les trois prochaines années... Les donneurs doivent accroître fortement leur assistance financière. »

Le rapport a également constaté que la politique commerciale internationale a eu un impact singulièrement négatif sur le continent africain. « La pauvreté des régions rurales de l’Afrique sub-saharienne est exacerbée par le fait qu’ils dépendent de l’exportation d’un petit nombre de marchandises agricoles, dont beaucoup sont affectées par des prix volatiles et en baisse. En 2002-2003... un effondrement des prix du café a contribué à la crise alimentaire éthiopienne qui s’est produite cette année. »

Des organisations caritatives engagées dans l’Aide et le Développement comme Oxfam pensent que la politique du « commerce équitable » est un moyen de s’attaquer à la pauvreté dans les pays sous-développés. Ce slogan eut la vedette lors d’une campagne intitulée « Faites de la pauvreté une chose du passé » et lancée au moment du sommet du G8 qui s’est tenu à Gleaneagle en Ecosse l’an dernier. L’effondrement récent du cycle de négociations de Doha sur le commerce mondial signifie cependant que le « commerce équitable » ne figurera plus, même pour la forme à l’ordre du jour des principales puissances mondiales.

Un autre facteur d’exacerbation de la crise de la production alimentaire sur le continent africain est le changement affectant le climat dans le monde. Une étude réalisée par le Département du développement international du gouvernement britannique sur les effets des modifications climatiques en Afrique prédit qu’en 2050 ceux-ci se traduiront par des changements profonds en Afrique méridionale, au Sahel, dans la région des grands lacs et dans les zones côtières de l’Afrique occidentale et orientale.

Le journal britannique Independent cita ainsi le principal conseiller scientifique de ce département, Gordon Conway : « Il s’agit d’un phénomène se produisant dans un monde qui est déjà débordé. C’est particulièrement vrai là où une pauvreté largement répandue, la faim et un mauvais état de santé affecte des millions de personnes. Tous les pronostics suggèrent que le changement climatique leur rendra la vie encore plus difficile. »

Selon le rapport d’Oxfam une hausse de la température de 2.5 degrés en 2080 menacerait de famine 60 millions de personnes supplémentaires en Afrique. Une hausse encore supérieure menacerait 80 millions de personnes supplémentaires. Un autre rapport de l’organisation Christian Aid estime que le changement climatique pourrait entraîner 185 millions de morts supplémentaires dues à la maladie à la fin du siècle.

Le rapport d’Oxfam se termine par un appel aux principales puissances pour qu’elles s’engagent à fournir une assistance d’urgence plus importante et plus rapidement, à acheter des aliments localement et à assurer une aide à plus long terme au niveau de l’investissement agricole. Toutefois, comme cette organisation l’a elle-même montré dans un rapport récent sur le dernier sommet du G8 de Gleaneagle, la plupart des promesses faites par les gouvernements occidentaux ne se sont pas concrétisées. Ceux-ci feront aussi la sourde oreille à son présent appel.

Barry Mason


- Article original anglais paru le 6 septembre 2006.

- Source : WSWS www.wsws.org

http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=4093
A qui profite l’aide alimentaire ? par Matt Mellen.

10 avril 2005


L’année dernière, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a lancé à deux reprises ce qui a été présenté comme "la plus vaste opération humanitaire de l’histoire" - d’abord en Afrique Australe et ces dernières semaines en Iraq. Mais jusqu’à quel point ces opérations ont-elles apporté de l’aide et atteignent-elles réellement les personnes qui en ont besoin ? Plus que jamais, le programme d’aide alimentaire est mené dans l’intérêt des fournisseurs plutôt que dans celui des bénéficiaires. La question de l’aide alimentaire génétiquement modifiée est désormais utilisée par les Etats-Unis, le plus grand pourvoyeur d’aide alimentaire dans le monde, pour manipuler le programme.


Aujourd’hui, la famine n’est en général pas causée par des insuffisances dans l’alimentation. Les véritables raisons sont historiques et politiques, et expliquent pourquoi de nombreux agriculteurs du Sud ne sont plus en mesure de faire face aux mauvaises récoltes. L’inégalité qui existe entre le Nord et le Sud - héritée de l’ingérence coloniale - a conduit l’agriculture à un déclin en spirale dans les pays du Sud, et à l’inefficacité consécutive de l’aide conventionnelle et de sa capacité à empêcher les famines à venir. En se focalisant sur l’allègement des symptômes de la famine, sans prêter l’attention nécessaire aux causes, les stratégies dominantes de l’aide alimentaire ont perpétué un système de dépendance et d’asservissement agricole qui renforce les inégalités dans le monde.

La domination des pays occidentaux sur la majeure partie de la population mondiale n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Mais aujourd’hui, l’emprise du colonialisme diffère sensiblement du modèle historique. Le contrôle social ne s’opère pas toujours par le biais d’une oppression et d’une violence étatique directe, mais de plus en plus par la gestion et les mesures économiques. Si l’Afrique avait poursuivi sa trajectoire de développement sans l’influence des Européens, elle pourrait bien ne pas avoir à faire face à la crise alimentaire qu’elle affronte aujourd’hui. L’Europe occidentale a établi une forme de relation assurant un transfert des richesses de l’Afrique à l’Europe, qui perdure toujours actuellement. Les tarifs commerciaux et les subventions agricoles sont les manifestations modernes des inégalités qui ont commencé avec le colonialisme. Cette fuite des richesses du Sud vers le Nord s’est montée à 619,2 millions de dollars en 1992. [1] En termes d’agriculture, "le colonialisme a détruit les modèles culturels de production qui permettaient auparavant aux sociétés traditionnelles de subvenir aux besoins des populations". [2]

Les colonisateurs européens considéraient les populations, la culture et l’agriculture locales comme rétrogrades. Avec une idéologie basée sur l’idée de supériorité et de subordination, ils ont remplacé des systèmes agricoles complexes et durables par des monocultures de rente. L’introduction de la plantation a été le signe de la rupture de l’agriculture avec la production alimentaire et l’érosion d’une culture de savoirs locaux sur la biodiversité essentielle pour une agronomie efficace. "Les colonies de plantations sont devenues des usines permanentes, dont le seul objectif était la production de sucre, de café et autres produits coûteux". [3]Cette marchandisation de l’agriculture introduite par les forces coloniales a considérablement compromis l’agriculture de subsistance et obligé les agriculteurs africains à vendre leurs produits pour acheter de la nourriture en échange. Comme les marchés sont de plus en plus globalisés, ces agriculteurs ne peuvent pas concurrencer les exploitations agricoles massivement subventionnées du Nord. Ayant été obligés de remplacer leurs systèmes de production alimentaire par des systèmes générateurs de capitaux, ils sont maintenant piégés sans nourriture ni argent. A cause de ces transformations, les famines sont aujourd’hui causées en premier lieu par l’absence d’accès à l’alimentation provenant de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté.


[ Encadré 1

Un nouveau départ ou une mauvaise répétition ?

Une nouvelle organisation, La Fondation africaine de technologie agricole (FATA), a été créée à Nairobi, au Kenya, pour "supprimer de nombreuses barrières qui ont empêché les petits agriculteurs d’Afrique d’avoir accès aux technologies agricoles existantes qui pourraient contribuer à alléger l’insécurité alimentaire". La FATA est une création de la fondation américaine Rockefeller qui a été à l’origine de ce qu’on a appelé la "Révolution verte", qui se préoccupa essentiellement de l’industrialisation des méthodes agraires, particulièrement en Asie, dans les années 70. Rockefeller et l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) financent les coûts de démarrage de cette organisation. Devançant la critique disant que la Révolution verte fut néfaste pour l’environnement et pour les petits agriculteurs, le Président de la Fondation Rockefeller, Gordon Conway, parle d’une "double révolution verte" en Afrique qui sera plus sensible aux préoccupations environnementales.

Quatre des compagnies agrochimiques et de semences les plus importantes au niveau mondial sont aussi engagées dans cette entreprise. Leur motivation affichée est philanthropique, mais ils reconnaissent qu’ils espèrent ouvrir de nouveaux marchés à long terme. Ils ont déclaré qu’ils donneraient des droits de brevets, des variétés de semences, le savoir-faire de laboratoire et d’autres formes d’aide. Les objectifs de la fondation sont d’identifier les problèmes de cultures en Afrique qui pourraient être traités par des solutions technologiques. Elle projette ensuite de négocier avec les compagnies impliquées pour obtenir de l’assistance et des autorisations de brevets et cherche à avoir le soutien des gouvernements africains pour aider à mettre de nouvelles ressources - principalement de nouvelles semences - entre les mains des petits agriculteurs de subsistance à travers le continent.

Cette initiative fut saluée comme "étant actuellement le plus vaste effort pour apporter l’expertise des principales compagnies occidentales s’intéressant à ces problèmes [ceux qu’affrontent les agriculteurs africains]". La Fondation sera dirigée par Eugene Terry, un pathologiste des plantes du Sierra Leone connu pour son travail sur le manioc, une plante tropicale dont les racines farineuses sont utilisées pour faire du pain et du tapioca. S’impliquer avec l’AATF "a été fantastique pour nous", a déclaré Gerard Narry, directeur de recherche dans une unité de Monsanto qui supervise des projets de partage des technologies. William Niebur, de DuPont, a déclaré, "nous avons une réelle opportunité d’apporter non seulement notre technologie mais aussi notre expérience et notre engagement à l’agriculture mondiale." La nouvelle fondation s’intéressera aux denrées alimentaires de base importantes pour les Africains, comme le niébé, le pois chiche, le manioc, la patate douce, la banane et le maïs. Parmi ces cultures, seul le maïs représente actuellement en Afrique un marché significatif pour les compagnies agrochimiques.

Tewolde Egziabher, chef de l’Agence de Protection de l’Environnement en Ethiopie, prévient que si la fondation en arrive à n’être vue que comme le moyen de promouvoir le génie génétique en Afrique, elle échouera. Il s’inquiète en particulier du fait que le projet pourrait créer des variétés de semences qui supplanteraient complètement les variétés traditionnelles. En fin de compte, dit-il, les compagnies voudront être payées pour leurs semences, au lieu de transmettre la technologie, et si les variétés anciennes sont perdues, les agriculteurs africains n’auront plus rien vers quoi se retourner.

Sources : Justin Gillis “To Feed Hungry Africans, Firms Plant Seeds of Science”, Washington Post, Tuesday, 11 March 2003, AATF website : www.aftechfound.org . ]
Ceci dit, les catastrophes naturelles et les changements climatiques ont aussi des conséquences sur la sécurité alimentaire. Les pénuries alimentaires provoquées par les phénomènes naturels ne peuvent pas être évitées dans certaines parties du monde. Par contre, leurs conséquences peuvent être réduites par l’amélioration des infrastructures et de bonnes capacités de stockage alimentaire. Une économie gouvernementale et régionale solide est aussi nécessaire pour permettre l’achat et l’importation de produits alimentaires si besoin est. Tewolde Egziabher, de l’Agence de protection environnementale d’Ethiopie, dit que la forme d’aide la plus efficace pour l’Ethiopie est " de garantir que la nourriture produite aille à la sécurité alimentaire en investissant dans le développement des infrastructures et dans la diversification de l’économie rurale". [4] Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement et le Comité Intergouvernemental sur les changements climatiques ont prévenu qu’il est fort possible que les sécheresses en Afrique soient actuellement aggravées ou provoquées par le réchauffement et que l’Afrique souffre de manière disproportionnée du réchauffement planétaire. [5]C’est un cruel coup du sort si l’on considère le fait que l’Afrique est le dernier de tous les continents à blâmer en ce qui concerne le réchauffement planétaire. Avec 14% de la population mondiale, l’Afrique n’est responsable que de 3% des émissions totales de CO2.

L’Ethiopie est un pays qui semble ressentir ces effets de manière extrême en ce moment. L’irrégularité des pluies résultant des conséquences des années El Niño et El Niña signifie que et le nord et le sud du pays devront lutter pour produire suffisamment de nourriture pour alimenter la population locale. Ces tendances climatiques cycliques ont été en général séparées par cinq ou six années, mais récemment, les sécheresses sont devenues plus fréquentes, plus probablement à cause de la déstabilisation climatique provoquée par le réchauffement planétaire. En 2002, ces aléas du temps se sont succédés. Cette situation anormale entraînera des cultures insuffisantes et il est possible que 20 millions de personnes ne puissent plus se nourrir convenablement dès l’année prochaine. [6] Le point culminant des besoins se situera juste avant les récoltes pendant les mois d’août à octobre 2003. [7]


L’aide alimentaire comme instrument du colonialisme


De nos jours, le monde possède d’énormes capacités pour répondre aux famines à grande échelle et prévenir leur expansion. Mais les mécanismes qui fournissent l’alimentation en cas de famine ne sont pas aussi efficaces qu’ils pourraient l’être car ils ne sont pas toujours motivés par les besoins des affamés mais par des motivations liées à l’histoire du colonialisme.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) est le rouage le plus important de la machinerie de l’aide alimentaire mondiale. Les Etats-Unis sont de loin les plus gros donateurs du PAM, fournissant plus de 60% de l’aide alimentaire. Mais ils insistent pour soit donner des produits alimentaires soit pour lier leurs contributions financières à la commande de produits américains.

Cette politique fait partie d’une stratégie délibérée de subvention de l’agriculture des Etats-Unis et de fragilisation de ses concurrents agricoles. [8] [9] Fournir de l’aide en nature allège les symptômes de la famine mais perpétue ses causes.

Il n’est dans l’intérêt de l’économie et du secteur agricole des Etats-Unis de développer le Sud que dans la mesure où cela leur ouvre de nouveaux marchés et leur apporte des commandes. Comme l’a fait remarquer Lawrence Godwin, de l’organisation Africa Faith and Justice Network, "Les Etats-Unis veulent voir leurs compagnies contrôler les ressources les plus fondamentales de la vie, incluant les semences, les plantes cultivées et l’eau. Malheureusement pour l’Afrique Australe, la sécheresse joue leur jeu dans cette stratégie sans scrupules". [10]Jusqu’à récemment, l’industrie agrochimique des Etats-Unis n’a guère prêté attention à l’Afrique dans sa promotion d’une agriculture chimique au niveau mondial. Mais elle semble se rendre compte qu’elle a perdu des opportunités et redouble d’efforts dans cette région, en particulier en ce qui concerne les cultures génétiquement modifiées (voir encadré 2). David King, le conseiller scientifique en chef du Royaume Uni, s’est fait l’écho de nombreuses personnes en dénonçant la tentative des Etats-Unis de faire entrer de force les technologies de modification génétique en Afrique par le biais de l’aide alimentaire comme étant "une expérimentation humaine massive" [11] (voir encadré 2). Tout porte à croire que c’est le rejet mondial des plantes génétiquement modifiées qui influence les pratiques d’aide des Etats-Unis. Avec la montée de la résistance aux plantes génétiquement modifiées que l’on observe aujourd’hui au niveau mondial, la majeure partie du maïs que les Etats-Unis proposent actuellement comme aide alimentaire à l’Afrique ne peut plus de toutes les manières être vendue. Comme le fait remarquer le London Independent, "L’aide alimentaire est le dernier marché à l’exportation non régulé ouvert aux agriculteurs des Etats-Unis quand les consommateurs européens et asiatiques fuient le maïs génétiquement modifié et introduisent des réglementations strictes pour son importation et son étiquetage". [12]


[ Encadré 2

Pourquoi les cultures génétiquement modifiées sont-elles particulièrement dangereuses pour l’Afrique ?

En plus des risques généraux entraînés par les cultures génétiquement modifiées (contamination des variétés locales, pertes de marchés pour les cultures sans OGM de plus grande valeur, risque élevé pour les investissements, effets inconnus sur les écosystèmes, etc.) le contexte africain présente certaines particularités spécifiques. Lorsque le maïs Bt est passé au travers des circuits de contrôle pour être autorisé aux Etats-Unis et en Europe au début des années 90, il était entendu que 98 % serait utilisé pour l’alimentation animale. La situation en Afrique est complètement différente. Comme le fait remarquer Charles Benbrook, "Si les autorités de contrôle [des Etats-Unis] avaient pensé qu’une partie significative de la population consommant ce maïs le mangerait directement (en grande partie non transformé) et que de plus, le maïs représentait autant que la moitié des deux tiers de la ration calorique quotidienne, ils ne l’auraient JAMAIS autorisé au regard des données relatives à la sécurité des populations de cette époque". On sait aussi que le maïs Bt peut avoir des effets néfastes sur la paroi de l’estomac et que certains aliments peuvent soit être bons, soit provoquer une allergie en fonction des bactéries présentes dans l’intestin et de l’état de santé général du système gastro-intestinal. Personne n’a pensé à envisager comment les personnes souffrant de malnutrition sévère ou chronique pouvaient réagir à la consommation de maïs Bt, en particulier lorsqu’il est très peu transformé ou cuisiné, et représente la plus grande partie de leur régime alimentaire.

Les conséquences pour l’environnement et pour l’approvisionnement alimentaire futur des agriculteurs africains sont aussi importantes. Il ne fait désormais aucun doute que le maïs Bt qui est importé en Afrique contaminera les variétés locales de maïs comme cela s’est produit au Mexique (voir p 20). Etant donné que les agriculteurs africains comptent sur de nombreuses variétés développées au niveau local, cela pourrait avoir de sérieuses conséquences pour tous les cultivateurs de maïs sur le continent. David Quist, le chercheur responsable de la découverte de la contamination des variétés locales au Mexique, déclare que la meilleure stratégie de gestion [de ce problème] dans ce cas serait d’encourager l’échange des semences locales comme moyen de diluer les plantes transgéniques.

Sources : Charles Benbrook (2002), “Comments to the Zambian delegation”, September 13, 2002, www.biotech-info.net ; Voir “Better Dead than GM Fed”, Seedling, October 2002, p15 (“Plutôt mort que nourri aux OGM"”, Seedling, http://www.grain.org/seedling/ ?id=208) ]


Si nous observons ce qui est en train de se passer en Afrique et au Moyen Orient en ce moment, il parait évident que c’est tout autre chose que l’intérêt humain qui motive la machine de l’aide alimentaire. Le Programme Alimentaire Mondial nous dit que l’intervention en Iraq "peut devenir la plus grande opération humanitaire de l’Histoire - une intervention massive totalisant 1,3 milliards de dollars sur 6 mois". Elle prévoit de fournir de l’aide alimentaire à toute une population représentant 27 millions de personnes. [13] L’année dernière, Le Programme Alimentaire Mondial nous avait dit que l’Afrique australe affrontait sa pire famine de la décennie et que 20 millions de personnes pouvaient mourir de faim. Ce scénario a conduit à une mobilisation massive de la communauté mondiale, et des Etats-Unis en particulier, mais la crise n’a pas eu lieu (voir ci-dessous). [14]Au même moment, d’autres sources nous informent que la situation en Ethiopie a été considérablement sous-estimée et que les réactions n’ont pas été à la hauteur, ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour 2 à millions de personnes dans un seul pays.

Le déséquilibre de ces situations démontre que les pays de reçoivent pas de l’aide selon leurs besoins mais selon les avantages qui pourront en être tirés par le donateur. Les avantages comprennent l’ouverture de nouveaux marchés, l’affaiblissement des concurrents agricoles et l’écoulement des surplus.

Les pays d’Afrique Australe représenteraient-ils une menace plus grande comme concurrents agricoles, en particulier à cause de leurs exportations vers l’Europe et de leurs cultures sans OGM ? L’Ethiopie apparaîtrait-elle moins une priorité parce que sa préférence culturelle pour le blé la rend inintéressante pour l’écoulement d’un maïs génétiquement modifié invendable ? Concernant l’Iraq, il est clair que l’un des résultats de son invasion récente sera l’ouverture des marchés iraquiens qui favorisera les compagnies des Etats-Unis. L’agriculture iraquienne a sévèrement décliné ces dix dernières années en raison des sanctions et de la perte des marchés des Etats-Unis pour ses exportations. [15] Comme pour d’autres secteurs de l’économie iraquienne, la reconstruction de l’agriculture représente une belle opportunité pour les Etats-Unis de la modeler selon les standards de ses grosses compagnies. L’homme qui a été chargé du programme de reconstruction agricole se trouve être Dan Amstutz, un ancien directeur exécutif de Cargill, le plus gros exportateur de céréales du monde (voir p 31) qui a aussi été en fonction dans le gouvernement Reagan comme négociateur commercial lors des pourparlers internationaux de l’Uruguay Round. [16]


L’Afrique Australe : une crise qui n’en était pas une ?


L’Afrique Australe se trouve au coeur de ce que les organisations officielles de l’aide ont décrit comme la crise alimentaire la plus grave depuis la terrible sécheresse de 1992. [17] On a estimé fin 2002 à plus de 15 millions le nombre de personnes susceptibles d’avoir besoin de l’aide alimentaire et à la fin du mois décembre, 270 000 tonnes de denrées alimentaires avaient été distribuées dans la région. [18] Le Programme alimentaire mondial a estimé que 1,2 millions de tonnes de denrées alimentaires serait nécessaire pour nourrir toute la population. [19] On a estimé que les six pays les plus durement touchés seraient la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi, le Lesotho et le Swaziland. Mais il semble que l’ampleur de la famine a été énormément exagérée. Le Programme alimentaire mondial déclare que la famine a été évitée parce que son travail a été bien fait, l’intervention ayant été faite avant que la crise ne s’étende. D’autres arguent que le problème n’a jamais été aussi important que l’ont annoncé le Programme alimentaire mondial et d’autres organismes. (voir encadré 3)
Oui - les gens ont faim, mais ils sont toujours présents dans la région. En Zambie et au Malawi au moins, cette année n’a été ni meilleure ni pire qu’une année moyenne. L’ONU a inventé un nouveau terme pour qualifier le type de faim dont souffre l’Afrique Australe - "nouvelle variante de famine". [20]C’est une famine issue de causes traditionnelles comme le mauvais temps ou l’instabilité politique, mais exacerbée et rendue plus complexe par l’épidémie de SIDA. La crise alimentaire en cours est aussi due en partie à une dépendance accrue à la consommation du maïs. Le maïs a été introduit pendant la période coloniale et a remplacé des systèmes de production beaucoup plus variés et résistants à la sécheresse utilisant les qualités du manioc, du sorgho et des mils. Diverses plantes cultivées procuraient des avantages variés, comme des micro nutriments améliorés facilement assimilables et donc nutritionnellement bons pour la santé, un entretien plus étendu de l’écosystème (comme la conservation de la structure des sols et de l’eau), une meilleure résistance aux insectes et aux maladies, et des conséquences moindres en cas d’anéantissement d’une culture par une épidémie. Les systèmes de production traditionnels augmentent les choix de moyens d’existence / permettent de multiplier les moyens de subsistance.
Le rejet de l’aide alimentaire par la Zambie a suscité de nombreux débats aux niveaux international et national concernant la nature et les conséquences de l’aide alimentaire. En Zambie, l’un des résultats a été un appel au rétablissement des systèmes agricoles traditionnels. Le chef Sinazongwe (l’un des chefs traditionnels de la Province du Sud) a appelé à l’intensification de la réintroduction du manioc, du sorgho et du millet-jonc dans la vallée. Le Dr Drinah du Programme contre la malnutrition a indiqué que : "Récemment, le gouvernement a réalisé l’importance de la diversification des cultures, l’utilisation adéquate des aliments locaux, et l’importance de systèmes intégrés incluant l’élevage pour les revenus et la traction animale. Cette année, le gouvernement a investi beaucoup d’argent dans des programmes comme le programme de soutien aux engrais et aux semences pour les petits agriculteurs (30 millions de dollars) et le Pack de sécurité alimentaire pour les agriculteurs fragiles mais dont l’agriculture est viable (6 millions de dollars). Les programmes encouragent les cultures traditionnelles et la diversité, en mettant l’accent sur le manioc comme réserve et comme culture assurant la sécurité alimentaire, et sur la conservation et le stockage. De manière générale, les politiques agricoles sont en train de changer pour promouvoir la croissance et la durabilité". [21]C’est une évolution significative des politiques et cela montre que certains gouvernements africains commencent à reconnaître la menace que l’industrialisation et le génie génétique représentent pour l’agriculture africaine.
Répondre à la crise


En dehors de ces politiques, il est incontestable qu’il reste un grand nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique. Dans une déclaration faite récemment à New York, James Morris, chef du Programme alimentaire mondial, a exhorté le Conseil de Sécurité à ne pas oublier les 40 millions d’Africains en danger de famine alors que tous se tournent vers la crise humanitaire en Iraq. Or, indique-t-il, de nombreuses familles africaines "considèreraient comme une faveur extraordinaire" d’être à la place de la plupart des Iraquiens au regard de la quantité de produits alimentaires mise à leur disposition. La déclaration de Morris paraît simpliste quand on voit l’inventaire qu’il fait des problèmes qu’affrontent les pays africains. [22] Le niveau atteint par la crise - en Afrique australe, en Ethiopie, en Erythrée et au Sahel, est stupéfiant et souligne simplement le degré d’inefficacité des stratégies actuelles d’aide alimentaire. Morris dresse la liste d’un certain nombre d’étapes à accomplir pour faire face à la situation, dont certaines mettent l’accent sur l’importance d’une réflexion à long terme pour stimuler l’agriculture dans la région et limiter les politiques commerciales mondiales qui étouffent la production locale. Il est clair que l’aide conventionnelle doit être apportée pour éviter une terrible tragédie mais l’accent doit être mis sur la prévention de la pauvreté et pas seulement sur son allègement.

Morris minimise le problème de l’aide alimentaire en produits génétiquement modifiés, qui, déclare-t-il, "a disparu et ne retarde plus ni n’interrompt les distributions. Cinq des six pays nécessitant de l’aide en Afrique Australe acceptent les produits alimentaires génétiquement modifiés si ils sont transformés et moulus". Etant donné l’énorme pression qui a pesé sur le gouvernement de Zambie pour avoir affirmé sa position en rejetant l’aide alimentaire génétiquement modifiée, il n’est pas surprenant que les autres n’aient pas fait de même. Mais dire que l’aide alimentaire sous forme de produits génétiquement modifiés n’est plus un problème est passablement risible, si l’on considère la lutte acharnée qui persiste entre les Etats-Unis et l’Union européenne sur cette question. [23]Malgrél’insistancepersistantedes Etats-Unis à dire qu’il n’y aurait pas suffisamment de réserves de produits alimentaires non génétiquement modifiés pour fournir une aide alimentaire viable sans produits génétiquement modifiés, les Etats-Unis ont suivi les traces de l’Union européenne et de plusieurs autres pays donateurs et ont fini par fournir une aide de 30 000 tonnes de maïs non génétiquement modifié à la Zambie, ce qui suggère que la pression internationale pourrait avoir quelque effet. Mais, dans un même temps, il semble que les Etats-Unis se servent de l’aide alimentaire pour contaminer délibérément les sources de semences et de graines partout dans le monde, un moyen faisant partie de sa stratégie visant à rendre impossible la séparation entre les cultures génétiquement modifiées et celles qui ne le sont pas. D’autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient se trouvent actuellement face au même dilemme que la Zambie : accepter l’aide alimentaire en produits génétiquement modifiés des Etats-Unis ou la rejeter et espérer que la communauté internationale leur apportera son soutien et leur fournira de l’argent à la place. Il y a de quoi se mettre en colère d’avoir à faire un choix aussi pervers. Comme le déclare un éditorial du Gambia’s Independent : "Le continent de la famine et de la sécheresse se voit ainsi confirmer sa réputation de dépôt d’ordures du monde". [24]

Mais en plus du débat sur les produits génétiquement modifiés, la Zambie est en train de vivre d’autres problèmes liés à l’aide alimentaire. Les agriculteurs qui rentrent leurs récoltes de maïs d’hiver rencontrent des problèmes à le vendre car le marché est inondé par le maïs importé. En mars, l’ancien président de l’Union nationale des agriculteurs de Zambie (ZNFU), Ajay Vashee, a informé l’agence Reuters que la Zambie espérait récolter à peu près un million de tonnes de maïs pour la saison 2002-2003, une récolte qui excèderait les besoins alimentaires de presque 100 000 tonnes. "C’est la fin de la crise alimentaire", déclare le directeur exécutif de la ZNFU, Songowayo Zyambo. "La situation sur le terrain montre qu’il y a suffisamment de maïs, qu’il soit importé ou produit localement. La conséquence malheureuse est que les producteurs de maïs précoce (maïs d’hiver) se trouvent face à de mauvaises conditions de marché car les meuniers déclarent qu’ils ont des stocks suffisants". [25] La même situation se présente en Afrique du Sud, qui rencontre des problèmes à trouver des marchés pour le maïs de cette année dont la récolte est supérieure à la moyenne, à cause des importations importantes. [26]
La famine en Zambie
Au début de l’année en Zambie, le gouvernement a commencé à encourager les importations pour colmater un déficit de 630 000 tonnes, ce qui incita le Programme alimentaire mondial à déclarer qu’un quart de la population avait besoin d’aide alimentaire. Guy Scott, un ancien ministre de l’Agriculture de Zambie et maintenant consultant en agriculture, déclare que le Programme alimentaire mondial a exagéré le nombre de personnes nécessitant cette aide en le multipliant au moins par deux. Il n’affirme pas que cette exagération a été intentionnelle, mais dit que l’évaluation de la situation faite par le PAM a été basée sur des données erronées et influencée par le gouvernement qui avait un intérêt politique à voir le plus possible de nourriture distribuée gratuitement. Lorsque le gouvernement zambien a interdit l’importation de produits génétiquement modifiés des Etats-Unis en juin, le PAM n’a pris aucune mesure pour introduire des produits alimentaires alternatifs et retirer l’aide alimentaire génétiquement modifiée déjà délivrée. Il y a même eu un excédent de 300 000 tonnes de manioc local, qui aurait pu être acheté pour bénéficier à l’agronomie et à l’économie zambiennes. L’ONU a confirmé qu’il y avait suffisamment de produits alimentaires sans OGM en Afrique Australe et sur les marchés mondiaux pour faire face à la famine, mais les Etats-Unis furent récalcitrants. La raison du retard dans l’acquisition le l’aide alimentaire sous forme de produits non génétiquement modifiés est due simplement à la pression exercée sur le gouvernement zambien pour qu’il accepte l’aide alimentaire en produits génétiquement modifiés. Il semble que l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a manipulé le PAM non seulement pour subventionner ses agriculteurs et écouler ses surplus invendables, mais aussi comme un moyen d’intégrer les cultures génétiquement modifiées dans les systèmes agricoles locaux". C’est l’un des objectifs que l’USAID diffuse sur son site web. Selon Scot, trois mois après l’interdiction de l’aide alimentaire sous forme de produits génétiquement modifiés, le PAM avait distribué moins d’un tiers de l’alimentation qu’ils avaient déclarée nécessaire. Deux mois après, c’était moins de la moitié. Si les choses allaient si mal, ajoute-t-il, on aurait dû constater les conséquences négatives de ces cinq mois. Non seulement il n’y a pas de preuve d’une augmentation des décès, dit-il, mais il n’est pas très évident non plus que la malnutrition ait atteint un seuil critique chez les enfants, qui sont d’habitude ceux qui souffrent le plus rapidement en cas de crises alimentaires. Bernadette Lubozhya, du Centre de formation agricole de Zambie et du Centre jésuite de réflexion théologique, confirme que personne n’est mort de faim cette année en Zambie. Elle ajoute que le Comité d’évaluation des situations de vulnérabilité, dans son rapport de janvier, a estimé que les taux de malnutrition sont toujours les mêmes que dans leurs rapports d’août 2002, et dans certains cas, que les taux se sont en fait améliorés.

Sources : Nicole Itano, “The famine that wasn’t”, The Christian Science Monitor, 9 April 2003, www.csmonitor.com/2003/0409/p07s02-woaf.html ;“Continued pressure against Zambia on GM food”, Afrol News, 30 October 2002 ; www.usaid.gov/press/releases/2002/fs020612.html ; Personal communication with Bernadette Lubozhya, 2 May, 2003. ]


Les objectifs des programmes de développement et d’aide internationale devraient être d’accroître le contrôle des populations locales sur leurs propres moyens d’existence. Cela ne peut pas être atteint tant que les populations souffrent de pénuries alimentaires. La clef du maintien des niveaux alimentaires réside dans la sécurité alimentaire locale. Le Fond international pour le développement agricole, déclare qu’assurer la sécurité alimentaire locale demandent de mettre en place : a) des mesures qui améliorent et stabilisent l’accès des foyers à une alimentation disponible quelques soient les saisons et les pénuries ; b) des activités pour maintenir l’approvisionnement sur le long terme ; et c) une attention constante apportée à l’alimentation afin qu’elle convienne aux besoins nutritionnels et de santé et aux préférences culturelles.

L’introduction de l’agriculture industrielle dans les pays du Sud ne fera rien pour mettre ces mesures en place. La technologie de modification génétique entraînera une perte de la biodiversité dans le tiers monde ainsi qu’une perte de contrôle et de souveraineté alimentaire. La situation actuelle de crise alimentaire en Afrique n’est pas une réalité incontournable de la vie sur Terre mais la continuation d’une situation qui a commencé à la fin du XV ème siècle quand l’Afrique et l’Europe se sont trouvées impliquées dans des relations communes. En restructurant l’économie mondiale et en appliquant des technologies logiquement appropriées à nos problèmes, nous pouvons construire des sociétés équitables et durales dans lesquelles la faim serait vécue par tous, mais seulement comme prélude au repas.

Matt Mellen , avril 2003
- Source : GRAIN [27] www.grain.org

- NDLR : A propos de l’ USAID, lire le dossier sur Voltaire


- Lire aussi :

- Les USA livrent l’ agriculture irakienne aux transnationales.

- Aveuglés par le gène

- Mensonge de la FAO : le coton génétiquement modifié BT ne bénéficie pas aux agriculteurs.

- La FAO déclare la guerre aux Paysans et non à la Faim.

[ L’agriculture transgénique ferme définitivement le double mouvement séculaire d’industrialisation de l’agriculture et du vivant (la recherche de l’uniformité, de la standardisation, de la spécialisation industrielles) et de confiscation du vivant.

Loin de représenter une ouverture vers un avenir radieux, elle est la dernière manifestation de l’obscurantisme réductionniste caractéristique de l’agronomie" scientifique " et de l’idéologie passéiste de l’industrialisation de l’agriculture et du vivant, dont l’échec humain, économique, environnemental, social, esthétique, est maintenant évident. ]



[1] Martin Khor, “South-North resource flows and their implication for sustainable development”. Third World Resurgence, No. 46, pp 4-25, 1994.

[2] Frances Lappé and Joseph Collins, “Why People Can’t Feed Themselves” in Food First : Beyond the myth of food scarcity, 1977, Boston.

[3] Josué de Castro, “The Geopolitics of Hunger”, Monthly Review Press, 1973.

[4] EPA, Ethiopia : Full of Food or Full of the Hungry ? A Brief Prepared by the Environmental Protection Authority. 2002.

[5] PCC 2002, Climate Change 2001 : Impacts, Adaptation and Vulnerability. IPCC/UNEP, Geneva, Switzerland, 2001, http://www.ipcc.ch/.

[6] John Vidal, “ Ethiopia’s worst famine in 20 years”, The Guardian (UK), 18 April, 2003.

[7] Statement by Dr Tewolde Egziabher on Ethiopia’s predicated food crisis and his article on Ethiopia’s capacity to feed itself, 9 December, 2002.

[8] USAID procurement information [www.usaid.gov/procurement_bus_opp.

[9] See GRAIN, “Better Dead than GM Fed”, Seedling, October 2002

[10] “AFJN denounces imposing GM food aid on Africa”, Norfolk Genetic Information Network http://ngin.tripod.com/100902c.htm.

[11] Mark Townsend (2002), “Blair urges crackdown on Third World profiteering”, The Observer (UK), September 1, 2002, www.observer.co.uk/uk_news.

[12] Declan Walsh, “ America finds ready market for GM food - the hungry”, The Independent, 30 March 2000.

[13] WFP, Iraq Crisis : WFP’s Food Aid Operation Explained, www.wfp.org.

[14] Nicole Itano, “The famine that wasn’t”, The Christian Science Monitor, 9 April, 2003, www/csmonitor.com/2003.

[15] Randy Fabi, Iraq’s farm output cut in half since 1990 - USDA, Reuters, January 22, 2003.

[16] Heather Stewart, Fury at agriculture post for US businessman, The Guardian (UK), April 28, 2003.

[17] See GRAIN, “Better Dead than GM Fed”, Seedling, October 2002, p14

[18] WFP press release, “Hunger crisis set to worsen in 2003 despite fresh donations”, December 30, 2002.

[19] WFP, Southern Africa Crisis Response, July 2002, www.wfp.org.

[20] Nicole Itano, op cit.

[21] Cassava mobilisation project proposal, Cassava an Alternative to Maize, for Relief Food in Zambia, Programme Against Malnutrition, Catholic Commission for Development (CCD) and Christian Council of Zambia (CCZ), November 2002.

[22] James Morris, Africa’s Food Crisis as a Threat to Peace and Security, Statement to the UN Security Council, New York, April 7, 2003.

[23] “Immoral Europe”, Wall Street Journal, 13 January 2003, and Pacal Lamy, “EU doesn’t tell Africa GM goods are unsafe”, Wall Street Journal, 17 January2003.www.mindfully.org/GE/2003/Lamy.

[24] Editorial in The Independent, Gambia, 24 March, 2003, http://allafrica.com/stories.

[25] Shapi Shacinda, “Higher Zambian winter maize crop finds few buyers”, Reuters, April 23, 2003.

[26] Toby Reynold, “ S. Africa maize surplus falls, still pressures price”, Reuters, April 30 2003.

[27] GRAIN est une organisation non gouvernementale (ONG) internationale dont le but est de promouvoir des actions contre l’une des principales menaces qui pèse sur l’alimentation mondiale et la sauvegarde des moyens de subsistance : l’érosion génétique.

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Il y a 4 contribution(s) au forum.

> A qui profite l’aide alimentaire ? par Matt Mellen.
(1/1) 29 juin 2005

> A qui profite l’aide alimentaire ? par Matt Mellen.
29 juin 2005 [retour au début des forums]

Je suis traductrice, franco-africaine, et je suis tombée par hasard sur votre article en cherchant des informations sur l’aide alimentaire. Quel tissu d’inepties ! Que du "politiquement correct" ! C’est risible tant c’est énorme... Vous reprenez et véhiculez sans réfléchir des idées éculées qui font malheureusement encore recette, mais savez-vous vraiment de quoi vous parlez, connaissez-vous réellement l’Afrique et ses problèmes ?

[Répondre à ce message]

* > A qui profite l’aide alimentaire ? par Matt Mellen.
2 août 2005, par Association Inf’OGM [retour au début des forums]
Inf’OGM Et vous ? Pouvez vous dire précisément ce qui vous choque, ce que vous jugez faux,.. Car votre commentaire n’est que pavé dans la mare, mais n’apporte aucun élément au débat. OR, c’est bien de débat et non pas de apvé quen ous avons besoin. Je vous propose donc de nous faire une critique détaillée de cet article. Cordialement C. Noisette Inf’OGM

[Répondre à ce message]

o > A qui profite l’aide alimentaire ? par Matt Mellen.
14 octobre 2005, par Alexandre MARTINOT-LAGARDE [retour au début des forums]
A qui profite l’aide alimentaire

J’ai passé plus d’une année en Côte d’Ivoire pour le compte d’une organisation humanitaire (DCC) entre 2001 et 2002.

Je suis tombé par hasard sur votre article qui m’a semblé d’une pertinence incroyable

Je veut tout de même mettre sur un fait que vous n’avez pas mentionné : le délai de l’acheminement des marchandises. En effet, il faut 6 à 9 mois pour acheminer l’aide alimentaire, ce qui oblige les principales compagnies à prédire d’avance où une famine éclatera !

Ce fait soutient vos argument en faveur d’une aide ciblée par les pays du Nord pour leur profit, seul moyen d’expliquer comment font les organisateurs de l’aide humanitaire pour prévoir à l’avance les pays qui seront dans le besoin

[Répondre à ce message]

+ > A qui profite l’aide alimentaire ? par Matt Mellen.
1er mai 2006 [retour au début des forums] je ne vois malheureusement pas vraiment quels sont les alternatives a l’aide humanitaire pour les pays du sahel qui n’ont plus de terres cultivables. Le manioc et le sorgho n’y sont plus cultivables et sans aide exterieure, meme motivee par des interets purement politique et economique, l’ethiopie, le niger et le mali sont tristement destines a subir une dependance alimentaire des puissances du nord.

[Répondre à ce message]


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