Chronique ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) du 8/9/2007Anne-Marie Mouradian
(Photo RFI)
Négociations UE-ACP : mobiliser contre les pressions de Bruxelles Pour
la Commission européenne, le 31 décembre 2007 constitue la date butoir
incontournable à laquelle devront être signés les Accords de
partenariat économique (APE) entre l’Europe et les 6 grandes régions
ACP. Faute de quoi, Bruxelles prédit des conséquences désastreuses pour
les Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. En l’absence
d’accords, les ACP qui ne font pas partie des pays les moins avancés
(PMA) ne bénéficieront plus du libre accès au marché européen à partir
du 1er janvier prochain, OMC oblige, affirme la Commission.
Pour les organisations non gouvernementales, ces menaces comportent une
grande part de bluff.
« L’Europe ne pourra moralement pas
réintroduire des droits de douane disparus depuis 30 ans sur les
produits en provenance d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Cela
ferait très mauvais effet », souligne Marc Maes de la coupole des ONG flamandes de Belgique. Mais
Bruxelles fait feu de tout bois pour amener les ACP à conclure avant la
fin de l’année, laissant très clairement entendre que les pays qui
n’accepteront pas de signer les APE subiront des coupes sombres dans
l’aide au développement accordée par l’Europe. Ces pressions semblent
faire leur effet : les gouvernements ACP se montrent à l’heure actuelle
plutôt enclins à signer. Et cela, malgré le fait que les négociations
ont pris beaucoup de retard, que de nombreuses zones d’ombre subsistent
et que les ACP n’ont toujours pas obtenu les garanties souhaitées en
matière de compensations. Le secrétariat du Commonwealth a chiffré à
plus de 9 milliards d’euros le montant qui sera nécessaire pour
financer l’ajustement des économies des pays ACP à la libéralisation et
l’ouverture de leurs marchés. Les semaines qui viennent seront
décisives. Du 22 au 26 octobre, à Cotonou, les ministres du Commerce
des pays ACP se réuniront pour faire le point et essayer d’adopter une
position commune. Auparavant, le 27 septembre, les ONG d’Europe et
d’Afrique appellent à une grande journée de mobilisation dans
l’ensemble des 27 Etats de l’UE et des 78 pays ACP pour réclamer la
poursuite des négociations au-delà de la date butoir imposée par
Bruxelles.
par Anne-Marie
Mouradian
[08/09/2007]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/093/article_56212.asp
Les prochaines échéances africaines de l’UEAnne-Marie Mouradian
(Photo RFI)
Deux dossiers africains délicats attendent la présidence portugaise de l’Union européenne dès la rentrée de septembre.
Le sommet Europe-Afrique prévu à Lisbonne à la fin de l’année devrait entériner le concept d’«
Eurafrique »
proposé récemment par le président Sarkozy et sur lequel la commission
européenne travaille depuis un certain temps déjà. La décision du
Portugal d’y convier le président zimbabwéen, bien qu’il soit interdit
de visa sur le territoire européen, semble désormais acceptée par
beaucoup d’Etats membres de l’UE. Même des pays très à cheval sur la
question des Droits de l’Homme estiment que c’est la seule façon
d’éviter un boycott par les Etats africains et de sauver le sommet.
Ainsi, pour le ministre des Affaires étrangères du Danemark, Per Stig
Møller, «
l’Europe ne peut pas abandonner le continent africain aux
mains des Chinois ni des islamistes, il faut donc inviter Robert Mugabe
tout en espérant que son régime soit critiqué par les autres
participants africains ». Mais la Grande-Bretagne continue de
s’opposer catégoriquement à l’envoi d’un carton d’invitation au
président Mugabe, le nouveau Premier ministre Gordon Brown semblant
partager sur ce point la position de Tony Blair, son prédécesseur.
Autre
casse-tête pour la présidence portugaise, les fameux accords de
partenariat économique (APE) devraient être signés le 31 décembre
prochain entre l’Union européenne et les six grandes régions d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique. Les négociations ont démarré il y a cinq
ans mais à quelques mois de l’échéance, les associations paysannes et
la société civile africaines se mobilisent contre les APE. Bruxelles,
de son côté, répète que le 1er janvier 2008 ne sera pas
synonyme d’ouverture brutale des marchés africains aux produits
européens, que le libre échange se mettra en place sur douze ans et que
c’est le passage obligé pour la croissance économique du continent. En
fait, personne à ce stade ne semble être en mesure de dire ce qui se
passera exactement le 1er janvier mais pour les Africains,
douze ans de transition c’est beaucoup trop court. Quant à la
croissance, selon le dernier rapport de la Commission économique des
Nations unies pour l’Afrique, elle est soutenue en Afrique depuis près
de 10 ans sans que la proportion de personnes sous le seuil de pauvreté
ait diminué.
par Anne-Marie
Mouradian
[04/08/2007]http://www.rfi.fr/actufr/articles/092/article_54818.asp
Mar 15 Jan - 11:43 par mihou