L’Europe conclut avec la Mauritanie son plus important accord de pêche
Si la rupture des négociations de pêche avec Dakar a obligé la flotte européenne à quitter les eaux sénégalaises le 1er juillet
dernier, celle-ci pourra en revanche continuer ses activités au large de la Mauritanie. Européens et Mauritaniens ont
finalement réussi à renouveler leur accord de pêche qui arrive à expiration le 31 juillet. Régulièrement reconduit depuis
1987, l’accord de pêche avec Nouakchott est actuellement le plus important de ceux conclus par l’Europe avec un pays tiers.
Le plus important par la taille de la flotte communautaire: à partir du 1er août, environ 200 bateaux européens seront
autorisés à pêcher dans les eaux mauritaniennes contre 180 aujourd’hui. En échange, l’Europe continuera à verser une
contrepartie financière de 86 millions d’euros par an. C’est beaucoup plus que ce que l’UE paie à d’autres pays tiers; l’accord
de pêche avec le Maroc par exemple, signé le 26 juillet dernier après plusieurs reports, concerne 119 bateaux européens
(600 avant 1999) et une contrepartie de 36 millions d’euros par an. S’y ajoutent les redevances à charge des armateurs
privés européens opérant dans le cadre de l’accord: elles augmenteront progressivement pour atteindre 22 millions d’euros
par an. Soit au total, 108 millions d’euros de recettes budgétaires pour l’Etat mauritanien. C’est considérable même si grâce à
la nouvelle manne pétrolière, l’attrait de la compensation pêche pourrait, selon certains experts, relativement perdre de son
importance. En attendant, les autorités actuelles de transition considèrent la pêche comme un secteur qui doit être porteur de
croissance et l’Europe sait qu’elle ne peut plus se limiter, comme par le passé, à payer en échange d’un droit de captures. Le
nouvel accord prévoit que l’Europe renforcera sensiblement son aide au développement des infrastructures portuaires
mauritaniennes, à la surveillance contre les pêcheurs pirates et à la modernisation de la flotte artisanale locale. Et si les
capacités de captures accordées aux Européens restent importantes, elles sont revues à la baisse pour certaines espèces
sensibles menacées par la surexploitation : moins 30% de captures autorisées de poulpes et autres céphalopodes; moins 60%
pour certaines espèces démersales (vivant près des fond marins) comme le merlu. En revanche, les Européens sont autorisés à
pêcher davantage de petits pélagiques, du genre anchois et sardines. Tous ces chiffres pourront être réajustés en fonction
de l’évolution des stocks mauritaniens.
par Anne-Marie Mouradian
[29/07/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/079/article_45312.asp