Turbulences sur le marché du sucre
Sur le marché du sucre, les personnes souffrant de vertiges sont priées de se tenir à l'écart des salles de marché, car en ce moment les cours évoluent comme des montagnes russes, enchaînant des descentes encore plus rapides que les montées. Cette semaine par exemple, les cours ont grimpé à New York de 5% pendant la séance de mardi, pour redescendre encore plus bas à la séance du lendemain. Des turbulences qui étonnent, après la chute des cours qui s'est accélérée pendant l’été.
En sept mois, le cours du sucre a perdu la moitié de sa valeur. Alors qu’en février, il culminait à New York à 19,30 cents la livre, il est tombé jusqu’à son plus bas niveau de l’année il y a un mois, à 9,75 cents. «On s’attendait à la chute des cours, commente le courtier Denis Congalves, mais certainement pas avec une telle violence». Une fois de plus, le rôle des fonds est mis en avant pour expliquer une volatilité qu’on a du mal à cerner. Car sur le marché physique, aucune nouvelle bouleversante ne justifie de telles amplitudes. Si tout le monde s’accorde à penser que la fête est bien terminée, les avis divergent sur la tendance du marché.
Les éléments baissiers sont nombreux. La Russie, le premier importateur au monde de sucre, va réaliser cette année sa plus belle production grâce à une récolte record de betteraves. Récolte pléthorique également pour les deux gros producteurs sucriers que sont l’Inde et la Chine. Une abondance qui devrait faire basculer le marché dans le surplus après trois années consécutives de déficit.
Toutefois, Denis Goncalves est convaincu que le marché repartira à la hausse au cours du premier trimestre 2007, une vision optimiste que lui inspire le tableau de la situation asiatique. Car les deux géants de l’Asie, l’Inde et la Chine, s'ils se partagent les deuxième et troisième marches du podium après le Brésil, ont aussi la particularité d’être de grands consommateurs soucieux d’assurer la sécurité alimentaire de leurs populations qui dépassent le milliard dans les deux cas. Or, les réserves de sûreté détenues par ces Etats déclinent, c’est pourquoi ils devraient vraisemblablement profiter de la faiblesse des cours pour les reconstituer en important, plutôt qu’en ponctionnant la production nationale, déjà incapable dans le cas chinois de suivre la croissance de la consommation locale.
Dernière nouvelle haussière à plus court terme : Avec la fin prochaine du ramadan, de gros clients vont revenir à l'achat, c'est le cas du Soudan et de l’Indonésie.
par Dominique Baillard
[20/10/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/082/article_46921.asp