Le sucre se prépare à un nouveau sommet
Pour deviner la tendance du sucre, il faut aujourd’hui suivre la courbe du pétrole et la danse des fonds. Lorsqu’il monte, il
l’entraîne dans son sillage puisque l’éthanol issu de la canne devient une alternative encore plus attractive quand le baril
s’enflamme. C’est ainsi qu’on explique (en partie) l’effritement des cours du sucre observé depuis une quinzaine de jours à
Londres comme à New York. La semaine dernière à Londres, le cours régressait au niveau d’il y a plus de 4 mois avec une
tonne à 434 dollars sur la liquidation des fonds, une conséquence logique de leur désintérêt pour l’énergie : quand
l’offensive israélienne contre le sud Liban a commencé, on a cru à une poussée du baril au delà du seuil des 80 dollars, or le
brut est resté dans la zone des 75 dollars, du coup les fonds qui constituent le levier sur ce marché comme sur bien d’autres
ont changé leur fusil d’épaule, délaissant l’énergie pour les métaux. Mais ce n’est qu’une péripétie dans une histoire
extrêmement mouvementée. Hier les cours du pétrole se sont raffermis avec la menace d’une extension du conflit au
Proche-Orient suite aux déclarations du président syrien, cela pourrait se répercuter très vite sur le sucre où les cours se
sont stabilisés depuis quelques jours après la baisse régulière enregistrée ces deux dernières semaines. Selon Denis
Goncalves de la société de courtage Jonathan Kinsgman, le potentiel de hausse est devant nous. Même si le Proche-Orient
venait à s’apaiser, le différent nucléaire avec l’Iran prendra la relève, avec les sanctions que les Nations unies menacent de
mettre en application à la fin du mois si Téhéran ne renonce pas à son programme nucléaire. Une conjonction qui propulsera
sans doute le baril au delà des 80 dollars, et le sucre pourquoi pas au delà des 19 cents la livre enregistré en février
dernier. L’autre information qui pourrait stimuler l’activité des fonds concerne le ralentissement de l’économie américaine
annoncée la semaine dernière, cela encouragerait les fonds à quitter les marchés des actions pour se tourner vers les
matières premières en général, et le sucre en particulier. Enfin, dernier facteur jouant la hausse, le bémol sur le volume des
récoltes. L’envolée des cours a encouragé les semis, notamment au Brésil, en Inde, en Thaïlande, en Russie et en Ukraine,
mais la faiblesse des pluies au Brésil pourrait rogner la récolte escomptée tandis qu’en Australie un champignon détecté dans
un champ de canne du Queensland inquiète la filière, si la propagation de la maladie n’est pas enrayée, le deuxième
exportateur va devoir revoir son offre à la baisse.
par Dominique Baillard
[02/08/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/080/article_45361.asp