Divergences entre associations après le règlement de la crise
LE MONDE | 09.10.06 | 14h12
L'algarade n'a duré que quelques instants mais elle met en exergue les
divergences entre les associations impliquées dans l'affaire de Cachan. Samedi 6
octobre, à proximité du gymnase Belle-Image, l'un des porte-parole du Mouvement
de l'immigration et des banlieues (MIB), Nordine Iznasni, a reproché au
président de SOS-Racisme, Dominique Sopo, d'avoir pris part à l'élaboration du
protocole d'hébergement approuvé par les représentants des anciens squatteurs,
dans la nuit du 4 au 5 octobre.
Mises au point par France Terre d'asile (FTA), la Licra et SOS-Racisme, ces
propositions sont, aux yeux de M. Iznasni, précaires et n'offrent pas assez de
garanties aux personnes en situation irrégulière. "France Terre d'asile n'est
pas un bailleur social !", tonne-t-il, sous-entendant que les familles sans
titre de séjour vont être hébergées pour une durée incertaine.
Le responsable du MIB exprime sa perplexité face aux engagements pris par le
ministère de l'intérieur de ne pas interpeller les sans-papiers de Cachan durant
le réexamen de leur situation. Enfin, il trouve "scandaleux" que SOS-Racisme et
la Licra aient "doublé" le Comité de soutien aux ex-squatteurs - dont le MIB
fait partie.
Les autres organisations membres du Comité n'ont pas la dent aussi dure - tout
au moins en public. Le porte-parole de Droit au logement (DAL), Jean-Baptiste
Eyraud, dit avoir été "étonné" de constater que M. Sopo s'engageait sur ce
dossier, à la mi-septembre. Des militants associatifs ont ironisé sur cette
apparition "mystérieuse".
Le président de SOS-Racisme, tout comme le patron de la Licra, Patrick
Gaubert, sont implicitement accusés d'avoir été téléguidés par le ministère de
l'intérieur, en ayant accepté d'être désignés médiateurs par Nicolas Sarkozy.
Le soupçon se nourrit des accointances politiques de M. Gaubert : élu député
européen en 2004 après avoir conduit la liste UMP en Ile-de-France, il a été
conseiller de l'ancien ministre de l'intérieur, Charles Pasqua. Ce dernier
comptait alors parmi ses collaborateurs un autre acteur de l'affaire de Cachan :
l'actuel préfet du Val-de-Marne, Bernard Tomasini.
MM. Gaubert et Sopo démentent être intervenus à la demande du ministère de
l'intérieur. "Personne ne nous a rien demandé", résume M. Gaubert. Mais, lundi,
sur France Inter, M. Sarkozy a loué la Licra, FTA et SOS-Racisme, "raisonnables
et responsables", qui ont permis de trouver une issue, tandis que "des
associations comme DAL ont voulu faire de la politique sur le dos de malheureux,
en leur laissant à penser (...) que je régulariserais tout le monde".
Bertrand Bissuel