Les associations sont très inquiètes
NOUVELOBS.COM | 30.11.05 | 16:46
Limitation du regroupement familial, lutte contre les mariages
mixtes, sélection des étudiants étrangers... Elles dénoncent
une "dérive xénophobe des autorités".
Dominique de Villepin (AP)
Les associations de droits de l'Homme ont réagi mardi 29 novembre
très négativement aux mesures annoncées par le Premier ministre
allant dans le sens d'un durcissement du contrôle de l'immigration.
A l'issue d'un Comité interministériel de contrôle de l'immigration,
Dominique de Villepin a annoncé plusieurs mesures durcissant les
conditions du regroupement familial, la lutte contre les fraudes au
mariage ou la sélection des étudiants étrangers afin de parvenir à
une "politique choisie" de l'immigration.
Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des Droits de l'Homme,
s'est déclaré "extrêmement préoccupé par ces mesures exclusivement
sécuritaires et de plus en plus xénophobes qui, au-delà de
l'affichage de mesures sur l'égalité des chances, constituent la
seule réponse effective du gouvernement à la crise sociale des
dernières semaines".
"Désigner l'immigration et notamment le regroupement familial comme
boucs émissaires, c'est préparer pour la présidentielle de 2007 un
nouveau 21 avril 2002" (premier tour des présidentielles qui avait
vu arriver en deuxième position le président du Front National, Jean-
Marie Le Pen).
Electorat du FN
Bernadette Hetier, présidente du Mrap (Mouvement contre le racisme
et pour l'amitié entre les peuples), a vu dans "les mesures
annoncées par Villepin une réaction de forteresse assiégée". "C'est
une réaction de rejet, de refus, de restriction apportée à la fois
aux quartiers populaires qui connaissent la plus grande déshérence
et aussi à l'égard du reste du monde". "Une bonne partie du message
lancé, a-t-elle dit, loin d'être une réponse à des problèmes
économiques et sociaux, est une préfiguration de la prochaine
campagne électorale".
Mouloud Aounit, secrétaire général du Mrap, a enfoncé le clou en
estimant que "d'un point de vue politique, le gouvernement est dans
une infernale course poursuite après l'électorat du FN". "On met en
place une machine de guerre contre les immigrés, a-t-il souligné. Au
lieu d'apporter des réponses de dialogue, d'apaisement, on est dans
la provocation, on a choisi les sirènes de la haine".
"Dérive xénophobe"
Pour SOS Racisme, qui dénonce "la dérive xénophobe des autorités",
les mesures préconisées par le Premier ministre "portent des relents
de sanctions qui ont du mal à cacher la tentative toujours plus
fréquente du gouvernement de stigmatiser les populations immigrées
et leur faire porter le blâme de l'insécurité et des violences".
Pierre Henry, directeur de France Terre d'Asile, a surtout réagi à
la mesure décidant de réduire à 15 jours le délai de dépôt des
dossiers de demandeurs d'asile devant la commission de recours. "Il
s'agit, a-t-il dit, d'une décision grave qui porte atteinte de façon
spectaculaire à une procédure juste et égalitaire (...) et qui
produira encore plus de faux déboutés de l'asile". Il a annoncé que
son association saisira le Conseil d'Etat dès la parution du décret.
Richard Séréro, secrétaire général de la Licra, ne récuse pas
forcément les mesures annoncées par le Premier ministre mais doute
sur le fond: "Pourquoi pas ces mesures, dit-il, on a effectivement
allongé des délais, mais cela ne fait pas une vraie politique de
régulation des flux migratoires tant légaux qu'illégaux".
Source :
http://permanent.nouvelobs.com/politique/20051130.OBS6999.html