Bissap Or Not to Be : La boisson tendance pour les cocktails et restaurants Afro
13/12/2004
Sous différents noms de marque et d’ethnonymes africains le jus d’hibiscus, plus communément appelé Bissap ou jus de Bissap est devenu à côté du jus de Gingembre, le chouchou courtisé de toutes les tables bien tenues. Ce succès ne se dément pas davantage en Afrique que dans les pays de résidence des Africains, en Europe et dans les Amériques, confirmé par la séduction d’un grand nombre de non Africains.
Le Bissap, de son appellation wolofophone qui s’est imposé en nom commercial international devant d’autres noms restés localisés -foléré au Cameroun par exemple-, est cette délicieuse boisson issues des fleurs d’hibiscus et dont raffolent par milliers des consommateurs africains.
Responsable naturel de cet engouement affirmé sans effusions excessive d’émotions, l’Oseille de Guinée ou roselle (Hibiscus sabdariffa). Un arbuste de la famille des Malvacées au même titre que le gombo ou le coton. Tolérante à la chaleur, cette plante est cultivée à travers le Sahel (Sénégal, Soudan, Mali…), en Egypte ainsi qu’en Afrique centrale (Cameroun, Congo, Gabon,…).
On rencontre deux variétés botaniques différentes par la couleur de leurs fibres : une variété rouge (colorant anthocyane) et une variété verte ou blanche. Cette dernière variété est surtout cultivée pour ses feuilles utilisées comme épinards acides.
Le Bissap est produit à partir des calices rouges et charnus de la variété anthocyanées. Ces calices de 3 à 4 cm de long entourent un fruit ; une capsule qui contient des graines.
Bien que son utilisation comme boisson soit son usage le plus répandu aujourd’hui, l’Hibiscus sabdariffa –excusez le barbarisme- sert de colorant alimentaire se substituant aux colorants chimiques en perte de vitesse dans les esprits bio, écolo et safe. A cette fin, le marché européen importe environ 3000 tonnes de calices séchés par an.
Riche en vitamines C, le Bissap peut être bu en infusion chaude, réputé faciliter la digestion, dépuratif et diurétique, ses effets sont efficaces à baisser la pression sanguine.
Associé à une certaine simplicité de préparation qui laisse place à des personnalisations fort valorisantes pour les petites mains aux manettes, le Bissap est en définitive assez aisé à obtenir. Recette tirée de Alterafrica [www.alterafrica.com] :
§ Amener l'eau à ébullition.
§ Ajouter 1 à 2 cuillères à café de fleurs d'hibiscus par tasse. Retirer du feu.
§ Sucrer selon votre goût et laisser infuser 10 minutes environ jusqu'à ce que l'infusion devienne pourpre.
§ Filtrer avant de servir (ou utiliser une boule à thé)
L'infusion d'hibiscus ainsi obtenue se déguste chaude ou froide, elle est très rafraîchissante. Le Bissap se laisse également déguster en cocktail, et s’apprécie sous ce rendu. Pour ce faire, ajouter divers jus de fruit (ananas...) bien choisis et surtout servir frais.
Voudriez-vous un petit zeste de quelque chose en plus que vous rajouteriez quelques feuilles de menthe, comme en Mauritanie, cela pousserait le délice un peu plus loin pour ceux que ce plaisir tenteraient.
La grande force du Bissap [de ses promoteurs, les restaurants Afro] est d’avoir su s’adapter à divers usages commerciaux, trouvant une place dans les cuisines Afro qui ne lui était pas donnée d’avance. Par touches successives, il a pris un segment des avant repas, après repas, boissons souvent offertes à titre gracieux ou commercial par les restaurateurs. Consommation conviviale, entre deux occupations, trait d’union entre un invité en avance et un … Africain en retard, cette boisson servie dans tous les formats et volumes est devenue un indispensable, absent impensable des rencontres branchées. Par la suite, souvent demandé, voire réclamé, il s’est naturellement installé dans le paysage des boissons inscrites dans toutes les bonnes cartes de menus.
Indifféremment demandé par les enfants, les adultes, probablement légèrement plus féminin -surtout dans les pays à tradition mulsulmane-, il transcende les clivages de classes et se trouve jouer le rôle d’agent intégrateur, réunissant autour de son goût acidulé parfumé de fruit rouge, des âges, sexes et fortunes différentes. Reconnaissable entre mille, il ne peut souffrir de handicap de notoriété et de différenciation sur des marchés très attaqués, sa couleur, son odeur, son nom, son goût le distinguant à souhait de la masse des boissons.
Son caractère africain lui vaut aussi certificat d’authenticité, aide-mémoire, et implantation dans l’esprit des initiés qui, après l’ivresse des premières gorgées se convertissent et croient lui.
Bissap Or Not To Drink.
Akam Akamayong