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 Venezuela : la terre pour le peuple, pas pour le profit III

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Tite Prout
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Tite Prout


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21042006
MessageVenezuela : la terre pour le peuple, pas pour le profit III

Conflits avec les grands propriétaires

Au début, le programme de réforme agraire a commencé lentement, notamment parce que l’infrastructure nécessaire devait être mise en place. Quand Chávez s’est rendu compte de la lenteur du processus, il a confié le poste [de directeur de l’INTI] à son frère aîné, Adán Chávez qui a lancé le plan Ezequiel Zamora, qui a permis la distribution de plus de 1,5 million d’hectares à plus de 130.000 familles sur une période de 12 mois. Cela représente une moyenne de plus de 11,5 hectares par famille pour une population bénéficiaire totale de 650.000 personnes (basée sur une moyenne de 5 personnes par famille). A la fin de l’année 2004, un total de 2 millions d’hectares de terres appartenant à l’Etat avaient été distribuées. Pour 2005, le programme est [était] censé s’accélérer avec la distribution de 2 millions d’hectares supplémentaires dont devraient bénéficier un million de Vénézuéliens. Pour les organisations paysannes vénézueliennes, les progrès mesurés par ces chiffres ne sont pas ceux d’une réforme agraire « complète » car beaucoup de ces chiffres incluent la reconnaissance juridique d’installations paysannes déjà existantes plutôt que la redistribution à des paysans sans terre de terres en friche ou de véritables terres de latifundio. Ainsi, alors que la sécurité de la jouissance de la terre pour les bénéficiaires de la réforme agraire pourrait certainement encore être améliorée, et en tenant compte du fait que le Venezuela a moins de paysans sans terre que les pays voisins, cela signifie que le processus de réforme demande encore beaucoup de travail.

Alors que jusqu’à la fin 2004, toute la terre distribuée avait été de la terre de l’Etat, ce n’est qu’en 2005 que le gouvernement Chávez s’est intéressé à la terre appartenant à des privés. Pour ce faire, Chávez a confié la direction de l’INTI à Eliecer Otaiza, un capitaine de l’armée à la retraite connu comme un élément radical de son gouvernement. Chávez a apparemment estimé nécessaire de confier la charge à Otaiza car des 2 millions d’hectares à redistribuer, 1,5 devaient provenir de propriétés privées. Le plan de réforme agraire pour 2005 a été appelé « Mission Zamora », pour indiquer qu’il s’agit d’un autre des programmes sociaux du gouvernement qui, depuis 2003, portent tous le nom de « Mission ». Si ce plan est réalisé, ce serait le principal défi à l’encontre de l’élite terrienne vénézuélienne depuis que la loi de réforme agraire a été édictée en 2001.

Le premier effort de redistribution de la terre privée a commencé en mars 2005, lorsque l’INTI a annoncé la « récupération » de cinq propriétés actuellement entre les mains de privés. Autrement dit, plutôt que de les déclarer comme étant des latifundios et d’exproprier en partant du principe qu’une trop grande surface de ces terres était non exploitée, l’Institut des terres a déclaré que tout ou partie de ces terres appartenaient en fait au gouvernement, les occupants actuels n’étant pas en mesure de prouver par des titres notariés qu’elles leur appartiennent. Cela a bien sûr provoqué une grande controverse, la plupart des propriétaires prétendant pouvoir prouver leur propriété avec des documents remontant à la moitié du XIXe siècle. Le gouvernement, cependant, affirme que certains de ces documents sont faux.

Une des origines de cette controverse est que la propriété de la terre au Venezuela, tout comme dans la plupart des pays de l’Amérique latine, est une affaire extrêmement obscure. Historiquement, les grands propriétaires terriens ont souvent étendu leur territoire bien au-delà de ses limites d’origine, revendiquant de la terre appartenant soit à l’Etat, soit à d’autres propriétaires absents. Ils ont pu faire cela en partie parce que les démarcations des terres dans les anciens titres sont très vagues. Une autre raison est que parfois un propriétaire peut avoir acheté légalement une terre, mais à un vendeur qui n’avait pas de titre légal dessus. La tâche principale pour le gouvernement de Chávez est de tirer tout cela au clair et d’établir un cadastre cohérent et précis des titres de propriété. Il s’agit cependant d’un processus extrêmement long, difficile et conflictuel. A la fin, cette tâche pourra s’avérer être si compliquée et conflictuelle qu’il serait plus simple de déclarer que n’importe quelle terre qui dépasse une certaine taille est illégale, indépendamment du fait que le propriétaire ait un titre légal ou qu’elle soit exploitée. L’INTI, sous la courte présidence d’Otaiza, a semblé montrer son intérêt pour la première approche. Cuba, qui a fait face au début de la révolution à une situation de confusion similaire, a finalement opté pour la seconde.

Dans bien des cas déjà, des paysans sans terre ont contesté eux-mêmes la propriété de certains grands domaines en disant que leurs propriétaires n’ont pas légalement de droits dessus et qu’ils ont acquis illégalement la terre qui appartenait à des communautés paysannes. Par exemple, dans l’un des cas controversé, un grand groupe de paysans a décidé d’occuper le domaine El Charcote, qui appartient à la société britannique d’élevage de bétail de Lord Vestey. Les propriétaires du ranch, qui disent que l’occupation leur a occasionné des pertes dans la production de viande bovine équivalentes à un tiers de leur production avant l’occupation, ont déclaré qu’ils possédaient des titres de propriété remontant à 1850. Le président de l’INTI, Eliecer Otaiza, a affirmé que le déclin de la production est simplement dû au fait d’une augmentation dans les importations de viande bovine, et que d’anciens travailleurs du domaine ont commencé à cultiver des terres en friche. L’INTI dit aussi que les propriétaires n’ont pas de titre correspondant pour la terre. Cependant, puisqu’environ deux tiers de la terre sont exploités, il dit que les propriétaires actuels peuvent continuer à utiliser cette partie de la terre qui est exploitée. Le troisième tiers qui a été déclaré en friche sera octroyé aux paysans. [13]

Pour l’opposition, ce cas est devenu emblématique du fait que l’Institut national de la terres, trois ans après sa fondation, commence maintenant à examiner les titres de propriété qu’il soupçonne être des latifundios. Au début 2005, Chávez a mis sur pied, la Commission nationale agricole (CNA), composée par le ministre de l’Agriculture, le président de l’INTI, et les gouverneurs de plusieurs états. [14] En juin, Otaiza a annoncé que la CNA avait identifié 200 latifundios présumés à travers le pays, qui pourraient être redistribués cette année. Il est tout à fait possible que la CNA décide que la plupart de ces latifundios sont non seulement des terres laissées à l’abandon mais que leurs « propriétaires » n’ont pas non plus de titres de propriété. Si cela arrive, il est fort probable que le conflit dans la campagne va s’intensifier.

Plus de 130 paysans ont déjà été tués au cours des quatre dernières années dans le cadre de conflits relatifs à la terre. Selon des leaders paysans comme Braulio Alvarez, dirigeant de la Coordination nationale agricole Ezequiel Zamora (CANEZ), une coalition de groupes paysans pro-gouvernementaux, ces paysans ont été tués par des assassins engagés par les propriétaires terriens. PROVEA, le groupe le plus important de défense des droits humains au Venezuela, confirme cela et note un changement très net avec les années antérieures à Chávez, où la plupart des tueurs à gage appartenaient aux forces de sécurité du gouvernement. [15] PROVEA déplore toutefois qu’on enquête trop peu sur ces assassinats et que trop peu de mesures de sécurité soient prises par les dirigeants paysans.

En dépit de toutes les protestations des grands propriétaires et de l’opposition, qui disent que le gouvernement Chávez est engagé dans un assaut contre la propriété privée, l’INTI affirme qu’en 2004, seul 1% des titres distribués dans le cadre de la réforme agraire ont été contestés judiciairement. [16]

Problèmes de la réforme agraire

Malgré les avancées obtenues grâce à la réforme agraire, à côté des énormes expectatives soulevées par la « révolution bolivarienne » de Chavez, et en prenant pour référence les expériences passées en la matière, et les expériences dans d’autres pays, les paysans vénézuéliens sont assez déçus. Il y a au moins cinq problèmes complexes à la source de cette frustration et qui entravent le processus de réforme agraire au Venezuela. On peut résumer ces problèmes comme étant liés : au cadre juridique, à l’insécurité générale et à l’impunité, à la faible organisation des paysans, au manque d’infrastructure et de soutien et enfin aux problèmes économiques.

Un faible cadre juridique

L’expropriation et la redistribution des terres privées sont des processus rendus extrêmement lents et difficiles de par la combinaison des défis juridiques de la redistribution de la terre et de la mauvaise qualité du cadastre vénézuélien des titres fonciers. Cette situation a également affecté la redistribution de la terre publique car, dans plusieurs cas, de grands propriétaires ont revendiqué ces terres comme étant les leurs. En dépit du fait que le gouvernement a été assez rapide pour octroyer les droits d’utilisation de la terre, beaucoup ont le sentiment que c’est insuffisant d’un point de vue juridique. Récemment, de gros efforts pour exproprier des terres considérées par l’Etat comme des propriétés détenues illégalement (comme dans le cas de Hatos Piñero et El Charcote), ont mis au premier plan la question de la légalité de la propriété de terres privées. Cependant, une fois que l’attention des médias se détourne du problème, l’effort pour tenter de résoudre ces conflits semble s’affaiblir également. L’absence dans le cadre juridique de la notion d’ocupación previa est également une faiblesse critique.

Insécurité et impunité

L’absence de lois, l’insécurité et la situation chaotique dans la campagne vénézuélienne compliquent encore le processus de réforme agraire. Non seulement les paysans doivent faire face à des propriétaires brutaux qui tentent de maintenir le contrôle sur leurs latifundios, souvent en louant le service de mercenaires et de nervis, mais ils doivent en outre faire face à des trafiquants de drogue, des forces militaires irrégulières (comme les groupes paramilitaires colombiens et leur contrepartie vénézuélienne qui émerge) et des forces militaires et policières vénézuéliennes corrompues.

Même si l’organisation paysanne CANEZ a essayé d’attirer l’attention sur les plus de 130 assassinats de leaders paysans, leurs efforts ont rencontré peu de succès et le gouvernement a beaucoup tardé à prendre en compte le problème. En juillet dernier, pour la première fois, la CANEZ et une autre organisation, le Front Ezequiel Zamora, ont organisé une manifestation à Caracas pour demander au gouvernement d’agir [17]. L’Assemblée nationale a finalement répondu peu après la manifestation en mettant sur pied une commission d’enquête sur les assassinats.

Faible organisation paysanne

La faiblesse des organisations paysannes vénézuéliennes, due en partie à l’effondrement de l’économie agricole du fait de la « maladie hollandaise », complique encore plus les choses. Même si elles peuvent compter sur la sympathie d’un gouvernement, elles ne se trouvent pas en position d’exercer sur lui une pression pour garantir la mise en œuvre effective de la réforme agraire. Si les organisations paysannes vénézuéliennes étaient plus fortes, elles pourraient sûrement en faire plus en termes de supervision sociale du processus de réforme agraire. De même, davantage de pression entraînerait certainement un meilleur respect de la loi à l’heure d’enquêter et de poursuivre les responsables des plus de 130 assassinats de leaders paysans.

Le résultat du faible niveau d’organisation paysanne est que beaucoup de ceux qui devraient être les bénéficiaires de la réforme agraire manquent à la fois de connaissance et de ressources pour revendiquer leurs droits. Cela les rend en même temps moins susceptibles de s’organiser politiquement. Cependant, lorsqu’ils s’organisent, souvent leurs organisations se placent dans l’orbite de l’une ou l’autre faction politique, ce qui constitue un obstacle pour le travail unitaire.

Manque d’infrastructure et de soutien

Alors même que le recensement des terres et l’émission des titres de propriété s’est fait en un laps de temps assez court, les agences d’encadrement et d’appui à la réforme agraire c’est-à-dire l’Institut national de développement rural (INDER) et la Corporation agraire vénézuélienne (CAV) n’ont pas été aussi actives qu’elles auraient dû l’être. L’une des raisons en est que la plupart des fonctionnaires gouvernementaux sont en place depuis les gouvernements antérieurs à Chávez et que beaucoup d’entre eux appartiennent à des factions politiques opposées à la « révolution bolivarienne » et à la réforme agraire.

Par exemple, sept mois après l’ouverture en 2003 d’un projet pilote dans l’état de Barinas, la région natale de Chávez, bien peu avait été fait, relate Maurice Lemoine dans Le Monde Diplomatique :

« "Notre comandante croit que tout fonctionne bien ! On lui masque les chiffres réels, personne ne lui dit la vérité. Ici, il n’y a pas eu 500 hectares mis en culture, mais 15 seulement !" Le ministère des Infrastructures (Minfra) aurait déjà dû déforester 400 hectares. Il ne l’a pas fait. Malgré de multiples demandes, les fonctionnaires de l’Institut de développement rural (INDER), chargé du drainage et du système d’irrigation, n’ont pas encore fait leur apparition. Ceux du ministère de l’Environnement, également impliqués, sont aux abonnés absents. "Les institutions de l’Etat ne me reçoivent pas, se plaint M. Richard Vivas, l’un des dirigeants de la coopérative, seul l’INTI m’appuie. " » [18]

En d’autres termes alors que l’INDER est supposé procurer formation, technologie, et crédit aux bénéficiaires de la réforme agraire, il tarde énormément à accomplir sa mission. La corruption interne à l’institut et le manque d’attention du gouvernement central aux aspects d’infrastructure et d’appui à la réforme agraire au profit de l’aspect plus controversé et visible de la redistribution sont d’autres raisons. La CAV qui est censée aider les paysans à obtenir des débouchés pour leurs nouvelles productions agricoles, ne s’en est pas encore vraiment occupé jusqu’à présent, plus de trois ans après le lancement officiel du programme de réforme agraire.

Un autre problème relatif au peu de soutien du gouvernement est que, bien qu’il ait demandé aux banques de destiner un certain pourcentage de leurs prêts au secteur agricole, la plupart de ces prêts ne parviennent jamais aux petits fermiers mais plutôt aux grands agriculteurs. Lorsque des petits fermiers arrivent à obtenir ces prêts, il est souvent trop tard, passant ainsi à côté d’opportunités pour acheter des semences pour la saison des plantations.
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