Afrique : le retour de l’Inde


Any Bourrier
(Photo: RFI)

A la fin de l’année 1920, dans l’Inde sous la domination britannique, Mohandas Ghandi avait pris la tête d’une révolte pacifique appelée Mouvement de non coopération. Il s’était fixé pour objectif l’indépendance de la colonie. Rentré d’Afrique du Sud depuis cinq ans, Ghandi était encore peu connu de la majorité de la population indienne. Il deviendra cependant l’une des légendes nationales de la lutte pour l’émancipation et une icône de la philosophie de la non-violence dans le monde entier, avant d’être assassiné le 30 janvier 1948.

Aujourd’hui, l’Inde commémore l’appel à la résistance qu’il a lancé le 11 septembre 1906. Le Premier ministre Manmohan Singh lui rend hommage en visitant l’Afrique du Sud, le pays où il a vécu dans sa jeunesse et où il a fait sa première expérience du racisme. En effet, le futur symbole de la lutte contre les discriminations a été expulsé d’un compartiment de train réservé aux blancs dans une ville de l’est de l'Afrique du Sud. C’est aussi en Afrique du Sud, où il a passé une vingtaine d’années à partir de 1893, que Ghandi a appris les techniques de résistance passive et qu’il a acquis sa notoriété d’activiste politique.

Ce pèlerinage de l’actuel Premier ministre indien n’est pas le premier pas de l’Inde sur le continent africain. Mais il est significatif de la multiplication des contacts de l’Inde avec les pays de l’Afrique subsaharienne, après une longue période d’absence. Le mouvement est particulièrement marqué en Afrique du Sud où, depuis la fin de l’apartheid, plusieurs rencontres ont eu lieu au plus haut niveau entre responsables indiens et sud-africains. Un partenariat stratégique entre les deux pays a même été signé lors de la visite de Thabo Mbéki à New Delhi en octobre 2003.

Depuis, l’Inde a fourni à Pretoria une assistance dans le domaine des nouvelles technologies. Actuellement, des scientifiques des deux pays sont engagés dans des projets de recherche dans la bio-technologie et dans l’évolution des génomes. Outre les technologies de pointe, la coopération entre New Delhi et les capitales africaines est importante dans le domaine du commerce : aux pays africains réceptifs à ses offres commerciales mais handicapés par des difficultés financières, le gouvernement indien propose des lignes de crédit avec le concours des banques, notamment de l’Exim Bank of India, spécialisée dans ce type d’opérations. Forte d’une communauté indienne importante dans plusieurs pays d’Afrique, l’Inde a su tisser des relations économiques importantes avec le continent. Ses relations privilégiées avec l’Afrique du Sud en sont la preuve.

par Any Bourrier

[29/09/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/081/article_46468.asp