La Guerre au Moyen-Orient ne fait que commencer...Israël devrait faire ses valises et partir. Opinions
Un pays assassiné sous nos yeux et grâce à notre silence. Pourquoi ? Des enfants pulvérisés aux armes chimiques interdites.
Pourquoi ? Des villages entiers rasés au phosphore. Pourquoi ? Du personnel humanitaire décapité intentionnellement en toute
impunité. Pourquoi ?...Quelle est la logique qui va émerger de cette guerre ? Si Israël ne peut exister qu'en détruisant le
voisinage, alors il est temps de le déclarer comme un état en échec. Le rêve sioniste a viré au cauchemar et n'est pas viable.
Israël, Liste de contrôle : ponts, economie, centrales électriques, aéroports, enfants, plus d'enfants, écoles. Raté: le
Hezbollah
Israël, Liste de contrôle : ponts, economie, centrales électriques, aéroports, enfants, plus d'enfants, écoles. Raté: le
Hezbollah
La guerre au Moyen-Orient ne fait que commencer...
Des décombres de Beyrouth aux plaines syriennes. De l'apparente tranquillité d'Amman au désordre du Caire, échapper à la
folie meurtrière israélienne ne fut pas un pèlerinage estival pour ma femme et moi.
Le Liban est en ruines, les populations civiles traumatisées et le paysage politique libanais plus sombre que jamais. L'avenir du
pays du cèdre revêt la robe sombre de ses plages désormais irréparablement souillées par les soins d'Israël et de son armée
de "défense". Sans doute le Hezbollah préparait-il une invasion massive des côtes de Tel-Aviv à l'aide de poissons-chats
truffés de TNT...
Un pays assassiné sous nos yeux et grâce à notre silence. Pourquoi ? Des enfants pulvérisés aux armes chimiques interdites.
Pourquoi ? Des villages entiers rasés au phosphore. Pourquoi ? Du personnel humanitaire décapité intentionnellement en toute
impunité. Pourquoi ?
Un cessez-le-feu qui n'apporte à Ehud OLMERT que la honte du retrait. Pourquoi ?
Au Liban, plus personne ne croit à l'ONU désormais poignardée dans le dos par John BOLTON. Plus personne ne croit ni à
l'Europe, ni aux Etats-Unis d'Amérique. "Ils sont tous à la botte d'Israël", nous dit-on. Qui pourrait bien leur donner tort ?
Nous pensons tous que ce "cessez-le-feu" n'est en réalité qu'un banal retrait stratégique destiné à discréditer Ehud
OLMERT devenue la risée de tous les faucons de guerre israéliens, tout en préparant le retour de B. NETANNYAHOU aux
affaires. Connaissant les aspirations pacifiques du bonhomme, la suite des événements aura, je vous le promets, un
arrière-goût de déjà-vu ; la démolition programmée du Liban n'est qu'un pas de plus vers l'isolement total de la Syrie. Israël
et BUSH vont nous trouver n'importe quel prétexte pour justifier une attaque massive sur Damas en réponse à une soi-disant
"provocation" gratuite du régime d'ASSAD.
Le Liban n'était-il qu'une sorte de répétition générale avant l'ouverture de cette symphonie de destruction composée ces dix
dernières années par nos géniaux maestros toujours plus épris de démocratisation?
Il ne faut pas s'appeler Michel HAYEK (le Nostradamus libanais) pour comprendre que le prochain mouvement de cette
symphonie n'aura malheureusement pas la douceur d'un adagio : une attaque délibérée sur la Syrie provoquerait une réponse
brutale de l'Iran sur Israël. Il est donc clair que l'axe US-Israel frappera le premier, plus que probablement à l'aide de
leur technologie d'armement "micro-nucléaire" ne souffrant même plus du qualificatif "d'armement atomique" grâce aux
distorsions interminables du vocabulaire commun, désormais politique maison au même Pentagone. Tout ceci en prétextant
l'existence d'un invérifiable arsenal nucléaire en Iran...
Nous savons tous que la seule et unique doctrine d'actualité chez notre ami Donald RUMSFELD demeure celle de la guerre
préventive. Les Afghans et les Iraquiens ont déjà eu un aperçu des ravages de cette politique dont les grandes lignes ont été
écrites il y a dix ans, à Jérusalem, par Richard PERLE, Benjamin NETANNYAHOU et consorts ("A clean Break - A new
strategy for securing the realm").
Ce n'est qu'en parfaite compréhension de ces documents - disponibles librement sur le Net... - que nous pouvons clairement
interpréter le génocide se déroulant sous nos yeux.
Le calendrier international impose en effet un tel retrait stratégique : d'ici peu, BUSH et BLAIR devront à nouveau
affronter leurs électorats respectifs. Ils ne peuvent se permettre qu'un débat public sur le désordre iraquien n'entrave leur
agenda militaire.
Il est urgent de renverser la vapeur et de tenir l'opinion européenne informée de ce qui se trame en coulisses.
Il est urgent de retourner ces formidables outils démocratiques que sont la presse écrite, la presse télévisée et Internet
contre ces criminels qui s'en servent pour asseoir leur politique suicidaire. D'ouvrir un débat clair, ouvert et constructif sur
les conséquences de leur guerre contre le "terrorisme", de l'implémentation de sites nucléaires offensifs en Europe sous le
couvert des accords passés à l'Otan (en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne...), de remettre sur la table les
tractations militaires entre Israël, la Turquie et l'Otan ; tractations qui se sont déroulées chez nous, en Europe, grâce à
l'accord tacite de nos dirigeants. Il est urgent de remettre sans cesse en question le bien-fondé de la doctrine dévastatrice
des guerres préventives désormais adoptées par bon nombre de leaders européens dont CHIRAC n'est pas le moindre des
exemples récents.
Il est urgent d'informer le public du rôle de plus en plus important pris par le Pentagone au détriment de la CIA, qu'il ne
juge même plus bon d'informer de ses actes et de ses décisions. Des visites de plus en plus fréquentes des experts militaires
américains en Israël, des exercices militaires à caractère nucléaire entrepris en mer Méditerranée par la Turquie, Israël et
l'OTAN, de la construction du pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan censé relier la Mer Caspienne au port israélien d'Eilat, en
passant par le littoral syriano-libanais au nez et à la barbe de ces deux pays supposés être anéantis d'ici peu par les
attaques programmées de l'administration BUSH, du rôle malsain joué par la Turquie au Moyen-Orient de par ses accords
militaires avec Israël. De cette même Turquie censée rejoindre bientôt les 25 et dont nous ne pouvons nous permette qu'elle
ternisse notre image au Moyen-Orient, sous peine d'en avoir à subir les affres dans toutes nos capitales.
Il est urgent de rouvrir les colonnes d'investigations dans nos journaux et de documenter ces dernières des rapports
facilement disponibles sur le Net, suite à la "déclassification" de ces comptes-rendus militaires bien plus qu'inquiétants.
Il est urgentissime d'entreprendre ce que nos gouvernements ont abandonné, à savoir une information honnête, directe et
appuyée de nos citoyens. Information qu'ils ont vite fait de remplacer par des alertes terroristes à tout vent. Alertes
soigneusement orchestrées dans le seul et unique but de maintenir le niveau minimum de peur nécessaire aux discours
belliqueux et aux aventures militaires les plus délirantes.
Seule une réaction d'envergure dans l'opinion européenne pourrait nous éviter d'avoir à penser à l'impensable; une agression
non provoquée sur l'Iran, agression approuvée par un public rendu abruti par de nouveaux actes terroristes aux origines
aussi douteuses qu'invérifiables et par des accusations du même acabit que les mensonges sur les armes de destruction
massive de Saddam HUSSEIN.
Le compte à rebours a déjà commencé avec le "cessez-le-feu" de ce matin. D'ici peu, MM. BLAIR et BUSH feront de nouveau
face à leur électorat. Tout porte à croire qu'une offensive sur l'Iran aura lieu avant ces échéances clairement défavorables
à ces hommes de plus en plus contestés.
Les conséquences d'une telle guerre au Moyen-Orient seront incalculables pour nous tous. Il ne s'agira pas seulement de
s'accommoder d'un baril de pétrole échangé à plus de 150$. Il nous faudra à tous payer le prix d'une explosion
intercommunautaire à l'envergure incontrôlable, d'une insécurité grandissante et d'un mode de vie qui risque d'être
sérieusement compromis dans les années qui viennent.
A nous de choisir le dialogue et l'information, en lieu et place de l'agression et de l'aveuglement. A nous de choisir la vie et
non pas la mort, surtout s'il s'agit de celle des autres. A nous de nous retrousser les manches dès aujourd'hui et de demander
des comptes à nos dirigeants. A nous de prendre le temps de les harceler par e-mail, téléphones, courrier, jusqu'à ce qu'ils
nous répondent.
Notre liberté et notre avenir ont un prix. A nous d'en déterminer la valeur.
Dominique WARREYN
Le Caire - Egypte
http://dominique195.blogspot.com/
dominique195@hotmail.com
Israël devrait faire ses valises et partir
Quelle est la logique qui va émerger de cette guerre ? Si Israël ne peut exister qu'en détruisant le voisinage, alors il est
temps de le déclarer comme un état en échec. Le rêve sioniste a viré au cauchemar et n'est pas viable. Si le futur réserve la
même chose, alors le temps est venu de reconsider la totalité du projet. Chaque état a le devoir de défendre ses citoyens,
mais il a aussi le devoir de leur fournir la sécurité et les deux choses sont différentes. Les perspectives sont, encore plus de
destruction, de fanatisme, de violence, de haine. Aucune séparation unilatérale ne peut isoler Israël de tout cela, la région et
la totalité du monde ne peuvent vivre en en supportant les conséquences. Cela semble le seul choix, et Israël doit se faire une
faveur et en faire une aux autres, et s'en aller.
L'occupation de la Cisjordanie et de Gaza montre un pays privé de toute humanité ? La Cisjordanie est invivable, la population
étranglée dans trois groupes de prisons. Des barrières de béton, des barbelés, des routes de contournement, des êtres
humains émergeant comme des rats de tunnels souterrains, l'humiliation quotidienne aux centaines de check points. Depuis
que la population a osé élire le Hamas, Gaza est assiégée, son infrastructure a été anéantie et sa population conduite au
désespoir dans ce qui semble une répétition de ce qui devait se passer au Liban.
Le Liban s'est réveillé le 12 juillet à une réalité qui peut détruire les bases mêmes de la société. Il est partagé entre ceux qui
croient en une « riviera » construite sur des consensus politiques, le partage du pouvoir et un état faible, et ceux qui, comme
le Hezbollah, voit la nécessité d'avoir une forteresse pour résister à un ennemi dangereux, diabolique. C'est cette dernière
logique qui va prévaloir du fait du comportement d'Israël.
Pourtant, le système libanais est tenace. Le premier ministre Fouad Siniora, sous les bombes, a été capable de soutirer un
consensus en 7 points ou la forteresse victorieuse a accepté de revenir à un processus politique. Le Liban a même réussi à
défier les USA et Israël par pure ténacité, et par un tour de force diplomatique, il a réussi à orienter le Conseil de Sécurité
vers une solution politique plutôt qu'une solution militaire. Pour la première fois, les ministres arabes des affaires étrangères
se sont mobilisés et ont mené une campagne active de lobbying en lien avec la légalité internationale.
Il y a une volonté délibérée de cibler les civils. Israël peut le nier, mais les israéliens qui le font savent, en fait, que c'est
vrai. Plus de 17 000 personnes ont été tuées au cours de l'invasion de 1982, et le résultat net de cela ce fut la création du
Hezbollah, du Hamas et du Jihad Islamique. Il existe une doctrine qui dit que les arabes ont besoin d'être écrasés, qu'on
peut les bombarder pour les soumettre, qu'ils tomberont à genoux éventuellement. C'est la doctrine non sont application qui
est viciée. Elle dit qu'en terrorisant les populations, elles nous respecterons et ferons la paix ; elle dit que ceux qui osent
résister doivent être éradiquer à travers des assassinats ciblés et ceux qui les soutiennent annihilés quel qu'en soit le prix.
Les seules leçons qu'Israël a apprises c'est qu'il devrait faire mieux la prochaine fois.
3 pays arabes ont des traités de paix ou des relations diplomatiques avec Israël, la plupart des états du golfe ont ou ont eu
des bureaux commerciaux, l'Arabie Saoudite et le roi Abdallah ont proposé un plan offrant une normalisation avec Israël –
ce qui n'avait pas été obtenu en 30 ans de paix avec l'Egypte. La Tunisie et le Maroc ont d'excellentes relations avec Israël.
Même des états voyous comme la Syrie et la Libye ont montré des signes positifs- le premier désespérant de renouer des
pourparlers de paix un conditionnellement. La région a une histoire de tolérance et de coexistence ; les minorités inclus les
juifs, ont survécu et prospéré pendant des siècles. Israél est aveugle à tous les développements positifs, ce qui aura pour
effet de faire disparaître et ces positions et ceux qui les tiennent, leur attitude n'étant pas tenable.
Le Liban peut reconstruire ses aéroports, ses routes, ses ponts, ses usines, enterrer et pleurer ses morts, reconstruire des
vies ébranlées. Israël est depuis à peine 60 ans dans la région, un millième de seconde à l'échelle de l'histoire, mais c'est
suffisant pour juger des résultats. Si la morale fondamentale est viciée, alors il est temps de faire ses valises et de partir.
Nadim Shehadi 15/08/06 article publié sur le Haaretz version anglaise. Copyright Haaretz traduction bénévole pour
information à caractère non commercial par MD pour Planète Non Violence
Nadim Shehadi est écrivain, un économiste libanais et un membre associé du programme sur le moyen orient à Chatham House