Le gouvernement et l'armée affrontent la colère de la rue
«Les incapables dehors». Bordées de noir et de rouge, des milliers d'affiches exigeant la démission d'Ehoud Olmert, du
ministre de la Défense Amir Peretz, ainsi que du chef de l'état-major de l'armée Dan Haloutz se multiplient sur les murs de
Tel-Aviv et de Jérusalem. Elles sont collées par des réservistes qui viennent de participer à la guerre du Liban et qui se
plaignent d'«y avoir risqué leur vie pour rien».
«On nous a donné du matériel vieillot pour combattre des miliciens du Hezbollah mieux armés», affirment Roni Tantzenbaum
et Assaf Davidof, deux des initiateurs de ce mouvement de grogne. «Nos ordres étaient souvent contradictoires, voire
incompréhensibles. Quant aux renseignements dont nous disposions, ils étaient dépassés.» Et de poursuivre: «Trouvez-vous
normal que nous n'ayons pas reçu de vivres et de munitions pendant que nous étions que le champ de bataille alors que nos
officiers restaient à l'arrière?»
Soutenus par les médias, par la plus grande partie de l'opinion et même par des membres du gouvernement, les réservistes
exigent la création d'une commission d'enquête sur la manière dont la guerre a été gérée.
Lundi, certains d'entre eux ont publié des encarts dans la presse appelant Olmert, Peretz, et Haloutz à «prendre leurs
responsabilités». Alors qu'une pétition circulait sur les marchés, d'autres ont manifesté devant plusieurs universités.
Plusieurs dizaines d'entre eux ont également installé un camp de tentes devant le cabinet du premier ministre, à proximité de
la Knesset et de la Cour suprême (Jérusalem). «Nous n'avons pas l'ambition de nous lancer dans la politique et nous avons
toujours l'intention de défendre notre pays si celui-ci devait être attaqué», poursuivent Tantzenbaum et Davidof. «Mais nous
exigeons la vérité. Nous voulons que l'on explique pourquoi l'état-major était mal préparé à une guerre avec le Hezbollah
alors qu'il soutenait le contraire, et pourquoi nous sommes sortis du Liban avec la désagréable impression que la mort de
dizaines de nos copains aurait pu être évitée.»
En octobre 1973, les soldats revenant de la guerre de Kippour avaient arraché la création d'une commission enquête dotée de
larges pouvoirs. Ses conclusions assassines avaient entraîné la démission du premier ministre Golda Meir. En 1982, une autre
commission sur la première guerre du Liban et sur le massacre de Sabra et Chatila avait également eu d'importantes
répercussions sur la vie politique israélienne. Ce qui explique peut-être pourquoi Olmert tente d'enrayer la protestation des
réservistes en leur proposant de créer un vague comité gouvernemental d'investigation dont il désignerait les membres et
fixerait lui-même les limites du mandat
http://www.geostrategie.com/cogit_content/analyses/Legouvernementetlarmeaffro.shtml