L'extrême droite célèbre la défaite de Bleus trop noirs
L'équipe qui a échoué au Mondial n'était pas assez «gauloise» pour elle.
Par Christophe FORCARI
QUOTIDIEN : Mercredi 12 juillet 2006 - 06:00
La défaite de l'équipe de France n'attriste pas plus que cela l'extrême
droite. Car, pour elle, le onze tricolore ne représente pas vraiment le pays. Et
le carton rouge donné à Zidane en finale la réjouirait presque : «Ciao voyou !»
titre aujourd'hui l'hebdomadaire Minute, pour qui le capitaine français a
conservé des comportements de racaille de banlieue... «Les Romains ont battu des
Gaulois qui ne ressemblent pas vraiment à des Gaulois», confie un des
responsables du FN. Bruno Gollnisch, numéro 2 du parti d'extrême droite,
considère que l'équipe nationale est «peut-être représentative de la France de
demain. Elle ne correspond pas à celle d'aujourd'hui.» «J'aurai été favorable à
une discrimination positive avec un peu plus de Français d'origine européenne.»
Heureux, Romain Marie ­ qui a longtemps conduit la procession des
catholiques traditionalistes du FN ­ ne se sent pas touché par un
«quelconque patriotisme sportif pour une équipe en trop grande partie mercenaire
qui s'appelle les Bleus. Je ne regarde donc pas avec un total accablement la
victoire italienne» . Mieux, le chef de file de Chrétienté-Solidarité voit dans
la défaite de la France le triomphe d'une certaine forme de «romanité grandiose»
: «On va ainsi célébrer le triomphe au cirque Maxime comme aux meilleures
époques de l'Empire. Il n'y manquera que Zidane l'Africain, enchaîné comme jadis
Vercingétorix le Gaulois.»
Le coup d'envoi avait été donné par Le Pen le 26 juin : si la France ne se
mobilisait pas derrière son équipe, c'est que «les Français ne se [sentaient]
pas complètement représentés par cette équipe» . Au lendemain de la sortie de Le
Pen, Minute posait ouvertement la question : «Y a-t-il trop de Noirs dans
l'équipe de France ?» En 1996, déjà, Le Pen jugeait «artificiel que l'on fasse
venir des joueurs de l'étranger en les baptisant équipe de France».
L'extrême droite italienne n'est pas en reste . Roberto Calderoli,
vice-président du Sénat italien et dirigeant de la Ligue du Nord, après avoir
salué la victoire de «l'identité italienne» sur une équipe de France «qui a
sacrifié sa propre identité en alignant des Noirs, des islamistes et des
communistes», en a remis une louche hier : «Ce n'est pas ma faute si Barthez
chante l'Internationale au lieu de la Marseillaise et si certains préfèrent La
Mecque à Bethléem.»
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