Pour en revenir sur la france black blanc beur, on ne peut absolument pas dire une chose et ensuite son contraire sans
prendre en compte le contexte : ainsi en 1998 la presse ne faisait qu’encenser la France Black Blanc Beur, les victoires de
l’équipe de France étaient présentées comme la réussite du modèle de l’intégration à la française. Aujourd’hui en 2006, le
son de cloche est différent : la victoire des bleus est certes la victoire de la France, mais elle n’a plus aucun lien avec
l’intégration, elle n’est plus un modèle de quoi que ce soit, en fait elle semble déconnectée de la réalité du terrain. Certes,
c’est le moins qu’on puisse dire. Mais ce qui m’irrite en lisant les différents articles de presse, c’est que cet échec des
espoirs de 1998 est présenté comme une fatalité, un ratage qui était inéluctable, comme si les espoirs de 1998 n’étaient
somme toute que des illusions, mais personne n’en expose véritablement les causes.
Or les causes si on repense au contexte politique de ces dernières années, on peut aisément les identifier.
J’aimerais revenir au contexte politique national et international de ces dernières années pour faire un parallèle, et
expliquer le changement de ton.
Fin des années 90 : croissance économique, paix au proche orient, et euphorie générale
1998 : croissance économique mondiale, on croit encore en la paix possible en palestine/israel, la gauche est aux commandes
dans une période économique faste, elle fait cadeau des 35 heures aux salariés... hormis qq zones de tensions localisées et
auxquelles on s’est malheureusement habitué (ex yougoslavie, embargo en irak qui fera 1 million et demi de victimes), la
tendance mondiale est à la paix, à la prospérité économique... enfin c’est comme ça que ça se passe en flouzeland (usa+ue),
donc en bons égocentriques, comme ça va bien chez nous, on en déduit que ça va bien partout. 1998 c’est aussi l’euphorie de
la net économie, les gens rêvent de faire de l’argent en claquant des doigts...
La victoire des bleus s’inscrit dans ce contexte, normal que certains se soient pris à rêver en se disant que peut être on allait
vers une ère de paix et de tolérance...
En 2000, lors de la victoire à l’Euro, on est plus ou moins dans la continuité de ce contexte, avec comme bémol le début de la
fin de l’euphorie économique, et la fin des illusions sur le processus de paix au proche orient...
Changement de régime aux USA et en Israel, le choc des civilisations imposé par la propagande, ses répercussions sur le plan
politique local en France
Ensuite brusquement : fin 2000 Sharon à l’esplanade des mosquées qui déclenche le début de la nouvelle intifada, élection
contestée de Bush, 2001, le 11 septembre, l’instrumentalisation du terrorisme par le régime Bush pour envahir des régions
stratégiques, avec comme leitmotiv la désignation des islamistes (en fait des musulmans dans leur ensemble par extension,
enturbanés arabes ou perses plus particulièrement) comme ennemis héréditaires, la nouvelle menace contre le monde libre !
La plus grande campagne d’islamophobie depuis les croisades et le colonialisme est lancée à des fins de domination politique
dans un soit disant choc des civilisations, qui profite bien aux agendas de bush et de sharon. Une campagne digne des
campagnes antisémites des années 30, avec comme conséquence des centaines de milliers de morts.
Les politiciens français surfent sur le climat de peur islamophobe
Pendant ce temps en France : profitant de la psychose internationale propagandée par les américano-israéliens, la campagne
des présidentielles de 2002 est opportunément placée par la droite sur le terrain de l’insécurité, avec la complaisance des
médias, et la bêtise du PS qui plutôt que de recentrer le débat sur les questions de fond, se laisse emporter sur un terrain
défavorable, celui sur lequel elle était sure de perdre.
On connait la suite : la campagne de peur a surtout profité à Le Pen, déjà à l’époque, et Chirac ne gagne finalement que sur
un malentendu.
Mais le pire reste à venir : au lieu de tirer les leçons de la dangerosité qu’il y a à flirter avec les thèmes du FN, Sarkozy qui
décidemment se croit une lumière, mise tout sur l’immigration et l’insécurité, en surfant sur un climat islamophobe créé dans
les officines de propagandes américano-israéliennes, destiné à servir les intérêts de Bush et Sharon.
Au final, après une pression insupportable sur les classes les plus défavorisées de la société, on débouche sur les émeutes,
les manifs anti cpe... alors que les français adultes beaufs sont restés bêtement la bouche ouverte à accepter des réformes
injustes sur la sécu et la retraite ou encore le statut des intermittents du spectacle, hypnotisés qu’ils étaient par le faux
débat raciste sur le voile à l’école, c’est finalement la jeunesse des quartiers défavorisées, suivie de la jeunesse
universitaire, qui tour à tour se révolte. Espérons que ceux là ne se transformeront pas en beaufs à leur tour quand ils auront
un boulot (s’ils en ont un) et les traites de la voiture et de la maison à payer (mais cette éventualité ne concerne pas la
première catégorie de jeunes).
L’équipe Black Blanc Beur ? Succès de l’intégration à la Française, ou symbole de la gestion coloniale des minorités
nationales ?
Alors aujourd’hui la France gagne et on dit : oui mais ce n’est pas pareil.
Et moi je demande : la faute à qui ?
Et bien la faute à tous ces politiciens manipulateurs, bush et sa clique, sharon et sa clique, Sarkozy et sa clique, qui pour
justifier leurs politiques dégueulasses, accusent leurs victimes.
Oui la faute à Sarkozy qui préparent un tapis rouge à Le Pen pour les élections de 2007, s’en rend il compte ?
Voilà ce qui a changé entre 1998 et 2006, le climat politique ! Les français d’origine coloniale ne sont pas devenus des
racailles, ils rêvent autant d’intégration qu’en 1998, mais on leur a tellement craché dessus ces 5 dernières années, reproché
d’être ce qu’ils sont, pour de fausses raisons, qu’effectivement aujourd’hui plus personne n’y croit.
Depuis que la Sarkoze a envahit les médias on accuse les pauvres d’être responsables de l’échec de leur intégration, mais la
main ils la tendent pour s’intégrer, trouver un travail (première condition nécessaire à une intégration réussie)... c’est à ceux
qui peuvent proposer des emplois de leur tendre la main en retour ! Le pire étant quand ils voient comment sont traités ceux
parmi eux qui ont pu acquérir des diplômes de valeur, un bagage universitaire ou de grande école qui tracerait une voie
royale à n’importe quel Hubert ou Jean-Claude, mais qui semble de moindre valeur dans les mains d’un Mohammed ou d’un
Mamadou.
Bien sur le monde du travail n’est pas comme le sport de haut niveau ! Dans le sport de haut niveau on a besoin des meilleurs
des meilleurs pour gagner, peu importe l’origine.
Dans le monde du travail, c’est le piston, le népotisme, le copinage qui règne ! Dans ces conditions on préférera favoriser
ceux qu’on connait plutôt que ceux issus des "quartiers", qui souffrent principalement de leur isolement social. Tout comme
les élites se repoduisent, les défavorisés également. De toutes façons peu importe d’avoir un diplôme de Polytechnique quand
on voit le niveau requis par les postes en entreprise, les recruteurs le savent bien, et au final quand on a le choix entre
plusieurs candidats, on recrute à la tête, et à ce jeu Mohammed et Mamadou sont clairement défavorisés. Ou alors ils se
reprofilent dans des domaines où il y a de fortes pénuries, tout comme leurs parents ont été appellés en France pour pallier
la pénurie de bras dans les usines. C’est la raison pour laquelle on retrouve plus de noirs ou d’arabes parmi les
informaticiens, que parmi les privilégiés de la finance. Ou alors ils peuvent encore poursuivre le mouvement migratoire entamé
par leurs parents, et quitter la France pour Londres, le Canada ou les USA qui seront ravis de récupérer les jeunes talents
formés en France, mais boudés par le monde du travail français.
Bien sûr, si en sport on se met à appliquer le copinage et le népotisme qui règnent dans le monde du travail, afin de désigner
les joueurs, alors c’est la débâcle assurée. Vu le haut niveau auquel on évolue, pas question de prendre un joueur pour faire
plaisir à son patron, à son camarade de grande école, ou encore tout simplement à la tête du client. On prend ceux qui
donnent les meilleures chances de réussite, point barre.
C’est ça qu’illustre l’équipe de France ! Pas la réussite de l’intégration, mais le fait que quand on a pas le choix, et qu’on fait
abstraction des questions d’origines ethniques ou sociales, alors les français issus des anciennes colonies ont tout autant de
chances si ce n’est plus, d’arriver à haut niveau. Attention quand je dis plus, ce n’est pas du racisme anti blanc : simplement il
n’est pas rare que quelqu’un issu d’un milieu défavorisé, qu’il soit blanc, noir ou vert pomme, soit 100 fois plus motivé pour
arriver à haut niveau que quelqu’un qui grandit dans des conditions matérielles plus confortables, et qui par paresse ou
arrogance a plus tendance à s’endormir dans le confort. D’ailleurs ce travers peut atteindre également l’ex défavorisé qui par
ses efforts atteint un haut niveau, et accessoirement un haut niveau de confort matériel, et qui verra sa motivation diminuée
par ses nouvelles habitudes de vie. C’est la critique qu’on a fait aux bleus embourgeoisés de 2002, ils n’ont que plus de mérite
à avoir retrouvé la fraicheur de leurs débuts en 2006.
Donc voilà ce qu’illustre l’équipe Black Blanc Beur selon moi : quand on a vraiment besoin des noirs et des arabes, c’est à dire
quand on ne peut ou on ne veut pas faire autrement, alors ils sont les bienvenus et méritent d’être appellés français. Les
ancètres des joueurs de l’équipe de France, tirailleurs sénégalais ou combattants indigènes d’Afrique noire et du nord en
savent quelque chose.
Quand l’équipe gagne, c’est l’équipe de France, c’est la France qui gagne, éventuellement black blanc beur.
Quand elle perd ou qu’elle a des résultats médiocres, elle est black black black, et la risée de toute l’europe (n’est ce pas
monsieur F, qui pour le coup aurait mieux fait d’avaler son chapeau).
Sombres perspectives pour 2007
Et voilà maintenant, que nous réserve 2007 dans ce climat ? Très franchement vu les efforts de Sarkozy pour récupérer les
thèses du FN, il y a fort à parier que Le Pen en profite comme en 2002, et qu’il se retrouve au second tour.
Alors que se passera-t’il si on a un second tour Sarkzoy Le Pen ?
Pas question de voter Sarkozy comme on a voté Chirac au second tour en 2002.
D’un autre côté voter Le Pen me répugne.
Mais je le dis d’emblée ça me répugne moins que voter Sarkozy : Sarkozy est pire que Le Pen car il reprend tout ses thèmes
en les légitimant, il a fait rentrer les thèses de Le Pen au centre des idées politiques, alors qu’elles avaient été confinées à
l’extrème droite jusque là. Sarkozy a fait bien plus que Le Pen pour banaliser le racisme. Sarkozy a décomplexé tous les
racistes de France. Sans compter qu’en ce qui concerne la politique étrangère, voter Sarkozy revient à voter Bush et Olmert,
et on peut être sûr que l’armée française suivra aveuglément l’armée yankee dans toutes ses aventures militaires. A la
réflexion, cela vaut aussi pour le futur candidat du PS quel qu’il soit !
Non décidemment, je crois qu’il y a de fortes chances que je m’abstienne de voter au second tour de 2007.
Quand au premier tour, j’irais peut être, à condition que quelqu’un comme Dieudo ou Bové se présente, c’est à dire quelqu’un
d’anti impérialiste, de clair sur le conflit israélo palestinien, authentiquement de gauche (c’est à dire qui défendent les
valeurs de solidarité et de partage, contre l’individualisme des bobos socialistes, ou des libéralistes de droite).
Bref, pour la coupe du monde je ne sais pas, mais pour les présidentielles, c’est pas gagné !
http://lesogres.org/article.php3?id_article=2265