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 Beyrouth brûle-t-elle ?

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mihou
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mihou


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27072006
MessageBeyrouth brûle-t-elle ?

Beyrouth brûle-t-elle ?


Uri Avnery
publié le mardi 25 juillet 2006.


A la guerre, un commandant est obligé de prendre des décisions difficiles. Il envoie des soldats se battre, sachant que

beaucoup ne reviendront pas et que d’autres seront mutilés à vie. Il endurcit son cœur. Comme l’a dit le général Amos Yaron à

ses officiers après le massacre de Sabra et Shatila : « Nos sens se sont émoussés ! ». (...) Aujourd’hui cet engourdissement se

manifeste au Liban.


“Il semble que Nasrallah ait survécu.”, ont annoncé les journaux israéliens, après que 23 tonnes de bombes ont été larguées

sur le site de Beyrouth où le leader du Hezbollah était supposé se cacher dans un bunker.

Une formulation intéressante. Quelques heures après le bombardement, Nazrallah a donné une interview à la chaîne de

télévision Aljazeera. Non seulement il avait l’air vivant, mais même confiant et posé. Il a parlé du bombardement - preuve que

l’interview avait été enregistrée le même jour.

Alors que signifie « il semble que » ? Très simple : Nasrallah fait semblant d’être vivant, mais on ne peut pas faire confiance

à un arabe. Tout le monde sait que les arabes mentent sans arrêt. C’est dans leur nature profonde, comme l’a dit une fois

Ehud Barak.

La mort de l’homme est un but national, presque le but principal de la guerre. C’est peut-être la première guerre de l’histoire

engagée par un état pour tuer une seule personne. Jusqu’à présent seule la Mafia pensait en ces termes. Même les

britanniques, pendant la deuxième guerre mondiale, ne proclamaient pas que leur but était de tuer Hitler. Au contraire, ils

voulaient le capturer vivant, pour le traduire en justice. C’est probablement ce que voulaient également les américains durant

leur guerre contre Saddam Hussein.

Mais nos ministres ont officiellement décidé que c’est le but. Rien de nouveau : les gouvernements israéliens successifs ont

adopté la même politique de tuer les leaders des groupes opposants. Notre armée a tué, entre autres, le leader du Hezbollah

Abbas Mussawi, le numéro 2 de l’OLP Abu Jihad, ainsi que Sheikh Ahmad Yassin et d’autres leaders du Hamas. Presque tous

les palestiniens, et pas seulement eux, sont convaincus que Yasser Arafat a également été assassiné.

Les résultats ? Mussawi a été remplacé par Nasrallah, qui est plus doué. A Sheikh Yassin ont succédé des leaders beaucoup

plus radicaux. Au lieu d’Arafat nous avons obtenu le Hamas.

Comme dans d’autres sujets politiques, une mentalité militaire primitive gouverne ce raisonnement.

Une personne revenant après une longue absence et regardant nos écrans de télévision pourrait avoir l’impression qu’une

junte militaire gouverne Israël, à la manière (passée) sud-américaine.

Sur toutes les chaînes, tous les matins, on peut voir un défilé de gradés en uniforme. Non seulement ils expliquent les actions

militaires du jour, mais ils commentent également les questions politiques et établissent la ligne politique et de propagande.

Pendant les heures d’antenne restantes, une douzaine d’anciens généraux répètent encore et encore le message de

l’état-major. (Certains n’ont pas l’air particulièrement intelligents - pour ne pas dire franchement stupides. Il est effrayant de

penser que ces personnes furent un jour en position de décider qui pourrait vivre et qui devrait mourir.)

C’est vrai, nous sommes une démocratie. L’armée est soumise au contrôle complet du pouvoir civil. D’après la loi, le cabinet est

le "commandant suprême" de l’armée (qui, en Israël, inclut les forces navales et aériennes). Mais en pratique, ce sont

aujourd’hui les hauts gradés qui prennent toutes les décisions militaires et politiques. Lorsque Dan Halutz dit aux ministres

que le commandement militaire a décidé telle ou telle opération, aucun ministre n’ose exprimer d’opposition. Certainement pas

les pauvres ministres du parti travailliste.

Ehud Olmert se présente lui-même comme l’héritier de Churchill ("du sang, de la sueur et des larmes"). C’est déjà assez

pathétique. Ensuite Amir Peretz gonfle la poitrine et menace dans toutes les directions, et c’est encore plus pathétique, si

c’est possible. Il fait penser à une mouche posée sur l’oreille d’un bœuf qui proclamerait "nous labourons !".

Le chef de l’état major a annoncé avec satisfaction la semaine dernière : "L’armée apprécie le soutien du gouvernement !".

C’est également une formulation intéressante. Ceci signifie que l’armée décide quoi faire, et que le gouvernement fournit un

"soutien". Et c’est effectivement ainsi que ça se passe.

Ce n’est maintenant plus un secret : cette guerre a été planifiée de longue date. Les correspondants militaires ont rapporté

fièrement cette semaine que l’armée s’exerçait pour cette guerre depuis plusieurs années. Il y a seulement un mois il y eut un

exercice militaire de grande envergure pour répéter l’entrée de forces terrestres au sud Liban - au moment où politiciens et

généraux déclaraient que "nous n’entrerions jamais plus dans le bourbier libanais. Nous n’enverrions plus jamais de forces

terrestres là-bas." Nous sommes désormais dans le bourbier, et d’importantes forces terrestres opèrent dans cette zone.

L’autre camp également se préparait à cette guerre depuis des années. Non seulement ils ont construit des caches abritant

des milliers de missiles, mais ils ont également mis en place un système élaboré de bunkers, tunnels et caves du style de ceux

du Vietnam. Nos soldats font maintenant face à ce système et payent un prix élevé. Comme toujours, notre armée a traité "les

arabes" avec dédain et sous-estimé leurs capacités militaires.

C’est un des problèmes de la mentalité militaire. Talleyrand n’avait pas tort quand il disait que "la guerre est une chose trop

sérieuse pour être confiée à des militaires." La mentalité des généraux, résultat de leur éducation et de leur profession, est

par nature orientée vers la force, simpliste, unidimensionnelle, pour ne pas dire primitive. Elle est basée sur la croyance que

tous les problèmes peuvent être résolus par la force, et dans le cas où ça ne marche pas - par plus de force.

Ce point est très bien illustré par les préparatifs et l’exécution de la guerre actuelle. Cette guerre est basée sur l’hypothèse

que si nous faisons subir de terribles souffrances à la population, elle se soulèvera et demandera le retrait du Hezbollah.

Une compréhension même minime de la psychologie collective suggèrerait l’inverse. La mort de centaines de civils libanais,

appartenant à toutes les communautés ethno religieuses, la transformation de la vie des autres en enfer, et la destruction des

infrastructures vitales de la société libanaise soulèvera une lame de fond de furie et de haine - contre Israël, et pas contre

les héros, comme ils les voient, qui sacrifient leur vie pour la défense du pays.

Le résultat sera un renforcement du Hezbollah, pas seulement aujourd’hui, mais dans les années à venir. Ce sera peut-être le

principal résultat de la guerre, plus important que toutes les victoires militaires, s’il y en a. Et pas seulement au Liban, mais à

travers le monde arabe et musulman.

Face aux horreurs montrées sur toutes les télévisions et beaucoup d’écrans d’ordinateurs, l’opinion mondiale est aussi en

train de changer. Ce qui fut considéré au début comme une réponse justifiée à la capture des deux soldats ressemble

maintenant aux agissements barbares d’une machine de guerre brutale. Un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Des milliers de mailing-lists ont fait circuler une atroce série de photos de bébés et d’enfants mutilés. A la fin il y a une

photo macabre : des enfants israéliens guillerets inscrivant « salutations » sur des obus d’artillerie prêts à être tirés. Ensuite

apparaît ce message : « Merci aux enfants d’Israël pour ce gentil cadeau. Merci au monde qui ne fait rien. Signé : les enfants

du Liban et de Palestine. »

La femme qui dirige le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme a déjà défini ces actes comme des crimes

de guerre - ce qui pourrait signifier des problèmes à venir pour les officiers de l’armée israélienne.

En général, quand des officies déterminent la politique d’une nation, cela soulève de sérieux problèmes moraux.

A la guerre, un commandant est obligé de prendre des décisions difficiles. Il envoie des soldats se battre, sachant que

beaucoup ne reviendront pas et que d’autres seront mutilés à vie. Il endurcit son cœur. Comme l’a dit le général Amos Yaron à

ses officiers après le massacre de Sabra et Shatila : « Nos sens se sont émoussés ! ».

Des années de régime d’occupation dans les territoires palestiniens ont causé un terrible endurcissement vis-à-vis des vies

humaines. Le meurtre de dix à vingt palestiniens chaque jour, y compris des femmes et des enfants, comme cela arrive en ce

moment à Gaza, n’émeut personne. Cela ne fait même pas les gros titres. Graduellement, même des expressions de routine

telles que « Nous regrettons... nous n’avions pas l’intention... l’armée la plus morale du monde... » et toutes ces autres phrases

banales ne sont plus entendues.

Aujourd’hui cet engourdissement se manifeste au Liban. Des officiers de l’aviation, calmes et confortablement installés,

s’adressent aux caméras et parlent de « lots de cibles », comme s’ils parlaient d’un problème technique, et non de la vie

d’êtres humains. Ils parlent de l’évacuation forcée de centaines de milliers de personnes comme une réussite militaire

impressionnante, et ne cachent pas leur satisfaction face à ces êtres humains dont la vie a été détruite. Le mot le plus

populaire utilisé par ces généraux est « pulvériser » - nous pulvérisons, ils sont pulvérisés, des quartiers sont pulvérisés, des

immeubles sont pulvérisés, des gens sont pulvérisés.

Même le tir de roquettes sur nos villes et villages ne justifie pas cette ignorance des considérations morales liées à la guerre.

Il y avait d’autres manières de répondre aux provocations du Hezbollah, sans transformer le Liban en champ de ruines.

L’engourdissement moral se transformera en dégâts politiques dangereux, immédiats et à long terme. Seul un imbécile ou pire

ignore les valeurs morales - elles finissent toujours par se venger.

Il est presque banal de dire qu’il est plus facile de démarrer une guerre que de la finir. On sait comment ça commence, il est

impossible de savoir comment ça finira.

Les guerres sont le règne de l’incertitude. Des choses imprévues arrivent. Même les plus grands chefs de guerre n’ont pas pu

contrôler les guerres qu’ils ont commencées. La guerre est régie par ses propres lois.

Nous avons commencé une guerre qui devait durer quelques jours. Elle s’est transformée en guerre de plusieurs semaines.

Maintenant ils parlent de mois. Notre armée a initié une action « chirurgicale » de l’aviation, ensuite elle a envoyé de petites

unités au Liban, maintenant des brigades entières se battent là-bas, et les réservistes sont rappelés en grand nombre pour

une invasion massive similaire à celle de 1982. Certains prévoient déjà que la guerre pourrait évoluer vers une confrontation

avec la Syrie.

Tout ce temps, les Etats-Unis ont utilisé toute leur puissance pour empêcher l’arrêt des hostilités. Tout indique qu’ils poussent

Israël à une guerre contre la Syrie - un pays qui possède des missiles balistiques équipés de têtes chimiques et biologiques.

Une seule chose est déjà sûre 11 jours après le début de la guerre. Rien de bon n’en sortira. Quoiqu’il arrive le Hezbollah en

sortira renforcé. Si par le passé il y eut espoir que le Liban devienne un pays normal, dans lequel le Hezbollah aurait été

privé de tout prétexte pour le maintien de sa force militaire, nous avons fourni à l’organisation une justification parfaite :

Israël détruit le Liban, seul le Hezbollah se bat pour défendre la pays.

Quant à la dissuasion : une guerre dans laquelle notre immense machine militaire ne peut venir à bout d’une organisation de

guérilla au bout de 11 jours ne restaure certainement pas sa force de dissuasion. De ce point de vue, la durée et le résultat

de cette guerre importent peu - le fait que quelques milliers de combattants ont tenu en échec l’armée israélienne pendant 11

jours et plus est déjà imprimé dans la conscience de centaines de millions d’arabes et de musulmans.

Rien de bon ne sortira de cette guerre - ni pour Israël, ni pour le Liban, ni pour la Palestine. Le « nouveau Moyen-Orient » qui

en découlera sera le pire endroit au monde où vivre.
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