Economie et pouvoir financier
L'Amazonie brûle et l'Amérique du Sud étouffe
De vastes étendues du Brésil et du Paraguay, ainsi qu'une grande partie
de la Bolivie, étouffent sous des couches épaisses de fumée tandis
qu'un feu échappant à tout contrôle fait rage dans la forêt tropicale
d'Amazonie, obligeant à l'annulation de vols. Par Daniel Howden et Jules Steven à La Paz
The Independent
article original : "South America chokes as Amazon burns
Les images des satellites ont montré, hier, d'énormes nuages de fumée
et une grande partie du bassin de l'Amazonie qui brûle, alors que des
feux, allumés à l'origine par les éleveurs pour dégager des terrains,
faisaient rage à l'intérieur même de la forêt.
De Santa Cruz, dans l'Est de la
Bolivie, où des vols sont restés cloués au sol, à la ville frontalière
brésilienne de Porto Velho, où le fleuve Madeira a été rendu
innavigable, une fumée brûlante cache le soleil et les communautés
locales ont commencé à se plaindre de troubles respiratoires.
Roberto Smeraldi, à la tête des Amis
de la Terre au Brésil, a déclaré que la situation échappait à tout
contrôle : "Nous avons une forte concentration de feux, correspondant à
10.000 départs de feu sur une vaste étendue d'environ deux millions de
km², dans le sud de l'Amazonie brésilienne et en Bolivie".
Chaque année, à la fin de la saison
sèche, en anticipation des premières pluies d'hiver, les fermiers et
les éleveurs de toute l'Amérique du Sud allument des feux pour
"renouveler" les terres à pâturage. Mais ce cycle ancestral a échappé à
tout contrôle alors que la déforestation et le changement climatique
ont créé une situation explosive. Il y a eu aussi une expansion massive
des élevages de bovins dans les zones forestières, où des feux sont
allumés pour dégager le terrain après que les tronçonneuses ont abattu
les arbres.
M. Smeraldi a été très clair sur la
responsabilité des incendies de cette année : "C'est essentiellement,
je dirais à plus de 90%, le résultat de l'expansion de l'élevage de
bovins". Les premières pluies sont arrivées mais elles sont plus
faibles que d'habitude dans la plupart des endroits et n'ont servi à
rien contre les incendies.
Ces trois dernières années, la Banque
Nationale de Développement du Brésil et la Banque Mondiale ont déversé
des fonds en Amazonie méridionale, alimentant l'expansion de
l'industrie bovine, avec de nouveaux abattoirs et quatre millions de
têtes supplémentaires de bétail arrivant exactement dans les zones qui
sont aujourd'hui en feu. Les défenseurs des ressources naturelles ont
déclaré que les gouvernements, tandis qu'ils insistent sur le fait
qu'ils font tout leur possible pour stopper la déforestation, ont mis
en place des incitations à détruire la forêt. "C'est l'argent des
contribuables qui alimente ces feux", a déclaré M. Smeraldi.
Les forêts permanentes, dont la plus
grande du monde se trouve en Amazonie, jouent un rôle vital dans la
régulation du climat mondial, absorbant à la fois les émissions nocives
et agissant comme de vastes réceptacles de CO2. Pour l'instant, ces
forêts ne sont pas inclues dans les programmes internationaux d'échange
de CO2, établis en vertu de l'accord de Kyoto - le seul effort mondial
sérieux qui a été fait pour soulever la question de la déforestation et
de l'éviter, comme moyen de limiter l'impact catastrophique du
changement climatique.
"Ces feux reflètent le côté suicidaire
de l'homme", a déclaré Hylton Murray Philipson, de l'œuvre caritative
basée à Londres, Rainforest Concern. "Tandis que les politiciens
parlent de déterminer le bon moment, la destruction se poursuivra
jusqu'à ce que nous commencions à attribuer une vraie valeur à la forêt
permanente.
"Les forces de la mondialisation
s'intensifieront avec la construction de deux routes goudronnées
reliant l'Amazonie brésilienne occidentale à la côte péruvienne sur le
Pacifique, raccourcissant radicalement la route d'exportation vers la
Chine", a déclaré M. Murray-Philipson. "Si nous ne permettons pas aux
populations locales de gagner leur vie avec la forêt permanente,
celle-ci continuera d'être transformée en prairie pour le bétail et en
cultures de soja - et nous ne pourrons nous en prendre qu'à
nous-mêmes".
Le Brésil et l'Indonésie
n'apparaissent pas sur les indices industriels conventionnels des
principaux pollueurs mondiaux, mais ces deux pays font partie des
quatre plus gros émetteurs de CO2 lorsque l'on prend en compte la
déforestation.
Traduction JFG-QuestionsCritiques
Samedi 06 Octobre 2007
Daniel Howden et Jules Steven
http://www.alterinfo.net/L-Amazonie-brule-et-l-Amerique-du-Sud-etouffe_a11948.html?TOKEN_RETURN