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La transition vers l’oligarchie : planifier la recolonisation de Cuba, par Tom Crumpacker - Dissident Voice.
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17 juillet 2006
Traduction "au sein de la torpeur médiatique de l’été" par CSP http://vdedaj.club.fr
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Mein Kampf Revisité
Dissident Voice, 10 juillet 2006.
Le Plan
La "Commission d’Assistance à une Cuba Libre" de l’administration Bush, dirigée conjointement par les secrétaires d’Etat et du Commerce, a présenté cette semaine un nouveau rapport à notre président. Il s’agit d’un plan volumineux et détaillé qui énumère les mesures que le gouvernement des Etats-Unis et d’autres "acteurs essentiels" prendront pour ramener Cuba dans le giron des colonies des Etats-Unis qui comprennent, entre autres, les Iles du Pacifique, Porto Rico, Kaboul, et la Zone Verte de Bagdad.
L’Administration a été largement critiquée pour n’avoir pas prévu un tel plan pour l’Irak. Certains affirmèrent même qu’il s’agit là de la raison principale de l’échec de l’occupation. Un des objectifs de ce plan pourrait être de couper court à de telles critiques en ce qui concerne Cuba.
Cela dit, ce plan est assez similaire à celui pour l’Irak (qui n’avait pas été rendu public). En privatisant les secteurs gérés par l’état, ce plan prétend ramener Cuba dans un monde moderne et civilisé en créant une utopie capitaliste où des entrepreneurs privés issus de la "communauté internationale" (principalement les entreprises américaines) et de la "communauté cubaine en exil" (principalement des citoyens américains), et libérés de toutes les entraves sociales, pourront mettre pleinement en oeuvre tout leur génie créative afin de sauver le peuple Cubain de la tyrannie et de la misère tout en se remplissant les poches au passage.
Les préconisations déstabilisatrices anticubaines présentés par ce plan proposent de poursuivre ou de renforcer toutes les mesures existantes, particulièrement les projets de transmissions télévisées illégales à partir d’avions US, et le refus de devises à Cuba par le renforcement du blocus, c’est-à-dire par l’imposition d’amendes aux banques cubaines qui effectueraient des transactions pour Cuba, en punissant et récompensant les gouvernements étrangers qui augmenteront ou diminueront les échanges commerciales avec Cuba, et en limitant encore plus et en punissant encore plus sévèrement les voyages à Cuba.
Et nous dépensons déjà trois fois plus pour tracer les fonds cubains que pour tracer les fonds d’Al Qaeda.
Le financement de ces nouvelles mesures sera assurée par un nouveau budget de 80 millions de dollars augmenté de 20 millions de dollars par an, sans parler de tout l’argent sale (des millions par an) actuellement dépensés via AID, NED et les soi-disant ONG en Floride ainsi que la Section des Intérêts US à la Havane.
Selon ce plan, à Cuba seront privatisés les Communications, l’Electricité, les Transports, les Mines, l’Agriculture, la Santé, et d’autres secteurs juteux. Les "acteurs essentiels" (les Etats-Unis et ses entreprises) construiront et créeront pour Cuba un tout nouveau système de distribution des eaux, d’égouts, de santé, de transport, de communication, et des logements (un foyer pour tous), un système d’aide alimentaire (une poule au pot pour chaque foyer). Le tout avec probalement la même efficacité qu’en Irak. En fait, le plan propose de faire bien plus pour Cuba que ce que nous faisons pour la Nouvelle Orléans.
Cependant, notre générosité à l’égard des Cubains est conditionnée par leur acceptation d’une nouvelle politique économique qui ressemblerait à la nôtre. Le plan ne dit pratiquement rien sur ce qui existe déjà à Cuba, et rien sur les effets du blocus et du terrorisme contre les Cubains. C’est comme si les institutions, les infrastructures et les filets de sécurité qui ont été crées ces 45 dernières années d’indépendance étaient tellement insignifiants qu’il était inutile de les mentionner.
Sans surprise, le plan est bourré du jargon habituel employé par l’Administration pour manipuler l’opinion publique, des terms comme "démocratie" (oligarchie commerciale), "liberté" (celle du renard dans le poulailler), de "dissidents" (quelques centaines de mercenaires cubains payés par les Etats-Unis). Le plan est aussi rempli de déclarations sur les changements que les cubains appellent de leurs voeux (une affirmation non étayée), mais parle peu de leur rôle éventuel dans la réalisation de ces prétendus voeux.
En réalité, les cubains sont vus comme les objets d’une transformation qui sera entreprise par d’autres. Ils sont dépeints comme des incapables, des ignorants, qui ont désespérément besoin d’éducation et de formation sur les complexités de la société consumériste moderne. Les termes sont proches, mais beaucoup plus appuyés, de cette idée française du 19eme siècle, "noblesse oblige" (en français dans le texte - ndt) ou l’idée anglaise du "fardeau de l’homme blanc." (Kipling)
Le plan prévoit la reconstruction de la nation cubaine, en repartant de zéro, pour aboutir à une néo-colonie capitaliste similaire à celles qui existent en Amérique centrale et dans les Caraïbes. En revanche, le plan est très discret sur la manière de repartir de "zéro" à partir de la situation actuelle. Le plan dit que les six premiers mois seront cruciaux. C’est à ce moment là que le Gouvernement de Transition Cubain (GTC) sera crée. Ce terme désigne à l’évidence un gouvernement marionnette comme ceux crées en Afghanistan ou en Irak. La construction de la nation sera effectuée à la demande de ces marionnettes.
Le financement sera assuré par une prêt d’ajustement structurel du FMI, d’autres prêts bancaires internationaux, d’investissements internationaux, particulièrement par la "communauté cubaine en exil", et même par l’argent des contribuables américains si nécessaire.La Constitution cubaine
Le plan se préoccupe beaucoup de la "stratégie" de succession de Fidel Castro. Cuba possède une Constitution, mais le plan ne la mentionne pas. De plus, il semblerait qu’aucun nouvelle Constitution n’ai été prévue, contrairement à l’Afghanistan ou l’Irak. Apparemment, les Constitutions ne sont plus considérées comme nécessaires. Le plan affirme que la stratégie de Castro est que son frère lui succède à la présidence, chose que les "acteurs vitaux" du plan (les Etats-Unis et ses entreprises) ne permettront pas.
La Constitution cubaine fut soumise et rédigée au niveau local et provincial au début des années 70, et fut approuvée en 1976 par 97 % du corps électoral. Après la période de la "rectification" à la fin des années 80, elle fut amendée en 1992 selon le même processus et par un vote des 2/3 de l’Assemblée Nationale. En 2002, en réponse au Projet Varela, la constitution fut reconduite par plus de 8 millions de cubains, soit 93% de la population adulte.
La Constitution établit un système électoral participatif et représentatif non partisan, qui est différent du notre, mais qui à de nombreux points de vue est plus démocratique et assure un meilleur contrôle. Au niveau local et provincial, il faut au minimum deux candidats par poste, et au niveau national il s’agit d’un système de type parlementaire où tout candidat à un des 619 sièges de l’Assemblée Nationale, pour un mandat de 5 ans, doit obtenir au moins 50% des voix pour être élu.
Dim 23 Juil - 17:57 par Tite Prout