Gras trans: les réduire de moitié d'ici 2010

3 juillet 2006 - Sans même modifier leurs habitudes alimentaires, les Canadiens pourraient diminuer de 55 % leur consommation de gras trans. Pour cela, le gouvernement devrait adopter une réglementation qui fixerait les seuils maximums de gras trans contenu dans les produits alimentaires transformés.

C'est ce qu'avance le Groupe d'étude sur les gras trans, composé de représentants du ministère de la Santé, de la Fondation des maladies du coeur et de l'industrie agroalimentaire, de même que des chercheurs et des consommateurs. Son mandat consistait à trouver des solutions pour éliminer ces gras jugés néfastes pour la santé cardiovasculaire.

Le groupe d'étude recommande d'imposer une limite de 2 % de gras trans au contenu des huiles végétales et aux margarines molles qui servent à la production d'aliments transformés, de même qu'un seuil de 5 % aux autres produits alimentaires commerciaux (pâtisseries, plats surgelés, etc.).

Chez les Canadiens, la réduction de 55 % de l'apport moyen quotidien de gras trans permettrait d'abaisser son importance à moins de 1 % de l'énergie globale, comme le recommande l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Au plan de la santé publique, ce serait une avancée importante : la littérature scientifique démontre qu'une diminution de 2 % de l'apport en gras trans réduit le risque de maladies cardiovasculaires de 5 %.

Des gras nuisibles

Les gras trans sont issus de l'hydrogénation, un procédé industriel qui modifie la configuration des molécules d'acides gras insaturés. Ils permettent entre autres de prolonger la conservation des produits. D'où leur omniprésence dans les aliments transformés.

À partir des années 1980, des études scientifiques ont mis en lumière les effets néfastes de ces gras trans sur la santé humaine. Ils font augmenter les taux sanguins de « mauvais cholestérol » (LDL) tout en abaissant les taux de « bon cholestérol » (HDL). Cela a pour effet d'augmenter le risque de souffrir de troubles cardiovasculaires. Les gras trans seraient même plus dommageables pour la santé que les graisses saturées (beurre, crème, saindoux, huile de noix de coco, huile de palme).

Depuis décembre 2005, les étiquettes des produits alimentaires vendus au pays doivent indiquer leur teneur en gras trans. L'impact de cette mesure a quand même ses limites. Le Canada demeure le pays où l'on consomme le plus de gras trans par personne au monde.

En effet, le Canadien moyen consommerait chaque jour 8,4 g de gras trans, soit l'équivalent de 10 % de son apport total en gras. Les hommes de 18 ans à 34 ans en sont de grands consommateurs, avec une moyenne de 38,9 g de gras trans par jour2!

Accueil favorable

Le ministre canadien de la Santé, Tony Clement, accueille favorablement le rapport. Il s'est dit confiant de pouvoir convaincre ses collègues de l'importance d'une telle réglementation. Rappelons que le Parti conservateur -lorsqu'il était dans l'opposition- avait voté contre la motion adoptée au parlement, en 2004, qui est à l'origine des travaux du Groupe d'étude sur les gras trans.

Tony Clement devrait faire part des orientations de son ministère à l'automne prochain. Selon le calendrier proposé par le Groupe d'étude, la réglementation entrerait en vigueur en 2008, avec une période de mise en place de deux ans.

Les pires sources de gras trans

* produits de boulangerie et de pâtisserie
* aliments frits et panés
* nouilles orientales
* poudings
* maïs soufflé au four micro-ondes
* margarines dures
* shortenings



Martin LaSalle - PasseportSanté.net



1. TRANSformer l'approvisionnement alimentaire, rapport du Groupe d'étude sur les graisses trans, Santé Canada et Fondation des maladies du coeur, 28 juin 2006. Le rapport est accessible à l'adresse suivante : www.hc-sc.gc.ca [consulté le 28 juin 2006].
2. À ce sujet, consulter l'article « Un chercheur de Santé Canada à l'avant-garde de la recherche sur les gras trans » à l'adresse www.hc-sc.gc.ca/sr-sr/activ/consprod/trans_f.html [consulté le 29 juin 2006].