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LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
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 Patrick LOZES, Président du CRAN

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mihou
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mihou


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Patrick LOZES, Président du CRAN Empty
30062006
MessagePatrick LOZES, Président du CRAN

Baobab l'arbre à palabre (Toubab du 30 juin 2006)
Patrick LOZES, Président du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) et de CapDiv
« C'est bien de lutter contre le racisme mais la lutte contre les discriminations est plus concrète. Comment se fait-il qu'un diplômé Bac+5 n'arrive pas à entrer dans le monde de l'entreprise ? »
Toubab : Monsieur Lozès, existe-t-il une communauté noire ?
Patrick Lozès : Je dirais plutôt qu’il existe des populations noires. Pour pouvoir parler de communauté, il faudrait que ce groupe agisse par rapport à des normes, à des construits, et qu’il réagisse en bloc. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Les noirs sont aujourd’hui un groupe extraordinairement divers. Il peut y avoir une communauté et dans ce cas là, c’est une communauté d’intérêts. Il y a plusieurs manières d’être noir : la manière fine et la manière épaisse. La manière fine serait qu’être noir reviendrait à considérer une expérience commune de la discrimination. Alors que pour la manière épaisse, être noir signifierait qu’il existe des cultures et des histoires communes. La définition du CRAN se résume par la maxime de Sartre : « est noir, celui que les autres considèrent noir ».

T : La création du CRAN répond-elle à la nécessité de fédérer autour d’une structure communautaire les populations noires ?
PL : Le CRAN est sur un credo de justice, de solidarité et de valorisation. Nous voulons : lutter contre les discriminations raciales et promouvoir les cultures afro-antillaises.
Les discriminations raciales sont aujourd’hui niées alors qu’elles existent. A qui fera-t-on croire que la couleur de peau n’a pas d’importance quand on va chercher un emploi ou un logement ? Il faut montrer ces discriminations qui, elles, ne sont pas de même ordre que les discriminations sociales ou territoriales (elles aussi doivent être combattues bien sûr).
Il doit avoir une solidarité entre les populations noires, qu’elles viennent d’Afrique ou d’Outre-Mer, parce que justement il y a, en première approximation, cette discrimination liée à la couleur de peau. Si on ne vous laisse pas entrer en boite de nuit, c’est avant tout à cause de votre couleur de peau. Il faut également une solidarité entre les noirs et les métis, tant il est vrai que tous les stéréotypes du noir retombent sur le métis. Enfin, il doit y avoir naturellement une solidarité entre les noirs, les métis et les blancs parce que beaucoup de blancs ne serait ce que parce qu’ils ont des noirs dans leur famille ou qu’ils ont une notion élevée des droits de l’homme.
Juste pour terminer sur cette question, il faut que les populations noires quittent le statut de malheureux. On ne peut pas continuer à ne voir les noirs que du côté des victimes. Il faut que les populations noires montrent ce qu’elles ont apporté au monde en matière de langue, de culture ou de connaissances. Il faut que les populations noires soient fières de leur histoire et ne soient pas uniquement des malheureux en train de tendre la main. On peut être extraordinairement heureux et fier d’être noir.

T : Pensez-vous qu’aujourd’hui les populations noires s’inscrivent encore dans le cadre de la victimisation ?
PL : Non ! Bien au contraire. Il vous suffit de voir ce que fait le CRAN. Aujourd’hui, les noirs prennent leur destin en main et nous n’attendons plus qu’on nous dise ce que avons à faire. Le CRAN ne doit rien à personne et justement elle est une organisation extraordinairement positive. Jusqu’à présent, les populations noires ont été silencieuses à propos des discriminations dont elles étaient victimes, peut- être parce qu’elles ne sentaient pas légitimes dans ce pays. Aujourd’hui les noirs sont résidents ou citoyens, il y a une légitimité. Et c’est justement ce qui fait que les populations noires interrogent la société dans laquelle elles vivent et les discriminations dont elles sont victimes. Ceci est extraordinairement positif.

T : Avoir créé une fédération d’associations basée sur la couleur de peau explique-t-il un échec de la République sur l’intégration des populations noires ?
PL : Je ne crois pas que cela puisse être perçu comme cela. D’abord, je préfère parler d’ « acceptation » que d’ « intégration ». Le terme d’ « intégration » met une distance entre certains qui seraient plus légitimes que d’autres alors que le code de la nationalité ne reconnaît que deux types de statuts : les citoyens et les résidents. Nous, nous parlons plus d’ « acceptation ». Il faut quitter le registre de l’intégration ou de l’immigration.

T : Revenons sur le fond de la question. Le fait de mettre en place une structure qui a pour objectif de valoriser et d’accompagner l’« acceptation» des populations noires ne traduit-il pas un échec de la République qui doit traiter équitablement ces citoyens ?
PL : Non. Ceci traduit plutôt une évolution. Le CRAN veut la justice et l’égalité. L’égalité demeure une idéal et ce sont les luttes sociales qui font que le différentiel entre l’idéal d’égalité et la réalité se réduise. Ce n’est pas un échec de la République mais un échec de ceux que j’appelle les « intégristes » de la République. Le message de la République est un message fort, ce qui va à l’encontre de ceux qui pensent qu’on ne doit pas parler de la couleur de peau. La République n’a pas dit cela. Elle dit plutôt : « Liberté - Egalité – Fraternité ». La République dit qu’il faut plutôt interpréter ce triptyque là. Ce n’est pas un triptyque qui doit nous empêcher d’agir. Bien au contraire. Quand on regarde le message des républicains « Liberté - Egalité – Fraternité », ce sont quand même des mots extraordinairement forts. Maintenant, c’est à nous, de nous poser la question : « avons-nous l’égalité ? Avons-nous la justice aujourd’hui ? » si non, il nous appartient de tout faire pour avoir l’égalité et la fraternité. C’est ça le message des républicains, mais ce message est perverti justement par ceux qui disent que quand dans la piscine républicaine il y en a qui se noient on ne peut que régler la température de l’eau. Ce n’est pas la république qui est cause mais les « républicains intégristes », ceux qui se croient responsables de cette République. Ce sont eux qui on dit jusqu’ici que la couleur de peau ne comptait pas alors que tout le monde voit que la couleur de peau compte.

T : Vous insurgez-vous donc contre les rapports Fauroux et Bébéar qui eux ont mis en lumière l’échec de la République dans sa politique d’intégration ?
PL : Certainement pas. Le CRAN n’est pas là pour distribuer de bons ou de mauvais points à celui-ci ou celui-là. Le message du CRAN c’est de dire qu’il faut passer aujourd’hui de la lutte contre le racisme à la lutte contre les discriminations. C’est bien de lutter contre le racisme mais la lutte contre les discriminations est plus concrète. Comment se fait-il qu’un diplômé BAC+5 n’arrive pas à entrer dans le monde de l’entreprise ? Comment se fait-il qu’à cause de la couleur de peau des jeunes sont exclus de stage ? ça c’est du concret. Il faut aujourd’hui arriver au concret et faire en sorte que la situation change pour les gens. Cela fait 20 ans plan pour plan qu’on nous parle d’immigration ou d’intégration. Nous, nous voulons que les choses changent réellement pour les citoyens noirs de ce pays et que l’on ne s’enferme plus dans des mots ou dans des principes. Il faut que réellement les personnes qui sont dans la rue et qui souffrent aujourd’hui voient que leur situation s’améliore.

T : M. Lozès, Dieudonné a été encore tout récemment diabolisé. La Tribu Ka, elle, est traitée de groupuscule extrémiste et raciste. Comment expliquez-vous l’existence de ce type de mouvement et qu’est-ce qui explique leur émergence dans la République d’aujourd’hui ?
PL : Je crois très clairement que quand on n’écoute pas les modérés et que l’on continue à affirmer que la couleur de peau ne compte pas, on laisse la voie libre aux extrémistes et aux démagogues. Et c’est ce qui est en train de se passer aujourd’hui. Moi je mets clairement en cause les intégristes de la République qui ne veulent pas reconnaître qu’il y a une difficulté, une souffrance des populations noires aujourd’hui. Quand on nie la souffrance de ces populations, elles finissent par regarder vers les extrêmes. C’est ça qui fait que certains se sentent autorisés aujourd’hui à franchir les lignes jaunes. Je pense qu’il faut être extrêmement ferme. Autant la souffrance des populations noires est compréhensible, autant il n’est pas souhaitable, toutefois, que pour défendre les populations noires il faille taper sur qui que ce soit. Moi je ne veux pas, je ne souhaite pas qu’on s’en prenne aux populations noires, alors pour ça, il faut respecter les autres. Si on veut que les autres vous respectent, alors il faut respecter les autres. Pour défendre la cause noire, il n’est pas besoin de taper ou d’insulter qui que ce soit. Le travail est déjà extraordinairement difficile qu’il n’est pas besoin que l’on franchisse la ligne jaune. Vous savez, la vie en commun, la vie en République a des règles extrêmement précises, notamment la prohibition de la violence, le fait de ne pas se faire justice soi-même, ce sont ces bases là qu’il faut respecter. Et quand certains disent que la souffrance des populations noires est unique nous sommes tout à fait d’accord. Dieudonné le dit, je suis tout à fait d’accord. Mais quand on s’en prend à un groupe alors là c’est inacceptable parce qu’aujourd’hui ce sont les juifs, demain ça va être les femmes et après demain les métis, et ainsi de suite. Si on rentre dans cette engrenage on ne s’en sortira pas. On a besoin de défendre les populations noires mais pour cela il n’est pas besoin de taper sur qui que ce soit.

T : On reproche parfois au CRAN de s’enfermer sur une sphère intellectuelle et de ne pas suffisamment prendre en compte des problèmes concrets des populations noires. Comprenez-vous pourquoi ce procès qui vous est fait ?
PL : Je viens de vous dire que nous, ce qui nous intéresse c’est la lutte contre les discriminations, ce qui n’a pas été fait jusqu’à ce jour. Quand vous vous questionnez si la situation des populations noires est bonne… Evidemment que non. Quant vous regardez dans la rue, il y a des millions de noirs, mais ils sont concentrés dans les métiers les plus ingrats. Je vous parle du terrain. Moi je veux que les choses changent pour les plus humbles, ça ce n’est pas du discours. Ça fait 20 ans que beaucoup sont sur ce terrain là mais les choses ne changent pas réellement. Je crois que c’est un procès un peu injuste.

T : Etes-vous pour la régularisation de tous les « sans-papiers » ?
PL : Je ne peux pas dire que je suis pour la régularisation de tous les « sans-papiers ». Je suis pour la régularisation des « sans-papiers » au cas par cas. Ce serait complètement démagogique d’affirmer le contraire. Il faut être extrêmement sérieux sur ce débat là, si on veut que les gens nous respectent. Il ne faut pas être dans les mots lancés comme ça. Non, on peut pas dire qu’il faut régulariser tous les « sans-papiers ». Il y a des situations qui sont extrêmement difficiles et il faut arriver à comprendre comment est-ce que les gens arrivent à être « sans-papiers ». Il y a tellement une diversité justement dans les « sans-papiers » qu’il serait irresponsable de dire qu’il faut régulariser tous les « sans papiers ».

T : La France a-t-elle le droit de choisir souverainement son immigration ou les personnes qui entrent sur son territoire sur les critères qui les siens ?
PL : Je crois qu’il faut être très clair sur cette question. Tous les pays ont le droit de choisir leur immigration. Mais seulement le débat tel qu’il est présenté aujourd’hui, personne n’est dupe des manœuvres de ce gouvernement. A qui fera-t-on croire qu’à un an des élections présidentielles parler encore de l’immigration ce n’est pas l’instrumentaliser ? Evidemment qu’il y a eu une instrumentalisation. Et c’est ça qu’il faut dénoncer. On nous parle aujourd’hui d’ « immigration choisie » « immigration subie ». Franchement, moi quand on parle d’ « immigration choisie », je sais très bien qu’on est en train de désigner les populations noires. Quant on parle d’« immigration choisie » et d’« immigration subie » il faut regarder les choses telles qu’elles sont. Aujourd’hui, la France n’est plus un pays attractif. Il vaut mieux la rendre attractive. Ceux qui doivent choisir un pays ne choisissent pas la France. Ils vont vers les Etats-Unis et le Canada. Entre 79 et aujourd’hui, l’attractivité de la France a complètement baissé. La France par cette expression d’« immigration choisie » et d’« immigration subie » ne pourra plus choisir, qu’elle le veuille ou non, elle subira. Ce qu’il faut maintenant c’est aller à la source et faire un travail avec les pays d’où sont originaires les immigrés. Cela ne peut être autrement. La France fait partie aujourd’hui de l’Europe. A qui veut-on faire croire que la France va régler ce problème d’immigration toute seule ? Ce ne sont que des mots et il ne faut pas se laisser avoir. Tout est instrumentalisation sur cette question.
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Patrick LOZES, Président du CRAN :: Commentaires

mihou
Re: Patrick LOZES, Président du CRAN
Message Ven 30 Juin - 1:42 par mihou
T : Comment expliquez-vous toute la polémique qui a émergé suite à votre projet de commémorer la journée du 10 mai sur l’hexagone ?
PL : Ce que nous voulions faire, c’était faire en sorte que cette histoire qui n’est pas connue puisse l’être. C’est ça qui est important. Nous voulions réellement faire en sorte qu’il y ait des prises de parole de la population. Deux types de manifestation étaient prévues : Premièrement des manifestations officielles. Mais nous pensons que s’il n’y avait que ce type de manifestation cela ne suffirait pas. Il fallait également des manifestations populaires. Ce que nous voulions réellement faire était que le 11 mai les gens aient l’impression que les choses ont réellement changé. Mettre des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour que ceux qui ne connaissent pas cette histoire la connaissent. Ce ne sont pas les populations noires qui ne connaissent pas cette histoire, eux la connaissent très bien. C’est la grande majorité qui ne la connaît pas, ce sont les 62,9 millions de Français. C’est à ceux-là qu’il faut s’adresser; ceux qui ne connaissent ni Delgrès ou ni Toussaint Louverture. Que cette histoire abominable d’Esclavage soit connue. On oublie de dire que les premiers antiesclavagistes sont les esclaves eux-mêmes qui se sont soulevés. C’est ce que nous voulions faire avec le CPME, avec Christiane Taubira. Dans ce débat là, le Gouvernement s’est joué de tout le monde. C’est le même Gouvernement qui approche la loi du 23 février 2005 et qui en même temps laisse cette loi en train d’être mise en place dans les manuels scolaires. Je me demande bien où est ce le décret d’application de cette abrogation de cette loi là. C’est le même Gouvernement qui confie une mission à Edouard Glissant et qui laisse construire à Marseille un musée dont on sait très bien qu’il va faire l’apologie de la présence française Outre-Mer. C’est le même Gouvernement qui dit qu’il faut commémorer l’abolition de l’Esclavage et qui laisse 40 députés aller à l’assaut de la loi Taubira. Ce Gouvernement est duplice et a utilisé ceux qui se sont levés pour parler, pour enlever la subvention. Le CRAN avec d’autres, nous avons fait pression sur Matignon pour que cette première commémoration soit digne et qu’il n’y ait pas que des commémorations officielles. Mais également des commémorations populaires. Le Gouvernement s’est servi du prétexte de ceux qui se sont levés pour s’exprimer pour enlever la subvention qu’il avait précédemment accordée. Au final, le Gouvernement s’est joué de tout le monde. C’est lui qui est en cause et les grands perdants sont les populations noires.

T : Aujourd’hui, avec un peu de recul, comprenez-vous tout de même que des personnes aient été irritées qu’en guise de commémoration ce soit un concert qui soit le moment fort ?
PL : Je viens de vous dire que le Gouvernement s’est joué de ceux qui se sont levés. Personne ne sait ce qui devait être fait. Plusieurs moments étaient prévus : une marche symbolique, un écran qui devait diffuser des chiffres, des dates 1794, 1802,… Vous imaginez-vous que des gens du CPME ou Christiane Taubira qui étaient partie prenante de ce concert auraient fait autre chose que quelque chose de digne ? Je dis que ceux qui se sont élevés l’ont fait sans connaître le fond du projet. Tout ça est indigne. Je n’ai pas l’impression qu’au lendemain du 10 mai le pays se soit saisi de cette question là. Moi je ne suis pas un homme de polémique, moi je ne m’attarde pas sur les hommes mais sur les idées. Il faut faire en sorte que cette histoire soit connue.
T : Vos détracteurs en veulent t-ils à Patrick Lozès, au CRAN, à la communauté noire ?
PL : Je ne sais pas qui vous appelez détracteurs. Moi j’avance. Ce qui m’intéresse ce sont des débats d’idées et non des combats de personnes. Aujourd’hui, il y a des gens qui souffrent de discrimination à chaque minute. C’est ça qui est important ; tout autre chose, je le balaie d’un revers de la main et j’avance avec tous ceux qui veulent avancer pour que réellement la souffrance des populations noires de ce pays soit prise en compte et que soient baissés les niveaux extraordinairement élevés des discriminations. Le combat d’idées, le combat d’idées, rien que ça. Le combat des hommes ne m’intéresse pas du tout.

T : Apparemment vous n’avez pas de détracteurs. Maintenant nous allons nous amuser à un jeu. Je vous donnerais des noms, à vous de me dire ce que ces personnes évoquent pour vous en un, deux voire trois mots.
T : Christiane Taubira
PL : C’est une personnalité extrêmement courageuse qui s’est beaucoup battue et a fait en sorte qu’aujourd’hui l’Esclavage, l’une des plus grande tragédies, par son ampleur et sa durée, soit déclaré crime contre l’Humanité.

T : Patrick Karam
PL : ça ne m’inspire rien

T : Serge Bilé
PL : Serge est une personne queje connais et que j’apprécie. J’ai eu l’occasion de discuter plus d’une fois avec lui.

T : Dieudonné
PL : Dieudonné dit que la souffrance des noirs est tue et compte pour quantité négligeable. Nous sommes très nombreux à être d’accord avec lui mais Dieudonné ne s’arrête pas là. Il s’en prend à d’autres populations et ça je dis que c’est scandaleux.

T : Claude Ribbe
PL : ça ne m’inspire rien

T : Nicolas Sarkozy
PL : Je trouve que le combat de Nicolas Sarkozy est un peu curieux. Je vois bien sa manière de faire vivre les parties constitutives de la France. Il s’adresse à chacune de ces composantes et le fait très très bien. Mon interrogation c’est comment arrivera-t-il à faire vivre ensemble toutes ces parties constitutives de la France. Je n’ai pas de réponse à cette question. C’est ce que ce, très modestement, le CRAN essaye de faire : c’est de faire baisser le niveau de discrimination des populations noires.
mihou
Re: Patrick LOZES, Président du CRAN
Message Ven 30 Juin - 1:43 par mihou
T : Le lancement du CRAN à l’Assemblée nationale, le samedi 26 novembre, a été suivi par un regain d’intérêt de la presse nationale sur les populations noires. Comment expliquez-vous que le CRAN ait pu susciter cet intérêt ?
PL : D’abord, il y a eu un travail colossal qui a été fait du 19 février au 26 novembre 2005. Nous avons organisé un colloque et des groupes de travail ont été mis en place. Travail qui a porté des fruits avec une forte médiatisation. La posture du CRAN est quand même originale. C’est la première fois dans ce pays depuis les années 20 qu’un groupe se lève en disant qu’on ne se laissera plus faire. Cette originalité là a intéressé. Ce qui est important ce n’est pas tant la médiatisation du CRAN. Aujourd’hui quand vous demandez aux gens s’il y a une organisation qui représente les noirs tout le monde vous diront : le CRAN. Il faut utiliser cette formidable occasion pour travailler réellement à ce que la situation des populations noires des plus humbles, ceux qui sont discriminés, change. Cette médiatisation bien sûr il faut l’utiliser. Nous sommes arrivés au bon moment sur un créneau qui n’était pas utilisé, avec une originalité. Et c’est cette postule originale qui fait que les médias se sont intéressés à nous.
T : Le CRAN sonne un peu comme le CRIJF avez-vous été inspiré par les Conseil Représentatif des Institutions Juives de France ?
PL : Je vais vous faire une confidence. Jusqu’à la veille de l’assemblée générale qui a eu lieu le 26 novembre 2005, nous voulons nous appeler le FRAN (Fédération Représentative des Associations Noires). Et nous nous sommes dit, pour un pays qui venait de passer à l’euro c’était un petit peu dépassé. Voilà pourquoi nous avons pris le CRAN, parce qu’il en faut du cran pour parler de couleur de peau dans ce pays ! Vous parlez de médias qui s’intéressent à nous. C’est cette originalité là qui les interpelle. L’existence d’une structure qui puisse enfin représenter les noirs de France. Le CRAN n’a copié personne. Le CRAN est assez original. Il se suffit à lui-même. Il y a quelque chose d’assez curieux, on arrive même à penser que les noirs ne peuvent rien faire tout seuls. E donc quand quelque chose marche pour les noirs, il y a forcément quelqu’un qui les a aidés. J’ai une confidence à vous faire : les noirs sont capables de créer des entreprises. Le CRAN est parti à la base d’une poignée d’hommes. Et ne pensez pas qu’une moitié d’hommes et de femmes ne puisse pas changer le monde ou un pays. Il n’y a que la mobilisation qui fait avancer une cause. Personne ne peut faire avancer les populations noires que elles-mêmes. Il ne faut pas avoir peur de se mobiliser et cesser de penser que la lumière viendra des autres. Ce que nous avons fait jusqu’ici nous l’avons fait tout seuls, toutefois nous ne continuerons pas à le faire tout seuls et avons besoin d’une mobilisation de tous pour faire changer les choses.

T : Aujourd’hui on assiste par-ci par-là à une sorte de polémique entre les intellectuels noirs et juifs. Pensez-vous que nous assistions à une concurrence mémorielle qui ne dit pas son nom ?
PL : On a vu des extrémistes et des démagogues dans les deux camps. Quand on condamne dans un camp, il faut condamner dans l’autre. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Ce qui est dit par une partie des populations noires est qu’on entend beaucoup parler de la « Shoah ». Moi je dis qu’effectivement on entend beaucoup parler mais est-ce qu’on entend trop parler je dis non. Simplement l’Esclavage on n’en entend pas parler et ce n’est pas très bien. Il ne s’agit pas d’en prendre d’un côté pour donner de l’autre. Ce ne sont pas des vases communicants. La « Shoah » et l’ « Esclavage » sont deux crimes monstrueux, ce n’est pas valoriser l’un que de chercher de dévaloriser l’autre. Il faut faire en sorte que le travail sur l’ « Esclavage » monte et qu’on parle autant de l’ « Esclavage » que de la « Shoah ». Il ne faut pas blesser les gens dans leur mémoire. Et si l’on va dans ce sens là alors il ne faut pas s’étonner que d’autres s’en prennent à votre mémoire. Les morts doivent être respectés d’où qu’ils viennent. C’est ce que beaucoup n’ont pas compris. Voilà le fond du débat. Il n’y a pas que ça. Il y a plusieurs choses qui sont dans ce débat que l’on voit émerger. Il y a aussi le fait que la communauté juive ayant également souffert, elle a le devoir d’aider. Moi je ne suis pas du tout dans ce débat. Je parle de la communauté française dans son ensemble.

T : Il arrive qu’en croisant les infos, on s’aperçoive que ce sont certains intellectuels juifs français qui défendent la « Shoah » et ne veulent tout simplement ne pas faire un peu de place à d’autres mémoires. La volonté de certains d’entre eux de revenir sur la loi Taubira en est d’ailleurs une illustration.
PL : Je ne suis pas sûr qu’il existe un lien direct entre les intellectuels juifs et ceux qui ne veulent pas que l’on parle pas de l’ « Esclavage ». Si vous regardez ceux qui ont fait la loi du 23 février 2005, je ne sais pas qui ils sont. Moi je ne vais pas forcément fouiller dans l’arbre généalogique. Autant, en parallèle de Dieudonné, je trouve complètement abjectes les thèses de Finkelkraut. Tout ce qu’il dit ou essaye de faire passer dans la société française. Toutefois, je ne crois pas que ce sont forcément les juifs qui veulent qu’on ne parle pas d’ « Esclavage ». Par contre ce que je sais, c’est que dans la société française, il y a des gens qui veulent d’une manière ou d’une autre essayer de nous faire rejouer la hiérarchie des races. Je crois qu’il faut que ce pays sache que c’est pour justifier les horreurs l’ « Esclavage » et de la Colonisation (pour moi l’« Esclavage » ce n’est qu’une forme de la Colonisation) qu’on a mis en place cette abjecte hiérarchie des races encore très opérante aujourd’hui. Il faut donc dire aux gens ce qui s’est passé. Comment se fait-il que cette histoire soit totalement inexistante dans ce pays qui a fait l’ « Esclavage » durant près de trois siècles ? C’est ça qu’il faut faire émerger. Dès les années 50, Aimé Césaire parlait déjà de ce type de débat. Ce n’est pas nouveau. Il y a certainement des intellectuels juifs là dedans mais je ne suis pas sûr que il n’y a que des juifs qui soient en train de dire qu’il ne faut pas parler d’ « Esclavage ». Et si c’était le cas, alors il faudrait le condamner.

T : Les « Traites négrières » d’Olivier Pétré-Grenouilleau est-il pour vous un ouvrage négationniste ?
PL : Beaucoup de bruits a été fait sur cet ouvrage. Il a de mon point de vue une mauvaise chose, il s’est appelé : “Les traites négrières : Essai d’histoire globale”. Moi j’ai lu cet ouvrage. On peut ou ne pas être d’accord avec ce qui est dit. Moi je ne suis pas d’accord avec ses thèses. Tout simplement, il faut s’opposer à cet ouvrage dans les mêmes termes. Quand un historien écrit un ouvrage, il faut lui répondre sur le terrain historique. Mais faire autre chose que lui répondre sur le même terrain, ça donne des arguments à ceux qui disent que la défense que font les populations noires n’est que instinctive ou de réflexe. Il faut que les intellectuels qui sont capables de lui répondre puissent le faire. Ce que j’ai compris de cet ouvrage, c’est qu’il ne relativisait pas mais qu’il mettait sur le même plan toutes les traites négrières alors qu’elles ne le sont pas. Je crois qu’il faut justement faire entendre une autre voix. Expliquez que l’esclavage s’est passé dans toutes les sociétés et toutes les nations mais la chosification de la Traite négrière est unique. On ne peut mettre sur le même pied d’égalité la Traite négrière que les autres formes d’esclavage, bien que tous soient condamnables évidemment. Lui dans son ouvrage semble « faire le lit à d’autres idées » c’est qui est gênant. On peut ne pas être d’accord mais encore faut le combattre sur le terrain historique.

T : Je présume qu’à vous tout seul vous ne représenter pas le CRAN. Et Pap N’diaye, l’un des membres influents du CRAN, fréquente assez souvent et participe aux conférences de M. Pétré Grenouilleau. N’auriez-vous pas une conception commune de cette mémoire là avec M. Pap N’diaye ?
PL : Pap N’diaye est mon ami et je revendique son amitié. Je ne suis pas au courant de tout ce qu’il dit. Je suis d’accord avec ses positions au CRAN mais je ne suis pas son interprète. Si vous avez des choses à lui dire, allez lui poser la question. Je ne sais pas ce dont vous me parlez. Au CRAN il y a une diversité de personnes et nous ne nous déterminons pas par rapport à X ou Y. Je ne vois pas ce que vous attendez de moi. Je suis président du CRAN et je ne vais pas être derrière tout le monde.

T : M. Stéphane Pocrain, ancien porte-parole des Verts et proche du CRAN vient de présenter sa candidature pour les présidentielles. Est-ce une candidature du CRAN, de la communauté noire ?
PL : Stéphane Pocrain ne présente pas sa candidature comme cela. En tout cas ce n’est pas une candidature du CRAN. Nous allons l’interroger comme nous comptons le faire pour tous les candidats. Leur demander ce qu’ils comptent faire pour que la situation des populations noires change. C’est ça qui est important. Nous nous positionnerons par rapport à ça. Le débat présidentiel est un débat dans lequel nous parlerons d’un projet de société. Et la place des populations noires dans ce débat là est une place relativement importante. Stéphane Pocrain n’est pas le candidat du CRAN. Savez-vous qu’au CRAN il y a une diversité formidable ? Il y a des UDF, UMP, PS, Verts, PC,… Des juifs, des musulmans, des chrétiens,.. des blancs, des noirs, des métis… C’est cette diversité qui est la meilleure des carapaces contre toutes les instrumentalisations.

T : Peut-on dire aujourd’hui qu’il n’est pas gagné pour les candidats noirs (nous pensons à Stéphane Pocrain, Dieudonné et peut-être Christiane Taubira), que le Conseil représentatif des Associations Noires puisse soutenir un candidat noir ?
PL : C’est le combat des idées qui compte. Nous ce que nous souhaitons que la situation des populations noires change réellement et pour cela, nous interrogerons tous les candidats. C’est ça qui nous intéresse. Donc avis aux candidats, rien n’est acquis d’avance et nous n’excluons rien.

T : Vous êtes conseiller national UDF. Est-ce un tabou aujourd’hui d’être Noir et de Droite ?
PL : Si vous m’interrogez sur l’aspect politique de ma vie, il faudrait faire en sorte que cette question ne vienne pas parasiter ce qui a été dit précédemment. Je vous rappelle qu’au CRAN il y a une très forte diversité de personnes et d’opinions. Les sensibilités UDF, UMP, PS, Verts, PC,.. sont bien présentes et cela n’a rien à avoir avec le CRAN. Les deux choses ne sont pas à mettre sur le même plan. Je vous parle du CRAN et vous me parlez de ma personne, je n’ai tout simplement pas envie de vous répondre sur cette question.

T : La question n’était pourtant pas personnelle, je tenais juste à savoir si en France il y a avait une sorte d’omerta sur le fait d’être Noir et de Droite…
PL : Non ! Ce n’est pas plus un tabou d’être Noir et de Droite, qu’être Noir et de Gauche. Il se trouve qu’historiquement on a pensé que naturellement les populations noires étaient plus de Gauche que de Droite. Je crois que là aussi c’est une hérésie. Les gens ne sont pas plus programmés pour être de Gauche ou de Droite.

T : Puisque cela n’est pas un tabou, quelles sont les valeurs de Droite que vous notamment vous retenez ?
PL : Je rappelle que mon appartenance politique n’a rien avoir avec mon engagement au CRAN. Par contre sur les questions liées à la discrimination ou à la place des noirs dans la société française, tous les partis politiques sont à mettre sur un même plan. Ils ont aussi nuls les uns que les autres y compris l’UDF.

T : Quelle est l’actualité du CRAN dans les semaines voire les mois à venir ?
PL : L’actualité du CRAN va être riche. Nous allons nous déplacer dans les banlieues, à la rencontre des gens et des associations. Le CRAN va essayer d’être l’intermédiaire entre ces populations ou ces associations et les autorités de ce pays. Des manifestations sont prévues notamment à l’orée du 14 juillet. D’autres manifestations populaires sont prévues pour la rentrée. Nous avons un projet d’université de la rentrée, d’aller dans les grandes villes françaises,… Nous travaillons actuellement sur le projet de délocalisation du CRAN et de son implantation dans les grandes villes françaises. Nous avons choisi de subdiviser la France en 6 grandes régions : le Nord-Est, le Nord-Ouest, l’île de France, le Sud-Est, le Sud-ouest et les Antilles Guyane Pacifique Océan indien. L’idée est de faire en sorte que les populations noires où qu’elles se trouvent soient prises en compte.

T : Lancez-vous un appel à la population lilloise pour qu’il puisse y avoir une représentation du CRAN dans le Nord ?
PL : Je lance un appel à la mobilisation dans la région lilloise. Nous avons besoin que les associations s’organisent pour que ce qui se passe dans la région puisse être connu. Nous allons avoir une structure régionale dans la métropole. Et donc je lance un appel à toutes les bonnes volontés, qu’elles s’adressent à nous via le site Internet ou en nous écrivant par courrier pour que nous nous organisions et ayons une bonne représentation dans cette région. Appel à la mobilisation pour qu’il puisse y avoir une structure forte.

T : M. Lozès pour terminer pouvez-vous me citer une association noire du Nord Pas-de-Calais que vous connaissez ?
PL : Je connais le Collectif que dirige « mon ami » Roland Diagne. Je vais peut-être vous surprendre. J’ai été à Lille il y a 2 mois, où j’ai justement rencontré quelques associations. Je trouve que c’est une région dans laquelle il y a des difficultés de la population noire et que cette région peut être très emblématique et phare. Mon déplacement n’a pas été très médiatisé mais j’ai pu rencontrer des personnalités qui pourraient être des têtes de pont.

www.lecran.org

http://www.toubab.fr/interviews/2006/30-06_lozes.php
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Patrick LOZES, Président du CRAN

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