COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (n°556)
Mercredi 28/06/06
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1.- L’OPPOSITION PREPARE L’OFFENSIVE A MESURE QUE
LA CRISE DU FMI ET DE
LA BANQUE MONDIALE S’AGGRAVE
WASHINGTON, le 24 avril: Les réunions de
printemps de la Banque mondiale
et du Fonds Monétaire International se sont
déroulées ce week-end avec
des cordons de policiers entourant les deux
institutions au cœur de la
ville de Washington. Presqu’aucun manifestant
n’était en vue.
Par Walden Bello, Professeur de Sociologie à
l’Université des Philippines
et Directeur de l’organisme “Focus on the Global
South” basé à Bangkok.
Traduction : Alexandre Papadopoulos et Anne De
Moerlooze, Coorditrad
2.- LES CHEMINS DE DECOUVERTE
Attac prend la clé des champs et ouvre grandes
les portes des Chemins de
découverte pour accueillir tous ceux qui veulent
s'embarquer dans son
édition 2006. La seconde édition des Chemins de
découverte se tiendra du
1er au 3
juillet à Saverdun (Ariège).
Les inscriptions pour participer aux Chemins de
découverte 2006 sont
ouvertes. Vous pouvez dès à présent retirer un
bulletin d'inscription
depuis le site Internet d'Attac
(http://www.france.attac.org/r683) ou en
téléphonant au siège d'Attac (01 41 58 17 40).
Sont également à votre disposition les éléments
du programme et des
informations pratiques (hébergement, transport,
etc.).
http://www.france.attac.org/a6266
Les activités culturelles seront au cœur des
Chemins de découverte :
écriture, conteurs, danse, théâtre, art
plastique, musique et soirées
festives pour clore nos journées.
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1.- L’OPPOSITION PREPARE L’OFFENSIVE A MESURE QUE
LA CRISE DU FMI ET DE
LA BANQUE MONDIALE S’AGGRAVE
WASHINGTON, le 24 avril: Les réunions de
printemps de la Banque mondiale
et du Fonds Monétaire International se sont
déroulées ce week-end avec
des cordons de policiers entourant les deux
institutions au cœur de la
ville de Washington. Presqu’aucun manifestant
n’était en vue.
Les choses se sont passées à l’intérieur,
quelques pâtés de maisons plus
loin, à l’institut d’Etudes Politiques.
L’opposition a mis la touche
finale à une campagne pour “destituer” les deux
institutions. Pour les
70 militants venus de différentes parties du
monde, présents lors de
cette rencontre de deux jours de préparation
stratégique, l’absence
relative de manifestants dans la rue a été une
déception. En fait, ils
savaient que les deux institutions traversaient
la crise la plus
sérieuse depuis des années, une de celles qui
constituaient une occasion
pour affaiblir leur emprise sur la direction de
l’économie mondiale.
Une crise de légitimité au sein du FMI
La crise est encore plus aiguë au sein du Fonds
Monétaire International.
D’après l’ancien cadre du FMI et de la Banque
Mondiale, Dennis de Tray,
vice-président de l’Institut de Développement
Mondial, le FMI ne s’est
jamais remis de la crise financière asiatique de
1997. “Il a dès lors
perdu sa légitimité” a-t-il déclaré lors d’un
déjeuner-forum sponsorisé
par la Fondation Carnegie pour la Paix
Internationale. Depuis cette
crise, des pays phares de l’Asie comme la
Thaïlande, les Philippines, la
Chine et l’Inde ont restreint leurs nouveaux
emprunts au FMI, ayant à
l’esprit les conséquences désastreuses des
programmes de libéralisation
soutenus par le FMI que beaucoup de pays d’Asie
avait adoptés, sous
instruction du Fonds, au début des années 90.
A la réticence des pays d’Asie de s’endetter
davantage avec le Fonds
s’est ajouté un mouvement manifeste au sein des
pays d’Amérique latine,
menés par le Brésil et l’Argentine, pour
rembourser complètement le FMI
afin de prendre leur indépendance par rapport à
une institution très
détestée dans la région.
Ce qui de fait constitue un boycott par ses plus
grands emprunteurs
génère une crise budgétaire due au fait que les
opérations du FMI,
depuis deux décennies, reposaient de plus en plus
sur les intérêts
payés par ses clients les pays émergents plutôt
que sur les
contributions des gouvernements des pays riches
du Nord, qui se sont
déchargés du fardeau de contribuer au soutien de
l’institution sur les
emprunteurs. Mais où le FMI trouvera-t-il des
ressources, maintenant que
ses clients les pays-clés ont rompu leurs liens
financiers ?
Prenant la parole au cours du même événement que
de Tray, Ngaire Woods,
une experte de l’université d’Oxford sur le FMI
et la Banque Mondiale, a
révélé que d'après les projections de la Banque
Mondiale,
l’organisation verrait le paiement des charges et
des intérêts réduits
de plus de la moitié, passant de 3,19 milliards
de dollars en 2005 à
1,39 milliards en 2006, et encore de moitié en
2009, à 635 millions de
dollars, créant ce qu’elle décrit comme “une
énorme pression sur le
budget de l’organisation”.
Problèmes à la banque
Bien qu’il n’y règne pas la même atmosphère de
controverse et d’échec
qu’au FMI, des observateurs informés disent que
la Banque Mondiale se
trouve également en crise. La Banque est en proie
à une crise
budgétaire, d’après Woods : les recettes
provenant des taxes et des
charges dues par les emprunteurs ont chuté de 8,1
milliards de dollars
en 2001 à 4,4 milliards de dollars en 2004.La
Chine, l’Indonésie, le
Mexique, le Brésil et beaucoup de pays émergents
s’adressent ailleurs
pour obtenir des prêts.
Toutefois, la crise budgétaire n’est qu’un aspect
de la crise globale de
l’institution. De Tray, qui a été le cadre
permanent du FMI à Hanoï et
le Représentant de la Banque Mondiale à Jakarta,
affirme que les
politiques proposées comme remèdes par les
économistes de la Banque sont
de plus en plus perçues comme inadéquates face
aux difficultés
rencontrées par les pays en voie de
développement. Il affirme que le
problème réside dans l’accent que met le secteur
de recherche de la
Banque sur des techniques de fonctionnement
économiques “de pointe”
d’après les standards académiques du monde
occidental plutôt que sur des
connaissances qui seraient à la base de conseils
politiques pratiques.
Plus de 10.000 personnes forment le personnel
habituel de la Banque, la
majorité d’entre eux étant des économistes, et de
Tray affirme “qu’il
n’y a pas de problème dans la Banque qu’un
personnel réduit de 40% ne
pourrait résoudre”.
Woods appuie de Tray, écrivant dans un rapport
récent que “la plainte la
plus répandue dans ce domaine est que le
personnel du FMI et de la
Banque n’a aucune expérience sur les politiques à
mener. Ayant obtenu
des doctorats en économie et en finances, le
personnel est mal équipé
pour travailler dans les rouages complexes et
chaotiques des systèmes
politiques dans lesquels ils sont plongés.”
Le mépris de la politique qui inhibe une grande
partie du personnel dans
son rapport avec le monde des pays en voie de
développement va souvent
de pair avec un aveuglement total sur le fait que
des politiques plus
conséquentes que les politiques complexes des
pays en voie de
développement ont une influence sur les
politiques recommandées par la
Banque et le Fonds Monétaire.
Woods écrit que “Les politiques ont toujours eu
une influence sur les
avis donnés par le FMI et la Banque”. “ Le
premier accord formel entre
la Corée du Sud et le FMI, en 1997, était
clairement assorti de
conditions ajoutées sous la houlette des
Etats-Unis. Durant les années
90 en Russie, les pressions politiques du G7 ont
forcé la Banque
mondiale à accorder des prêts, qui n’ont jamais
été utilisés (mais pour
lesquels la Russie paie des intérêts), et poussé
le FMI à fermer les
yeux sur les échecs dans l’atteinte de ses
objectifs. Les projets de la
Banque Mondiale sont quelquefois guidés en
sous-main par des accords en
amont sur des contrats passés entre de grandes
firmes soutenues par des
gouvernements et des emprunteurs puissants”.
Comment cacher une crise
L’un des membres présents à la rencontre des
organisations
non-gouvernementales à l’Institut d’Etudes
Politiques était Robin Broad,
un professeur associé enseignant à l’Université
américaine. Observatrice
de longue date de la Banque Mondiale, dont le
livre “Une alliance
inégale : la Banque Mondiale et les Philippines”
est considéré comme un
classique dans l’étude des relations de
l’institution avec ses pays
clients, Broad affirme que la Banque Mondiale se
trouve être davantage
en crise que le FMI mais que cela est moins
perceptible par le public.
“Le FMI a réagi en se retranchant derrière ses
quatre murs, renforçant
ainsi l’impression générale d’être en état de
siège” a-t-elle déclaré.
“La Banque Mondiale a par contre impliqué le
monde pour masquer sa crise
grandissante”.
Elle identifie trois phases dans la stratégie
offensive de la Banque.
“D’abord, elle se met en avant en déclarant aux
donateurs qu’elle est
l’institution la mieux placée pour accorder des
prêts afin de mettre fin
à la pauvreté, en faveur de l’environnement, pour
la lutte contre le
sida, ainsi qu’on le dit, alors que les faits
prouvent que ce n’est pas
le cas. Deuxièmement, elle possède le département
de recherche sur le
“développement” le plus grand du monde --avec une
dotation d’environ 50
millions de dollars-- dont la principale raison
d’être est de faire des
recherches soutenant des conclusions tirées à
l’avance. Troisièmement,
elle abrite en son sein cet énorme département
des affaires extérieures
doté d’un budget de 30 millions de dollars –une
unité de relations
publiques qui alimente la presse avec des
résultats de recherche
soi-disant objective qui promeut l’image d’une
Banque omnisciente ».
“Mais cela ne peut pas durer”. conclut-elle. “A
l’intérieur de la Banque
elle-même, tout le monde sait qu’elle en crise et
qu’elle s’en sort
péniblement. Tôt ou tard la vérité finira par
émerger si nous faisons
notre travail”.
Mer 28 Juin - 13:40 par mihou