La Turquie refuse d'ouvrir ses ports et aéroports à Chypre
La Turquie refuse d'ouvrir ses ports et aéroports à Chypre
Une fois n'est pas coutume, la Turquie tape du poing sur la table. "La position d'Ankara, à l'égard de Chypre, ne changera pas, même si cela signifie la suspension des négociations d'adhésion.", a affirmé, vendredi, son Premier ministre, Tayyib Recep Ordugan, en réponse à la demande expresse de l'Europe. La veille, les 25 avaient exigé, en effet, l'ouverture des ports et de l'espace aérien turc aux Chypriotes grecs, en prélude, sans doute, à une reconnaissance de la République de Chypre. Même le plus Turcophile d'entre eux, le Président français, Jacques Chirac, n'a pas hésité à rallier cet appel, laissant entendre qu'un NON de la Turquie risquerait de mettre en cause "le processus d'élargissement". Or, la réaction d'Ankara à ces menaces ne semble plus aller, cette fois, dans le sens souhaité. Frappant jusqu'ici, comme nul autre, à la porte de l'Europe, Ordugan fait, désormais, la fine bouche. A cette virevolte peu attendue, les analystes évoque plusieurs raisons : d'abord et avant tout, les navettes européennes, dans les régions kurdophones de la Turquie, qui, pour inoffensives qu'elles apparaissent, n'en froissent pas moins l'allié turc, d'autant plus que, dans certains cas, les hôtes ont appelé, sans vergogne, Ankara, à confier le soin de la gestion administrative des dites régions à leurs maires, en majorité, kurdes. Vient, ensuite, en ligne du compte, des raisons d'ordre électoral. Le bilan réussi d'Ordugan à la tête du gouvernement est à même, croit-t-il, du moins, de conforter les chances de son parti "Justice et Développement" aux échéances présidentielles de 2007. Et pourquoi pas ne pas se forger, dès à présent, un destin présidentiel, en se posant en interlocuteur ferme et intransigeant, face à l'Europe, sur des dossiers explosifs qui tiennent à coeur aux nationalistes, ainsi qu'à la majorité de l'opinion turque. Seulement, à force de vouloir trop bien faire, on finit, toujours, par en faire trop, car il ne faut pas oublier que, si la Turquie désire adhérer à l'Europe, ce sera à elle de se conformer aux diktats de Bruxelles et non l'inverse.
Dimanche 18 Juin 2006
IRIB
http://www.alterinfo.net/index.php?action=article&id_article=393650&preaction=nl&id=&idnl=12516&