Conflits et guerres actuelles
FMI, Fond Monétaire International en Irak : la Deuxième Invasion
Ils vont se retrouver en grande compagnie. La plupart des pays dits en voie de développement sont déjà sur cette rivière et ont du mal à garder la tête hors de l'eau. La plupart des pays d'Amérique Latine se sont retrouvés sous la coupe de programmes d'austérité du FMI pendant des décennies, bien que certains pays, notamment le Venezuela et la Bolivie, soient entrain de nationaliser leurs ressources, et témoignent d'un courant actuel de pénétration des idéaux socialistes.
Pour l'Irak, le voyage vient seulement de commencer.
Les 685 millions de prêt s'accompagne d'un lourd tribut : fin des subventions pour les carburants, et ouverture de l'économie irakienne au libre marché. En d'autres termes, démanteler toute forme de société à caractère socialiste et en faire un produit.
Quelques jours après que l'élection constitutionnelle irakienne ait donné aux compagnies pétrolières un premier avant goût du pétrole brut en exigeant que tous les champs pétroliers soient ouverts aux plus offrants, le premier ministre Al Jaafari a mis en application la première des exigences du FMI, en coupant les subventions pour le carburant. Presqu'en une nuit, le prix du carburant à grimpé de 10%. Maintenant, 5 mois après, une bouteille de gaz coûte 14 dollars dans un pays ou le salaire moyen est d'environ 200 dollars.
Défendant ces suppressions, le représentant du FMI, Bill Murrey, a dit à l'agence de presse Cox que l'Irak devait « trouver des ressources budgétaires pour financer la santé, l'éducation et d'autres services publics importants. » Il a oublié de mentionner que l'Irak autrefois fournissait les soins gratuitement à 93% de sa population en utilisant ses revenus pétroliers et avait aussi le taux le plus élevé de personnes sachant lire aux Moyen Orient.
Maintenant, alors même que le ministre des affaires sociales et du travail a rapporté en janvier que la pauvreté chez les irakiens avait augmenté de 30% depuis l'invasion conduite par les américains, le gouvernement s'engage bravement dans le marché libre.
A la fin du mois de mars, le ministre du commerce, dont dépend largement la distribution de nourriture, a annoncé qu'il allait supprimer certains produits de la liste du programme de ration alimentaire existant depuis des années. Selon les chiffres fournis par le ministère lui-même, environ 26,5 millions (soit 96%) des 28 millions d'irakiens dépendent des ces rations alimentaires mensuelles.
Pendant le règne de Saddam Hussein, 12 produits étaient inclus dans les rations. C'est maintenant réduit à 4 produits de base essentiels, comprenant le sucre, le riz, la farine, et l'huile de cuisson.
Le ministre espère mettre fin aux rations peut être à la fin de l'année, selon le Ra'ad Hamza, un fonctionnaire supérieur du ministère du commerce. « Si vous maintenez l'Irak sous des lois socialistes, l'économie ne va pas s'améliorer » dit-il au réseau d'information régional intégré.
« Mais nous continuerons de fournir à la population les produits essentiels au moins jusqu'à la fin de cette année en cours. »
On peut s'attendre à ce que l'inflation, qui a atteint des plafonds record depuis l'invasion, continue sa course incontrôlée depuis la mise en place des politiques du FMI.
Un économiste de l'Université de Bagdad, Omar Abdel Kareem, cité par l'agence IRIN, a dit « avant la décision, les prix des produits tels que les légumes et les graines avaient déjà doublés en janvier. Depuis, ils ont augmenté de plus de 20% par semaine. »
Avec l'élimination de certaines rations, le prix des produits a grimpé jusqu'à 300%. « En 2002, les lentilles étaient vendues ½ dollar le kilo, actuellement, le prix de détail a grimpé à environ 2 dollars le kilo. »
Avec la moitié de la population d'Irak ayant moins de 18 ans, ce seront les enfants qui vont supporter le poids de ces politiques d'échec du FMI.
L'UNICEF, a rapporté ce mois-ci (mai) que 25% des enfants irakiens étaient sous alimentés et en sous poids ; un rapport de mars 2005 avait trouvé que la malnutrition avait doublé depuis l'invasion conduite par les américains. Il faut s'attendre à ce que ces chiffres grimpent parallèlement au taux d'inflation.
Mais Mr Murrey ne consulte pas ces statistiques ; au lieu de cela, il notera que l'économie irakienne a augmenté de 10%, et selon les standards du FMI c'est un succès.
La pauvreté, la malnutrition et l'inflation, tout cela ne compte pas.
Source : Article du 21 mai de Karen Button Uruknet http://uruknet.info
Lundi 19 Juin 2006
http://www.alterinfo.net/index.php?action=article&id_article=393973&preaction=nl&id=&idnl=12516&