MEMORIAL
Lettre ouverte au maire Gérald Tremblay
Une rue Toussaint-Louverture à Montréal
Guy Bouthillier; Joseph Jean-Gilles; Ninette Piou
Deux importants bicentenaires célébrés prochainement (le 7 avril 2003 et le 1er janvier 2004) vont fournir à Montréal une occasion unique de se distinguer sur la scène internationale.
Certes, ces événements appartiennent d'abord à l'histoire d'Haïti (7 avril: mort de T. Louverture, le libérateur d'Haïti; 1er janvier: fondation de la République d'Haïti), mais parce qu'ils ont eu des répercussions partout en Amérique et dans le monde, notamment sur la traite des esclaves, ils méritent d'être rappelés -- et fortement -- par une grande ville internationale comme l'est Montréal.
C'est, naturellement, avec la plus vibrante fierté que les 80 000 Haïtiens de Montréal vont fêter ces anniversaires. Mais, nous en sommes convaincus, c'est avec admiration pour le peuple haïtien que l'ensemble des Montréalais se joindront à eux pour ces commémorations. Les uns et les autres se rappelleront alors que c'est Haïti, et sa libération, qui a sonné le glas de la traite des esclaves et de l'esclavage, et que Toussaint Louverture a été le grand artisan de ce grand événement. En effet, en plus d'avoir dirigé la révolte de son peuple, et vaincu de puissantes armées venues d'Europe, T. Louverture a rédigé la Constitution de 1801, laquelle garantit aux Noirs que jamais l'État libre d'Haïti ne les assujettira à un statut d'infériorité.
Au nom de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et de Présence à partager, qui regroupe quatre organismes du milieu haïtien de Montréal, nous demandons à la Ville de Montréal de marquer ces anniversaires de façon exceptionnelle en donnant le nom de Toussaint Louverture à une rue importante de Montréal. Notre ville a certes fait un premier geste en ce sens en 1987, lorsqu'elle a prévu donner ce nom à une petite rue dans un nouveau secteur de Rivière-des-Prairie, mais, outre qu'elle n'existe toujours pas, qui oserait penser qu'une petite rue dans un quartier peu achalandé rendrait justice à la mémoire d'un si grand homme?
En ajoutant le nom de Toussaint Louverture à ceux d'Abraham Lincoln, de Louis-Joseph Papineau, de Christophe Colomb, de René Lévesque, de John-F. Kennedy dont des toponymes à Montréal perpétuent la mémoire, notre ville contribuera à renforcer le sentiment d'appartenance à Montréal de notre communauté haïtienne, tout en ne manquant pas de frapper les imaginations bien au-delà des limites de notre île. La nouvelle qu'une rue de Montréal porte fièrement le nom de Toussaint Louverture se répandra rapidement en Haïti, aux États-Unis, en Amérique latine, et même jusqu'en Europe et en Afrique, car, à ce jour, peu de villes dans le monde, outre Port-au-Prince et Abidjan, ont compris la signification d'honorer ainsi le libérateur d'Haïti.
Le temps presse! Nous vous offrons, M. le maire, ainsi qu'à la Commission de toponymie, notre collaboration pour vous permettre de prendre cette décision rapidement et de l'annoncer prochainement, avant le 7 avril 2003 en tout cas. Le Mois de l'histoire des Noirs, lancé le vendredi 31 janvier, vous offre l'occasion idéale d'en faire l'annonce.
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Présence à partager
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Présence à partager