Émergence du «sous-développement»
Le 20 janvier 1949, dans son traditionnel discours sur l'état de l'Union, le président des États-Unis, Harry Truman, désigne du doigt la grande pauvreté qui affecte la moitié de l'humanité.
Il déclare : «Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié des gens dans le monde vit dans des conditions voisines de la misère. Ils n'ont pas assez à manger. Ils sont victimes de maladies. Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères.»
C'est la première fois qu'est employée l'expression «sous-développé» à propos des pays qui n'ont pas encore atteint le stade industriel. L'expression fait florès de même que l'expression «tiers monde» inventée peu après, en 1952, par le démographe Alfred Sauvy.
Pour les Occidentaux, le combat contre le «sous-développement» prend désormais le relais de la «mission civilisatrice» du temps des colonies comme objectif messianique.
Une vision économétrique du monde
Dans le demi-siècle qui va suivre, il va devenir habituel de ne plus considérer les nations et les peuples dans leur diversité culturelle, sociale et humaine mais seulement de les répartir entre «pays sous-développés» et «pays développés» en fonction du «produit national brut par habitant» (PNB/habitant). C'est le triomphe de l'économétrie (une vision comptable et mathématique de l'économie).
La prise de conscience du «sous-développement» conduit les pays riches et puissants (généralement occidentaux) à développer des réseaux d'aide financière et de coopération technique en direction des pays pauvres.
A l'aide publique s'ajoute dans les années 1990 l'aide caritative des «organisations non gouvernementales» (ONG) comme ACF, MSF,...L'absence de contrôle et la corruption altèrent considérablement l'efficacité de cette aide tant publique que privée.
A l'aube du XXIe siècle, l'aide internationale apparaît même comme un facteur d'aggravation du sous-développement et de la misère (*).
Des indicateurs plus fiables
L'évaluation comptable du sous-développement d'après le seul PNB/habitant se révèle être un trompe-l'oeil.
Des régimes archaïques enrichis par les redevances de quelques compagnies pétrolières ou minières (Arabie, Gabon, Algérie,...) font figure de pays riches alors que les conditions de vie de la plus grande partie des habitants (mortalité infantile, alphabétisation des femmes,...) s'avèrent pitoyables.
À l'opposé, des pays ou des régions en apparence très pauvres, comme l'État du Kerala, en Inde, assurent à leurs habitants un cadre de vie relativement sain et équilibré en comparaison de leurs voisins.
Dans les années 1990, les institutions internationales lancent un nouvel indicateur pour mieux prendre en compte cette hétérogénéité : le «développement humain» ou IDH (indicateur de développement humain).
Il prend en compte le PNB/habitant mais aussi le taux d'alphabétisation et la mortalité infantile (celle-ci est à la fois représentative du niveau d'équipement sanitaire du pays et du degré d'émancipation des femmes).
http://www.herodote.net/19490120.htm