Le chocolat du planteur, la marque de Côte d’Ivoire
Il n’est pas encore disponible dans le commerce mais il a déjà un amateur très chic : la star ivoirienne du foot Didier Drogba
est l’ambassadeur du « Chocolat du planteur », une nouvelle marque lancée cette semaine sur le marché européen par la Côte
d’Ivoire.
A la veille de la Coupe du monde du ballon rond, le capitaine des Eléphants fait la tournée des supermarchés français pour
assurer la promotion de ce nouveau chocolat, imaginé par la Bourse du café et du cacao (BCC), l’une des instances de la
filière, et fabriqué par le chocolatier suisse Barry Callebaut. La gamme décline six différentes saveurs reflétant six régions
de production cacaoyères directement impliquées dans le projet. Les planteurs, comme le nom de la marque l’indique, sont au
centre de cette initiative. Selon les vœux formulés par les concepteurs du projet, leur savoir-faire, la qualité des fèves qu’ils
produisent, devraient bénéficier de cette notoriété et leurs revenus pourraient même en être améliorés. Du moins la centaine
de planteurs sélectionnés, car l’écrasante majorité d’entre eux n’est pas concernée.
Selon un observateur local, le lancement de cette marque s’apparente plus à une opération de marketing, bien éloignée des
réformes réclamées par la filière, à savoir l'allègement des taxes et le soutien des petits opérateurs. Depuis le passage
remarqué des représentants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international en vue d’une reprise des crédits, les
rumeurs sur la baisse des impôts vont bon train à Abidjan. Convaincu de la bonne volonté du gouvernement actuel, un
représentant de l’Union Européenne reconnaît que la décision est difficile à prendre car l’excès d’impôt qui pénalise le
planteur et entretient la contrebande est aussi la principale source de financement de l’Etat.
Interrogé sur ce sujet par un quotidien ivoirien le représentant de la BCC, Lucien Tapé Doh, botte en touche et enchaîne avec
son programme de lutte contre l’emprise des multinationales, le nouveau cheval de bataille en vogue. Le pouvoir de nuisance
de ces sociétés qui achètent près de la moitié de la récolte ivoirienne a été vivement ressenti cette année. Craignant de
manquer de fèves, les groupes comme Cargill ou ADM n’ont pas hésité à payer une prime de 50 Fcfa par kilo pour satisfaire
leurs besoins, ce qui représente une hausse de 10 % par rapport au prix du marché, obligeant les petits opérateurs à leur
emboîter le pas. Mais quand ces derniers ont cherché à vendre, plus personne ne voulait d’une marchandise aussi chère.
C’est en partie ce qui explique l’actuelle faiblesse des cours. Certes la récolte intermédiaire est abondante et d’une qualité
inférieure, mais on a surtout travaillé pendant toute la récolte principale en pratiquant des prix au-dessus du marché, d’où la
détérioration continue des cours depuis plusieurs semaines.
par Dominique Baillard
http://www.rfi.fr/actufr/articles/077/article_44050.asp