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 Thomas Sankara

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mihou
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mihou


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08062005
MessageThomas Sankara

Dossier d'actualité. le 15/10/2002

Burkina Faso

Voilà quinze ans disparaissait le capitaine Thomas Sankara, chef de la révolution burkinabé de 1983 à 1987. Retour sur les événements tragiques de son assassinat et portrait d’un chef d’État pas comme les autres…

Il était une fois… Thomas Sankara
Il y a quinze ans disparaissait le capitaine Thomas Sankara. Retour sur son assassinat et portrait d’un chef d’État pas comme les autres…

De notre correspondant au Burkina Faso Jeudi 15 octobre 1987. Il est 16 heures. Des armes crépitent au Conseil de l’entente, l’état-major du Conseil national de la révolution à Ouagadougou, tout près des ministères et de la présidence. Un groupe de soldats para-commando vient de débarquer avec, à l’évidence, pour mission de liquider tout le monde. Dans la cour, tous les gardes sont abattus. Dans un bureau, le capitaine Thomas Sankara en réunion avec des conseillers lance à son entourage : «restez-là, c’est moi qu’ils veulent !» Le président, en tenue de sport, se précipite dehors les mains en l’air. Mais il est immédiatement fauché à l’arme automatique. Aucun de ses gardes ni conseillers ne sera épargné. En tout, une quinzaine de personnes sont abattues. Ils seront tous enterrés à la hâte, la même nuit, au cimetière de Dagnoen, un quartier de l’est de Ouagadougou. Dans toute la zone de la présidence et du Conseil de l’entente, militaires et civils courent dans tous les sens. Les Burkinabés qui sont au bureau ou à la maison se précipitent vers les postes transistors. Sur Radio Burkina, les programmes sont suspendus. On ne diffuse plus que de la musique militaire. Pour des Burkinabés déjà habitués aux coups d’État, c’est un signe qui ne trompe pas : le pouvoir a changé de main. La confirmation ne tarde pas. Un communiqué lu à la radio par un officier annonce notamment la démission du président du Faso, la dissolution du Conseil national de la révolution et proclame la création d’un Front populaire dirigé par le capitaine Blaise Compaoré, jusque-là numéro deux du régime révolutionnaire. La confusion est totale. Le citoyen de base ne comprend pas pourquoi un règlement de comptes aussi sanglant entre deux leaders considérés comme «amis et frères». Mais les observateurs, eux, ne sont pas surpris. Depuis quelques mois, la guerre des chefs avait commencé au sommet de l’État entre les deux capitaines, numéros un et deux du régime. L’entente entre ces deux hommes, qui partageaient même des repas familiaux ensemble, s’effritait alors que la révolution déclenchée le 4 août 1983 entamait tout juste sa cinquième année. A Ouagadougou, les rumeurs de coup d’État se faisaient de plus en plus persistantes. «Le jour que vous entendrez que Blaise Compaoré prépare un coup d’État contre moi, ce n’est pas la peine de me prévenir. Car, ce serait trop tard », avait lancé avec prémonition Thomas Sankara à des journalistes. Il faisait ainsi allusion à la forte amitié qui le liait à Compaoré. Par naïveté ou par impuissance, le charismatique chef de la révolution burkinabé n’! échappera donc pas aux balles de son entourage. Sa mort fit l’effet d’une bombe. Au Burkina et partout sur le continent, tout le monde est sous le choc. La consternation est générale notamment au sein de la jeunesse africaine. Le rêve placé dans ce jeune officier de 38 ans vient de se briser. Arrivé au pouvoir 4 ans plus tôt à la suite d’un coup d’Etat mené par un groupe de jeunes officiers, le capitaine Thomas Sankara avait engagé une révolution pour changer les mentalités dans son pays, la Haute-Volta, l’un des États les plus pauvres de la planète. Il encourage ses compatriotes à compter sur leurs propres forces. Son gouvernement engage alors de vastes chantiers dans les domaines de la production, de l’éducation, de la santé, du logement, des infrastructures, etc.

Ses successeurs dresseront un bilan positif de ces quatre années de révolution. Thomas Sankara reprend à son compte les discours panafricanistes de Kwamé Nkrumah ou de Lumumba. Il pourfend l’impérialisme dans ses discours et appelle à de nouveaux rapport! s entre le Nord et le Sud. Invité au sommet Franco-africain de Vittel quelques mois après son arrivée au pouvoir en 1983, il refuse de serrer la main à Guy Penne, le conseiller de François Mitterrand venu l’accueillir à l’aéroport à Paris pour protester ainsi contre le manque de considération à un chef d’État africain. Thomas Sankara s’attaque avec force à l’apartheid. A la tribune de l’OUA, des Nations unies, son discours dérange. «Je dis que les Africains ne doivent pas payer la dette. Celui qui n’est pas d’accord peut sortir tout de suite, prendre son avion et aller à la Banque mondiale pour payer», avait lancé le président burkinabé dans un tonnerre d’applaudissements à la tribune d’un sommet de l’OUA à Addis-Abeba. L’homme tranchait des autres présidents par sa simplicité et la rigueur imposée aux membres de son gouvernement. Il avait mis au garage les Limousines du parc automobile de l’Etat, imposant des Renault 5 comme voitures de fonction pour lui et ses ministres. P! our inciter la consommation locale, il imposait des tenues en cotonnade tissée à la place des costumes occidentaux. La corruption avait disparu dans ce pays qu’il avait rebaptisé en 1984 Burkina Faso : la patrie des hommes intègres en langue locale. La révolution multiplie les victoires mais aussi les erreurs, comme la décision de rendre gratuit durant toute une année les loyers, ou les dérives des Comités de défense de la révolution (CDR) qui faisaient la loi dans les quartiers et les services ou encore les nombreux «dégagements» de fonctionnaires pour manque d’engagement dans la révolution, ou une diplomatie régionale très critique à l’égard de ses voisins, en dehors du Ghana de Jerry John Rawlings. Quinze après sa disparition, les Burkinabés gardent de lui l’image d’un homme intègre, qui a changé les mentalités de ses concitoyens et donné une dignité à son pays. Une image et un idéal qui résistent encore au temps et dont se réclament une demi-douzaine de partis politiques, détenteurs de sept sièges à l’Assemblée nationale depuis les élections législatives de mai dernier.


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Dossier d'actualité. le 14/10/2002

Burkina Faso

Il n’y a pas d’avancée dans l’affaire Thomas Sankara. Quinze ans après son assassinat dans un coup d’Etat, la famille et les partis sankaristes réclament toujours justice, sans succès. La procédure judiciaire enclenchée il y a cinq ans piétine.

Affaire Sankara : la vérité ne semble pas pour demain...
Quinze ans après l'assassinat de Thomas Sankara dans un coup d’Etat, la famille et les partis sankaristes réclament toujours justice, sans succès.

De notre correspondant au Burkina Faso Depuis plus d’un an, la procédure judiciaire sur l’affaire Thomas Sankara est pratiquement bloquée. Elle avait démarré le 29 septembre 1997 par une plainte déposée in extremis par un avocat burkinabé au nom de l’épouse du défunt président Mariam Sankara et de ses deux enfants. La veuve et les enfants qui vivent en exil à Montpellier (France) ont pu éviter ainsi la prescription du crime commis le 15 octobre 1987. La plainte déposée auprès du tribunal de grande instance de Ouagadougou est dirigée contre X pour «assassinat et faux en écriture publique». Le certificat de décès signé par un médecin militaire mentionnait que l’ancien président tombé sous les balles, était mort de «mort naturelle». Alors que beaucoup d’observateurs étaient pessimistes sur la suite de la procédure, un juge d’instruction Alexis Kambiré prend immédiatement une ordonnance pour ouvrir une information sur le dossier. Mais sur requête du parquet général de la cour d’appel de Ouagadougou, la chambre d’accusation prend un arrêt le 26 janvier 2000 qui rend les juridictions de droit commun incompétentes pour connaître de cette affaire. Les avocats de la famille de Thomas Sankara s’étaient alors pourvus en cassation devant la cour suprême. Mais celle-ci juge, le 19 juin 2001, irrecevable «en la forme» la plainte pour défaut de caution non versée auprès de la Cour par les avocats de la famille. Cette dernière décision renvoie les parties à se conformer à l’arrêt de la chambre d’accusation. Celle-ci avait fondé son argument sur le fait que le crime s’était déroulé dans une enceinte militaire à savoir le Conseil de l’entente qui abrite encore aujourd’hui l’Etat-major de la sécurité présidentielle. Ce qui revient à dire que seul le tribunal militaire peut juger cette affaire. Or, selon le code de procédure de la justice militaire au Burkina, seul le ministre de la Défense peut donner l’ordre de poursuite à cette juridiction d’exception. Mais jusqu’à ce jour soit 14 mois après la décision de la cour suprême, cet ordre n’a toujours pas été donné par le général Kouamé Lougué. Pourtant dès le verdict de la Cour suprême, maître Dieudonné Nkounkou du barreau de Montpellier et maître Bénéwendé Sankara (sans lien de parenté avec l’ancien président) qui représentent la famille Sankara écrivaient au ministre de la défense pour lui rappeler «son devoir de donner l’ordre de po! ursuite».

Parallèlement, les deux avocats écrivent au procureur du Faso pour lui demander de faire «diligence» dans la poursuite du dossier. Ils s’appuient dans leur requête sur une autre affaire du même genre, celle du chauffeur du frère du président Blaise Compaoré mort dans des conditions mystérieuses en 1997 au sein du régiment de sécurité présidentielle. Alors que la rue grondait pour obtenir la vérité dans cette affaire sur laquelle le journaliste Norbert Zongo enquêtait lorsqu’il a été tué en décembre 1998, le ministre de la Défense avait rapidement donné l’ordre de poursuite au tribunal militaire en 1999. Mais sans doute les enjeux ne sont pas les mêmes. En tout cas, le ministre de la Défense n’a non seulement pas donné suite à l’affaire, mais il n’a pas non plus répondu directement aux avocats de la famille Sankara. En revanche, le procureur du Faso, lui, a fait connaître sa position dans une réponse adressée le 23 juillet 2001 à maître Sankara : l’! affaire «porte sur des faits qualifiés crimes commis le 15 octobre 1987, soit plus de 13 années et huit mois». Autrement dit, le crime portant sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara tombe sous le coup de la prescription qui est de 10 ans. Vrai ou faux ? Le débat divise les deux parties. Pour les avocats de la famille, la plainte déposée en 1997 auprès du tribunal civil suspend la prescription. Pour eux, la dénonciation des faits devant un tribunal militaire ne constitue pas une nouvelle plainte mais plutôt la suite de celle déposée devant le tribunal civil. Au contraire pour le parquet et le pouvoir, il n’y a pas de lien entre les deux procédures. Ce qui suppose dans ce cas que l’action est éteinte du fait de la prescription. Pour contourner cet imbroglio juridique, les avocats viennent d’engager une nouvelle plainte toujours contre X mais cette fois pour séquestration. «Depuis le 15 octobre 1987, alors qu’il était présent à Ouagadougou, où il exerçait les fonctions de chef de l’Etat du Burkina Faso, Thomas Sankara n’a plus réapparu», écrit maître Dieudonné Nkounkou le 30 septembre 2002 au doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Ouagadougou. Le choix de cette nouvelle infraction n’est pas le fait du hasard. Selon le code de procédure pénale burkinabè, la séquestration est une infraction continue c’est-à-dire qu’elle n’est jamais prescrite. Cette nouvelle procédure a-t-elle des chances d’aboutir ? Rien n’est sûr. En tout cas, maître Sankara ne se fait pas trop d’illusions. «Je me suis laissé convaincre que si Blaise Compaoré ne tombe pas, point de vérité, point de justice pour Thomas Sankara».

Alpha BARRY
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Thomas Sankara :: Commentaires

mihou
THOMAS SANKARA
Message Lun 15 Oct - 8:58 par mihou
Thomas Sankara Sankara432
Personnage charismatique, disparu en 1987, Thomas
Sankara a appartenu à la génération nouvelle, apparue en Afrique dans
les années 1980, de jeunes militaires révolutionnaires épris
d’intégrité et de liberté. « Sans formation politique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance »,
disait-il, marquant ainsi sa différence avec tant de putschistes en
kaki, dénués d’idéaux, dont l’Afrique avait connu la triste succession
depuis les indépendances. Ses déclarations fracassantes ont fait
trembler les pouvoirs et inquiété les chancelleries, au nord comme au
sud. Et sa mort aux accents tragiques a contribué à faire de lui une
des figures mythiques de l’histoire contemporaine africaine, adulée par
les jeunes Africains.Né en 1949 d’une famille modeste du
nord-ouest de la Haute-Volta, Thomas Sankara entre en 1966 au prytanée
de Kadiogo. Cette année-là, les syndicats voltaïques protestent contre
leurs élites et le président Yaméogo est renversé. Le jeune Thomas
intègre l’Académie militaire d’Antsirabe (Madagascar) en 1969, puis les
centres de formation parachutistes de Pau (France) et de Rabat (Maroc).
Pieux, studieux, rigoureux jusqu’à l’ascétisme, il lit tous les
classiques et affectionne les débats politiques. Il y évoque les héros
des indépendances africaines - Amilcar Cabral, Patrice Lumumba -, les
rêves déçus (ceux des Kwame Nkrumah ou Julius Nyerere), ou encore les
révolutions trahies (Madagascar, Guinée, Bénin, Congo-Brazzaville). Il
analyse la situation en Afrique de l’Ouest, où la misère semble sans
issue, minée par l’effondrement des cours des matières premières, les
sécheresses successives et les dictatures corrompues, au service de
puissances extérieures. « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! »Thomas
Sankara passe pour un héros lors la « guerre des pauvres », qui oppose
en 1975 la Haute-Volta au Mali. Instructeur au centre de formation des
para-commandos de Pô, le bouillant capitaine est un patriote épris de
justice - à l’instar de son aîné, le Ghanéen Jerry Rawlings, qui, en
1979, fait exécuter plusieurs anciens dirigeants jugés corrompus. Un an
après, en Haute-Volta, le président Lamizana est destitué, accusé
d’avoir laissé des fortunes se bâtir grâce au détournement de l’aide
alimentaire. Secrétaire d'Etat à l'Information sous le colonel Saye
Zerbo,en 1981, Sankara se rend au ministère à bicyclette. Son
charisme inquiète. Premier ministre en 1983, il prononce cinquante-neuf
fois le mot « peuple » dans son discours d’investiture. Le président
Ouédraogo l’assigne à résidence. Blaise Compaoré, son ami et frère
d’armes, le libère et prend la direction d’un putsch. Le 4 août 1983,
placé à la tête du Conseil national de la révolution (CNR), Sankara
devient chef de l’Etat.Frêle dans son treillis
vert-olive ou léopard, flanqué de deux pistolets sur les hanches,
Thomas Sankara transforme son pays en laboratoire. Inspirés par les
révolutions cubaine ou libyenne, ses Comités de défense de la
révolution (CDR) ont en charge le développement à la base et
l’autosuffisance alimentaire. « Ainsi le peuple se met à la tâche, comptant sur ses propres forces »,
disait Franz Fanon, l’un de ses inspirateurs. Sankara lance une réforme
foncière, des vaccinations-commando, une « bataille du rail » pour
désenclaver le Sahel. Il construit des retenues d’eau, des écoles… Coups de feu au palais du Conseil de l’ententeLes slogans fleurissent : « Les maris pourris, A bas !
», et l’'excision est interdite. Ouagadougou vit survoltée, les
journalistes étrangers raffolent du nouveau régime qui multiplie les
actes symboliques. Parfois Thomas s’empare de la guitare, Blaise du
micro. Le sport de masse n’épargne pas les ministres qui circulent en
Renault 5 et portent le Faso Dan Fani, cotonnade made in Burkina. Les artistes sont invités à se mettre au service du peuple. « Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire
», clame Thomas Sankara à la tribune des Nations unies en 1984. Il
rebaptise la Haute-Volta « Burkina Faso », pays des hommes intègres,
pour effacer la blessure coloniale et reconquérir la dignité. L’aide
n’est que « calvaire et supplice pour les peuples », lance-t-il
en 1986 au président Mitterrand. Le PF (président du Faso) invite les
Africains à faire front commun contre la dette. Et ses mesures
d’austérité sont plus amères que celles du Fonds monétaire
international. Mais « Tom Sank’ » se met à dos bourgeois,
intellectuels, fonctionnaires, chefs traditionnels… La situation
interne du pays est loin d’être rose : les jeunes des CDR multiplient
les abus et les exactions, on murmure contre l’arbitraire des Tribunaux
populaires (TPR), on s’émeut des licenciements pour fait syndical, mais
aussi des querelles pour le leadership au sommet de l’Etat, tandis que
s’attisent les inquiétudes des pays voisins et des Occidentaux. Le 15
octobre, Thomas Sankara meurt lors d’échanges de coups de feu au palais
du Conseil de l’entente, à Ouagadougou, entre ses partisans et ceux de
Blaise Compaoré, qui s’empare du pouvoir.


par Antoinette
Delafin (MFI)
Article publié le 15/10/2007 Dernière mise à jour le 15/10/2007 à 10:46 TUPublié dans Les 100 clés de l’Afrique (sous la direction de Philippe Leymarie et Thierry Perret). Paris, RFI/Hachette littératures, 2006.




Thomas Sankara Sankara4_432On n’est pas sûr que le corps de Thomas Sankara soit vraiment celui qui se trouve dans la sépulture qui porte son nom.
(Photo : Stanislas Ndayishimiye / RFI)

Thomas Sankara Sankara1_200Au
cimetière de Dagnoen, à l’est d’Ouagadougou, où sont enterrés Thomas
Sankara et ses 12 collaborateurs tués avec lui, des fidèles viennent se
recueillir.
(Photo : Stanislas Ndayishimiye / RFI)

Thomas Sankara Sankara3b_200Thomas
Sankara et ses 12 collaborateurs ont été enterrés le 13 octobre 1987, à
la hâte, nuitamment, par le commando qui venait de les abattre.
(Photo : Stanislas Ndayishimiye / RFI)
mihou
Sankara:DECLARATION DE BIENS
Message Lun 15 Oct - 10:36 par mihou
DECLARATION
DE BIENS - Le Président du Faso devant la Commission du peuple chargée
de la prévention contre la corruption : Sankara avait un salaire
mensuel net de 138 736 francs Cfa



Morceaux choisis par Soro DIOP du journal Le Quotidien

«(?) Je vais vous communiquer lecture de mes biens, assuré que vous
ferez mener des enquêtes, toutes les enquêtes ici et partout, pour
vérifier la véracité, assuré surtout que les militants du Burkina,
partout où ils se trouvent, ici ou ailleurs, aideront la vérité à se
manifester, si par hasard, je venais à oublier un texte, si,
volontairement, je venais à tenter de me soustraire à cette obligation
de dire la vérité, toute la vérité... (rires dans la salle). En matière
de biens immobiliers, je citerai d’abord un réfrigérateur, je signale
qu’il est en panne (rires dans la salle). Cet appareil n’est pas
actuellement à ma disposition. Il a été prêté à un couple d’amis, parce
que, de par mes fonctions, j’ai reçu ce matériel au palais de la
Présidence. Je possède également deux téléviseurs avec magnétoscope qui
sont installés à mon domicile et dans mon salon de travail. J’ai
également installé un téléviseur à mon lieu de travail, parce que j’ai
souvent besoin, partout où je me trouve d’être à l’écoute de nouvelles
du monde (rires dans la salle). A titre personnel, je possède un salon
complet et une bibliothèque qui devrait être livrée incessamment.
Peut-être d’ici la fin du mois. C’est une commande personnelle. Je
possède également trois guitares sèches. Je les cite parce que je leur
attribue beaucoup de valeur. Comme biens immobiliers, je possède une
villa à la cité Bnd, au secteur 2. Elle a été acquise par engagement
auprès de la Bnd-B sur prêt N° 313/109-862 en décembre 1976. Je suis
soumis à un remboursement en 120 mensualités et à ce jour, il reste à
payer à la banque la somme de 678 824 francs que je règle par des
mensualités de 31 944 francs, ainsi que je pourrai vous le prouver par
les documents de la Bndb que je détiens ici. Cette maison est
actuellement occupée par un parent, qui je l’espère, me paiera ce qu’il
me doit (rires dans la salle). Je dis cela parce que j’ai l’intention
de me dessaisir de cette maison, et nous établirons entre lui et moi,
un contrat en bonne et due forme. Nous possédons un terrain au secteur
7 non mis en valeur ce jour, que mon épouse avait déjà acquis. Nous
possédons un terrain dans mon village, non mis en valeur. Il avait été
saisi par les Cdr (rires dans la salle). Selon les dernières nouvelles,
les Cdr l’ont restitué en nous invitant à investir sur cette nouvelle
parcelle. Ils l’avaient retirée parce que nous n’y avons pas investi
pendant un certain nombre d’années. Donc, nous avons reçu sommation de
la part des Cdr de réaliser quelque chose sur le terrain. Je
m’acquitterai également de cette obligation que me font les Cdr de mon
village. Nous possédons une voiture de marque Mitsubishi, acquise en
1978. Elle a été régulièrement dédouanée en dix-huit mensualités auprès
du Trésorier-Payeur Général. J’ai ici la décision du Ministère des
Finances de février 1979 qui m’avait accordé la possibilité de
m’acquitter de ces charges douanières. Je pourrai vous lire la lettre.
Et également l’attestation du Trésorier-payeur général qui prouve que
j’ai régulièrement payé toutes ces traites douanières. Je possède deux
vélos de course, un vélo de dame et un vélo pour enfant. Nous n’avons
ni actions ni effets de commerce. Nous avons deux salaires : mon
salaire, (confère la fiche de solde émise par la Direction de
l’intendance militaire) révèle un net de 138 736 francs Cfa par mois
(rires dans la salle). Mon épouse a un salaire de 192 698 francs Cfa.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous partageons les charges et mon
épouse s’occupe des charges courantes de ménage et moi je m’occupe des
grosses dépenses et aussi surtout des obligations sociales, notamment
les incessants secours à des amis et autres personnes qui le
demandent.»

COMPTES BANCAIRES ET DONS

«Je possède un compte en banque à la Bicia-B et un compte à la Caisse
nationale d’épargne. A la Bicia-B, mon compte est créditeur de 353 665
francs Cfa. (?) Cette somme a été gelée parce que nous avons réalisé
une commande, des commandes nouvelles qui devraient être payées, dès le
mois de décembre.

Malheureusement, le menuisier auprès de qui nous avons passé la
commande n’a pas encore livré ce que nous attendons. Et nous attendons,
par conséquent, qu’il nous livre pour que nous payions (?) A la Caisse
nationale d’épargne, je possède donc un compte, qui, je crois, depuis
1979 n’a pas été mouvementé. Je n’ai pu faire des retraits, mais je
n’ai pas fait de dépôt non plus, et la Caisse nationale d’épargne
révèle que je dispose de 69 792 francs Cfa. Malheureusement, je ne suis
pas en règle pour jouir de ce compte parce que j’ai égaré les documents
du fait de mes nombreux déménagements incessants et répétés (rires dans
la salle). Mon épouse a un compte créditeur à la Bicia-B de 43 037
francs Cfa. Evidemment, ce compte est régulièrement mouvementé en
retraits, vu nos charges familiales, les scolarités également. A la
Bicia-B, elle est également détentrice d’un compte créditeur de 63 646
francs Cfa. Nous avons chacun une alliance en or qui a de la valeur.
Mon épouse possède d’autres bijoux, chaînes et bracelets, mais je
voudrais préciser tout de suite et me tenir à la disposition de la
Cppc, que ces bijoux ainsi que nous l’avons inventorié, nous n’avons
pas pu chiffrer la valeur, parce que ce sont généralement des bijoux en
imitation or ; donc ces bijoux, les bijoutiers ne peuvent leur
attribuer des valeurs, sauf à l’achat. Une fois que vous les avez
achetés, ces bijoux que l’on appelle généralement de la pacotille,
perdent leur valeur. Mais je le cite quand même parce que des camarades
militants ont dit avoir vu mon épouse avec du diamant à la télé. Je
précise qu’il n’en est rien. Mais nous tenons ces bijoux à la
disposition de la commission pour toute expertise.

«(?) J’ai reçu un don de 400 000 francs Cfa, un don de 20 000 000
francs Cfa, un don de 75 000 000 francs Cfa, un don de 350 000 000
francs Cfa et un don de 400 000 000 francs Cfa (vacarme de surprise et
d’ahurissement dans la salle). Pour toutes ces valeurs, ces sommes
d’argent, tout en remerciant les généreux donateurs, j’ai déposé ces
sommes après du Budget national, soit auprès d’institutions de l’Etat
qui pourront faire la preuve de ces dépôts. J’ai reçu également des
voitures qui ont été toutes cédées au parc de l’Etat. J’ai reçu donc
une Bmw, une Alpha Roméo, une Cressida Toyota, une Mitsubishi
également, mais j’ai reversé tous ces véhicules au parc automobile de
l’Etat. Mon épouse a reçu 5 000 000 francs Cfa une fois, 5 000 000
francs Cfa une deuxième fois, 10 000 000 francs Cfa. Ces sommes ont été
cédées à la Caisse de solidarité révolutionnaire, puis au restaurant
des femmes.»

Extraits de Histoire politique du Burkina Faso 1919-2000 de Roger Bila Kaboré, l?Harmattan, févrie
mihou
Burkina commemorates slain leader
Message Lun 15 Oct - 20:54 par mihou
Burkina commemorates slain leader














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Thomas Sankara _44176957_sankara203
Thomas Sankara was overthrown by the current president











Burkina Faso is paying tribute to its late revolutionary leader, Thomas Sankara, on the 20th anniversary of his assassination.

Known as Africa's Che Guevara, Captain Sankara was hailed by admirers as a charismatic and revolutionary leader.

But he was killed when his former comrade and current President Blaise Compaore seized power in a coup.

Crowds greeted Sankara's widow, Mariam, as she arrived in the capital from exile in France for the commemorations.


Rival events are reported to be being held.

The government has organised a conference on democracy
and development before holding a concert on 20 October, whilst Sankara
supporters are holding their own gathering and concert to remember him.

A group of Sankara supporters from as far away as Mexico have arrived in Ouagadougou to pay tribute to him.

Brazilian President Luiz Inacio Lula da Silva arrived in
the country on Monday at the start of his seventh trip to Africa since
taking office in 2003. He is scheduled to hold talks with Mr Compaore.

Sankara himself seized power in a coup in 1983 masterminded by Blaise Compaore.

He gained plaudits for strongly promoting health and women's rights but antagonised many vested interests in the country.

He also had a knack for publicity, and famously replaced government Mercedes Benz cars with small Renaults.



Send us your memories of Sankara and his legacy using the form below.

Many African leaders now in power lack true
patriotism for their countries only fighting to remain in power for
their own benefits. On the 14th October Tanzania commemorated eight
years since the founding father of Tanzania Mwalimu Julius Nyerere
passed away. Look at how Nyerere was angered by corruption and how he
respected the rule of law but now Tanzania is sinking even deeper into
poverty because of greedy leaders. I wish Blaise Compaore, Mwalimu
Nyerere and Nkwame Nkrumah could live forever. They are true African
leaders.
Basil Mbakile, Morogoro, Tanzania

Thomas Sankara, like his mentor and friend, Jerry
Rawlings of Ghana, was a true hero of Burkina Faso. He took power from
corrupt politicians to right the wronged in the society. He was truly a
visionary leader who would have catapulted Burkina Faso from medieval
into modern. In Africa, heroes don't last long. What a continental
tragedy!
Malik, Toronto, Canada

He is a true African leader. We will remember him all the days.
Chediel Kodema, Dar es Salaam, Tanzania

Sankara was such a bright leader with vision and
purpose for Burkinabes and Africa as a whole when he came on board as
the president of his country. Unfortunately, Africans do not realise
the value of what they have until they destroy them. It is high time
now to know that we Africans are the enemies of ourselves. Sankara
shall continue to be vindicated. May his gentle soul continue resting
in peace.
Adesina Oladokun, London, United Kingdom

Thomas Sankara reflected the yearnings and
aspirations of young Africans like me. He exemplified the life of
personal sacrifice needed from African leaders in order to pull the
continent out of the current abyss. Unfortunately, he was cut down in
his prime. Like a demented hen, Africa has been sucking its finest eggs
for too long. Adieu Sankara.
Majek Adega, Toronto, Canada

It is difficult to comprehend why visionary
people like the late Thomas Sankara are out of the scene during their
prime, not by natural cause but by the wicked hands of man. Sankara
deserved to be honoured for the little he managed to achieve during a
short rule. That rule brought tremendous changes in his motherland, for
which, people cannot forget after 20 years of his demise. This is a
lesson for other African leaders to always strive to do what is best
for their people. This way they too would be remembered after they are
violently killed in coups, by rebels or through democratic elections
like in Liberia, Ghana and Sierra Leone. Long live Africa's visionary
leaders.
Elise A Zoker, Monrovia, Liberia

I love Sankara. In my military training I was
registered in a Sankara regiment Please convey on my behalf the message
of sympathy and love to Mariam Sankara. Let her visit our country,
Rwanda and see how many people love her.
Charles, Kigali

Sankara represented the new dream of African
leadership that is designed to cater to the concerns and sufferings of
the underprivileged - the poor, women and children. The coup that
halted is match to socio-economic progress in one of Africa's poorest
countries represents the vested interest of the class of exploiters.
Until Africa embraces a rise of a new era that produce leaders like
Thomas Sankara, the continent will continue to play host to poverty,
disease, ignorance and human suffering.
Kai G Wleh, Washington, DC

Sankara likened as Che Guevara is not a mistake.
It will not be an overstatement to say he was and will be one of
Africa's most admired and cherished leaders who had his fellow citizens
at heart. He made Africa proud in his leadership in not tolerating
corruption by himself driving a very modest car.
Nsangou Yenkong, Manchester, England

Thomas Sankara was a leader we couldn't really
have - futuristic and too revolutionary for his own good. I remember
the day he visited Owen Falls Dam in Jinja, Uganda before it was
changed to local name after he asked the sense of naming such an iconic
place after a white man. I vividly recall that we hotly also debated
when he changed the country's name from Upper Volta to Burkina Faso.
How inspiring and promising it all was. There will never be another you
Sankara and we miss you dearly.
John Inkirane, London, UK

It was during one of those normal days back in
1987 that the death of Thomas Sankara was announced over the state
radio in the Gambia. I could still remember that day. A s for me he was
a pioneer and a great statesman. His political ambitions was tragically
shorten by the military coup. One of Thomas Sankara's sayings that
inspired everyone in Africa is ''A SOLIDER WITHOUT POLITICAL KNOWLEDGE
IS VIRTUAL CRIMINAL''. Here he was trying to point out that many
soldiers that lunch coup d'etat have no political knowledge and
therefore must go back to school before any attempt of lunching a coup.
May his soul rest in peace.
Tijan Nimaga, New York, US

Thomas Sankara was brother to Africa, he set an
example on who and military rule can sometime better than democratic
governments.
Amadou Busso, US

Sankara gave his people - PRIDE - the Burkinabe
always considered the poor underdogs by the rest of West Africa, during
his rule, held their heads high in the knowledge that they had a great
leader a future "world" league political player.
Cheryl Reed, Ivory Coast/US

When Africa (sub-Saharan) gets close to good...
it turns to a mirage! Sankara was 'wasted'. In my own Nigeria, we had a
brilliant Chief Obafemi Awolowo denied leadership of Nigeria. He was
premier in the west and he is still famous today (more than Azikiwe or
the Sarduana) for his progressive politics and people cantered
practices. It might not be exact but it seems we end up with the
present crop of 'hopeless' leaders we have today who... I'll stop so I
don't 'convulse'!
Olalekan, London

The only fond memories, I have about this great
son of Africa, could be summarised by the song - US (Underground
System) dedicated to him by the great Fela Kuti. May his ghost continue
to haunt all reactionary forces in Africa, who are holding us down from
reaching our potentials.
Olanrewaju Abimbola, Abuja, Nigeria

He was a man of strong conviction and courage.
His death was a setback in Africa's struggle for complete emancipation.
Africa lost a great son due to (Blaise) one man's greed and ambition.
May his soul rest in peace.
Osric Johnson, Freetown, Sierra Leone

Sankara is Africa's great, his legacy will live on.
Perry Ehis, Abuja, Nigeria

Good things don't last, but bad things tend to
stay very long. Some events in some African states are typical
examples. Thomas is a true African and all positive, and if he comes
back 20 times we will always stand by him as a true African.
John Ene, Lagos, Nigeria

http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7045029.stm

mihou
citation de Thomas SANKARA
Message Mer 17 Oct - 0:16 par mihou
Thomas SANKARA : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite

pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se

fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend

l’affranchir. Seule la lutte libère… »

Thomas Sankara [1949-1987], l’Eternelle valeur de l’exemple


14/10/2007


Thomas Sankara Thomasankara

Thomas
Sankara, le charismatique président du Burkina Faso du 04 Août 1983 au
15 octobre 1987, date de son assassinat par son ami et toujours
président burkinabé [en 2007], est certainement avec Nelson Mandela la
figure politique africaine la plus marquante des années 80, suivant les
prestigieux devanciers N’krumah, Sékou Touré, Lumumba, Nyerere et
autres. Habité par un idéal révolutionnaire communicatif tenu dans une
irréversible volonté de rupture, de justice et de liquidation des
rapports de domination, Thomas Sankara a conquis une audience largement
au de là de l’Afrique par une puissante vision du monde et une force de
persuasion aux idéaux de progrès universel, sans jamais faire l’impasse
sur l’état de son pays, de son Afrique, du peuple dont il se disait
issu et porte-parole.


Celui
qui se voulait la voix des Indiens, des Africains, des Femmes, des
Esclaves et des Opprimés a légué un inimitable style politique assorti
de réflexions inoubliables. Ses discours son restés gravés dans les
mémoires de ceux qui, épris d’un réel renouveau dans le rapport du
capitalisme aux peuples extra-occidentaux, n’ont cessé d’appeler de
leurs vœux, dans un élan quelque fois messianique, l’avènement d’une
figure qui incarnerait enfin les combats de tous pour tous.


A l’occasion du 20ème
anniversaire de sa mort, quelques extraits de ses discours permettront
de poursuivre un travail de deuil, de mémoire et d’espoir plus
impérieux que simplement nécessaires, dans un faux village planétaire
où les prédations démultipliées se sont obligées les plus médiatiques
philosophes et intellectuels, donnant bonne conscience à une rapacité
pulsionnelle aiguisée par les lucratives et vulnérables sociétés du
globe. Eventrées, violées, investies au pas de charge au cri de
libéralisme, libéralisme, libéralisme !




Sankara
restera par dessus tout par la suprême valeur de l’exemple, celle qui
fait défaut aujourd’hui aux combattants de la liberté dans le paysage
politique africain. Les dinosaures, les vieux, les anciens ont réussi à
durer, à trop durer, savent-ils encore pourquoi ? Hier adulés ou loués
pour les besoins de la cause clanique ou sincèrement dans l’espoir de
voir des changements prochains, les anciennes gardes sont honnies et le
savent, bannies de l’estime et de la dignité des leurs et plus encore
de leurs alliés occidentaux. Les pays qui s’enfoncent dans les misères
n’offrent même pas la possibilité de jouir en toute quiétude des biens
mal acquis qui font par ailleurs l’objet récent de l’intérêt des
appareils judiciaires occidentaux. Il reste alors celui qui avait
parlé, … et qui avait dit vrai. Impasse est faite sur les «papa» des
peuples, les «mama» autoproclamées, la force de l’exemple résonne à
jamais. Les erreurs sont oubliées, tout un chacun a pu juger de leur
bonne foi, et du parti pris de l’action réformatrice, révolutionnaire.


A
bientôt Sankara tes idées ne pourront ne pas servir, il y avait en
elles tellement de vérité et tellement de volonté d’apaiser les
souffrances de tous. En passant en revue quelques une des phrases
restées célèbres les contemporains revivifient désormais
quotidiennement l’esprit d’un très haut parmi les grands fils de
l’Afrique, vraie, généreuse, courageuse, sans début ni fin.






A propos de la justice, on retiendra de Sankara parmi d’autres réflexions fulgurantes :

"
Tant qu'il y aura l'oppression et l'exploitation, il y aura toujours
deux justices et deux démocraties : celle des oppresseurs et celle des
opprimés, celle des exploiteurs et celle des exploités. La justice sous
la révolution démocratique et populaire sera toujours celle des
opprimés et des exploités contre la justice néo-coloniale d'hier, qui
était celle des oppresseurs et des exploiteurs. "
3 janvier 1984, ouverture des 1ères assises des Tribunaux Populaires de la Révolution.



Sur la condition féminine et les rapports de genre :

"
Il n'y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est
libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société où la moitié du
peuple est maintenue dans le silence. J'entends le vacarme de ce
silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je
sens la furie de leur révolte. J'attends et espère l'irruption féconde
de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse
justesse sorties de leurs entrailles d'opprimées."
8 mars 1987, Ouagadougou



Thomas
Sankara s’illustra à plusieurs reprises, au grand agacement de ses
homologues africains occupés à accompagner le pillage capitaliste des
ressources continentales, par ses propos cinglants contre le
néo-colonialisme. Rupture, le mot fut lâché :


"
Il faut proclamer qu'il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que
si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les
charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre 20 années durant.
Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus là. Pas
de développement en dehors de cette rupture là. Il faut ranimer la
confiance du peuple en lui-même en lui rappelant qu'il a été grand hier
et donc, peut-être aujourd'hui et demain. Fonder l'espoir. "
A un journaliste américain.



Doté
d’une grande lucidité sociologique qui allait lui valoir des inimitiés
de la part d’oligarques africains, il dénonça le mimétisme et
l’aliénation culturelle encore tenaces, caractéristiques des pesanteurs
des sociétés post ou néo-colonisées :


"
La plus grande difficulté rencontrée est constituée par l'esprit de
néo-colonisé qu'il y a dans ce pays. Nous avons été colonisés par un
pays, la France,
qui nous a donné certaines habitudes. Et pour nous, réussir dans la
vie, avoir le bonheur, c'est essayer de vivre comme en France, comme le
plus riche des Français. Si bien que les transformations que nous
voulons opérer rencontrent des obstacles, des freins."
A un journaliste américain.



Liberté, dignité, lutte, des thèmes récurrents:

"
L'esprit de liberté, de dignité, de compter sur ses propres forces,
d'indépendance et de lutte anti-impérialiste […] doit souffler du Nord
au Sud, du Sud au Nord et franchir allègrement les frontières. D'autant
plus que les peuples africains pâtissent des mêmes misères, nourrissent
les mêmes sentiments, rêvent des mêmes lendemains meilleurs. "
Août 1984, Conférence de presse.



Aussi
incisif envers l’apathie des oppressés qu’à l’endroit des oppresseurs,
se moquant des préséances et des sempiternelles obséquiosités, Sankara
n’hésita ni à faire la leçon au très craint président
français, Mitterand, ni à critiquer la coopération ou ce qui s’en réclamait :

"
Nous n'avons pas compris comment ils [Jonas Savimbi de l'Angola et
Pieter Botha d'Afrique du Sud, pro Apartheid] ont eu le droit de
parcourir la France
si belle et si propre. Ils l'ont tachée de leurs mains et de leurs
pieds couverts de sang. Et tous ceux qui leur ont permis de poser ces
actes en portent l'entière responsabilité ici et ailleurs, aujourd'hui
et toujours. "
Novembre 1986, discours fait à François Mitterrand, en visite à Ouagadougou.

Dans le même discours, et de la même veine :

"
Parce que de toutes les races humaines, nous appartenons à celles qui
ont le plus souffert, nous nous sommes jurés de ne plus jamais accepter
sur la moindre parcelle de cette terre le moindre déni de justice. "




La
remise en question des privautés, habitudes, relations de copinages
franco-africains occupait une place de choix dans les positions de
Sankara, la dette notamment fut abordée dans l’optique qui triompherait
plus tard, celle de l’abolition :

Vous
parlez beaucoup, souvent, de la dette, du développement de nos pays,
des difficultés que nous rencontrons dans des forums internationaux.
(...) Nous vous demandons de continuer à le faire, parce que,
aujourd'hui, nous sommes victimes des erreurs, des inconséquences des
autres, L'on veut nous faire payer doublement des actes pour lesquels
nous n'avons pas été engagés. Ils nous ont été conseillés et octroyés
dans des conditions que nous ne connaissons plus. Sauf qu'aujourd'hui,
nous devons subir et subir. Mais pour nous, ces questions ne se
résoudront jamais par des incantations, des jérémiades, des
supplications et des discours…


Toujours
à l’adresse d’un Mitterrand pourtant familier, y compris en France,
d’une déférence frisant parfois l’idolâtrie, le révolutionnaire lançait
à un homologue qu’il traitait d’égal à égal :

Parlant de la coopération entre la France
(...) et le Burkina Faso, (...) nous ne demandons pas, comme cela a été
le cas déjà, que les autorités françaises viennent s'acoquiner avec des
autorités burkinabè, africaines, et que seulement quelques années plus
tard, I'opinion française, à travers sa presse se répande en
condamnations de ce qui s'appelait aide, mais qui n'était que calvaire,
supplice pour les peuples...




Cette
pensée révolutionnaire, cette incarnation d’une indomptable volonté de
rupture, cette démocratisation des pratiques du pouvoir africain, ce
charisme politique ont à jamais marqué les jeunesses africaines, leur
fournissant au milieu d’un désert politique, une figure qui devait avec
le temps, même disparue, ne pas ternir au contraire se bonifier. Jurant
d’avec un paysage occupé par les clientèles politiciennes sans commune
mesure avec les enjeux du vivre-ensemble, de l’émancipation, de la
liberté des peuples dominés, Sankara, avec un à-propos dévastateur,
n’épargnait pas ceux pour qui il était parti en guerre :




l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que
l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur
s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître
qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère…
Extrait de discours à l’ONU, 1984.



Première parution 16/10/2003, modifiée



Voir les discours de Thomas Sankara sur www.thomassankara.net

Akam Akamayong




http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1919
Il y vingt ans, Thomas Sankara, le Che Guevara africain et Président du Burkina Faso, était assasiné.



19 octobre 2007











Thomas Sankara Sankara
















CADTM, octobre 2007.




Il y a tout juste
vingt ans, le 15 octobre 1987, Thomas Sankara |1|, président et père de
la révolution du Burkina Faso (1983-1987), était assassiné lors du coup
d’Etat de Blaise Compaoré, l’actuel président soutenu par les
puissances occidentales. A l’instar de Patrice Lumumba (père de
l’indépendance de l’ex-Congo belge), Thomas Sankara, aussi appelé le
« Che africain », reste une figure emblématique de la lutte de
l’Afrique contre la domination des puissances du Nord. Au cours de sa
brève carrière politique, il a accompli des avancées majeures en faveur
de son peuple, en se positionnant notamment pour le non-paiement de la
dette, la lutte contre la corruption, l’autosuffisance alimentaire, la
libération de la femme,... Un des temps forts de sa vie politique fut le discours qu’il prononça à la conférence de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA), le 29 juillet 1987 à Addis-Abeba. |2| (...)

- Lire l’ article www.cadtm.org





Arrivé au pouvoir
par une « révolution démocratique et populaire » en août 1983 en
Haute-Volta, qu’il rebaptise Burkina Faso (« pays des hommes
intègres »), Thomas Sankara a été assassiné le 15 octobre 1987. Le
CADTM tient à commémorer aujourd’hui le 20e anniversaire de sa mort
tragique.

Les peuples
africains n’ont pas oublié celui qui incarne aujourd’hui encore la
résistance la plus éclatante et la plus sincère à la logique imposée
par le FMI et la Banque mondiale. Très vite, il a tenté d’instaurer une
indépendance économique et de développer la production locale. C’est le
« consommer burkinabè », pour lequel il n’a pas hésité à déclarer : « Regardez
dans vos assiettes. Quand vous mangez les grains de mil, de maïs et de
riz importés, c’est ça l’impérialisme. N’allez pas plus loin. »
Il
s’est attelé à la construction de services sociaux solides (santé,
éducation, logement), a agi pour la libération de la femme et mené une
grande réforme agraire de redistribution de la terre aux paysans.

Très populaire, il
a milité avec acharnement pour la constitution, de la part des
dirigeants africains, d’un front du refus de rembourser la dette, que
le CADTM appelle également de ses vœux à l’échelle de tous les pays du
Sud. Lors de son discours à Addis Abeba le 29 juillet 1987, Thomas
Sankara avait lancé l’offensive : « La dette sous sa
forme actuelle, est une reconquête savamment organisée de l’Afrique
(...). La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous
ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs.
Par contre si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs
également. »
. Avant de mettre ses pairs au pied du mur : « Qui,
ici, ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée ?
Celui qui ne le souhaite pas peut sortir, prendre son avion et aller
tout de suite à la Banque mondiale payer. »


Mais il était parfaitement conscient des risques qu’il courait : « Si
le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là
à la prochaine conférence ! Par contre, avec le soutien de tous, dont
j’ai grand besoin, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de
payer, nous pourrons consacrer nos maigres ressources à notre
développement. »


Thomas Sankara n’a
pas pu se rendre à la conférence suivante... En rupture totale avec la
logique des grandes puissances, il est mort assassiné voici 20 ans et
Blaise Compaoré l’a remplacé alors pour « rectifier la Révolution » et la mettre sur les rails du néolibéralisme. (...)

- Lire l’ articlre www.cadtm.org





Quel Burkina en 1983 avant la révolution ?

La HauteVolta, pays
de près de 8 millions d’habitants, très pauvre en ressources
naturelles, était le fournisseur de main d’œuvre bon marché de toute la
sous-région. Son économie dépendait de la vente à l’extérieur de ses
produits agricoles et, financièrement, il vivait des aides
internationales. Il était donc voué à appliquer les politiques dictées
de l’extérieur. Mais... (...)

Sankara voulait libérer son peuple de cette logique là : mais l’avenir qu’il prônait ne peut être possible que si l’Afrique se libère totalement du joug occidental en s’unissant,
en assurant son éducation de masse, en protégeant la santé de ses
populations et la pureté de son environnement naturel et en se
réappropriant ses richesses. (...)

- Lire l’ article www.cadtm.org




- Notre pays a besoin d’hommes libres pour mettre en place un monde de paix et de respect.
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