Juifs déportés de Monaco: début du travail de la commission d'indemnisation
MONACO, 18 mai 2006 (AFP) -
La commission indépendante chargée d'assister les plaignants juifs qui auraient été spoliés à Monaco durant la deuxième guerre mondiale a été installée jeudi par le chef du gouvernement de la Principauté, ont indiqué ses responsables.
Présidée par Fernand Levi, président de l'association cultuelle israélite de Monaco, elle compte cinq membres dont Serge Klarsfeld, écrivain, historien et avocat de la cause des déportés en France.
"Cette commission sera chargée d'assister les plaignants dans la recherche de leurs biens", a souligné M. Levi qui a reçu l'assurance du "soutien et de l'appui du gouvernement princier".
Cet "organisme non juridictionnel" tentera "de rapprocher les points de vues dans le respect de l'équité en recherchant une solution juste", a souligné Jean-Paul Proust, ministre d'Etat (chef du gouvernement) au cours de la cérémonie d'installation.
Selon les premiers éléments connus de source officielle, 87 juifs ont été déportés à partir de Monaco entre 1940 et 1945, mais les responsables de la commission n'ont pas exclu que d'autre noms puissent être rajoutés à cette liste.
M. Levi a indiqué que la commission s'attend à avoir "une dizaine" de dossiers à instruire au total. En effet, des travaux analogues menés dans d'autres pays, notamment en France, montrent que le nombre de dossiers de spoliation correspond à environ 10% des personnes déportées.
A court terme, deux dossiers devraient être ouverts dont celui d'un Belge de confession juive, Jean Geismar, 75 ans, qui réclame au gouvernement monégasque 14 millions d'euros de réparations pour la spoliation de membres de sa famille réfugiés dans la Principauté en 1940 et déportés à Auschwitz.
"Il n'y a pas eu (à Monaco) de législation antisémite sur les biens (immobiliers) étant donné que la France elle-même a constaté que les juifs n'avaient pas de biens à Monaco en 1941. Donc, il n'y a pas eu de processus (officiel) d'aryanisation et de spoliation menée comme en France", a souligné Me Klarsfeld.
Un recensement effectué en 1941 "sous la pression de Vichy" a permis de dénombrer la présence de 219 juifs sur le territoire de la Principauté dont une vingtaine seulement exerçaient une profession.
Quelques fonctionnaires principalement des enseignants détachés à Monaco par la France ont été exclus, selon les membres de la commission créée fin février par le prince Albert II.
Sources:
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/060518172459.xqz6ifwf.htm