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 Evo Morales : «Nous voulons un accord avec Total»

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Tite Prout
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Tite Prout


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Evo Morales : «Nous voulons un accord avec Total» Empty
19052006
MessageEvo Morales : «Nous voulons un accord avec Total»

Evo Morales : «Nous voulons un accord avec Total»
Propos recueillis par Lamia Oualalou
16 mai 2006, (Rubrique International)

Dans un entretien au «Figaro», le président bolivien appelle les compagnies pétrolières occidentales à négocier les modalités des nationalisations.

Evo Morales : «il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer.» Gerard Cerles/AFP.<BR/>

Le président Evo Morales était hier de passage à Paris, où il effectue depuis dimanche une visite semi-privée au cours de laquelle il a rencontré plusieurs élus, dont le maire de Paris Bertrand Delanoë, ainsi que le secrétaire du Parti socialiste François Hollande. Il s'est envolé dans l'après-midi pour Strasbourg, à l'invitation du Parlement européen.



LE FIGARO. - Vous avez annoncé le 1er mai la nationalisation des hydrocarbures boliviens. Qu'advient-il des entreprises étrangères, qui contrôlent l'essentiel de la production ?

Evo MORALES. – La nationalisation des hydrocarbures n'est pas seulement une promesse de campagne, que nous tenons aujourd'hui, c'est d'abord une ample revendication du peuple bolivien. Nous n'exproprions personne, nous n'expulsons personne et nous n'éprouvons aucun ressentiment à l'égard de ces entreprises qui ont exploité nos ressources naturelles. Mais il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer. Dans le cas de l'entreprise pétrolière espagnole Repsol par exemple, nous avons d'excellentes relations avec le président (du gouvernement) Zapatero, qui est notre allié, et nous voulons que Repsol reste en Bolivie. Mais désormais comme associée, et non plus comme patron et propriétaire. C'est aussi le cas de la compagnie brésilienne Petrobras. Quant à la française Total, selon nos informations, c'est la plus flexible et la plus sensible aux questions sociales. Il s'agit aujourd'hui de négocier, c'est pourquoi le décret de nationalisation donne un délai de 180 jours pour ouvrir les discussions. Notre désir est véritablement d'arriver à un accord.

La Bolivie a-t-elle scellé une alliance stratégique avec Cuba et le Venezuela ?

Certains pays offrent leur coopération sans la moindre condition. Quand on dit que (le président vénézuélien) Hugo Chavez est mon tuteur, je réponds que Chavez n'est pas le tuteur d'Evo, mais du peuple bolivien. Les Vénézuéliens bénéficient d'une meilleure situation économique que la nôtre grâce à la souveraineté dont ils jouissent sur leurs ressources naturelles. Ils nous aident sans aucune contrepartie. Cuba, un pays bloqué par un embargo, nous aide à débloquer la Bolivie d'un point de vue social, dans le champ de la santé comme celui de l'alphabétisation. C'est impressionnant. Mais je dois reconnaître que le gouvernement espagnol a aussi pris l'engagement d'annuler la dette bilatérale pour financer des programmes d'éducation. La Banque mondiale va le faire pour la première fois, tout comme le Japon, et plusieurs pays européens commencent à l'envisager. En revanche, pour avoir droit à l'aide des Etats-Unis, il faut satisfaire seize critères ! Nous formons avec Hugo Chavez et Fidel Castro une alliance bolivarienne, que nous appelons l'Alba, qui va à l'encontre du marché de libre-échange des Amériques voulu par les Etats-Unis, l'Alca. Pour nous, Alca, c'est plutôt l'acronyme de «Accord pour légaliser la colonisation des Amériques».

Comment voyez-vous votre relation avec le Brésil, où l'annonce de la nationalisation, qui frappe avant tout Petrobras, a provoqué une levée de boucliers ?

Certains médias ont tout fait pour provoquer un affrontement entre (le président brésilien) Lula et moi. Ils peuvent essayer, ils n'y arriveront pas. Le Brésil est un allié stratégique avec lequel nous entretenons une relation étroite. Bien sûr, il faudra que nous discutions de l'augmentation du prix du gaz que nous leur exportons. Ce doit être une négociation rationnelle, qui bénéficie à la Bolivie, sans pour autant trop affecter le Brésil. Il en est de même avec l'Argentine.

Vous faites souvent référence à la volonté d'agents extérieurs de déstabiliser votre gouvernement. A qui pensez-vous ?

Il y a, comme il y a toujours eu, des attitudes dictatoriales pour ne pas nous laisser changer la Bolivie, et qui tentent de provoquer des problèmes économiques et sociaux. Selon les renseignements dont je dispose, certaines multinationales travaillent en ce sens, tout comme parfois, l'ambassade des Etats-Unis à La Paz, qui continue à nous provoquer et à nous agresser. Quand le nonce apostolique nous a rendu visite, par exemple, tout le corps diplomatique était présent, sauf les Américains. C'est un signe de mépris. Ils refusent de délivrer des visas à des sénateurs boliviens. Notre relation avec les Etats-Unis est tendue. Nous discutons, mais, dans les actes, eux se comportent mal.


Dans un entretien au «Figaro», le président bolivien appelle les compagnies pétrolières occidentales à négocier les modalités des nationalisations.

Evo Morales : «il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer.» Gerard Cerles/AFP.<BR/>

Le président Evo Morales était hier de passage à Paris, où il effectue depuis dimanche une visite semi-privée au cours de laquelle il a rencontré plusieurs élus, dont le maire de Paris Bertrand Delanoë, ainsi que le secrétaire du Parti socialiste François Hollande. Il s'est envolé dans l'après-midi pour Strasbourg, à l'invitation du Parlement européen.



LE FIGARO. - Vous avez annoncé le 1er mai la nationalisation des hydrocarbures boliviens. Qu'advient-il des entreprises étrangères, qui contrôlent l'essentiel de la production ?

Evo MORALES. – La nationalisation des hydrocarbures n'est pas seulement une promesse de campagne, que nous tenons aujourd'hui, c'est d'abord une ample revendication du peuple bolivien. Nous n'exproprions personne, nous n'expulsons personne et nous n'éprouvons aucun ressentiment à l'égard de ces entreprises qui ont exploité nos ressources naturelles. Mais il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer. Dans le cas de l'entreprise pétrolière espagnole Repsol par exemple, nous avons d'excellentes relations avec le président (du gouvernement) Zapatero, qui est notre allié, et nous voulons que Repsol reste en Bolivie. Mais désormais comme associée, et non plus comme patron et propriétaire. C'est aussi le cas de la compagnie brésilienne Petrobras. Quant à la française Total, selon nos informations, c'est la plus flexible et la plus sensible aux questions sociales. Il s'agit aujourd'hui de négocier, c'est pourquoi le décret de nationalisation donne un délai de 180 jours pour ouvrir les discussions. Notre désir est véritablement d'arriver à un accord.

La Bolivie a-t-elle scellé une alliance stratégique avec Cuba et le Venezuela ?

Certains pays offrent leur coopération sans la moindre condition. Quand on dit que (le président vénézuélien) Hugo Chavez est mon tuteur, je réponds que Chavez n'est pas le tuteur d'Evo, mais du peuple bolivien. Les Vénézuéliens bénéficient d'une meilleure situation économique que la nôtre grâce à la souveraineté dont ils jouissent sur leurs ressources naturelles. Ils nous aident sans aucune contrepartie. Cuba, un pays bloqué par un embargo, nous aide à débloquer la Bolivie d'un point de vue social, dans le champ de la santé comme celui de l'alphabétisation. C'est impressionnant. Mais je dois reconnaître que le gouvernement espagnol a aussi pris l'engagement d'annuler la dette bilatérale pour financer des programmes d'éducation. La Banque mondiale va le faire pour la première fois, tout comme le Japon, et plusieurs pays européens commencent à l'envisager. En revanche, pour avoir droit à l'aide des Etats-Unis, il faut satisfaire seize critères ! Nous formons avec Hugo Chavez et Fidel Castro une alliance bolivarienne, que nous appelons l'Alba, qui va à l'encontre du marché de libre-échange des Amériques voulu par les Etats-Unis, l'Alca. Pour nous, Alca, c'est plutôt l'acronyme de «Accord pour légaliser la colonisation des Amériques».

Comment voyez-vous votre relation avec le Brésil, où l'annonce de la nationalisation, qui frappe avant tout Petrobras, a provoqué une levée de boucliers ?

Certains médias ont tout fait pour provoquer un affrontement entre (le président brésilien) Lula et moi. Ils peuvent essayer, ils n'y arriveront pas. Le Brésil est un allié stratégique avec lequel nous entretenons une relation étroite. Bien sûr, il faudra que nous discutions de l'augmentation du prix du gaz que nous leur exportons. Ce doit être une négociation rationnelle, qui bénéficie à la Bolivie, sans pour autant trop affecter le Brésil. Il en est de même avec l'Argentine.

Vous faites souvent référence à la volonté d'agents extérieurs de déstabiliser votre gouvernement. A qui pensez-vous ?

Il y a, comme il y a toujours eu, des attitudes dictatoriales pour ne pas nous laisser changer la Bolivie, et qui tentent de provoquer des problèmes économiques et sociaux. Selon les renseignements dont je dispose, certaines multinationales travaillent en ce sens, tout comme parfois, l'ambassade des Etats-Unis à La Paz, qui continue à nous provoquer et à nous agresser. Quand le nonce apostolique nous a rendu visite, par exemple, tout le corps diplomatique était présent, sauf les Américains. C'est un signe de mépris. Ils refusent de délivrer des visas à des sénateurs boliviens. Notre relation avec les Etats-Unis est tendue. Nous discutons, mais, dans les actes, eux se comportent mal.


Dans un entretien au «Figaro», le président bolivien appelle les compagnies pétrolières occidentales à négocier les modalités des nationalisations.

Evo Morales : «il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer.» Gerard Cerles/AFP.<BR/>

Le président Evo Morales était hier de passage à Paris, où il effectue depuis dimanche une visite semi-privée au cours de laquelle il a rencontré plusieurs élus, dont le maire de Paris Bertrand Delanoë, ainsi que le secrétaire du Parti socialiste François Hollande. Il s'est envolé dans l'après-midi pour Strasbourg, à l'invitation du Parlement européen.



LE FIGARO. - Vous avez annoncé le 1er mai la nationalisation des hydrocarbures boliviens. Qu'advient-il des entreprises étrangères, qui contrôlent l'essentiel de la production ?

Evo MORALES. – La nationalisation des hydrocarbures n'est pas seulement une promesse de campagne, que nous tenons aujourd'hui, c'est d'abord une ample revendication du peuple bolivien. Nous n'exproprions personne, nous n'expulsons personne et nous n'éprouvons aucun ressentiment à l'égard de ces entreprises qui ont exploité nos ressources naturelles. Mais il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer. Dans le cas de l'entreprise pétrolière espagnole Repsol par exemple, nous avons d'excellentes relations avec le président (du gouvernement) Zapatero, qui est notre allié, et nous voulons que Repsol reste en Bolivie. Mais désormais comme associée, et non plus comme patron et propriétaire. C'est aussi le cas de la compagnie brésilienne Petrobras. Quant à la française Total, selon nos informations, c'est la plus flexible et la plus sensible aux questions sociales. Il s'agit aujourd'hui de négocier, c'est pourquoi le décret de nationalisation donne un délai de 180 jours pour ouvrir les discussions. Notre désir est véritablement d'arriver à un accord.

La Bolivie a-t-elle scellé une alliance stratégique avec Cuba et le Venezuela ?

Certains pays offrent leur coopération sans la moindre condition. Quand on dit que (le président vénézuélien) Hugo Chavez est mon tuteur, je réponds que Chavez n'est pas le tuteur d'Evo, mais du peuple bolivien. Les Vénézuéliens bénéficient d'une meilleure situation économique que la nôtre grâce à la souveraineté dont ils jouissent sur leurs ressources naturelles. Ils nous aident sans aucune contrepartie. Cuba, un pays bloqué par un embargo, nous aide à débloquer la Bolivie d'un point de vue social, dans le champ de la santé comme celui de l'alphabétisation. C'est impressionnant. Mais je dois reconnaître que le gouvernement espagnol a aussi pris l'engagement d'annuler la dette bilatérale pour financer des programmes d'éducation. La Banque mondiale va le faire pour la première fois, tout comme le Japon, et plusieurs pays européens commencent à l'envisager. En revanche, pour avoir droit à l'aide des Etats-Unis, il faut satisfaire seize critères ! Nous formons avec Hugo Chavez et Fidel Castro une alliance bolivarienne, que nous appelons l'Alba, qui va à l'encontre du marché de libre-échange des Amériques voulu par les Etats-Unis, l'Alca. Pour nous, Alca, c'est plutôt l'acronyme de «Accord pour légaliser la colonisation des Amériques».

Comment voyez-vous votre relation avec le Brésil, où l'annonce de la nationalisation, qui frappe avant tout Petrobras, a provoqué une levée de boucliers ?

Certains médias ont tout fait pour provoquer un affrontement entre (le président brésilien) Lula et moi. Ils peuvent essayer, ils n'y arriveront pas. Le Brésil est un allié stratégique avec lequel nous entretenons une relation étroite. Bien sûr, il faudra que nous discutions de l'augmentation du prix du gaz que nous leur exportons. Ce doit être une négociation rationnelle, qui bénéficie à la Bolivie, sans pour autant trop affecter le Brésil. Il en est de même avec l'Argentine.

Vous faites souvent référence à la volonté d'agents extérieurs de déstabiliser votre gouvernement. A qui pensez-vous ?

Il y a, comme il y a toujours eu, des attitudes dictatoriales pour ne pas nous laisser changer la Bolivie, et qui tentent de provoquer des problèmes économiques et sociaux. Selon les renseignements dont je dispose, certaines multinationales travaillent en ce sens, tout comme parfois, l'ambassade des Etats-Unis à La Paz, qui continue à nous provoquer et à nous agresser. Quand le nonce apostolique nous a rendu visite, par exemple, tout le corps diplomatique était présent, sauf les Américains. C'est un signe de mépris. Ils refusent de délivrer des visas à des sénateurs boliviens. Notre relation avec les Etats-Unis est tendue. Nous discutons, mais, dans les actes, eux se comportent mal.


Dans un entretien au «Figaro», le président bolivien appelle les compagnies pétrolières occidentales à négocier les modalités des nationalisations.

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Le président Evo Morales était hier de passage à Paris, où il effectue depuis dimanche une visite semi-privée au cours de laquelle il a rencontré plusieurs élus, dont le maire de Paris Bertrand Delanoë, ainsi que le secrétaire du Parti socialiste François Hollande. Il s'est envolé dans l'après-midi pour Strasbourg, à l'invitation du Parlement européen.



LE FIGARO. - Vous avez annoncé le 1er mai la nationalisation des hydrocarbures boliviens. Qu'advient-il des entreprises étrangères, qui contrôlent l'essentiel de la production ?

Evo MORALES. – La nationalisation des hydrocarbures n'est pas seulement une promesse de campagne, que nous tenons aujourd'hui, c'est d'abord une ample revendication du peuple bolivien. Nous n'exproprions personne, nous n'expulsons personne et nous n'éprouvons aucun ressentiment à l'égard de ces entreprises qui ont exploité nos ressources naturelles. Mais il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer. Dans le cas de l'entreprise pétrolière espagnole Repsol par exemple, nous avons d'excellentes relations avec le président (du gouvernement) Zapatero, qui est notre allié, et nous voulons que Repsol reste en Bolivie. Mais désormais comme associée, et non plus comme patron et propriétaire. C'est aussi le cas de la compagnie brésilienne Petrobras. Quant à la française Total, selon nos informations, c'est la plus flexible et la plus sensible aux questions sociales. Il s'agit aujourd'hui de négocier, c'est pourquoi le décret de nationalisation donne un délai de 180 jours pour ouvrir les discussions. Notre désir est véritablement d'arriver à un accord.

La Bolivie a-t-elle scellé une alliance stratégique avec Cuba et le Venezuela ?

Certains pays offrent leur coopération sans la moindre condition. Quand on dit que (le président vénézuélien) Hugo Chavez est mon tuteur, je réponds que Chavez n'est pas le tuteur d'Evo, mais du peuple bolivien. Les Vénézuéliens bénéficient d'une meilleure situation économique que la nôtre grâce à la souveraineté dont ils jouissent sur leurs ressources naturelles. Ils nous aident sans aucune contrepartie. Cuba, un pays bloqué par un embargo, nous aide à débloquer la Bolivie d'un point de vue social, dans le champ de la santé comme celui de l'alphabétisation. C'est impressionnant. Mais je dois reconnaître que le gouvernement espagnol a aussi pris l'engagement d'annuler la dette bilatérale pour financer des programmes d'éducation. La Banque mondiale va le faire pour la première fois, tout comme le Japon, et plusieurs pays européens commencent à l'envisager. En revanche, pour avoir droit à l'aide des Etats-Unis, il faut satisfaire seize critères ! Nous formons avec Hugo Chavez et Fidel Castro une alliance bolivarienne, que nous appelons l'Alba, qui va à l'encontre du marché de libre-échange des Amériques voulu par les Etats-Unis, l'Alca. Pour nous, Alca, c'est plutôt l'acronyme de «Accord pour légaliser la colonisation des Amériques».

Comment voyez-vous votre relation avec le Brésil, où l'annonce de la nationalisation, qui frappe avant tout Petrobras, a provoqué une levée de boucliers ?

Certains médias ont tout fait pour provoquer un affrontement entre (le président brésilien) Lula et moi. Ils peuvent essayer, ils n'y arriveront pas. Le Brésil est un allié stratégique avec lequel nous entretenons une relation étroite. Bien sûr, il faudra que nous discutions de l'augmentation du prix du gaz que nous leur exportons. Ce doit être une négociation rationnelle, qui bénéficie à la Bolivie, sans pour autant trop affecter le Brésil. Il en est de même avec l'Argentine.

Vous faites souvent référence à la volonté d'agents extérieurs de déstabiliser votre gouvernement. A qui pensez-vous ?

Il y a, comme il y a toujours eu, des attitudes dictatoriales pour ne pas nous laisser changer la Bolivie, et qui tentent de provoquer des problèmes économiques et sociaux. Selon les renseignements dont je dispose, certaines multinationales travaillent en ce sens, tout comme parfois, l'ambassade des Etats-Unis à La Paz, qui continue à nous provoquer et à nous agresser. Quand le nonce apostolique nous a rendu visite, par exemple, tout le corps diplomatique était présent, sauf les Américains. C'est un signe de mépris. Ils refusent de délivrer des visas à des sénateurs boliviens. Notre relation avec les Etats-Unis est tendue. Nous discutons, mais, dans les actes, eux se comportent mal.


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LE FIGARO. - Vous avez annoncé le 1er mai la nationalisation des hydrocarbures boliviens. Qu'advient-il des entreprises étrangères, qui contrôlent l'essentiel de la production ?

Evo MORALES. – La nationalisation des hydrocarbures n'est pas seulement une promesse de campagne, que nous tenons aujourd'hui, c'est d'abord une ample revendication du peuple bolivien. Nous n'exproprions personne, nous n'expulsons personne et nous n'éprouvons aucun ressentiment à l'égard de ces entreprises qui ont exploité nos ressources naturelles. Mais il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer. Dans le cas de l'entreprise pétrolière espagnole Repsol par exemple, nous avons d'excellentes relations avec le président (du gouvernement) Zapatero, qui est notre allié, et nous voulons que Repsol reste en Bolivie. Mais désormais comme associée, et non plus comme patron et propriétaire. C'est aussi le cas de la compagnie brésilienne Petrobras. Quant à la française Total, selon nos informations, c'est la plus flexible et la plus sensible aux questions sociales. Il s'agit aujourd'hui de négocier, c'est pourquoi le décret de nationalisation donne un délai de 180 jours pour ouvrir les discussions. Notre désir est véritablement d'arriver à un accord.

La Bolivie a-t-elle scellé une alliance stratégique avec Cuba et le Venezuela ?

Certains pays offrent leur coopération sans la moindre condition. Quand on dit que (le président vénézuélien) Hugo Chavez est mon tuteur, je réponds que Chavez n'est pas le tuteur d'Evo, mais du peuple bolivien. Les Vénézuéliens bénéficient d'une meilleure situation économique que la nôtre grâce à la souveraineté dont ils jouissent sur leurs ressources naturelles. Ils nous aident sans aucune contrepartie. Cuba, un pays bloqué par un embargo, nous aide à débloquer la Bolivie d'un point de vue social, dans le champ de la santé comme celui de l'alphabétisation. C'est impressionnant. Mais je dois reconnaître que le gouvernement espagnol a aussi pris l'engagement d'annuler la dette bilatérale pour financer des programmes d'éducation. La Banque mondiale va le faire pour la première fois, tout comme le Japon, et plusieurs pays européens commencent à l'envisager. En revanche, pour avoir droit à l'aide des Etats-Unis, il faut satisfaire seize critères ! Nous formons avec Hugo Chavez et Fidel Castro une alliance bolivarienne, que nous appelons l'Alba, qui va à l'encontre du marché de libre-échange des Amériques voulu par les Etats-Unis, l'Alca. Pour nous, Alca, c'est plutôt l'acronyme de «Accord pour légaliser la colonisation des Amériques».

Comment voyez-vous votre relation avec le Brésil, où l'annonce de la nationalisation, qui frappe avant tout Petrobras, a provoqué une levée de boucliers ?

Certains médias ont tout fait pour provoquer un affrontement entre (le président brésilien) Lula et moi. Ils peuvent essayer, ils n'y arriveront pas. Le Brésil est un allié stratégique avec lequel nous entretenons une relation étroite. Bien sûr, il faudra que nous discutions de l'augmentation du prix du gaz que nous leur exportons. Ce doit être une négociation rationnelle, qui bénéficie à la Bolivie, sans pour autant trop affecter le Brésil. Il en est de même avec l'Argentine.

Vous faites souvent référence à la volonté d'agents extérieurs de déstabiliser votre gouvernement. A qui pensez-vous ?

Il y a, comme il y a toujours eu, des attitudes dictatoriales pour ne pas nous laisser changer la Bolivie, et qui tentent de provoquer des problèmes économiques et sociaux. Selon les renseignements dont je dispose, certaines multinationales travaillent en ce sens, tout comme parfois, l'ambassade des Etats-Unis à La Paz, qui continue à nous provoquer et à nous agresser. Quand le nonce apostolique nous a rendu visite, par exemple, tout le corps diplomatique était présent, sauf les Américains. C'est un signe de mépris. Ils refusent de délivrer des visas à des sénateurs boliviens. Notre relation avec les Etats-Unis est tendue. Nous discutons, mais, dans les actes, eux se comportent mal.




Evo Morales : «il faut améliorer la situation sociale des Boliviens et, pour cela, les règles du jeu doivent changer.» Gerard Cerles/AFP.
(Le Figaro/Martine Archambault)

http://www.lefigaro.fr/international/20060516.FIG000000146_evo_morales_nous_voulons_un_accord_avec_total.html
 

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