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 La France est appelée à rembourser le prix de l'indépendance

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
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12052006
MessageLa France est appelée à rembourser le prix de l'indépendance

Haïti
La France est appelée à rembourser le prix de l'indépendance haïtienne, payé il y a 200 ans
Les 90 millions de francs-or du temps de Charles X vaudraient plus de 21 milliards

Libération

En créole, la banderole coupe une des artères principales de Port-au-Prince: «Restitisyon pou Ayiti. Ochan pou zanset nou yo» («Restitution pour Haïti. Honneur à nos ancêtres»).

La «restitution», c'est la dernière lubie de Jean-Bertrand Aristide. Il réclame que la France rende à Haïti le «prix de l'indépendance», payé à l'époque par l'ex-colonie à la métropole. Les 90 millions de francs-or du temps de Charles X sont devenus, paraît-il, plus de 21 milliards de dollars.

Très exactement 21 685 135 571 dollars et... 48 cents, a calculé textuellement Aristide le 7 avril dans un discours pour la célébration du bicentenaire de la mort du héros national de la lutte pour l'indépendance, l'esclave affranchi Toussaint Louverture, mort en prison en France. Le mystère du calcul de la conversion des francs-or en dollars est soigneusement entretenu. «Nous avons fait travailler un groupe d'économistes, explique seulement Joseph Antonio, le ministre des Affaires étrangères. Quant aux centimes, cela doit venir de notre manie de la précision, très haïtienne... »

Officiellement, la France n'a reçu aucune demande de restitution par la voie diplomatique. Port-au-Prince en est encore à faire travailler «des juristes» pour étoffer le dossier. Mais, sur les murs de la capitale, sur les radios et télés à longueur d'antenne, «restitution» aura été le mot de l'année.

Napoléon vaincu

Le 1er janvier 1804, le successeur de Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, proclame à Gonaïves, à 170 km au nord-ouest de Port-au-Prince, l'indépendance du pays. Il a vaincu - aidé de la fièvre jaune - un corps expéditionnaire napoléonien de 23 000 hommes. Dessalines rebaptise du nom indien d'Haïti (de «Ayti», terre montagneuse) ce qui n'était que Saint-Domingue, partie française de l'île d'Hispaniola, découverte par Christophe Colomb lors du premier de ses quatre voyages à travers l'Atlantique. Le Génois écrivait en 1492: «Tous les arbres étaient verts, chargés de fruits [...] C'était la plus grande douceur du monde.» Cinq siècles plus tard, Haïti est un des pays les plus pauvres du monde. Il n'y a plus ou presque plus d'arbres: ils ont été coupés pour en faire du charbon de cuisine. La «terre montagneuse» a été pelée par la misère.

Pourtant, en 1804, quand nègres et mulâtres, esclaves et affranchis, blackboulent Napoléon, Saint-Domingue est encore une richissime colonie, un des pays les plus prospères du monde: cacao, coton, café, sucre, peaux, briques... Cinq nouveaux vaisseaux de commerce mouillent chaque jour dans ses rades. À Bordeaux, Nantes ou Marseille, des fortunes se sont faites grâce à Haïti. La France grince des dents à la déclaration d'indépendance, d'autant que, dans la foulée, Dessalines confisque les biens des colons.

Traité

Du coup, les relations entre les deux pays sont tendues. Napoléon est occupé ailleurs, mais ses successeurs gardent en tête cette «île qui vaut un empire». Ils insistent pour réclamer des indemnités en faveur des colons expropriés, sur le modèle des colons anglais indemnisés par les Américains après l'indépendance des États-Unis. S'ensuivent des années de tractations diplomatiques, plus ou moins dures, de coups de bluff, de rabibochages et de menaces.

Finalement, en 1825, Haïti s'engage à payer à la France de Charles X 150 millions de francs «destinés à dédommager les anciens colons». Une fois payés 30 millions, le solde est revu à la baisse en 1838, fixé à 60 millions, par un traité salué alors en Haïti comme «un vrai succès politique» pour le président haïtien, Jean-Pierre Boyer.

Jean-Bertrand Aristide se dit prêt à déchirer ce traité pour avoir «ses» 21 milliards. «Il n'y avait pas eu de négociations mais une politique de la canonnière car à l'époque Haïti était constamment sous la menace d'une invasion française, explique Mario Dupuy, secrétaire d'État à la Communication. Implicitement, on nous disait: payez ou vous retournerez en esclavage.»

L'esclavage: une occasion pour Aristide de réclamer plus encore, au-delà de la seule «restitution». Il veut des «réparations» pour les «sévices» subis par les esclaves «qui ont contribué à l'enrichissement de la France».

Officieusement, la diplomatie française répond pour l'instant que «ces réclamations n'ont aucune valeur juridique». Mais Port-au-Prince affirme être prêt à aller jusqu'au bout, c'est-à-dire devant la justice internationale.

Leurre

Il est peu probable qu'on en arrive jamais là. La demande d'Aristide est surtout un leurre pour détourner les esprits de la crise que traverse le pays. «C'est comme d'habitude une tactique du pouvoir: détourner l'attention dès qu'un problème se pose, explique l'écrivain haïtien Lyonel Trouillot. La vérité, c'est que ce problème de la dette est loin d'être prioritaire pour l'immense majorité des Haïtiens.»

«Et si la France nous prend au mot? ironise un journaliste haïtien. Ne peut-elle pas à son tour se sentir en droit de réclamer la restitution des terres, au nom des descendants des fermiers dépossédés, nous remettre à l'état de colonie et demander à ceux qui ne le désirent pas de retourner chez leurs ancêtres en Afrique avec le pognon?»

Le «coup des 21 milliards» - plus d'un demi-siècle de budget annuel de l'État haïtien - permet surtout de désigner un coupable pour l'état chronique de sous-développement dans lequel le pays stagne depuis son indépendance. «Le paiement de ces 90 millions de l'époque a empêché le développement économique de notre pays, assène Mario Dupuy. La France est directement responsable de la misère de notre population!» Une misère qui ne cesse de s'étendre, comme à Cité soleil, immense bidonville de centaines de milliers d'habitants aux portes de Port-au-Prince où, entre des cases de tôle, les enfants jouent dans la boue, les ordures et parmi les porcs - le porc, ici, est un élément de l'épargne familiale. Dans la capitale même, l'eau courante est rare et l'électricité ne tourne que quelques heures par jour.

Perfusion

Quelques centaines de millions de dollars de prêts d'institutions financières internationales (FMI, Banque interaméricaine de développement... ) sont gelés depuis les sanctions prises après les élections législatives de 2000, trafiquées par Aristide. Haïti subsiste grâce au peu d'aide internationale qui arrive encore, à travers des ONG notamment. Outre l'absence d'une véritable classe d'entrepreneurs capable et désireuse de réinvestir dans le pays, Haïti souffre de corruption chronique, depuis les «zombies de l'administration», ces morts ou démissionnaires qui touchent toujours leur chèque mensuel, jusqu'aux plus hauts niveaux de l'État. «Un jour nous sommes allés voir Aristide pour un énorme projet d'investissement de plusieurs dizaines de millions de dollars, raconte un intermédiaire. Il nous a dit qu'il en voulait une partie pour lui. Nous lui avons demandé s'il s'agissait de trois ou quatre millions à verser à la Fondation Aristide. Il a ri en répondant qu'il voulait 20 % et directement sur son compte.» Le projet ne s'est pas fait.

«La vraie question, c'est la façon dont nous-mêmes avons conduit notre développement, reconnaît l'économiste Carmelle Jean-Marie. Et, finalement, que la France paie ou non 21 milliards de dollars, ça ne nous avance en rien si cet argent n'est pas canalisé par un vrai plan de développement.»
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