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 Ces grands magasins qui font les prix

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mihou
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mihou


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24092007
MessageCes grands magasins qui font les prix

Pourquoi le prix de la nourriture augmente




Dirk Barrez

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Ces grands magasins qui font les prix

Pain, lait, spaghettis… Les prix ne cessent d’augmenter. Dans son
nouvel ouvrage Koe 80 heeft een probleem, le journaliste et auteur Dirk
Barrez nous explique qui s’en porte mieux.

Interview : Mark Kennes

19-09-2007









Samedi, 22 septembre 2007

url: http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?lang=2&obid=35379





Les fermiers se plaignent depuis des années des bas prix. L’équilibre est-il rétabli aujourd’hui ?

Dirk Barrez. Ce ne sont pas en premier lieu les fermiers qui s’en
portent mieux. Ils restent pour un part importante dépendants des
intermédiaires entre eux et le consommateur : les acheteurs en gros,
les fabricants et les distributeurs. Considérons les céréales, toujours
le principal produit agricole, et nous verrons que quasiment tout le
grain produit sur terre est acheté par trois grosses entreprises :
Cargill, ADM et Louis Dreyfus. Le paysan n’a guère le choix,
évidemment. Ces entreprises exercent un contrôle écrasant sur le
marché.







Ce sont elles qui font les prix ?



Dirk Barrez. Pas uniquement. Avec l’industrie de transformation,
qui conditionne les denrées de base que nous retrouvons dans les
(chaînes de) magasins, ça ne se présente guère mieux, puisque là aussi,
seuls quelques géants, comme Nestlé et Unilever, contrôlent le marché.
C’est toutefois le secteur de la distribution, les grands magasins,
donc, qui ont aujourd’hui le plus de pouvoir, et de loin. Ainsi, 8 %
des achats de nourriture de la planète se font chez Wal-Mart, la
multinationale américaine. Cela leur donne un énorme pouvoir pour
extorquer des marges bénéficiaires avantageuses.







Vous défendez l’idée que les paysans doivent obtenir de meilleurs
prix pour leurs produits. En fin de compte, ça va encore être facturé
au consommateur, non ?



Dirk Barrez. De meilleurs prix pour les paysans, cela ne signifie
pas nécessairement des prix plus élevés pour les consommateurs. La
libéralisation du marché mondial a débouché sur des baisses de prix
pour les fermiers, mais aussi sur une hausse de prix pour le
consommateur. La différence est passée chez les intermédiaires. Bel
exemple, l’industrie du café. Jusqu’il y a quinze ans, il y avait les
accords du café, qui faisaient que les paysans avaient un revenu
prévisible. Entre-temps, la suppression de ces accords a non seulement
fait que les paysans reçoivent deux fois mois pour leur café, mais que
les consommateurs paient aussi deux fois plus.



Aux États-Unis, une étude a montré qu’entre 1970 et 2000, le revenu
des fermiers a baissé de 20 %, mais que les prix payés par le
consommateur ont augmenté en moyenne de 35 %.







Que peut-on faire contre le pouvoir de ces multinationales ?



Dirk Barrez. Je ne comprends pas que les autorités américaines ou
que l’Union européenne permettent une telle concentration du pouvoir
économique. Au début du siècle dernier, même Standard Oil (Esso)1 a été
obligé de se scinder. Aujourd’hui, manifestement, plus personne ne se
pose de questions sur le pouvoir d’entreprises comme Wal-Mart. En
outre, il existe également des initiatives au sein desquels fermiers et
consommateurs essaient d’entrer en contact, sans les intermédiaires.
Ainsi, à Rennes, en France, il existe nombre de magasins paysans
vendant des produits locaux et où l’on a un choix de denrées tout aussi
diversifié que dans les autres supermarchés, mais à des prix
concurrentiels.







1 Une multinationale pétrolière américaine qui, au début du siècle
dernier, détenait presque la totalité du marché mondial. En 1911, la
Cour suprême des Etats-Unis obligea Esso à se scinder en 34 sociétés
indépendantes.





XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX



Les réserves alimentaires au niveau le plus bas depuis des années



Les variations de prix sur le marché mondial touchent de plein
fouet 2 à 3 milliards de petits producteurs dont la totalité du revenu
dépend des lubies du marché.



Vous êtes contre le libre marché des produits agricoles. Ses
partisans prétendent toutefois qu’il est garant d’efficacité et de prix
bas.



Dirk Barrez. Je ne suis pas contre toute forme de fonctionnement
mondial du marché. Pour l’alimentation, c’est toutefois loin d’être
évident. Dans ce secteur, en effet, des variations minimes dans l’offre
et la demande ont des conséquences énormes sur les prix et, partant,
sur les revenus des paysans, soit, en gros, entre 2 et 3 milliards
d’humains. Il est en plus très malaisé de faire concorder l’offre et la
demande.



Si la demande de pommes baisse brusquement, le paysan ne peut
demander à son verger de produire un peu moins. Les oscillations de
prix sont bien trop grandes, ce qui rend très imprévisible et incertain
le revenu de quasiment la moitié de l’humanité. Et même si, pour
l’instant, les prix montent, généralement, ils baissent et ils sont
même si bas qu’ils provoquent la faim et la pauvreté chez des centaines
de millions de paysans. De plus, c’est également un secteur qui est
vital pour toute l’humanité et où il serait donc bienvenu qu’il y ait
un certain contrôle.



Vous considérez l’agriculture comme un secteur crucial pour le développement d’un pays. Pourquoi ?



Dirk Barrez. Si nous examinons les derniers siècles, nous voyons
que chaque, mais alors chaque pays riche, dans sa phase de
développement, a protégé son marché agricole. Cela vaut aussi bien pour
la Grande-Bretagne au 18e siècle que pour le développement récent de la
Chine. Tous ces pays ont pu mener à bien leur industrialisation grâce à
un secteur agricole productif et protégé.



Aujourd’hui, on prive toutefois les pays du tiers monde de cette
possibilité par les réglementations de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC). Au nom du libre marché, l’OMC interdit à ces pays de
protéger leur marché. Le résultat, c’est que, par exemple, pour le
grain, les paysans sont confrontés depuis soixante ans à une baisse
structurelle des prix. Nous parlons d’une baisse fois cinq ou fois six
des prix. Il n’est donc pas étonnant que bien des paysans fuient les
campagnes pour les villes, où ils occasionnent une pression vers le bas
des salaires des travailleurs. S’ils ne trouvent pas de travail dans
les grandes villes de leur pays, la prochaine étape consiste à émigrer
vers l’Occident. Les prix bas que les paysans reçoivent pour leurs
produits représentent donc un problème pour les populations urbaines.



Vous voyez des solutions possibles ?



Dirk Barrez. D’après moi, l’agriculture ne peut être une compétence
de l’OMC, mais bien des Nations unies. Je suis pour la création de
marchés régionaux où la concurrence fonctionnerait déjà de façon plus
honnête qu’actuellement sur le marché mondial. Par régionaux, j’entends
au niveau continental comme, par exemple, l’Europe, l’Afrique
occidentale ou le Brésil. Actuellement, 88 % des céréales sont traitées
au niveau régional, mais ce sont les 12 % sur le marché mondial qui
déterminent les prix de toutes les céréales.



Il faut également davantage de contrôle sur l’approvisionnement en
nourriture. Les médias parlent souvent aujourd’hui du problème de
l’énergie, mais ne disent jamais, par exemple, que les réserves sont au
niveau le plus bas depuis des années. Sans pétrole, les choses ne vont
déjà pas être faciles, mais sans nourriture, là, alors…





Livre paru seulement en néerlandais

Dirk Barrez, Koe 80 heeft een probleem. Boer, consument,
agro-industrie en grootdistributie (La vache 80 a un problème. Paysan,
consommateur, agro-industrie et grande distribution), disponible en
néerlandais seulement, 251 p., Éditions EPO, 19 euros.

http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2007-09-23%2005:47:36&log=invites
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