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 Etre Juif aujourd'hui:Le livre polémique 1

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
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06052006
MessageEtre Juif aujourd'hui:Le livre polémique 1

E. B. : Les deux choses convergent, apparemment. [...] Cette histoire, cette mémoire de la souffrance commune soude, à défaut d'autre chose, les liens d'un judaïsme en perte de sens. Qu'est-ce qu'être juif aujourd'hui ? [...] Se sentir proche d'Israël ? Partager une mémoire de l'extermination ? Et quoi d'autre ? Parfois, j'ai envie d'ajouter, peut-être naïvement : être juif, c'est aussi vivre dans une certaine éthique, avoir l'amour de la vie - et pas la passion de la mort. [...] A revenir sans cesse sur l'antisémitisme, à dénoncer sans relâche tout discours qui n'est pas tout à fait dans la norme, à traquer infatigablement les moindres indices de haine, de rejet, voire seulement d'indifférence, on se crée indubitablement une communauté de souffrances fantasmées. A quoi l'on associe, le plus souvent, la proximité avec Israël, la solidarité envers Israël. Une proximité souvent profondément ressentie, qui n'est pas illégitime en soi, mais mise en difficulté, quoi qu'on en dise, par un conflit qui s'éternise et qui renvoie de ce pays une image point toujours commode à gérer. [...]

La Shoah, pour ceux qui ne l'ont pas vécue, pour les descendants, ne prescrit pas seulement un devoir de mémoire, elle fournit un substitut d'identité. [...] Dans le sillage de la guerre des Six-Jours, puis de la guerre de Kippour en 1973, des juifs sont partis à la recherche de leur judéité. Alain Finkielkraut ne fut certes pas le seul « juif imaginaire » de sa génération. Ce retour s'est trouvé diversement orienté. Pour certains, cela a été la religion, pour d'autres, la culture, et pour d'autres encore, la mémoire du génocide. Dont le poids n'a pu qu'être alourdi au fil du temps par les déclarations et les actions des autorités françaises elles-mêmes. Tout cela a marché de pair.
J.-C. A. : On doit aussi compter avec une tendance sociologique globale. [...] La fin du XXe siècle a survalorisé le statut de victime.

E. B. : [...] Le génocide remplace la religion perdue. Il donne lieu à des commémorations, à tout un ensemble de rituels qui s'apparentent étrangement à du religieux. C'est en fait là une religion accessible à la fois aux juifs non religieux et aux non-juifs. Et plus cette religion prendra de place, plus la banalisation sera forte.

J.-C. A. : Une religion, pourtant, ne saurait tourner seulement autour de la mort. La mémoire du génocide érigée en religion est une religion sans Dieu, et sans espérance. [...]

E. B. : J'ajoute que cette religion est entièrement fermée sur elle-même, et s'autoalimente. Et que cette sacralisation clôt le débat. [...] Heureusement, ce n'est pas partout la même chose. Aujourd'hui, en Israël, se développe une profonde réflexion sur ce problème, aux Etats-Unis aussi. En France, nous sommes plus bridés. On a le sentiment de se heurter à un mur compact, qui n'admet aucune issue, ni le moindre débat.

Existe-t-il une communauté juive ?E. B. : Je crois qu'aussi bien les institutions confessionnelles que les pouvoirs publics ont intérêt, qu'il s'agisse de l'islam ou du judaïsme, à renforcer le [communautarisme], un moyen simple pour l'Etat de contrôler les groupes minoritaires. [...] Pour les autorités de l'Etat, il est plus simple de négocier avec des communautés structurées, de disposer d'interlocuteurs présumés représentatifs, que d'avoir affaire à des groupes complètement éclatés.
J.-C. A. : Quant aux notables communautaires, cela leur confère un pouvoir, ou une illusion de pouvoir, qu'ils ne peuvent tirer de nulle part ailleurs. Combien de juifs votent aux élections du Consistoire ? Qui élit le grand rabbin de France ? Quels juifs savent même comment tout cela se passe ? [...] Combien de juifs se reconnaissent-ils dans les déclarations du grand rabbin Sitruk ? N'en est-il pas que la cérémonie des voeux dudit grand rabbin au président de la République, à chaque nouveau mois de janvier, irrite ou ennuie ? [...]

E. B. : [...] Le communautarisme ? Un souhait de l'Etat, des pouvoirs publics. Une aspiration, aussi, des institutionnels juifs. Un rêve de contrôle tout à fait irréalisable. Qui contrôlera une collectivité aussi polymorphe ?

J.-C. A. : Le communautarisme est aussi une espèce de fantasme, un hochet qui excite nos républicanistes orthodoxes. Où est donc le communautarisme qu'ils redoutent ? Il n'y a pas de communauté, ou d'institution, qui s'érige véritablement en intermédiaire entre l'individu et l'Etat. Des groupes se manifestent, s'organisent, essaient de fonctionner comme des lobbies. Ça ne va guère plus loin. La plupart des juifs peuvent se reconnaître juifs, se sentir appartenir à une collectivité, et n'avoir adhéré à rien, n'avoir payé de cotisation à rien, ne pas se juger représentés par le grand rabbin de France, ni par le CRIF, ni par les notables laïcs. Ils ont un sentiment d'appartenance « communautaire », mais ce n'est pas leur seule appartenance. Ils seront membres de telle ou telle association humanitaire, ou de telle ou telle association de défense de l'environnement. Auront la carte d'un parti politique, de droite, de gauche, du centre. Seront amateurs de bordeaux et collectionneurs de timbres. Il n'y a pas de danger de communautarisme tant que l'Etat s'abstient de donner un supplément de crédit ou d'autorité à certaines institutions. [...]

Les juifs et IsraëlE. B. : Les juifs de la diaspora, de France en particulier, s'agrippent, en Israël, à tout ce qui est capable de renforcer leur identité. Mais ce n'est pas une nouvelle d'Aharon Appelfeld ou un roman de Yaakov Shabtai qui peuvent jouer ce rôle. Ce qui va conforter la diaspora dans sa judéité, ce seront au contraire les courants religieux actifs en Israël. Et ce qui va la rassurer sur son avenir, telle ou telle figure politique, tel ou tel parti au pouvoir. On soutiendra, instinctivement, le gouvernement en place, celui de Netanyahou, de Barak ou de Sharon, parce qu'il représente Israël, se bat pour Israël, et qu'Israël reste perçu par nombre de juifs de la diaspora comme un ultime refuge en cas de malheur. N'oublions pas cet aspect. Les gouvernements forts sont d'autant plus appréciés. Israël apporte, au moins dans l'imaginaire, sécurité et protection aux juifs de la diaspora. Nulle place dans tout cela pour un discours post-sioniste, a priori rejeté.

J.-C. A. : Parce qu'il remet en question trop de choses. Finalement, la culture israélienne dans sa diversité, son épaisseur, n'atteint pas véritablement la diaspora. Si elle l'atteignait vraiment, elle pourrait bien la déstabiliser. Ce que la diaspora cherche en Israël est au fond ce qu'il y a de moins sioniste : une identification religieuse, le mythe de Jérusalem. On n'ira pas chercher en Israël les éléments de culture laïque, de culture profane, qui font la vie de ce pays.

E. B. : En Israël, en effet, cette culture-là bouge. De grands mouvements littéraires, artistiques, intellectuels s'y développent. Cela passe inaperçu. La diaspora ne retient d'Israël que les deux mamelles dont elle croit que dépend sa survie : l'Etat et la religion. [...]

J.-C. A. : Tu parles de mamelles, je parlerais tout aussi bien de béquilles. Qui font hélas oublier à la diaspora qu'elle dispose, elle aussi, de ses propres forces créatrices. La diaspora ne consiste pas seulement en un univers juif fragile, qui a besoin pour tenir d'une identification à cet Etat. La diaspora abrite un judaïsme riche et productif. On a un petit peu tendance à l'ignorer, ou à le minorer. [...]

La tentation du repliE. B. : Le repli communautaire est tout de même une réalité. Je ne pense pas qu'aux plus religieux. Je rencontre de plus en plus de juifs qui me semblent vivre dans une sorte d'aquarium. Ils découvrent les radios juives, ils lisent la presse juive, ils vivent avec des juifs, ils vont voir des films juifs. L'auto-enfermement de certains orthodoxes, on le comprend. Le mode de vie, les règles diététiques imposent une certaine mise à distance. Là n'est pas le plus inquiétant ni le plus étonnant. Je parle des autres. Depuis octobre 2000, depuis l'enchaînement des violences au Proche-Orient, un discours se répand : « Nous avons été trahis, les médias sont contre nous, la politique française est contre Israël, l'antisémitisme renaît de ses cendres. » Ce repli autodéfensif me semble le plus préoccupant. Il ne faut pas non plus généraliser ni voir tout en noir. C'est peut-être une des crises passagères que les juifs de France ont souvent connues. Ils ont développé un amour passion à l'égard de la République, et il accuse naturellement des hauts et des bas, comme toutes les passions. Ce n'est pas cette espèce de rétractation en soi qui m'inquiète. Ce sont ses répercussions, la stérilité culturelle qu'elle risque d'induire à moyen terme.

J.-C. A. : Je reconnais qu'elle ne donne guère de place à des juifs qui aimeraient bien être dedans et dehors. S'il faut choisir entre être dedans et barricadé entre ses quatre murs, ou être carrément dehors, on comprend que certains préfèrent encore se réfugier à l'extérieur. [...]

Woody AllenE. B. : [...] Woody Allen est lui-même l'héritier de toute une tradition littéraire judéo-américaine qui met en scène un type de luftmensh particulier, homme solitaire de la grande ville, intellectuel tourmenté, aliéné, déchiré entre différents mondes culturels et différentes valeurs éthiques. Et qu'est le juif de Woody Allen, si ce n'est la réincarnation du mythe culturel ashkénaze du shlemil, ce malchanceux qui tente d'apprivoiser un monde hostile ? Il n'est donc pas un juif « typique ». Peut-être au mieux l'intellectuel juif ashkénaze new-yorkais « typique ».

L'affaire CamusE. B. : [...] On a fait à un auteur plutôt obscur une publicité démesurée. Il aurait mieux valu ne pas en parler, ne pas relever, laisser tomber tout cela dans le silence et les ténèbres. Mais tout le monde s'en est mêlé, a fait assaut de zèle. Jusqu'au ministre de la Culture et de la Communication. Du jour au lendemain, le nom de Renaud Camus était connu de pas mal de monde. C'est un devoir de combattre l'antisémitisme, je n'en disconviens pas. Mais là, on en a fait quand même un peu trop. Ces quelques phrases sur l'enjuivement d'une émission défunte de France-Culture méritaient plutôt l'indifférence et l'oubli.

J.-C. A. : Je vois aussi un peu de parisianisme dans cette affaire. A-t-on pour autant avancé d'un cheveu sur quoi que ce soit ? Je ne le crois pas.

E. B. : Nous sommes un peu tous dans cet état psychologique du combattant intellectuel qui saute sur chaque parole prononcée, sur chaque mot écrit, sur chaque indice, et dénonce, et stigmatise, dans le bruit et la fureur. L'antisémitisme de Camus ? D'accord, il a tenu des propos plus que douteux. [...]
Philip Roth

Au lieu de pleurer sur celui qui refuse à l'âge de 14 ans de jamais remettre les pieds dans une synagogue, au lieu de gémir sur celui qui a tourné le dos à la Saga de son peuple, versez des larmes sur vous-mêmes, créatures pathétiques - qu'attendez-vous - toujours à sucer, sucer ces aigres raisins de la religion ! Juifs, juifs, juifs, juifs, juifs ! Elle me sort déjà des oreilles, la Saga douloureuse des juifs ! Rends-moi un service, mon peuple, et ton douloureux héritage, fous-le-toi dans ton cul douloureux - Il se trouve que je suis également un être humain !
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