Cinéma " parlant "
Les débuts du parlant Le Vitaphone « Jazz Singer »
Joseph Von Sternberg (1894-1969) Orson Welles (1915-1985)
Les majors MGM Warner Bros Paramount Franck Capra (1897-1991) Howard Hamks (1896-1977)
John Ford (1895-1973) Ernst Lubisch (1892-1947) Le Code Hays
"Jazz singer", de Alan Crossland, en 1927.
"L'ange bleu", de Joseph Von Sternberg, avec Marlen Dietrich, en 1930.
"Citizen Kane" d'Orson Welles, en 1941.
Il y a une première tentative infructueuse de sonorisation de film en 1915, mais l’amplification pour toute une salle est impossible, et la synchronisation des dialogues impensable. Dès le début des années 20, trois grandes majors (=production, studios de tournage et distribution) se sont imposées : MGM, Paramount et Warner Bros. Ce dernier s’est spécialisé dans les films sociaux, et est en très mauvaise condition financière. En 1923, les ingénieurs de Vitagraph (cylindres musicaux) inventent le Vitaphone, qui permet de synchroniser un disque avec le défilement d’une pellicule. Ils le vendent à la Warner Bros, qui produisent le premier film parlant :
« Jazz Singer », en 1926, d’Alan Grosland (le chanteur noir est joué par un blanc). Le succès énorme sauve les frères Warner de la faillite.
1928 : « Singing fool », de Lloyd Bacon, produit par la Warner.
1929, la bande son est définitivement intégrée sur le côté de la pellicule.
L’apparition du parlant change complètement l’univers du cinéma. Certains acteurs n’arrivent pas à s’adapter et disparaissent, comme Douglas Fairbanks, John Gilbert (acteur des films de Von Stroheim), Mary Pickford et Errol Flint. Chaplin met 10 ans à se mettre au parlant et Murnau disparaît également.
Les 20 années de paufinage de langage qui passait par le cadre, le jeu d’acteur, l’éclairage, la réalisation et le montage s’effacent. Les films sont tous tournés en plans d’ensemble (style théâtral), et toute la construction dramatique ne tourne qu’autour d’une seule chose : le dialogue et le son. Une surabondance de dialogues submerge alors les films. René Clair dira « Quand le parlant est né, le cinéma est mort ». Au début des années 30, les films américains sortent en « versions multiples », pour l’export. Chaque plan est alors tourné en anglais, bien sûr, puis en allemand et français. Les acteurs apprennent alors les dialogues en phonétique, sans comprendre, et des interprètes parlent en même temps, hors champ. Les plans comportant du texte (par exemple une porte) sont tournés en plusieurs versions. Le montage est fait par des interprètes, et non des monteurs. Vers 1935, les doublages après montage final apparaissent, puis ils seront vite confiés à des doubleurs installés dans les pays de destination, comme maintenant.
Joseph Von Sternberg est allemand d’origine. En 1927, il tourne « Underworld » (Les nuits de Chicago). En 1929, « The last Command », avec Emil Jammings, un acteur célèbre en Allemagne à l’époque. En 1930, il tourne « L’ange bleu », produit par la UFA.
"Macbeth" d'Orson Welles, en 1950.
"Othello" d'Orson Welles, en 1952.
L’actrice principale est Marlen Dietrich, qui joue Lola-Lola, l’acrobate de charmes dans un cabaret. Ce film place le personnage principal dans une réalité différente de celle du film. La réalisation met en abîme Lola-Lola par les divers éléments du cadre. Ce film sera aussi le début de l’histoire d’amour la plus célèbre de l’histoire du cinéma, entre Joseph Von Sternberg et Marlen Dietrich. Ils tourneront ensemble 6 films et 5 ans, entre :
« Morocco », en 1931 « X 27 », en 1932 « Blonde venus », en 1932 « Shanghai Express », en 1933 «L’impératrice rouge », en 1934 et « La femme et le pantin », en 1934.
Tous ces films sont tournés en studio. Les éclairages sont très travaillés, tantôt lisses sur les décors et les acteurs, tantôt directs et vifs. Des doublures lumières sont utilisées (ce sont des personnes qui ont la même taille que les acteurs. Ils se placent dans le décor pour régler les lumières, pendant que les acteurs préparent ailleurs leurs scènes). « L’impératrice rouge » est un modèle du genre, avec un éclairage Top Shot, c’est-à-dire venant du plafond, en vertical, précisément sur le personnage.
Orson Welles est né en 1915 aux Etats-Unis. Contrairement à King Vidor et John Ford, il ne tourne que 10 films, mais tous avec beaucoup de travail. Ce ne sont que des chefs d’œuvres. La meilleure biographie sur lui est de Barbara Leaming. Il entourera toute sa vie de mystère.
Son père meurt a 50 ans. Sa mère l’éduque, lui donne des cours et lui apprend l’anglais avec les livres de Shakespeare. A 15 ans, en terminale, il adapte et joue « Le roi Lear ». Puis il entre au Gate Theatre de Dublin, en prétextant qu’il a 20 ans et joue « Macbeth » devant des professeurs impressionnés. En 1937, à 22 ans, il monte la « Mercury Theatre », qui a beaucoup de succès. Puis il fait des dramatiques radio pour la BBC, notamment « Le meilleur des mondes », de HG Wells, en 1938. Il raconte que les martiens débarquent. Tous les auditeurs y croient, c’est la panique, avec des malaises, fausses couches, suicides. La BBC est submergé de procès, mais Orson Welles l’avait prévu et une clause de son contrat le protège. Puis il entre la RKO, et
à 25 ans,
en 1940, il tourne « Citizen Kane ». Ce film donnera une nouvelle dimension au journalisme et au cinéma. Le début du film montre un être intouchable et caché derrière les apparences. Puis il dit en très gros plan « Rosebud ». Transition forte entre la dernière image de Kane dans le reportage, surex et longue focale, et l’expressionnisme vif de la salle de projection. Pendant les actualités, on sent que Kane a l’ego démesuré et qu’il est immature. Dans les souvenirs d’enfance, le père est mis à l’écart symboliquement par la réalisation, en le faisant sortir du cadre plusieurs fois. Il y a de nouveaux effets spéciaux dans ce film : la superposition de plusieurs parties du cadre tournés à des instants différents, comme à son discours, où il y a lui, puis le dessin de la salle, puis sa femme et son enfant sur un autre film, ou encore dans les couloirs de la maison. Welles a fait construire des objectifs à profondeur de champs très large. Il invente aussi des trucages pour les plans séquence et les travellings qui passent sous une table ou au travers d’un néon (dans le cabaret de sa 1e femme). Ces objets sont disloqués quand la caméra est très proche. On voit aussi les plafonds, avec la caméra posée sur le sol et vers le haut. Mise en abîme du gigantisme, qui est surtout vieux et vide, comme Kane.
Puis il tourne « La splendeur des Amberson » en 1942, « Le criminel » en 1946, « La dame de Shanghai » en 1948, « Macbeth » en 1950, « Othello » en 1952, « Monsieur Arkadin » en 1956, « La soif du mal » en 1957. Orson Welles a influencé beaucoup d’autres réalisateurs.
Les Majors américaines
"L'homme invisible", de James Wale, en 1933.
"Le grand someil", d'Howard Hawks, en 1946 avec Humfrey Bogart et Lauren Bacall.
Les Majors sont les sociétés de cinéma qui réunissent la production, la distribution et l’exploitation, avec leur propre réseau de salles. Ils sont tous installés à Hollywood.
- La première major est la MGM, fondé par Sam Goldwin et Louis B Mayer, secondé par Irving Talberg. L’essentiel des productions MGM sont les comédies musicales, qui rendent célèbre Clark Gable, Greta Garbo, Spencer Tracy, et dans les
« musicals » Judy Garland et Mickey Rooney.
- La deuxième est la Paramount. Sa spécialité est le péplum. Cecil B Demille et Ernest Lubitsch (comédies mondaines).
- La troisième est la Warner Bros., dirigé par les 4 frères Warner. Ils sont spécialisés dans les films sociaux et militants, contre les erreurs de justice et le racisme... Ce genre intéresse peu le public. La Warner est au bord de la faillite, quand ils achètent le Vitaphone et lancent le premier film parlant, « Jazz Singer », en 1926.
- La quatrième est la 20th Century Fox, spécialisé dans les westerns. On y retrouve John Ford.
- La cinquième est la RKO (Radio Keith Orpheum), spécialisé dans les comédies musicales, mais plus simples et moins kitsch que la MGM, rendant célèbre Fred Astaire et Ginger Rogers. La RKO a aussi produit les films d’Orson Welles.
Il y a aussi des semi-majors, qui n’ont que deux des trois éléments (la production, la distribution et l’exploitation)...
- Columbia, qui produit des comédies avec beaucoup de dialogues. On y retrouve Franck Capra (« Monsieur Smith au Sénat », en 1939), Gary Cooper, James Stewart. Capra détient toujours le record de trois oscars.
- Universal, qui fait du fantastique, avec les « Dracula » (joués par Bela Lugosi) et
« L’homme invisible » (d’HG Wells, en 1933).
- La United Artists, fondé par des auteurs qui se plaignent des conditions des majors : David Work Griffith, Charles Chaplin, Mary Pikford et Douglas Fairbanks, Ernst Lubisch (ces deux derniers viennent de la MGM et en ont démissionné).
Il y a aussi les studios qui ne font que la production : Walt Disney, David Selznick, Howard Hawks (qui tourne « Scarface », en 1932).
Dès le début, les majors et semi-majors ont des acteurs et des réalisateurs sous contrat. Si un réalisateur ne convient pas (car les producteurs exécutifs surveillent sur les plateaux), ils sont remplacés pendant les tournages. Les studios payent des salaires mensuels aux acteurs. Les plus célèbres vivent dans des maisons payées par les majors. S’ils partent pour tourner avec d’autres, ils doivent changer de nom d’emprunt. Les majors vendent les films uniquement par paquets de 10, dont la moitié sont moyens. Ils inventent aussi le Box-Office, qui mesure la côte des acteurs, pour faire fluctuer leur salaire. Il y a des films qui ne sont produits que pour la rentabilité, comme ceux de Cecil B Demille, et aussi des films pour une certaine « bonne morale », comme « le fils du cheik », de George Milford, en 1926, qui a des thèses racistes. Entre deux tournages, les majors forcent les acteurs à passer dans la presse, pour entretenir leur côte. La MGM organise par contrat le mariage entre Mary Pikford et Douglas Fairbanks, avec une réception très médiatisée. Rudolf Vanlentino est désigné par son producteur comme « L’amant du monde » dans la presse. Le succès populaire est énorme. Puis les majors imposent le « Final Cut », qui donne au producteur le choix du montage final, et non au réalisateur. Ce « final cut » est toujours en vigueur aux Etats Unis.
En 1940, le Code Hays fait son apparition. Il régente la morale du cinéma américain. Tout scénario parlant de problèmes liée à l’alcoolisme, le racisme, la sexualité est rejeté. Il était dirigé par Hays, qui n’était pas très fin. Cette censure culturelle lamentable s’applique durera jusque dans les années 70, et aura un effet plutôt bénéfique sur le cinéma américain. Hays n’était pas très malin. Les réalisateurs et scénaristes devaient masquer leurs messages et créer des personnages plus subtils, ce qui a fait de cette période une évolution positive pour le cinéma américain. « On ne crée bien que sous la contrainte », disait Orson Welles.
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