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 Causes toujours [portrait de Me Roux]

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mihou
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mihou


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20042006
MessageCauses toujours [portrait de Me Roux]

: Causes toujours [portrait de Me Roux] (Libération 20-4-06)
Portrait

François Roux, 55 ans, avocat. Après les objecteurs de conscience et les Kanaks,
Bové et Dieudonné, ce protestant convaincu surprend en défendant Zacarias
Moussaoui.


Causes toujours


Par Pascale NIVELLE et Pascal RICHE
jeudi 20 avril 2006

François Roux en 8 dates

1951 Naissance à Montpellier.

1972 Prête serment d'avocat.

1974 Ouvre un cabinet. à Lunel.

1976 Larzac.

1981
Nouvelle-Calédonie. 1999 Tribunal pénal international pour le Rwanda. 2002 En
état de légitime révolte (Indigène Editions).

2006
Procès Moussaoui.



L'accusé Zacarias Moussaoui, avachi dans son siège, balaie des yeux les travées
du public. Il s'arrête sur un petit homme discret, au premier rang. Visage sans
âge, costume un peu trop large, cravate jaune, cheveux gris et longs, il semble
sorti d'un film de Jean Yanne. Lorsque leurs regards se croisent, l'homme
s'interroge : «Sait-il seulement qui je suis ?» Ne pouvoir entrer en
communication avec son client fait «souffrir» François Roux. Depuis quatre ans,
il est «l'avocat français» de Zacarias Moussaoui. Il ne l'a jamais rencontré,
mais connaît sa vie par coeur.

L'«al-qaediste», qui vomit tous ses défenseurs, ne l'a pas choisi. C'est sa mère
qui l'a fait pour lui fin 2001. Les amis se sont étonnés. Roux les a habitués à
d'autres combats depuis trente ans : objecteurs de conscience, non-violents,
Kanaks, faucheurs d'OGM... Une trajectoire alignée sur les droits de l'homme et
des peuples. Même pour Dieudonné, l'humoriste aux saillies taxées
d'antisémitisme («Isra... Heil !»), ils avaient compris. «Roux se bat aussi pour
la liberté d'expression», explique l'un d'eux. L'avocat, un peu embarrassé,
raconte qu'il a commencé à défendre Dieudonné après qu'il a été attaqué pour
racisme «antiblanc» par une association proche du FN. Il décrit Dieudonné comme
un «bouffon humaniste», mais on entend un doute : «S'il est antisémite, il
faudra qu'il trouve un autre avocat. Mais jusque-là, même si ses provocations
sont clairement de mauvais goût, j'ai considéré qu'il n'avait pas franchi la
ligne jaune.» Et aujourd'hui voici Moussaoui le terroriste, encore plus éloigné
des tropismes de ce croyant pacifiste. Lui-même, au début, n'était pas à son
aise. «Mais à partir du moment où la peine de mort était en jeu, ça ne me posait
plus de problème», explique-t-il. Payé par le département de la Justice
américain, il consacre un gros mi-temps à l'affaire depuis un an. Son boulot a
consisté à fouiller, tel un privé, la vie de Moussaoui, et à guider plusieurs
avocats américains dépêchés en France.

Les matins d'audience, Me Roux a mis son chapeau, marché de son hôtel au palais
de justice d'Alexandria, pour assister aux débats en silence. Son anglais
n'étant pas formidable, c'était un peu fatigant. Parfois, il a été agacé, comme
ce jour de «pathos orchestré par les procureurs», qui ont passé des vidéos
inédites de corps explosant au pied des Twin Towers. Agacé, et aussi bouleversé.
Il a souvent plaidé des affaires sanglantes, en Nouvelle-Calédonie ou au
Tribunal pénal international pour le Rwanda : «Mais je ne m'y ferai jamais.» Il
est presque timide, parle avec l'accent de Montpellier, et use d'expressions
comme «Oh, pétard» ou «bon sang de bois».

François Roux a du sang révolutionnaire dans les veines. Ses ancêtres étaient
des camisards, ces protestants cévenols en guerre contre le pouvoir royal vers
1700. «Il a été élevé là-dedans, dit son ami et mentor Jean-Jacques de Felice,
cette éducation, chez lui, c'est la poutre de la maison.» Adolescent, Roux se
promettait de devenir pasteur. Très actif dans le scoutisme protestant, il
obtient son bac, «un bac 68», précise-t-il, à 17 ans : trop jeune pour la fac de
théologie. «En attendant», sur les conseils de son père, avocat et fils d'un
procureur fils de juriste, il fait son droit à Montpellier. A 20 ans, déjà
marié, il part à l'aventure en 2 CV jusqu'en Afghanistan. Quatre ans plus tard,
il ouvre un cabinet à Lunel, près de Montpellier. Sa vie prend un tournant : il
assiste, subjugué, à une conférence du patriarche de l'Arche, Lanza del Vasto,
apôtre de la non-violence et disciple de Gandhi. «Je voyais des gens qui
vivaient vraiment ce qu'ils disaient, ils s'appropriaient les principes de
l'évangile, une vie de simplicité.»

Sa deuxième rencontre fondatrice est Jean-Jacques de Felice, protestant comme
lui, ex-avocat du FLN algérien, en résistance perpétuelle. Roux devient un
pilier des milieux non violents, bientôt recruté par Felice pour la défense des
paysans du Larzac en lutte contre leur expropriation par l'armée. Dans la prison
de Rodez, il rencontre le berger José Bové, lui aussi marqué par un maître, le
philosophe Jacques Ellul. Ils deviennent amis. Encore un protestant, fait-on
remarquer. «Eh oui, bizarre, hein ?» Sur les photos d'époque, Roux ne porte pas
de barbe. Mais déjà un costume beige, une cravate. Pendant le Larzac, il a
découvert qu'on pouvait être avocat «d'une autre manière». Sous entendu :
autrement que son père, qui était spécialisé dans les baux commerciaux, «du côté
des propriétaires».

Longtemps spécialiste de la défense des objecteurs de conscience, lui qui a été
réformé, jamais il ne s'est considéré comme un «gauchiste». Autrefois dans la
mouvance du PSU, il se sent bien parmi les alter d'aujourd'hui, même si sa quête
est plus spirituelle que politique. Le pasteur en lui n'a pas disparu, ne
disparaîtra jamais. Lorsqu'il plaide, Dieu n'est jamais loin. A la fin des
années 70, à Tahiti pour défendre des militants antinucléaires, il découvre le
colonialisme, «le drapeau français à 18 000 kilomètres de la France». Il écoute,
s'imprègne. Le jour du procès, il plaide sur le pardon. «C'était très étrange.
Certains dans la salle m'ont dit que j'étais...» Il bute sur le mot. Brillant ?
«Non, plus que cela. En état second. Quelqu'un a parlé d'état d'élation.» Roux
ne pratique pas régulièrement, il est heureux au temple mais il ne veut pas
s'«enfermer dans une chapelle». Il s'est mis au zen et fréquente parfois la
messe des dominicains. Il vit simplement : un quatre-vingts mètres carrés loué,
une Volvo break, et des virées fréquentes dans sa maison familiale, près de
Florac, dans les Cévennes. «C'est mon refuge. Je suis un paysan du dimanche,
heureux sur mon tracteur. J'ai besoin de ça.» Il a quatre enfants et cinq
petits-enfants, qui l'appellent «papy tracteur».

Longtemps, il a médité vingt minutes par jour. Deux fois par an, il participe à
une retraite zen, organisée par un père dominicain. Quatre jours de complet
silence, sept heures de méditation quotidienne. Il a aussi organisé son propre
séminaire dans son pays cévenol, à la saison des transhumances. On monte
derrière un berger et ses moutons, et en haut, au col, «on refait le monde». Une
année, il a emmené des Hutus et des Tutsis. Une autre, des Israéliens et des
Palestiniens. L'an dernier, il a fait marcher la veuve de Jean-Marie Tjibaou,
celle de Yeiwéné Yeiwéné, et celle de Djubelly Wéa, l'assassin des deux
dirigeants indépendantistes, lui-même abattu par la garde de Tjibaou. Les trois
femmes couronnaient la réconciliation des clans. François Roux, lui, planait en
haute altitude. Sa devise zen : «Mieux vaut allumer une bougie, si petite
qu'elle soit, que maudire l'obscurité.»

photo jérìme de perlinghi

http://www.liberation.fr/page.php?Article=376094
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