La Grande Hypocrisie du Nucléaire
22/03/2006

Le programme nucléaire iranien est sur toutes les lèvres, tous les médias, toutes les diplomaties dignes de ce nom ont «découvert» le nouvel objet de leurs préoccupations de vierges effarouchées. L’Iran serait en cours d’enrichissement effréné d’uranium, sous entendu serait entrain de faire ce que ces mêmes pays pères la morale ont fait : développer l’arme atomique, une arme de destruction massive.

L’identité des gardiens de l’éthique, de la paix universelle, de la sécurité planétaire ? Rien de plus crédible que quelques colonialistes avérés et avisés qui naguère brûlaient au Napalm les territoires soupçonnés de résistance à l’asservissement, l’Angleterre, la France des droits de l’homme, l’Allemagne qui s’y connaît en programmes nucléaire depuis les années 30 ...



En service commandé par le donneur d’ordre, allié et deus ex machina américain, timidement seule nation à avoir utilisé directement l’arme nucléaire sur des populations civiles japonaises malgré les tentatives de capitulation de ce pays lors de la guerre de 1939-45, ce syndicat des hégémoniques a décidé qu’aucun Etat souverain n’aurait la dite arme si ce n’est son consentement discrétionnaire. Démocratique tout de même.



Les Etats-Unis organisent une boucherie pure en Irak sous prétexte d’implantation de la démocratie, alors que le pétrole coule bien mieux que la liberté d’expression et de choisir ses représentants sponsorisés par la maison US.

Entre procès inéquitables, violations répétées des droits de l’homme [arabe ...], enlèvements et tortures dans le monde, en relation avec une prétendue lutte contre un terrorisme qui fleure chaque jour davantage l’aubaine budgétaire sur les crédits de la «défense» -de l’attaque plutôt-, la démocratie modèle cache mal sa volonté irrépressible de puissance et son désir de vassalisation du monde. Trop de puissance commence à nuire...



Soumettre une région stratégique du monde comme le Proche-Orient pétrolifère face à des incertitudes à long terme sur les ressources énergétiques, devant le défi de la montée de nouveaux pôles de développement susceptibles à la fois d’affranchir les dynasties pétrolières de la demande occidentale, et constituer des zones d’émergences hors du contrôle de l’hyperpuissance, est insupportable à celle-ci.

Alors tous les prétextes scabreux sont autorisés, puissent-il faire furtive impression. A force de les répéter, hurler à longueur de presse «sérieuse», le bon sens des uns assommés par le matraquage publicitaire et la veulerie des élites obscurantistes, corrompues en strapontins et en idéologie «affrontementaliste» [choc des civilisations], le plus gros du plus abscons passera. De gré ou de force...



Ce sont les pays détenteurs de l’arme nucléaire qui s’offusquent le plus de l’entrée supposée dans le club d’un nouvel arrivant, porteur nécessairement d’accroissement des risques nucléaires. L’impétrant étant, circonstance aggravante ... mahométan.

Le fondamentalisme militaro-religieux d’une administration Bush qui guerroie sur tous les fronts qu’elle invente ne fait pas peur. Celui attribué à l’Iran, à son président, rend insomniaque la «communauté internationale», mesures de poids... On a vite oublié qu’il fut élu en 2005 au terme d’une élection jugée avant résultats «démocratique» par les Occidentaux. Certes ceux-ci misaient à l’époque sur le candidat Rafsandjani perdant du scrutin. Depuis la défaite du favori des Occidentaux, il n’y a plus d’Iran que fondamentaliste, embrigadée, réfractaire à la démocratie.

Au tableau des menaces planétaires réelles, en matière d’armes de destruction massive, pointent d’abord les pays qui, prosaïquement détiennent l’arme nucléaire : Les Etats-Unis qui l’ont utilisée en 1945 sont par conséquent la première menace nucléaire dont le monde devrait se méfier. La Russie, la France, la Grande-Bretagne, Israël, la Chine, le Pakistan, l’Inde, la Corée du Nord passent officiellement ou non pour posséder des têtes nucléaires actives.

Dans sa zone géopolitique, marquée par des tensions permanentes et affrontements, colonisations et violences militaires, Israël est le seul pays à détenir l’arme nucléaire, ce qui ne gêne aucunement les pères la morale, férus d’idéaux de justice et de paix, indignés au paroxysme par «l’attitude de provocation» de l’Iran [ ?].

A bombarder bientôt ? Qu’importent les armes de destruction massives du moment que l’on escompte l’ivresse de l’or noir.



Une question idiote pour s’assurer qu’aucune ambiguïté ne subsiste sur la grande hypocrisie : «De tous les continents lequel est le moins outillé pour répondre à une attaque nucléaire ? » L’Afrique, bien sûr, et ce n’est que trop normal pour tout le monde, à commencer par ces désespérants dirigeants africains. Il n’en a pas toujours été ainsi faut-il rappeler. Il est un pays qui se dota de l’arme nucléaire sur le continent africain. Ce pays était ... à domination blanche, raciste et ségrégationniste, l’Afrique du Sud sous Apartheid à partir des années 70.

Grâce à une crapuleuse complicité occidentale, l’Europe, Israël, la firme allemande Steag qui réalisa le transfert de technologie, l’Afrique du Sud raciste disposa d’un arsenal militaire et nucléaire braqué sur les Noirs autochtones oppressés sur leur territoire ancestral. Et sur les éventuels voisins téméraires qui auraient tenté de libérer leurs frères africains de l’extérieur. On se souvient de l’indignation de Cheikh Anta Diop rappelant la vague de compassion africaine qui avait suivi la découverte de l’expérience des camps de concentration nazis, expérience qui avait pourtant été relayée par une odieuse politique israélienne de soutien constant à un pays ouvertement génocidaire en Afrique. Allant jusqu’à l’aider à acquérir des armes radicales contre ses esclavisés internes, noirs africains.

Et que se passa t-il lorsque le régime blanc raciste perdit le pouvoir en Afrique du Sud ? Le programme nucléaire, les ogives nucléaires sud africaines furent proprement démantelées. On ne pouvait risquer de laisser un Noir, fût-il Mandela, avoir à ses doigts la puissance de feu la plus destructrice connue que l’homme ait inventé, seule gage néanmoins de respect international dans un monde ou règne la loi du plus de force.



Racisme, islamophobie et hypocrisies nucléaires.

A.A et P.P
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