Non au Pacte Colonial
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Administration du Palais – Le Palais de la présidence de la République ivoirienne sous Houphouët était un vrai prolongement des réseaux Foccart ou l’Elysée bis. La preuve.
Les personnalités très proches de la famille Houphouët-Boigny, qui faisaient partie de son cercle restreint, sont formelles : «Mme Houphouët-Boigny disait que son époux était la chose de la France».
Ce sentiment de celle qui a partagé l’intimité du sage africain pendant ses 33 ans de règne à la tête de la côte d’Ivoire, met en lumière les méthodes souterraines des réseaux françafricains, particulièrement leurs démembrements qui écumaient le palais de la Présidence en Côte d’Ivoire. Houphouët était certes le chef de l’Etat ivoirien, mais la machine à forte coloration «blanche-française» qu’il a mise en place dans ses palais de Cocody, Plateau et Yamoussoukro, mais il n’était en réalité que la face immergée de l’Elysée du temps des Charles De Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand.
La France des réseaux Foccart, qui faisaient et défaisaient certains régimes africains hostiles à la politique française, était incrustée dans le pouvoir ivoirien du «Bélier de Yamoussoukro».
Le président Félix Houphouët-Boigny, instruit par les différents coups d’Etat et tentatives de coups fourrés de la France en Afrique dans les années post-coloniales, entre 1960 et 1980, a jugé nécessaire de s’accommoder les services des réseaux français sur le continent. La survie de certains régimes en dépendait et des dirigeants récalcitrants ont dû essuyer des revers sanglants.
La Guinée de Sékou Touré, à cause de son rejet de la politique souterraine et très économiquement intéressée de la France, a connu 11 tentatives de coup d’Etat dans lesquelles étaient impliqués les réseau Foccart. En Côte d’Ivoire, le «vieux» a ouvert ses vannes aux multinationales françaises et à des Conseillers occultes français. En retour, la métropole se devait de lui garantir la «paix et la prospérité économique». La signature des accords de défense avec la France, l’octroi de la gestion de l’électricité et de l’eau à l’Hexagone, à travers Bouygues, pour ne citer que ces exemples, sont les preuves irréfutables du deal.
Le «sage d’Afrique» entre dans les bonnes grâces de tous les locataires de l’Elysée ; et en retour la Côte d’Ivoire devient une vache à lait de la France et le poumon économique de ses réseaux. Il peut donc, fort du soutien de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) française, se mettre à l’abri des velléités «déstabilisatrices» – comme c’est le cas dans la sous région – de ses compatriotes. Dès lors, la Côte d’Ivoire devient de façon «arrangée» le prolongement de l’administration française. Ainsi, jusqu’en janvier 1990, sur 108 postes à la présidence de la République ou autres services rattachés, 58 étaient du ressort de l’Etat français.
«Lorsque les occupants de ces postes étaient soit décédés soit indisponibles, leurs remplaçants venaient automatiquement de «notre puissance coloniale», se souvient une personnalité ivoirienne qui faisait partie du cercle restreint du Palais. Avec elle, nous avons passé en revue une liste de fonctionnaires de la présidence de la République ivoirienne de janvier 1985. Cette liste émanant du standard téléphonique qui répertorie les différents postes est édifiante sur la manière dont les pions de la France étaient enracinés au Palais.
A titre d’exemple : le chef du secrétariat particulier du Cabinet du président de la République, le Directeur de Cabinet lui-même, le secrétariat du gouverneur, tous les Conseillers techniques (nombreux étaient des fonctionnaires de la DGSE et de la police des polices, actuelle Ambassade de France en Côte d’Ivoire), des Secrétaires, des Conseillers et des Chargés de mission, le Service Radio, le Bureau de liaison, le secrétariat du gouvernement, les Secrétaires administratifs et financiers, le service du chiffre, le maître d’hôtel, la lingerie et le garage central avaient à leur tête des ressortissants français (Voir le tableau en fin d’article).
Ces derniers avaient des relations privilégiées avec le maître des lieux et, de par leur positionnement stratégique, constituaient une base de données pour la politique française en Côte d’Ivoire. «Lorsqu’un Ivoirien devait avoir accès à des documents sur lesquels il devait travailler, il appuyait le bouton de l’interphone, une voix lui demandait de se diriger à un endroit où il devait récupérer le document. Une fois à cet endroit, il récupérait le document sans connaître l’identité de celui qui le lui remettait.»
Cette pratique ne se faisait pas dans le sens unique, car le «Vieux», très introduit aussi dans les milieux d’influence français, pesait lourd dans la balance à Paris. Ce, en raison de sa grande influence dans le monde et en Afrique en particulier, où il a forgé un véritable mythe autour de sa personne. Il avait droit de regard sur toutes les initiatives de l’Elysée en Afrique (tant dans l’AOF que dans l’AEF). Du trafic de diamant en Afrique du Sud à l’immigration des Libanais en Côte d’Ivoire (pour apaiser la colère d’Arafat qui le soupçonnait de collaborer avec Israël), en passant par la guerre du Biafra, le vieux avait le dos large et la carapace dure.
Un membre de l’ex-cabinet du «Bélier de Yamoussoukro», qui se souvient de la maîtrise parfaite de la présidence ivoirienne par l’Elysée et ses réseaux, ne s’étonne pas de la révolution que les Ivoiriens veulent opérer au 21ème siècle. Cette lutte, selon lui, est l’idéal de la lutte révolutionnaire qu’a pris Gbagbo dans son axe lumineux de combat. «Moi, je me suis battu pour obtenir l’indépendance politique, mais un autre viendra pour l’indépendance économique de nos peuples.
Et il vous sera difficile de le maîtriser», avait prophétisé «le sage de l’Afrique’», qui s’adressait aux nostalgiques de l’époque coloniale. Parlait-il de l’actuel président ivoirien ? En tout cas, au moment où la France, à travers la rébellion, le Burkina Faso et le Liberia, puis plus directement, lui plantait plusieurs couteaux dans le dos, la Côte d’Ivoire était en train de diversifier ses partenaires au développement. Et le Palais de la présidence sous le président Laurent Gbagbo a une forte coloration ivoirienne.
Même si l’on peut légitimement déplorer – et même se scandaliser de – la faible maîtrise des dossiers et du professionnalisme relatif de certains de ses cadres. La Côte d’Ivoire est, en effet, en apprentissage de la liberté et de la responsabilité, après quarante ans «d’indépendance au biberon». Une idée de la répartition des ‘‘tuteurs français’’ au sommet de l’Etat ivoirien, le Palais de la Présidence de la République I
- Cabinet du président de la république
- Chef du secrétaire particulier : Mme Plazanet
- Directeur du cabinet : Monsieur le Gouverneur Guy. Nairay
- Conseillers techniques : MM. Mignonneau, Brun, Lacassagne, Perriard, Sasporta, Gayet, Lagaillarde, Joigny
- Secrétaire des Conseillers : Mmes Marchand, Boudet, Dupleix, Xemard, Delpont - Chargés de Mission : MM. Salmon, Daulard (Yamoussoukro), Huang
- Service Radio : M. Baris - Bureau de Liaison : MM. Bouan et Lagaillarde
- Secrétaire : Mme Dubourdieu II
- Secrétariat général du gouvernement - Secrétaire général du gouvernement : M. Belkiri
- Conseiller : M. Wouters
- Secrétaires administratifs et financiers . Chef du service : M. Noël . Adjoint : M. Perrin . Secrétaire : Mme Tanare - Services techniques : M. Xemard JL
- Service du chiffre : M. Dubieih - Maître d’hôtel : M. Mugnier
- Lingerie : Mme Chiappini
- Garage central : M. Thieviot
Saint-Claver Oula – saintcoula@yahoo.fr